Juan Domingo Peron prend le pouvoir en Argentine

Avec sa victoire aux élections le 24 février 1946, le chef d'un mouvement socio-politique contesté, Juan Domingo Peron, se hisse à la plus haute fonction de l'État. Son régime s'appuie principalement sur les descamisados - les sans-chemises.

Histoire de l'Argentine après 1945

Juan Domingo Per6n lors de la visite du navire américain Huntington à Buenos Aires, en 1948

En 1943, Peron participe activement au renversement du gouvernement conservateur corrompu du président Ramon Castille et devient en conséquence sous-secrétaire de la Guerre et bientôt ministre du Travail. En 1944, il accède à la fonction de vice-président. Sous l'influence de sa future épouse, Eva Duarte, Peron développe un programme social contesté. Par des mesures sociales d'envergure nationale, il veut rallier les couches les plus pauvres tout en essayant d'établir un État nationaliste fort. L'objectif de son mouvement est d'introduire une «troisième position » entre le capitalisme et le communisme.

Évincé du pouvoir par les militaires en octobre 1945, Peron est emprisonné et très vite libéré grâce à la pression populaire. Dès sa victoire aux élections présidentielles de 1946, il promulgue des lois sociales, exproprie les grands propriétaires terriens et nationalise les entreprises étrangères implantées en Argentine. Une industrialisation promue par l'État porte très rapidement ses premiers fruits : le salaire réel des ouvriers augmente nettement. Peron gagne de plus en plus la sympathie des foules par son rejet de l'impérialisme américain, soulignant l'autonomie nationale de l'Argentine.

Le climat politique du pays est toujours marqué par un appareil gouvernemental et administratif autoritaire, ainsi que par une forte opposition libérale. Pourtant, le président s'appuie sur les travailleurs organisés en groupes et muselle la presse libérale.

À côté de Juan Domingo Peron, sa femme Eva - Evita -, portée aux nues par une grande partie de la population, fascine les foules. Cette ancienne chanteuse est la collaboratrice du président à la tête de l'Aide sociale ; elle dirige en fait le

ministère du Travail. Elle lutte pour le droit de vote des femmes qui est finalement octroyé. En 1951, elle refuse la vice-présidence devant l'opposition de l'armée. Lorsque la jeune femme meurt d'une leucémie en 1952, le peuple argentin porte le deuil pendant des semaines. Cette. << presidenta » populaire n'avait que 33 ans.

1946