Karl Wilhelm Nauendorff : Louis XVII ou imposteur ?

« gauche d'une morsure de lapin.

L'identité de Nauenforff et de Louis XVII ne semble alors plus faire de doute d'autant que · l'ancienne femme de chambre du duc de Normandie, c'est-à­ dire du dauphin, le reconnaît à son tour formellement.

Les tribulations de Nauendorff Malgré tous ces indices, de nombreuses interrogations de­ meurent et en particulier sur l'évasion supposée de Louis XVII.

Là encore Nauendorff et ses partisans apportent des ré­ ponses troublantes.

Selon eux, le dauphin aurait été transféré au quatrième étage de la peti­ te tour de la prison du Temple et aurait vécu dans les combles de la fin du mois d'oc­ tobre 1794 au mois de mars 1795.

Il y aurait eu alors substi­ tution d'enfant.

Certains évo­ quent même la présence suc­ cessive de plusieurs enfants, peut être quatre ou cinq.

Louis XVII quitte alors secrètement la prison dans un cercueil en mars 1795 alors que son double achève de mourir le 8 juin 1795.

Caché quelque LE RÊVE RUINÉ D'UNE RESTAURATION MODÉRÉE La mort en 1 795 de Louis XVII, le dauphin de France, sème la consternation parmi les monarchistes modérés.

Mallet du Pan écrit ainsi que "cet évènement funeste a découragé les monarchistes et assuré le triomphe de la République".

En effet, selon les royalistes modérés, une éventuelle restauration monar­ chique n'était possible que si le prétendant acceptait de rompre avec l'Ancien Régime et reconnaissait une partie du legs révolutionnaire tel que la présence d'une assemblée et la fin de la société d'ordre.

Mais cette consternation se transforme rapidement en désespoir.

A Vérone, le comte de Provence, frère de Louis XVI, prend le nom de Louis XVIII et le 24 juin 1795, annonce la punition des régicides, le rétablissement des trois ordres et de la mo­ narchie absolue.

Louis XVIII n'a donc rien appris et rien oublié de la Révolution.

(Ci-dessous, le dauphin enlevé à sa famille le 3 juillet 1 793 par J.-J.

Hauer) temps à Bâle en Suisse, le jeu­ ne homme erre ensuite à tra­ vers l'Europe.

On le retrouve ainsi en Allemagne, en Italie et même aux Açores où il ap­ prend le métier d'horloger.

C'est là qu'il se marie en 1803 sous le nom de Luis Capeto avant de retourner s'installer en Allemagne où les autorités lui auraient imposé de porter le nom de Nauendorff.

Après un séjour en France entre 1832 et 1836, il reprend ses errances qui le mènent en Angleterre puis en Hollande.

Il meurt à Delf en 1845.

Mystère ou supercherie ? Nauendorff et Louis XVII sont-ils une seule et même personne ? Les arguments déployés par les partisans de cette thèse ont en tout cas convaincu les autorités des Pays-Bas qui ont reconnu le droit à la famille Nauendorff de porter le nom de Bourbon.

Mais on trouve aussi des familles se réclamant d'une telle ascendan­ ce au Portugal et au Canada.

Pourtant aucun historien sérieux ne retient cette thèse à l'heure actuelle.

Le récit de la rocambo­ lesque évasion du jeune Louis n'a été étayé à ce jour par aucu­ ne preuve décisive.

li apparaît donc plus que probable que le dauphin se soit éteint dans sa prison du Temple le 8 juin 1795 à l'âge de dix ans d'une tubercu­ lose osseuse.

En revanche, on ne peut écarter l'idée d'un complot de certains modérés, favorables à une mo­ narchie constitutionnelle, qui auraient volontairement laissé courir des rumeurs d'évasion pour saper l'autorité du comte de Provence, ce futur Louis XVIII, héritier du trône et parti­ san de la violence dans la lutte contre la Révolution.

Si quelques doutes peuvent enco­ re subsister, et s'il y a eu réelle­ ment évasion, elle n'a pesé en rien sur la suite des événements.. »