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Henri Ier Beauclerc

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Henri Ier Beauclerc est l'un des principaux artisans de la puissance anglo-normande au Moyen Âge. Né en 1068, troisième fils de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre, très instruit pour un seigneur de son temps, comme en témoigne son surnom de " Beauclerc ", il n'était d'abord destiné à régner ni sur la Normandie ni sur l'Angleterre. En effet, en 1087, à son lit de mort, Guillaume le Conquérant détruisit de ses mains l'union anglo-normande qu'il avait édifiée vingt ans plus tôt : son fils aîné, Robert Courte-Heuse, devait lui succéder en Normandie, bien patrimonial de Guillaume ; le cadet, Guillaume le Roux, héritait de l'Angleterre, considérée comme un acquêt ; quant à Henri, son père lui léguait l'énorme somme de cinq mille livres, sans prévoir pour lui une dotation en terres. Orderic Vital, moine de Saint-Evroult, dont la chronique est notre principale source d'informations sur ce temps, rapporte que le Conquérant, sans illusions sur les capacités de ses deux fils aînés, aurait prédit à Henri qu'il serait un jour plus puissant qu'eux ; mais, comme tous ses contemporains, cet auteur a fait très large la part de la légende et des prophéties qu'il est aisé d'imaginer lorsqu'on connaît la suite des événements. Toujours est-il que la fortune mobilière d'Henri et son caractère prudent, avisé et ménager, faisaient de lui un personnage d'une extraordinaire richesse à côté de son frère, le puissant duc de Normandie, maître de terres et de vassaux, mais prodigue et besogneux. Le caractère de Robert, un impulsif sans aucune vue politique, un paladin rêvant de beaux coups d'épée, mais incapable d'imposer son autorité aux barons de son duché et d'y faire régner l'ordre, provoquait en Normandie une véritable anarchie.

« effet besoin d'appuis fermes, car Robert Courte-Heuse est bien décidé à revendiquer le trône d'Angleterre et, en1101, il rassemble une armée, s'embarque au Tréport, bénéficie de complicités et débarque en Angleterre à la têtede ses troupes, pour, finalement, accepter un accord par lequel il renonce à la couronne en échange d'une pensionde trois mille marcs qu'Henri lui promet, et de toutes les terres normandes du roi d'Angleterre, sauf Domfront.

Maispour Henri, l'alerte a été chaude.

Il a promis de pardonner aux partisans de Robert, mais, sous d'autres prétextes, ilse hâte de les châtier, entre autres le fameux Robert de Bellême, puissant baron des Marches galloises, qu'ildépouille de ses fiefs et qu'il oblige à se replier dans ses terres de Normandie.

Les questions litigieuses semblentdéfinitivement réglées.

Henri apparaît dans son royaume comme le pacificateur et le justicier.

Au dehors, ilcommence à se ménager des appuis : en 1101, il a traité avec le comte de Flandre qui, pour un “ fief de bourse ” decinq cents marks, s'engage à lui fournir des chevaliers.

Il prend soin de rétablir ses relations avec l'Église, à l'égardde laquelle Guillaume le Roux avait agi avec désinvolture, se gardant de pourvoir les sièges épiscopaux vacants, afind'en percevoir les revenus, y nommant ensuite ses créatures et pratiquant la simonie ; Guillaume s'était heurté àsaint Anselme, archevêque de Canterbury, à propos de la suprématie du pape ; le primat avait quitté le royaume etne pouvait y rentrer.

Le premier geste d'Henri Ier fut de le rappeler.

Six semaines après son couronnement, saintAnselme était de retour.

Mais alors furent soulevées les questions de l'investiture et de l'hommage que le prélatdevait prêter au nouveau roi pour les fiefs de l'archevêché : conformément à la règle canonique en vigueur, ilrefusa.

Après une discussion qui dura cinq ans, au cours de laquelle le roi et l'archevêque restèrent tous deuxinébranlables sur leurs principes opposés, mais ne se départirent jamais d'un ton courtois et sans passion, après unenouvelle retraite de saint Anselme, après une menace d'excommunication par le pape, après une consultation dusavant canoniste Ives de Chartres, le roi et l'archevêque arrivèrent à un compromis qui devait permettre à l'Églised'Angleterre et au souverain de vivre en bonne intelligence pendant cinquante ans, et qui ne devait être rompu quepar Henri II. Pendant ce temps, Henri Ier ne perdait pas de vue la Normandie et méditait de dépouiller son frère de son duché.

Ily avait conservé des intelligences, d'autant plus aisément que bien des seigneurs normands étaient ses vassaux enAngleterre et que des échanges incessants avaient lieu entre les deux pays.

En 1104, il fait une reconnaissance enNormandie, inspecte et renforce la garnison de Domfront et celles d'autres forteresses que, au mépris de sesengagements de 1101, il avait conservées.

En 1105, le chaos normand est à son comble ; Robert de Bellême et sesémules y font régner une guerre perpétuelle.

Henri déclare son intention de remettre de l'ordre dans le duché, ydébarque, prend Bayeux et Caen et s'entoure de nombreux partisans hostiles à Robert.

En 1106, la bataille décisivede Tinchebray, où il fait son frère prisonnier, lui donne la Normandie.

Henri châtie sévèrement ceux qui ont pris lesarmes contre lui : Robert Courte-Heuse restera captif pendant vingt-huit ans, jusqu'à sa mort ; Guillaume de Mortainest aveuglé.

Il n'a cependant pu capturer Guillaume Cliton, fils de Robert, qui, pendant vingt ans, sera contre lui unprétendant dangereux et il doit encore faire face au roi de France qui lui dispute le Vexin, et au comte d'Anjou quine se résigne pas à lui abandonner le Maine.

En 1113, il traite avec ses ennemis, obtient l'hommage du comted'Anjou pour le Maine, amène Louis VI à consentir à ce que le comte de Bretagne d'une part, le seigneur de Bellêmede l'autre, tous deux, en principe, vassaux directs du roi de France, lui fassent hommage et tiennent désormais leursterres de lui.

En même temps, Henri Ier s'attache à gouverner efficacement son royaume.

Il étend son droit dejustice.

C'est sous son règne qu'on voit se former l'institution des juges itinérants : la cour du roi détache des jugesqui parcourent un groupe de comtés pour y tenir les “ plaids ” du roi.

Comme pour bien des institutions anglaises,c'est là, discrètement, sans à-coups, sans même une décision officiellement promulguée, une coutume qui s'instaureet va se développer.

A la même époque, nous rencontrons la rédaction des textes législatifs qui vont former uncorps de coutumes : les lois d'Henri Ier sont mises en écrit et conservées.

La plus remarquable des institutions quenous voyons alors apparaître est l'Échiquier.

Le premier document qui le mentionne date de 1110 et il est souscritpar Roger le Pauvre, évêque de Salisbury et Justicier d'Angleterre, celui qui a donné ses traits définitifs à cettecour.

Pour l'année fiscale 1129-1130, nous possédons déjà un “ Pipe Roll ”, compte tenu après examen par lesbarons de l'Échiquier des justifications fournies par les sheriffs, deux fois par an, à Pâques et à la Saint-Michel.

C'estencore sous le règne d'Henri Ier que se régularise la Chancellerie et que se généralise l'emploi de cet écritmerveilleusement adapté à la transmission d'ordres administratifs rapidement exécutoires, le “ writ ”, instrument degouvernement très efficace.

Tout concourt à nous montrer Henri Ier comme un souverain organisateur et bien servipar les hommes dont il avait su s'entourer. Il s'occupe aussi de la défense du royaume contre ses voisins, surtout les Gallois insoumis et turbulents.

Il renforcela position des barons anglo-normands établis sur les Marches et entretient des relations pacifiques avec l'Écosse.C'est l'époque où il marie sa fille Mathilde à l'empereur Henri V.

Henri Ier fait grande figure ; c'est l'un des pluspuissants princes de l'Occident.

Il est seul maître de l'Angleterre et de la Normandie, d'autant plus que le roi deFrance ne peut obtenir de lui l'hommage pour le duché, bien qu'il puisse le menacer en favorisant le prétendantGuillaume Cliton.

La guerre se rallume en Vexin.

A la bataille de Brémule, Henri Ier, payant vaillamment de sapersonne, inflige une défaite à Louis VI.

Au début de 1120, la paix est conclue.

Pour la rendre définitive, Henri faitprêter hommage au roi de France, pour la Normandie, par son fils et héritier, Guillaume Adelin. C'est alors que se produit, au milieu de son triomphe, la catastrophe qui ruine ses espérances : Guillaume Adelin,nouvellement marié à Mathilde d'Anjou, périt dans le naufrage de la “ Blanche Nef ”, perdue près de Barfleur, sur lesrécifs de Gatteville.

Henri n'a plus d'héritier.

Quelque temps après, il se remarie et épouse Adèle de Louvain, maiscette nouvelle union ne lui donne pas de fils.

La solution diplomatique, laborieusement conçue, s'écroule : Foulqued'Anjou marie sa deuxième fille au prétendant Guillaume Cliton, qui mourra d'ailleurs en 1128.

Henri n'a qu'une fille,Mathilde, l'Impératrice, qui vient de perdre son mari.

A Noël 1125, le roi réunit les grands de Normandie etd'Angleterre et leur fait prêter serment de fidélité à sa fille qui sera son héritière dans le duché et le royaume.

Unetradition mal attestée veut que ce serment ait été lié à une condition : l'héritière n'épouserait pas un seigneur. »

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