Jordanie de 1995 à 1999 : Histoire

Depuis l’accord de paix signé avec Israël en octobre 1994, la Jordanie joue un rôle de plus actif dans la région mais la diplomatie de la monarchie hachémitc est mal perçue par la population. Au resserrement des liens avec Israël (la Jordanie encourage les Palestiniens à aller de l’avant dans les négociations et est le seul État arabe à approuver l’alliance militaire israélo-turque) ainsi qu’avec les États-Unis, s’ajoute la normalisation des relations avec les États du Golfe (Arabie Saoudite et Koweït, principalement) alors qu’Amman avait apporté son soutien à l’Irak pendant la guerre du Golfe. La Jordanie accueille ainsi en août 1995, les deux gendres de Saddam Hussein en fuite et soutient l’opposition irakienne, mais doit finalement apaiser ses relations avec Bagdad, pour des raisons économiques et commerciales, le tiers des exportations jordaniennes trouvant un débouché en Irak. L’autorisation accordée aux avions américains de survoler son territoire pour intervenir au sud de l’Irak, sa participation au sommet

« antiterroriste » de Charm cch-Cheikh en mars 1996 et la tension croissante avec la Syrie contribuent à dresser une partie de l'opinion publique contre les choix de politique extérieure de la Jordanie.

Le remplacement du Premier ministre Zayd Ben Chaker par Abdul Karim el-Kabariti, en février 1996, et la nomination de ministres appartenant aux principaux partis politiques, à l’exception des islamistes, pourtant consultés au préalable, traduisent la volonté le roi Hussein de promouvoir des hommes nouveaux, censés renforcer le pluralisme politique. Si les islamistes reculent lors des municipales de juillet

1995, la popularité de Leith Shbcilat, islamiste indépendant, arrêté en décembre 1995 et condamné à trois ans de prison pour atteinte à l'honneur de la famille royale, est intacte et lui permet, depuis sa prison, d’être élu le 18 février

1996, président du syndicat des ingénieurs pour la quatrième fois. Les émeutes contre l’augmentation du prix du pain dans le sud du pays en août 1996 ébranlent également le régime.