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Grand oral du bac : L'apartheid

Publié le 20/11/2018

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apartheid

La mise en place

En 1948, les partisans de l'apartheid arrivent au pouvoir. C'est le début d’une politique de ségrégation raciale sans précédent qui va perdurer jusqu'en 1994. Cette politique frappe tous les groupes ethniques non-blancs, mais elle est conçue avant tout à l'encontre de la communauté noire, dont la masse numérique est perçue comme une menace pour le maintien de la suprématie blanche. L'apartheid comporte deux volets : le premier vise à renforcer au maximum la séparation entre chaque communauté raciale; le second cherche à donner aux Noirs, à travers la création de bantoustans (États destinés à devenir indépendants regroupant les populations noires par ethnies), les moyens de se développer conformément à leur type de civilisation.

 

L'« APARTHEID NÉGATIF»

Le renforcement de la séparation, ou «apartheid négatif», se met en place dès 1949 et ne fait bien souvent que codifier un état de fait. Dès cette année-là, les mariages entre Blancs et Noirs sont interdits. La classification ethnique de la population pose toutefois un certain nombre de problèmes, notamment du fait de l'imbrication des populations et de la fragilité des critères légaux. Certains cas sont particulièrement difficiles à trancher notamment celui des métis à la peau claire et qui parlent l'afrikaans, ou celui des Afrikaners au teint mat.

• Pour ces cas «difficiles», l'administration a recours à divers procédés : un peigne est placé dans les cheveux de la personne; s'il tombe, celle-ci est considérée comme blanche ; s'il reste accroché, le «suspect» est classé parmi les métis... Une commission spéciale sera amenée à trancher plus de 100000 cas litigieux entre 1950 et 1957.

Le DÉVELOPPEMENT SEPARE DES «RACES»

L’apartheid est un système de discrimination ethnique en vigueur en Afrique du Sud de 1948 à 1994.

UNE IDÉOLOGIE RACISTE

Des racines historiques

Si le mot afrikaans apartheid («séparation») n'est entré dans le langage courant que dans les années 1950, la doctrine qu’il désigne trouve ses racines dans l'histoire de l’Afrique du Sud, et notamment de celle des colons blancs venus d'Europe. En émerge l'image du Boer, ce fermier hollandais véritable pionnier du pays, armé de son seul courage, de sa carabine et surtout de sa Bible. Vie fruste, dangereuse, étayée de certitudes élémentaires issues d'une foi calviniste sans faille.

Un peuple qui se dit « élu »

L'une de ces certitudes, c'est d'être un «peuple élu». Comme les Hébreux de l'Ancien Testament, le peuple boer a connu son « Exode » : le Grand Trek, mené de 1836 à 1840 par des colons à la recherche de nouvelles terres. Ce qui explique la croyance profondément ancrée que la «volonté divine» guide, de la nation afrikaner (c’est-à-dire des Blancs d'origine néerlandaise, citoyens d’Afrique du Sud).

apartheid

« des cités nouvelles (les townships) comme Soweto, dans la grande banlieue de Johannesburg.

• D'autres mesures imposent une stricte séparation dans les services et NON HROPlU IIUM NH- DlUIHIOUENS lBUHI USHI les lieux publics.

La ségrégtdion touche les moyens de transport, les salles de spectacle, les restaurants, les bancs publics, les toilettes, les plages, les piscines, etc.

Partout sont délimités des espaces interdits aux non-Blancs.

La présence des Noirs est limitée à soixante-douze heures dans les villes blanches.

Les seuls contacts mixtes tolérés sont ceux qui s'inscrivent dans l'univers professionnel.

Mais encore sont-ils teintés d'un fort paternalisme, voire d'un rapport de «maître à serviteur».

Et la politique du job reservation empêche les non-Blancs d'accéder aux emplois qualifiés.

• Dans les années 1950, l'apartheid est étendu au système éducatif avec la promulgation de la loi sur l'éducation des Noirs.

Cette dernière précise que «l'éducation des indigènes doit être fondée sur les principes de la tutelle, de l'inégalité et de la ségrégation».

L'accès des universités anglophones est désormais interdit aux étudiants noirs, et trois universités sont créées pour eux dans les réserves (les universités afrikaans ayant été, dès l'origine, interdites aux étudiants de couleur).

LE DÉVELOPPEMENT stp,ut Pour l'essentiel, les grandes lois de ségrégation sont toutes adoptées avant 1959.

Elles vont, avec des modifications diverses, rester en vigueur durant plusieurs décennies.

Mais, à côté de ces mesures dites «négatives», les partisans de l'apartheid mettent en avant le volet « positif» de leur politique : la mise en place d'États destinés à devenir indépendants (les bantoustans) regroupant les populations noires par ethnies.

Le grand promoteur de ce système est He ndrik Verwoerd, d'abord comme ministre des Affaires indigènes puis, à partir de 1959, en tant que Premier ministre.

Rebaptisés "foyers nationaux» (homelands) en 1970, les bantoustans sont en fait le dernier avatar des réserves établies en 1913, lambeaux des territoires sur lesquels vivaient et se déplaçaient les tribus africaines au moment de la conquête européenne.

De huit en 1959, le nombre des bantoustans passera finalement à dix : Transkei, Bophuthaswana, Venda, Ciskei, Kwazulu, Qwaqwa, Lebowa, Gazankulu, Kangwane et Kwandebele.

LES BANT OUSTANS • Trois principes président à leur mise en place : délimiter l'espace territorial affecté en priorité aux différentes ethnies noires; assurer le développement dans le cadre d'une écqnomie essentiellement agraire; mettre en place une infrastructure administrative adaptée aux traditions de ces populations afin qu'elles puissent disposer d'une réelle autonomie de gestion.

Les autorités sud-africaines présentent même ces bantoustans comme des colonies dont on commencerait le processus de décolonisation.

• Dans les faits, il s'agit d'abord, en constituant une constellation d'États noirs autour d'une Afrique du Sud blanche, de faire des Noirs des étrangers dans leur propre pays : les citoyens des bantoustans perdent leur nationalité sud-africaine, tout Noir (même établi en zone blanche) devenant citoyen du bantoustan attribué à son groupe ethnique.

Par ailleurs, malgré la multiplication des symboles destinés à affirmer l'authenticité de ces États (drapeau, hymne, capitale, parlement, ministres ...

), les Afrikaners gardent le contrôle sur les questions de défense, de politique étrangère, de sècurité interne et de monnaie.

De fait, aucun de ces bantoustans ne sera reconnu par l'ONU.

• Accédant progressivement à l'autonomie, puis (pour quatre d'entre eux) à !'«indépendance», ces territoires vont se révéler des enclaves de pauvreté sous perfusion économique, totalement tributaires des subventions de la République sud-africaine.

Dans les années 1980, le Ciskei, par exemple, figure au nombre des pays les plus pauvres du continent.

La situation de ces bantoustans est d'autant plus détériorée que des transferts de populations sont effectués à plusieurs reprises en leur direction afin d'effacer les «taches noires» (black spots) de certaines régions blanches voisines.

n•Mtmm• Quelques Blancs s'élèvent contre l'apartheid, mais l'opposition la plus virulente va venir des mouvements nationalistes métis, indiens et surtout noirs.

À la radicalisation du pouvoir blanc répond celle de la contestation au sein de ces différentes communautés.

L'ANC Au début des années 1950, les effectifs de I'ANC (African Ntdional Congress, mouvement nationaliste noir fondé en 1912) passent de 25000 à 100 000 membres.

Une vaste campagne de désobéissance civile est organisée, qui se solde par l'emprisonnement de plus de 8 ooo personnes.

• Les premiers troubles graves ont lieu en mars 1960 à Sharpevil/e, un township de la province du Transvaal : 69 manifestants y sont tués.

La police affirme avoir dû tirer pour se défendre, mais la plupart des victimes ont été touchées dans le dos ...

Quelques jours plus tard, I'ANC est déclaré illégal, et près de 18 ooo personnes sont arrêtées.

NELSON MANDELA • Un des dirigeants du mouvement, Nelson Mandela, entre en clandestinité et fonde une branche armée.

Après dix­ sept mois de traque, il est arrêté en août 1962 (avec d'autres responsables du mouvement) et condamné il la prison il vie pour haute trahison.

Le parti communiste clandestin est lui aussi décapité par plusieurs coups de filet de la police.

L'opposition politique va désormais agir principalement depuis l'étranger.

• Pretoria considère alors avoir maté la résistance africaine.

Les années 1970 vont cependant être le théatre de la radicalisation de la jeunesse universitaire et urbaine noire sous l'égide notamment d'une organisation étudiante fondée en 1968 par Steve Biko, la Black Consciousness.

C'est sous l'impulsion de ce mouvement à la fois hostile au marxisme, à la violence et à toute collaboration avec les Blancs que la jeunesse des townships se mobilise au cours de l'année 1976, après la décision du gouvernement d'imposer aux élèves noirs l'usage de l'afrikaans.

Sowno • Le 16 juin, à Soweto, la police ouvre le feu pour disperser une manifestation d'adolescents.

Un jeune Noir de treize ans est tué.

Dans les jours qui suivent, l'agitation et les violences gagnent l'ensemble des townships.

Face à c e tt e situation.

le po uvoir sud- africain se radicalise.

Plusieurs milliers de personnes sont arrêtées et condamnées.

La répression fait plus de 1 500 victimes.

En octobre 1977, la Black Consciousness est dissoute, et Steve Biko, arrêté, meurt après avoir été torturé par la police.

L'année suivante, Robert Sobukwe, dirigeant d'un autre mouvement de résistance, le PAC (Congrès pan-africain), meurt lui aussi en détention.

Les journaux sont censurés ou interdits.

Les bannissements, châtiments corporels et exécutions capitales se multiplient dans un pays mis au ban de la communauté internationale.

• Devenu Premier ministre en 1978, puis président de la République (1984-1989), la priorité au développement économique du pays, associe au pouvoir les métis et les Indiens mais ignore totalement la communauté noire.

L'opposition est notamment incarnée par la figure de l'évêque Desmond Tutu (qui reçoit le prix Nobel de la paix la même année).

Pieter Botha tente d'assouplir l'apartheid et annonce une série de réformes.

Mais ces promesses ne font pas cesser les troubles : l'état d'urgence est alors instauré et, courant 1986, plus de 30 000 personnes sont arrêtées.

LA FIN DE L'APARTHEID LES CAUSES La persistance de la violence à partir de 1984 est l'une des causes qui explique la fin du système de l'apartheid.

La répression policière et militaire, les émeutes et les massacres (parfois entre les opposants au régime -ANC et lnkatha à dominante zouloue) ont fait la une de la presse partout dans le monde.

De plus, les sanctions économiques imposées par la communauté internationale ont incontestablement aggravé la situation du pays.

Enfin, si les Afrikaners ont renoncé au régime discriminatoire, c'est aussi parce qu'ils étaient convaincus qu'ils pourraient conserver la majorité des fonctions de commandement (grandes entreprises, fonction publique, armée ...

).

• Mais la disparition de l'apartheid tient aussi et surtout à la volonté de deux hommes : le dirigeant de l'AN( Nelson Mandela et le président FrederikDe Klerk.

Deux hommes qui se sont d'abord opposés avant de combattre ensemble pour construire un nouvel avenir.

Dès son arrivée au pouvoir, Frederik De Klerk donne des signes de bonne volonté :en février 1990, il légalise les partis d'opposition, annonce la suppression des grandes lois qui ont fondé l'apartheid et, surtout, fait libérer /> Nelson Mandela après vingt-sep� ans � de captivité.

Devant de telles avancées, I'ANC suspend la lutte armée.

VERS UNE AFRIQUE DU SUD NON RACIALE En décembre 1991 débutent des négociations ayant pour objectif d'élaborer une nouvelle Constitution.

Cependan� l'agitation des mouvements d'extrême droite, résolument hostiles à tout partage du pouvoir, conduit Frederik De Klerk à consulter par référendum l'électorat blanc.

Le 17 mars 1992, 68,7% des électeurs approuvent le processus de réforme et apportent leur soutien à la poursuite des négociations.

• Émaillées de divers incidents (dont les tentatives de déstabilisation du parti lnkatha), ces négociations permettent de fixer au 27 avril 1994 les élections générales.

Dans cette attente, un Conseil exécutif de transition est créé, permettant aux Noirs d'être associés aux décisions du gouvernement.

Ultime consécration : en octobre 1993, Nelson Mandela et Frederik De Klerk reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix.

L'ONU lève les sanctions économiques contre l'Afrique du Sud (excepté l'embargo sur les armes et le carburant).

Un mois plus tard, le 18 novembre, une Constitution provisoire ouvre la voie aux élections.

NELSON MANDELA PRtSIDENT Le 1" janvier 1994, les habitants des quatre homelands «indépendants» (Transkei, Ciskei, Bophuthatswana et Venda) retrouvent la nationalité sud­ africaine.

Le pays est désormais divisé en neuf provinces.

Le vieux rêve des fondateurs de l'ap artheid de fragmenter l'Afrique du Sud est enterré.

• Fin avril se déroule la première consulttdion multiraciale de l'histoire du pays, selon le principe «un homme, une voix».

Comme prévu, c'est I'ANC qui remporte la majorité des suffrages (près de 63 % des voix), contre 20% au Parti national de Frederik De Klerk et 10% à l'lnkatha.

Nelson Mandela devient le premier président noir d'une Afrique du Sud qui vient de tirer un trait sur près d'un demi­ siècle de racisme institutionnel.. »

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