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Histoire de l'Ecosse: De la fondation du royaume de Dalriada au statut d'autonomie

Publié le 10/11/2018

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DE L'INDÉPENDANCE A L'AUTONOMIE

Située dans le nord de la Grande-Bretagne, l'Écosse doit à son relief heurté et à sa position excentrée d'avoir pu préserver son identité celtique : elle en constitue l'un des derniers bastions en Europe, avec l'Irlande, le pays de Galles et la Bretagne. Les « Highlands » (hautes terres) dominent un paysage de landes pauvres, criblées de lochs et battues par les vents de l'Atlantique et de la mer du Nord, dans laquelle elles s'effritent en une multitude d'archipels jusqu'à la Scandinavie. Elles sont le berceau de cette identité, qui ne saurait se réduire à un folklore riche, dont le kilt et la cornemuse sont devenus les emblèmes. Les habitants de cette terre sauvage, nimbée de brumes, qui ont entretenu le mystère d'un monde fantastique et imaginaire peuplé de fantômes venant hanter ses châteaux, ont su résister aux Romains d'abord, puis aux Anglais, qui tentèrent en vain d'annexer le royaume des Scots, même après sa conversion au christianisme au xiie siècle. Au xive siècle, l'Angleterre reconnaît l'indépendance de l'Écosse, sans renoncer pourtant à la soumettre. Ce n’est qu’au xviiie siècle, après de multiples batailles et révolutions de palais, que les couronnes d'Angleterre et d'Écosse s'unissent, mais cette alliance, qui devait donner naissance au Royaume-Uni, est mise à profit par les Anglais pour dominer les « hautes terres ». La révolution industrielle achève l'œuvre d'intégration de l'Écosse à l'Angleterre, jusqu'à ce que le processus de dévolution, engagé par Tony Blair en 1997, lui restitue un certain degré d'autonomie.

DES ORIGINES CELTIQUES

Un peuplement celte  ancien

• Si le peuplement de l'Écosse est attesté dès la fin de l'ère glaciaire, les ancêtres des Écossais entrent dans l'histoire à la faveur des annales romaines. Celles-ci ne cachent pas la forte impression que laissèrent sur les légions romaines conduites par le général Agricola, engagées au Ier siècle de notre ère dans la conquête du nord de l'île de Bretagne, ces farouches guerriers au corps peinturluré de bleu et poussant au combat des cris effrayants. Les Romains les appelèrent Caledonii, d’où le nom de Caledonia sous lequel l'Écosse était connue dans l’Antiquité.

Ces hautes terres, humides et inhospitalières, ne suscitèrent guère la convoitise des Romains qui avaient pris le contrôle du sud de l'île en 55 av. J.-C., sous la conduite de César. Une fois n'est pas coutume, ils préférèrent ne pas pousser plus avant leurs conquêtes et élèveront plusieurs murs, sous les règnes des empereurs Hadrien, Antonin et Septime Sévère, pour marquer les limites nord de leur empire en Bretagne, dont la Calédonie ne faisait donc pas partie.

L'Écosse résiste à Rome

Ces Caledonii, appelés Pictes ou «hommes peints», appartenaient à la grande famille des Celtes, qui peuplaient alors une grande partie de l'Europe occidentale. Mais contrairement à leurs cousins du sud de l'archipel britannique, de France ou d'Espagne, ils avaient résisté à la romanisation.

Naissance du royaume de Dalriada

Union du royaume d'Écosse sous

Kenneth McAlpin

1633

1707 1934 1997

Victoire de Robert Bruce à Bannockburn

Défaite des Écossais à Flodden Abdication de Marie Stuart Charles Ier roi d'Écosse Acte d'union avec l’Angleterre Création du Parti national écossais Obtention du statut d'autonomie

L'ÉCOSSE ET LA FRANCE UNIE PAR LA «VIEILLE ALLIANCE»

Les liens entre la France et l'Écosse remontent à Guillaume le Conquérant, au xie siècle. De nombreux nobles normands, picards ou bretons se rendent alors dans le royaume des Scots, qui a préservé son indépendance, et y épousent des héritières locales. Ces immigrés y feront souche. On retrouve leur trace dans les grandes familles écossaises, comme les Bruce (Brix, dans la Manche) ou les Stuart, originaires de Dol en Bretagne.
Ces liens ne prennent vraiment un tour politique qu'en 1295, quand John Balliol, désigné sur le trône d'Écosse par le roi Édouard Ier d'Angleterre, mais refusant d'être son vassal, signe un traité avec le roi de France Philippe le Bel pour échapper à la tutelle anglaise.
Ce premier traité entre la France et l'Écosse fonde l'« Auld Alliance » qui marquera profondément l'histoire et la culture écossaises. Cette alliance est renouvelée par Robert ler vainqueur des Anglais en 1314, et elle le sera jusqu'au xvie siècle, sous les Stuarts. Les Écossais le montrent de 1418 à 1429 en venant au secours de la France dont les Anglais tentent de s'emparer durant la guerre de Cent Ans, certaines familles écossaises restant même en France dont les rois auront une « garde écossaise », jusqu'à la Révolution française.
Cette alliance aurait pu se renforcer sous le règne de la très catholique Marie Stuart, élevée en France et épouse du roi François II, qui l'a laissée veuve en 1560, à 17 ans, avec la couronne de reine de France dont elle ne sait que faire.
Après le triomphe de la Réforme en Écosse, le pays s'éloignera de la France et, en 1707, unira son destin à celui de l'Angleterre.
histoire

« • Mais il se heurte à une vive résistance des Écossais, conduits par leurs chefs William Wallace et Robert Bruce, ce dernier triomphant des forces britanniques à la bataille de Bannockbum en 1314.

L'ANGUTIRRE RECONNAIT L'IND(PENDANCE DE L'ÉCOSSE • Cette victoire militaire historique marque le triomphe de la cause écossaise, à laquelle les barons écossais jurent fidélité par la déclaration d'Arbroath (1320) proclamant la guerre contre toute tentative de domination anglaise.

Elle est scellée en 1328 par le traité de Northampton , qui reconnaît l'indépendance écossaise , tandis que son héros , Robert Bruce , qui fonde une nouvelle dynastie sous le nom de Robert J•, est reconnu par Édouard Il.

LE IÜGNE TIOUBii DESSTUAITS LES TROUBLfS INTERNES • Le fils de Robert J• étant mort sans héritier, son neveu Robert Stuart monte sur le trône en 1371.

Il poursuit la politique d'alliance avec la France au cours de la guerre de Cent Ans, ce qui permet de desserrer durablement l'étau anglais sur l'Écosse mais ne la prémunit pas contre des troubles internes qui sapent l'autorité des Stuarts.

• En 1437, après un règne difficile , Jacques J• est assassiné par les barons à qui il voulait imposer son pouvoir .

Son fils Jacques li lui succède , sur fond de troubles .

LES STUARTS MENAdS PAR US ANGLAIS ET PAR LA RtFORME • L'Écosse est affaiblie par les querelles internes quand elle doit faire face à une nouvelle offensive anglaise .

Les Écossais sont écrasés en 1513 à la bataille de Flodden, au cours de laquelle le roi Jacques IV est tué.

Jacques V lui succède , mais la défaite de l'Écosse a fait renaître les prétentions de l'Angleterre sur un royaume divisé par l 'apparition de la Réforme calviniste.

• En 1542, Marie Stuart fille de Jacque s V et de Marie de Guise, devient reine d 'Écosse à sept jours.

Élevée en France et mariée au Dauphin, elle devient reine de France en 1559 quand François Il accède au trône .

Pendant son absence d'Écosse, le pays rejette la religion catholique , notamment sous l'impulsion du prédicateur calviniste John Knox, qui y introduit la Réforme et met en place la nouvelle Église presbytérienne .

En 1560 , la mort de François Il dans un tournoi contraint Marie Stuart à regagner l'Écosse.

• Elle se heurte à l'aristocratie écossaise convertie au protestantisme .

• En 1567 , vaincue à Carberry Hill par les lords révoltés, Marie Stuart abdique en faveur de Jacques VI.

Réfugiée en Angleterre , elle y passe dix-huit ans pendant lesquels elle est transférée de prison en prison.

Accusée de complot contre le i ~~;:::;~~~ royaume , elle !- est exécutée en 1587.

L'UNION DES DEUX COURONNES UNE MlME COURONNE POUR L' ANGUTIRRE ET L'ÉCOSSE • Jacques VI est en passe de ramener l'ordre en son royaume quand la mort sans postérité de sa cousine la reine Élisabeth l"en 1603l'appelle sur le trône d 'Angleterre où il lui succède sous le nom de Jacques f•·.

C'est un cadeau empoisonné pour la couronne · d'Écosse , unie désormais à celle de l'Angleterre .

L'union , désirée par le roi à double couronne , est inéluctable , et la souveraineté écossaise se réduit à son Parlement et ses institutions juridiques .

UN MAillAGE DIFFICILf ·En 1633, Charles J• ·qui règne sur l'Angleterre depuis 1625, est couronné roi d'Écosse .

L'Écosse et le Parlement anglais s 'unissent contre son absolutisme en 1644 , mais le roi est soutenu par les Écossais quand il est exécuté en 1649 .

L'Écosse bénéficie donc encore d 'une marge de décision, liée au caractère ambigu de cette dualité monarchique , qui s'engage pourtant inéluctablement sur la voie d'une fusion , pavée d'épisodes sanglants qui vont marquer les mémoires écossaises et accroître l'animosité entre les deux peuples.

• De 1651 à 1660 , Oliver Cromwell occupe l'Écosse , imposant au passage l'union de l'Irlande, de l'Angleterre et de l'Écosse .

La restauration sur le trône de Charles Il, avec l'appui des Écossais , n'empêche pas une période de troubles , dite guerre des Caméroniens (1679-1688) , qui sera suivie en 1692 du massacre de Glencoe (nord-ouest) , théâtre de l'extermination du clan McDonald par le clan Campbell à l'instigation du roi William Ill.

UNIION ET RtSISTANCE • Malgré cette succession d'événements sanglants, l'Acte d'union des deux royaumes est prononcé en 1707 , le Parlement d 'Écosse ayant voté sa fusion avec celui d 'Angleterre.

• Ce mariage de raison n'a toutefois pas conquis les cœurs des Écossais , qui se soulèvent à plusieurs reprises à partir de 1715 pour tenter de rétablir les Stuarts sur le trône d'Écosse .

Au prix de nombreuses batailles (Sheriffmuir en 1715 , Glen Shiel en 1719) , ce mouvement dit jacobite, en souvenir du dernier roi Jacques VIl, manque de l'emporter en 1745 quand Charles Édouard Stuart , surnommé Bonnie Prince Charles (le gentil prince Charles ), s'empare de l'Écosse.

Mais cette aventure se termine le 16 avril1746 à Culloden, près d 'Inverness , où les partisans des Stuarts sont écrasés .

LA RtPRESSION ANGLAISE • Forts de cette victoire, qui est suivie d'une terrible répression à l'encontre des chefs de clans gaéliques , les Anglais s'emploient à pacifier et angliciser le pays où les traditions celtiques ne subsistent plus guère qu'à l'état de folklore , dans les Highlands et les îles.

Le pays est maillé de routes et de ponts ayant initialement vocation à faciliter les déplacements des troupes mais qui, à terme , imposent les modes de vie anglaise aux Écossais, lesquels émigrent alors en masse en Amérique .

L'« ATHlNES DU NORD» • La signature de l'Acte d 'Union a aussi inauguré une période plus paisible qui a vu l'Écosse devenir un important foyer intellectuel de l'Europe des Lumières.

Édimbourg, surnommée dès lors !'«Athènes du nord », accueille des philosophes tel David Hume , des économistes tel Adam Smith, des poètes tel Robert Burns ou des éditeurs comme Colin Madarquhar , Andrew Bell et William Smellie, qui publient I 'Encyclopii'dia Britannica à partir de 1771.

L'IHrtGRATION (CONOMIQUE • A partir de 1850 , l'Écosse est reliée au sud de l'Angleterre par le train , véhicule majeur de l 'intégration économique et de la révolution industrielle qui commence à g agner le nord de l'archipel britannique, où les grandes aciéries se développent en 1872 avec l'exploitation des mines de charbon .

• Couplée à l'ouverture des ports écossa is au grand commerce international , l'activité industrielle intense permet le décollage économique spectaculaire de l'Écosse , qui était jusque-là une région délaissée .

A la fin du X Ix' siècle , la vallée de la Clyde , autour de Glasgow, devenue une mégapole, devient une des régions les plus industrialisées d'Europe.

• Cette accession de l'Écosse au capitalisme lui assure un développement intellectuel sans précédent et un rayonnement mondial à travers l'empire colonial britannique auque l l 'Écosse a fourni nombre de cadres et de colons.

Toutefois , elle a pour rançon les disparité s sociales propres à l'ère victorienne , avec une paupérisation des villes saturées par l'exode rural , qui a vidé les régions du nord ou de l'intérieur .

MISlRE SOCIALE ET CUIJURELLE • Outre ses incidences sociales , cette intégration économique se fait au détriment de la culture gaélique , qui a du mal à résister dans les régions rurales déshéritées, malgré le phénomène de mode suscité en Europe par l'Écosse , dont le folklore et les paysages emprunts de mystère attirent les voyageurs et inspirent les écrivains .

A côté des taudis de Glasgow cohabite l'lcosse romantique chantée par Walter Scott , dont les châteaux sont hantés par des fantômes et les lacs, telle Loch Ness, par de monstrueuses créatures .

• En 1885, alors que l'Écosse ne semble avoir d'autre statut que celui d 'une région, un secrétaire en charge de l'Écosse est nommé au sein du gouvernement de William Gladstone .

L'année suivante, le Crofters Ad protège les petits fermiers et met fin aux expulsions dans les Highlands .

DU RÉVEIL NATIONAL À L'AUTONOMIE CONSCIENCE DE CLASSE ET IDENTirt CELTI • La guerre de 1914 -1918 a un impact considérable sur l'Écosse comme sur le reste de l'Europe, en mettant notamment un terme brutal aux illusions de progrès et de prospérité continus .

Tandis que l'exploitation du charbon est en déclin , le monde paysan plutôt populaire si l'on en juge par le score de 30% des suffrages (11 élus) recueilli par les nationalistes écossais l'année suivante.

• Pourtant alors que l'économie écossaise bénéficie depuis quatre ans des retombées du pétrole offshore de la mer du Nord, le référendum sur l'inst auration d 'une assemblée écossaise en 1979 , marqué par une forte abstention , se solde par un échec.

En 1987, sous l'ère thatchérienne, les nationali stes enregistrent un net recul.

• Contrairement à l'Ulster, les revendic ations nationalistes écossaises s'exprim ent pacifiquement et, en 1996, la Pierre de destinée est rapportée à Édimbourg après 700 ans passés à Londres.

Un geste de réconciliation qui semble o uvrir la voie à la réintégration de l'Écos s e dans ses droits .

LE PARLE MENT (COSSAIS RESSUSCIT( • Arrivé au pouvoir en 1997 , le parti travaillist e de Tony Blair va engager le proces sus de «dévolution » au profit de l'Écos s e , à la faveur du référendum du 11 septembre 1997, qui ressuscite, près de trois siècles après , le Parlement écossais disparu en 1707 .

• L'Écosse dispose désormais de ses institutions propres et de son gouvernement compétent en matière économi que, fiscale , sociale e t culturelle -les affaires militaires , la monna ie et la politique étrangère restant d e la compétence de Londres.

Dans cette Europ e des régions , intégrée et élargie , l'Écosse a assurément sa place , forte de ses atouts économiques , sur lesqu els elle peut espérer appuyer son reno uveau culturel.

et surtout ouvrier se réveille, l'épicentre 1-------------_, de ce soulèvement étant la région de Glasgow, surnommée «Clyde la Rouge», où prennent pied les idées communistes .

• La crise économique et financière des années 1930 plonge l'Écosse et le reste du pays dans une profonde dépression , qui devient le terreau d'une revendication d'autonomie, voire d'indépendance , un sursaut nationaliste incarné par le Scottish National Party (SNP , Parti national écossais) , créé en 1934 par John McCormick.

LA MONTÉE EN PUISSANCE DU PARTI NATIONAL (COSSAIS • Après la Seconde Guerre mondiale, ce parti qui s'affirme comme une force politique et un mouvement culturel de plus en plus influent en Écosse , devient le fer de lance du renouveau de la culture celtique et du sentiment national écossais .

• En 1950 , la «Pierre de destinée" (Stone of destin y), emblème de la royauté écossaise, est volée passagèrement à l'abbaye de Westminster en un geste symbolique visant à remettre en cause la domination de l'Angleterre sur l'Écosse.

En 1967, un nationaliste est élu pour la première fois au Parlement à Hamilton .

• En 1973, une réforme administrative va dans le sens d 'une décentralisation, L'AUTONOMIE RnROUVÉE • Profitan t de l'état de grâce qui suit la victoire des travaillistes le 1" mai 1997, le Premier ministre britannique Tony Blair, lui-même né en Écosse, lance le 24 juillet un projet d'autonomie pour l'Écosse et le pays de Galles.

• Lors du référendum du 11 septembre, 74,29% des électeurs écossais approuvent la création d'un parlement autonome, ou son rétablissement L'Assemb lée élue à la mi-août 1999 devait siéger dès l'an 2000 à Édimbourg, et lever des impôts, une autre de ses prérogatives approuvée celle-là par 63,5 %des Écossais.

A l'occasion du 700' anniversaire de la victoire de wnt•• W.lhlce sur les Anglais, c'est un beau cadeau qu'aura fait Tony Blair à l'Écosse, terre de ses ancêtres et fief travailliste.

• Mais si elle reconnaît J'identité celte, la «dévolution » des pouvoirs au profrt de l'Écosse- comme le 18 septembre 1997 au profit du pays de Galles - ne cède rien aux nationalistes.

Outre qu'elle vise à marginaliser le Parti national écossais, elle se veut le prélude à une réforme des institutions britanniques dans le sens d'une décentralisation et accessoirement un banc d'essai pour le règlement du conflit irlandais.. »

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