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Henri III 1589 LA VIE DU ROI La mort de Catherine de Médicis

Publié le 25/09/2018

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henri iii

Depuis une semaine, Catherine de Médicis ne quitte plus ses appartements du château de Blois. Du fond de son lit, elle remâche son amertume d’avoir été écartée du gouvernement par Henri III. Bouleversée par l’exécution du duc Henri de Guise, le 23 décembre 1588, elle se tourmente pour l’avenir du royaume, craint qu’en ayant osé affronter la Ligue catholique, son fils préféré n’ait mis sa couronne et sa vie en péril. La politique de conciliation qu’elle a toujours prônée a vécu ; pourtant, elle n’a qu’une idée en tête : aller « négocier » avec le vieux cardinal Charles de Bourbon, ligueur convaincu, que le roi a fait consigner dans ses appartements.

Le

 

1er janvier, malgré le froid et en dépit des recommandations de ses médecins, la reine mère se lève pour aller assister à la messe dans la chapelle du château. Surmontant sa fatigue, elle se fait ensuite conduire en chaise à porteurs auprès du cardinal de Bourbon. Leur rencontre est houleuse. Alors que la reine mère affirme au prisonnier qu’elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour que son fils le libère, ce dernier l'accable

henri iii

« pleurs .

La voilà de nouveau clouée au lit, victime d'un bru­ tal accès de fièvre .

Le lende­ main, par un froid glacial, elle retourne à la messe .

Cette imprudence va lui être fatale.

Le surlendemain, elle respire très difficilement, manque de souffle pour parler .

Les méde­ cins diagnostiquent une pleu­ résie et lui font subir une inu­ tile saignée .

Le 4 janvier, elle est au plus mal.

Veillée par ses seuls serviteurs italiens, elle se sent abandonnée : pris dans la tourmente des événe­ ments politiques, son fils n'a que de rares instants à lui accorder .

Dans la matinée , elle s'entretient avec le légat du pape, le nonce Morosini, à qui EMPOISONNEMENT OU DÉPIT? Malgré l'état de santé alarmant de Catherine de Médicis , ses médecins n 'ont jamais envisagé qu'elle puisse être aussi rapidement emportée par la maladie.

Que s'est-il passé ? Dès l'annonce de sa mort , au château de Blois, les rumeurs d'empoisonnement vont bon train.

Pour couper court aux soupçons, Henri Ill ordonne immédiatement qu'une autopsie soit pratiquée .

Les médecins ne trouvent aucune trace de poison.

La reine mère a succombé à une pneumonie et aux conséquences d'un abcès au cerveau, lié à son affection pulmonaire.

Aucune autre lésion de quelque organe que ce soit n 'est décelée.

Le mémorialiste Pierre de Brantôme résumera les circonstances de la disparition de Catherine de Médicis par ces mots terribles : « li y en a aucuns qui ont parlé diversement de sa mort, et même de poison.

Possible que oui, possible que non ; mais on la tient morte et crevée de dépit .

» elle confie le désarroi dans le­ quel l'a plongée sa visite au cardinal de Bourbon .

« Elle a une très grande fièvre, et quoi­ que les médecins l'appellent une fièvre de rhume sans dan­ ger , toutefois l'âge avancé de la malade et sa rechute inspi­ rent de grandes craintes », écrit le prélat dans une lettre adressée à l'épiscopat .

Ses craintes sont justifiées .

Au matin du 5 janvier, Cathe­ rine de Médicis, persuadée que sa fin est proche, fait venir ~ un notaire et son fils et, à J grand peine, leur dicte ses 5 dernières volontés .

Son testa..

~ ment rédigé, elle réclame son i confesseur.

Il est introuvable .

!;;) A la hâte , on part quérir un : remplaçant .

Les médecins ne ~ comprennent pas cette préci­ pitation, estimant la survie de la malade assurée pour plu­ sieurs jours au moins .

Une prédiction se réalise La reine mère s'entête et finit par obtenir le soutien d'un prêtre.

Après s'être confessée, avec de grandes difficultés d'élocution, et avoir reçu l'ab­ solution, enfin rassurée , elle demande le nom de l'ecclé­ siastique.

« Julien de Saint­ Germain », lui répond simple­ ment l'abbé de Chaalis, qui a été le confesseur du roi .

« Alors je suis perdue ! >> lâche-t-elle · atterrée .

Jadis, son astrologue et confident florentin Cosimo Ruggieri lui a fait une étonnan­ te prédiction : elle allait «trou ­ ver la mort auprès de Saint ­ Germain ».

Depuis lors, afin d ' éviter que le funeste oracle ne se réalise, elle a fui tous les lieux portant ce nom .

Que ce soit le château de Saint-Ger­ main-en-Laye ou le palais pa­ risien du Louvre, qui dépend de la paroisse de Saint-Ger­ main-l'Auxerrois et auquel elle a préféré le palais de Sois- sons , plus petit, mais rattaché à la paroisse de Saint-Eusta­ che.

Et voilà que, sentant ses forces l'abandonner, elle vient de se confesser à l'abbé de ...

Saint-Germain ! Elle n'a plus aucune raison de lutter contre ce signe du destin .

Ce 5 janvier, à une heure et de­ mie de l'après-midi, Catherine de Médicis rend son dernier soupir .

Elle meurt en ce même jour, veille de la fête des Rois, qui, par le passé, a été fatal à ses ancêtres: c 'est à cette date en effet qu'en 1537 Lorenzo de Médicis - le « Lorenzaccio » d'Alfred de Musset - a assas­ siné son cousin Alexandre, le cruel et tyrannique duc de Flo­ rence ! Ce jour-là , Henri Ill, ce fils chéri entre tous, dont elle s'est sentie tellement aban­ donnée ces derniers mois, est resté à son côté et lui a fermé les yeux .

Puis, il a fait douce­ ment glisser du cou de sa mère le pendentif porte-bon­ heur qu 'elle ne quittait jamais pour le passer au sien .. »

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