Hadrien
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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temple comme pour le culte qu'il a conçu, l'administrateur économe, et l'intellectuel, se reprenant à tout
instant de ses facilités par des mesures d'autorité, sont le même personnage.
Cruel ou libéral ? Toujours
esthète, il faudrait presque dire “ égotiste ” ; et aussi hasarder le mot de “ snob ”, pour définir certaines
de ses tendances trop insistantes, comme la préférence accordée aux auteurs archaïques sur les
classiques, à Antimaque L1034 sur Homère L095 , etc., si, étant empereur et, au fond, n'oubliant jamais
qu'il l'était il n'avait eu le pouvoir, plutôt, de lancer des modes dans l'empire : il le fit du port de la barbe,
désormais préféré par les gens cultivés, comme il le fit, dans les beaux-arts, du goût égyptianisant.
Cette complexion eût pu en faire le plus distrait des empereurs : mais occupé d'approfondir ses
jouissances d'artiste, devant les paysages comme devant les monuments, il n'oublie, en aucun de ses
longs voyages, d'examiner quels sont les travaux à faire dans les villes où il passe ; résumant ensuite ses
meilleures émotions dans les simili-architectures de sa villa près de Tibur P129C (Tivoli)...
Ernest
Renan L180 , qui a tracé d'Hadrien un portrait nuancé, l'a peint escorté d'architectes et de conseillers.
L'esthète, en effet, est doublé d'un “ technicien ”, et, à ce moment de l'Antiquité (où Trajan P2672
s'étonnait encore que Pline, pour des travaux publics en Bithynie, cherchât à faire venir de Rome des
spécialistes !), ce rôle, à la tête de l'empire, peut être considéré comme bienfaisant.
Car il y avait quelque
péril que la popularité montante de la culture grecque une seconde floraison de l'hellénisme, encadrée
par ce mouvement qu'on appelle la Seconde Sophistique ne fît un peu négliger les entreprises exactes et
positives en lesquelles, depuis Auguste P027 , le pouvoir impérial aidait ou orientait les cités.
L'hellénisme
d'Hadrien n'est pas uniquement mode littéraire.
Il n'a pas tenu à lui que sa chère Athènes, doublée par lui
comme d'une cité nouvelle, ne redevînt grande capitale.
Il ne pouvait d'ailleurs entrer dans ses intentions
de diminuer l'activité des foyers de culture, qui s'étaient développés sur le sol d'Asie, d'Éphèse et
Smyrne à Antioche de Syrie.
Les fondations plus scolastiques de chaires doctorales (une par école
philosophique), que fera un Marc Aurèle P217 , prolongent le dessein d'Hadrien : c'est avec lui
qu'Athènes redevint de fait ville universitaire, ses villas de banlieue y voyant naître, près d' Hérode P144
Atticus, jusqu'à l'élégante œuvre latine que seront les Nuits Attiques d'Aulu-Gelle L1054 .
Ce qui reste objet de discussion, souvent obscure, depuis Renan L180 , c'est l'attitude religieuse
d'Hadrien.
Une sensibilité portée à des compréhensions mystiques, pourvu que les images fussent
belles ; une intelligence omnicurieuse et très critique.
Sa seule intolérance fut pour la religion des Juifs ;
et certes, il rencontra autour du “ Fils de l'Étoile ”, Bar-Kobécha P1174 , en 135, des fanatiques
exaspérés.
Mais n'avait-il pas commencé par assiéger ce qui restait de la Judée de propagandes
religieuses gréco-syriennes ? Il semble que ce soit une fatalité dans l'histoire des rapports entre l'empire
romain et Israël, que l'antagonisme redevienne violent chaque fois que l'empereur opte pour
“ l'hellénismos ” ; Hadrien est ici, presque littéralement, le second Néron P247 .
Ce n'est pas qu'il ait
prétendu se faire adorer lui-même ; un scepticisme de spiritualisme badin s'exprime dans son épigramme
connue : animula vagula blandula.
Mais pourquoi cet Athénien d'adoption tient-il à ce point au projet,
injurieux pour tout Juif, de dresser un temple de Jupiter Capitolin sur le site de Jérusalem, devenue
colonia Aelia Capitolina ? Il est vrai que, quelques années plus tôt (en 130), remontant le Nil, il avait
écouté l'oracle solaire, magique, du Colosse de Memnon P129M2 , et certainement conféré, à Alexandrie,
avec les prêtres du Sérapéum.
En ce voyage, il donna la preuve de ce que son imagination pouvait
ajouter au divin du paganisme ; son trop beau favori Antinous s'étant noyé dans le fleuve sacré, il fit de
lui un dieu et sur la rive fonda une ville en son nom.
Le même génie sera plus tard associé à Diane en
plein Latium, à Lanuvium, par les petites gens d'un collège.
Pourquoi ? Sans doute en comprenons-nous
une des raisons en suivant les chasses d'Hadrien.
Car cet “ intellectuel ”, qui ne s'intéressa, de la guerre, qu'à sa préparation technique exigeant là aussi
des soldats, avant toute chose, du “ style ”, comme le montrent ses allocutions aux unités de Numidie
gravées à Lambèse a eu le goût, la passion de la chasse.
Un des monuments les plus originaux que sans
doute il éleva à Rome et dont les bas-reliefs en médaillons sont encastrés dans l'arc de triomphe de.
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