La bataille de Berlin - De l'ultime assaut des Alliés à la capitulation du Reich
Publié le 18/11/2018
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L'ULTIME OBJECTIF
La bataille de Berlin qui s'ouvre en avril 1945 constitue le dernier acte de l'offensive de l’Armée rouge qui, depuis la victoire de Stalingrad en janvier 1943, s'est employée, au prix de formidables efforts et d'immenses sacrifices, à contraindre les armées de Hitler à se replier sur le sol allemand. Lorsque s'ouvre l'année 1945, rien ne semble pouvoir sauver le Reich d'un échec total. Depuis les débarquements des Alliés en Italie, en Normandie et en Provence, l'étau se resserre sur la Wehrmacht. Un temps retardé à l'ouest par la bataille des Ardennes (décembre 1944), les Alliés ont repris leur marche en avant. Sur le front oriental, les divisions de Staline ont libéré la totalité de l'Europe. Pour tous, Berlin représente l'objectif ultime. Mais ce sont les divisions de Joukov et de Koniev qui, les premières, arrivent en vue de la capitale du Reich. Pourtant, jusqu'au bout, les armées de Hitler vont faire preuve d'une résistance opiniâtre.
Douze jours durant, il faudra aux Soviétiques batailler faubourg par faubourg, rue par rue, pour enfin mettre un terme aux combats en Europe et clore ainsi la Seconde Guerre mondiale sur le Vieux Continent
LA SITUATION GÉNÉRALE
L'ordre de défense de Berlin
• Au moment où les Soviétiques s'apprêtent à lancer leur assaut sur la capitale allemande, celle-ci offre un saisissant spectacle de ruines. Depuis 1943 et le début des grands raids aériens anglo-américains, les Berlinois vivent littéralement terrés dans leurs abris, privés d'eau, de gaz et d'électricité. À partir de l'automne 1944, la ville se prépare à l'ultime épreuve.
• En charge de la direction de la guerre totale, Joseph Goebbels a pris en main la mobilisation générale. Au Volkssturm, la milice créée en octobre 1944 avec les seuls combattants encore disponibles, sont venus s'agréger jeunes, vieillards et estropiés. Tous, armés de vieux fusils et d'armes antichars rudimentaires (Ponzerfaust), sont censés se battre «jusqu'à la dernière cartouche» comme les y invite l'ordre de défense de la capitale promulgué le 9 mars 1945.
• Malgré les efforts de la propagande et les «armes secrètes» qu'elle évoque, en dépit de l'annonce continuelle d'une bien hypothétique «armée de secours» et de l'assurance affichée par le Panzerbâr, la dernière publication nazie qui affirme que Berlin sera la «fosse commune des blindés soviétiques», la population vit dans la peur et le désespoir.
Le dispositif
DE RÉSISTANCE ALLEMAND
• Au lendemain de la rupture des positions de défense sur la Vistule en février 1945, l'état-major suprême de la Wehrmacht (OKW) décide d'édifier trois positions de résistance autour de Berlin.
• La première est adossée à la rive gauche de l'Oder et de la Neisse. D'une profondeur de 5 à 10 km, elle est essentiellement constituée de tranchées, d'ouvrages fortifiés et couverte par un réseau de barbelés et de champs de mines. Elle constitue ainsi la position principale de résistance.
• La deuxième position de résistance se trouve à une distance de 10 à 20 km de la précédente : d'une profondeur de 1 à 5 km, elle ne compte que deux lignes de tranchées.
• Installée à une dizaine de kilomètres de la précédente, la troisième position est essentiellement constituée de points d'appui isolés. Elle est d'ailleurs inachevée lorsque les Soviétiques lancent leur grande offensive.
• Enfin, concernant la capitale même, une enceinte fortifiée extérieure est mise en place à quelque 30 km du centre. Quant à l'enceinte intérieure, elle suit
Début de l'attaque soviétique sur Berlin Début de l'encerclement de Berlin L'Armée rouge à 10 km de Potsdam Bombardement aérien de Berlin Prise de la rive gauche de la Spree Suicide de Hitler dans son bunker Dônitz, chef de l'État Capitulation de l'Allemagne Arrestation de Dönitz
LE MARÉCHAL JOUKOV ET LA CRANDE GUERRE PATRIOTIQUE
• En juin 1941, au moment où les troupes de la Wehrmacht se lancent à l'assaut de l'Union soviétique, Joukov est chef d’état-major de l’Armée rouge. À partir d'octobre, il commande le groupe d'armées chargé de défendre Moscou. Le 6 décembre, il lance une grande offensive qui rejette les armées du général von Bock à plus de 200 km à l'ouest de Moscou.
• En 1942, Staline le désigne comme représentant du haut-commandement chargé d'assurer la coordination des armées devant Stalingrad.
• En 1944, il prend le commandement du 1er front d'Ukraine et écrase la 8e armée allemande à Kanev-Korsum (3-15 février), puis déclenche le 4 mars une puissante offensive en direction des Carpates et s'empare de Tarnopol (15 avril). Il prend le commandement du 1er front biélorusse en 1945 et sa progression est jalonnée par les victoires de Varsovie, Lodz, Posen, Kustrin et Berlin.
«
•
Ce dernier organise une rencontre
avec le général américain Dwight
Eisenhower.
• Himmler propose une capitulation
sur le front occidental dans l'espoir de
poursuivre la lutte contre les Soviétiques.
Mais les Alliés s'en tiennent à la formule
arrêtée à Yalta : «La seule forme
acceptable de reddition est la reddition
inconditionnelle sur tous les fronts."
• Le 25 avril, l'aviation soviétique
exécute un raid d'une très grande
ampleur sur la capitale.
Le lendemain,
les artilleurs de la 18' armée
déversent 569 tonnes d'obus,
entraînant de nouvelles destructions.
!:action conjointe de ces bombardements
ouvre la voie à l'infanterie.
Bien que
l'étau se resserre sur la capitale,
les Allemands ne renoncent pas à
lancer de vigoureuses contre-attaques,
notamment sous le commandement
des généraux Busse et Wenck.
En dépit de quelques succès locaux,
les divisions allemandes sont bloquées
par le 5 • corps mécanisé et la 13 • armée
qui franchissent l'Elbe au sud de Wittenberg.
Dès lors, Koniev réorganise
le dispositif soviétique afin d'empêcher
toute percée allemande vers l'ouest.
Sa manœuvre est couronnée de succès,
le groupe d'armées de Frandort-Luben
se trouvant fragmenté, puis proprement
anéanti.
Cette opération entame
profondément toute perspective
allemande de résistance.
En effet,
quelque 60 000 hommes viennent
ainsi d'être mis hors de combat, tandis
que 120 000 soldats se retrouvent
prisonniers des Soviétiques.
• Les 26 et 27 avril, parallèlement
à l'action des divisions de Koniev,
les troupes du deuxième front biélorusse
s'emparent de Stettin, Schwedt,
Angermünde sur le littoral de la Baltique.
Au nord-ouest de Stettin, la 2 • armée
de choc du général Fediouninski passe
à l'offensive en direction de Stralsund
et de la mer Baltique.
L'INVESTISSEMENT
DE LA RIVE GAUCHE DE LA SPREE
• Le 29 avril, commencent les combats
pour réduire le secteur central de
la capitale du Reich, où se trouvent
notamment le Reichstag, l'Opéra,
le ministère de l'Intérieur, autant de
bâtiments particulièrement solides et
dont les murs ont été encore renforcés.
• Les défenseurs ont fait sauter la
plupart des ponts de la Spree et du
canal de la Landwehr.
Quant au pont
Moltke, il est puissamment défendu
1-------------_, par un réseau de mitrailleuses
LA D�CLARAnON
DE JODL À REIMS
• Après avoir signé la cap /lllltltiotl
du Reich à Reims, le 7 mai 1945,
le général Jodl, chef d'état-major
de I'OKW (le commandement suprême
de la Wehrmacht), se lève et adresse
quelques mots au général Bedell Smith,
représentant d'Eisenhower :
• « Par cette signature, le peuple
allemand et les armées allemandes
se sont livrés pour le meilleur et
pour le pire aux mains du vainqueur.
Durant une guerre de plus de cinq
années, ils ont souffert plus que tout
autre peuple.
En cette heure, je peux
seulement exprimer l'espoir que le
vainqueur les traitera avec générosité.
"
Jodl est ensuite introduit auprès
du général Eisenhower qui le rend
personnellement responsable
de la stricte exécution des clauses
de la capitulation.
enterrées
et un important dispositif
d'artillerie.
Le Tiergarten (le jardin
zoologique) est lui aussi organisé
en centre de résistance.
Un réseau
de boyaux de communication couverts
relie entre eux les différents édifices de
Berlin, tandis que des pièces d'artillerie
antiaérienne ont été installées sur tous
les toits.
La défense du secteur central
est confiée plus particulièrement
à des unités de SS, un bataillon
du Volkssturm et trois compagnies
de fusiliers marins, le tout étant placé
sous le commandement du général
Helmut Weidling.
Le soin d'en finir
avec l'ultime résistance de Berlin est
confié à la 3'armée de choc du général
Kouznetsov, qui reçoit le soutien
de nombreuses grandes unités.
• Dans la nuit du 29 au 30 avril,
les Soviétiques réussissent à prendre
le pont Moltke.
Désormais, les
Soviétiques peuvent jeter sur la rive
gauche de la Spree de nouvelles unités
bientôt renforcées par des chars
et des pièces d'artillerie.
OBJECTIF : LE REICHSTAG
ET LA CHANCELLERIE
• De l'aube à la fin de l'après-midi du
30 avril, les Soviétiques lancent trois
assauts contre le Reichstag qui subit
un pilonnage ininterrompu.
Pour
autant, la résistance allemande ne
faiblit pas, des combattants retranchés dans
les caves poursuivant un combat
que tout semble pourtant vouer à
l'échec.
Le 2 mai, alors que le Reichstag
est la proie des flammes, les défenseurs
finissent par se rendre.
Quelque
5 000 hommes tombent aux mains
des Soviétiques.
• Alors que se déroulent les combats
autour du Reichstag, les 15' et
8' armées ainsi que la 1 "armée
blindée parviennent dans le secteur
de la chancellerie.
Le 1 • mai,
une division du 28' corps d'armée
s'empare du jardin zoologique, situé
à moins de 1 km du bunker de Hitler.
• Afin d'empêcher tout repli allemand
vers le sud, le maréchal Koniev
ordonne à ses troupes de prendre
le secteur de Wilmersdorf-Schôneberg,
au sud-ouest de la capitale.
Quant
aux armées de Rokossovski, elles
poursuivent leur marche en avant vers
l'ouest et le nord-ouest, assurant ainsi
une protection absolue des actions
des fronts Joukov et Koniev.
• Dans la nuit du 30 avril au 1" mai,
le général Kurt Student, qui a remplacé
le général Heinrici à la tête du groupe
«Vistul e>>, apprend le suicide de
Hitler, survenu la veille à 15 h 30, et
,....,_...,.--• la nomination
de Karl
du Reich.
Des procla
mations au peuple
allemand
et à la Wehrmacht sont alors diffusées.
• A la mort de Hitler fait écho un afflux
de mauvaises nouvelles.
Kesselring
annonce à Dônitz la capitulation
du groupe d'armées d'Italie,
aux ordres du général Vietinghoff,
tandis que le front des Balkans, sous
le commandement du général Lohr,
est en passe de s'effondrer.
• Le 1" mai, à 3 h, le général Krebs,
commandant de I'OKH (l'état-major
de l'armée de terre), se rend auprès
du général Tchou'akov, commandant
de la 8' armée de la Garde, pour
sonder les intentions des Alliés.
Mais les Soviétiques restent inflexibles :
la Wehrmacht doit capituler sans
conditions.
Les autorités allemandes
L'ADRESSE DE STAUNE
AU PEUPLE ET À L'ARMÉE
• Le 8 mai, le jour de la capitulation,
Staline s'adresse à l'Armée rouge et au
peuple soviétique pour leur annoncer
l'effondrement de l'Allemagne nazie
et les féliciter, l'un et l'autre, de
leur patriotisme et de leur vaillance.
Le maître du Kremlin évoque avec
fierté les privations, les angoisses
et les péripéties douloureuses
à travers lesquelles il a conduit
son pays à un éclatant triomphe.
• Staline marque aussi le sens que
l'Union soviétique entend donner
à sa victoire.
et l'usage qu'elle veut
en faire : « La lutte séculaire des
peuples slaves pour leur existence
et leur indépendance s'est terminée
par la victoire sur les envahisseurs
allemands et sur la tyrannie nazie.
Désormais, le grand drapeau de la
liberté des peuples et de la paix entre
les peuples flottera sur l'Europe.
" LA
PROCLAMAnON
DE L'AMIRAL KARL OONITZ
• Selon les ultimes volontés de Hitler
c'est l'amiral Karl Dônitz qui devient
chef de I'Éta� à la tête duquel il ne
restera que 23 jours.
Avant d'être
capturé par les Alliés, il rédige le
1 • mai, soit le lendemain du suicide
de Hitler, une proclamation à l'adresse
des principaux dirigeants du régime.
• «Le Führer m'a désigné pour lui
succéder.
En pleine connaissance
de mes responsabilités, j'assume
la direction du peuple allemand en
cette heure si grave pour son avenir.
Ma première mission consiste à
protéger mes compatriotes contre
l'anéantissement par l'ennemi
bolchevique.
C'est uniquement à cette
fin que la lutte militaire se poursuivra.
Dans la mesure où les Britanniques
et les Américains gêneront l'exécution
de cette mission et aussi longtemps
qu'ils le feront, nous continuerons
à nous défendre par les armes
devant eux.
A partir de ce momen�
ils ne combattent plus pour leur
propre pays, mais pour l'extension
du bolchevisme en Europe." •
Le 8 mai, les armées des fronts Joukov
et Koniev atteignent l'Elbe où elles
font leur liaison avec les forces
américaines.
De leur côté, les forces
de Rokossovski se portent sur la ligne
Wismar-Schwerin-Dômitz, rejoignant
alors les armées britanniques.
Le même jour, le maréchal Keitel signe
la capitulation sans conditions du Reich,
tandis que le successeur de Hitler,
le grand amiral Dônitz, est capturé par
les Alliés le 23 mai.
Désormais, il n'y
a plus d'État allemand.
Le pouvoir va
être confié aux quatre commandants
en chef alliés, américain, britannique,
français et soviétique, qui gouverneront
chacun une zone du Reich.
Berlin est
également divisée en quatre secteurs,
conformément aux accords de Téhéran
et de Yalta.
Après 74 ans et 4 mois
1--------------1 d'existence, l'unité allemande
disparaissai� emportée par le rêve
hitlérien d'un Reich millénaire .
demeurées
à Berlin refusent de se
soumettre et, le même jour à 18 h,
l'artillerie de l'Armée rouge reprend
ses tirs contre le cœur de Berlin.
LA FIN DU REICH MILLtNAIRE
• A Berlin, la situation des derniers
défenseurs allemands est tragique.
De tous les côtés, les armées soviétiques
qui convergent vers la capitale ont fait
leur jonction.
Le 2 mai, ce qui reste
du dispositif de défense du général
Weidling se trouve définitivement
fragmenté.
Ce dernier est donc
contraint de cesser la lutte.
• Le drapeau rouge est hissé sur
le Reichstag.
Le même jour, à 0 h 40,
la 79' division d'infanterie soviétique
intercepte un message du 40' PZK
demandant la cessation des combats
et l'envoi de parlementaires.
Les Soviétiques décident alors
d'interrompre les tirs.
A 6 h,
des troupes allemandes franchissent
la ligne de combat qui les sépare
des Soviétiques et se constituent
prisonnières.
Sur les instances
de Joukov, Weidling ordonne
à toute la garnison de capituler.
A 15 h, tous les combats cessent
et la capitale est entièrement occupée
par l'Armée rouge.
UN
ENJEU SYMBOLIQUE ET tCONOMIQUE
• Pour les dirigeants soviétiques, la
conquête de Berlin aura eu d'abord
une valeur symbolique : elle leur était
due, à eux qui avaient supporté
l'essentiel de l'effort de guerre contre
l'Allemagne nazie.
Cela explique leur
exigence que la capitulation allemande
soit signée par les plus hautes autorités
militaires allemandes à Berlin (8 mai),
et pas seulement à Reims (7 mai).
• Mais Berlin revêt aussi une
importance économique : il s'agit
pour l'URSS de s'emparer, au titre
des réparations, des équipements
industriels, scientifiques utiles pour
la reconstruction du pays dévasté
par quatre années de guerre.
• Dès l'arrivée de l'Armée rouge,
commencent les démontages, qui,
conformes aux accords interalliés,
vont se poursuivre pendant plusieurs
années, non sans avoir pour effet
d'affaiblir durablement la zone
d'occupation soviétique par rapport
aux trois autres zones.
• Enfin, en portant le fer jusqu'au cœur
du Ill' Reich,
Staline
entendait
se saisir
d'une position
lui permettant
de peser
sur le destin
du continent
et d'influer
directement sur l'avenir de l'Allemagne.
Le maitre de Moscou n'ignore pas, en
effet, que l'organisme interallié chargé
de l'administration de l'Allemagne
siégera à Berlin.
Il est clair que, dans
cette perspective, la décision du général
américain Eisenhower d'arrêter les
armées occidentales sur l'Elbe et
donc de renoncer à Berlin -la capitale
ne représentant plus à ses yeux
un objectif stratégique primordial -
ne pouvait que favoriser les desseins
de Staline e� in fine, ouvrir la voie
à la soviétisation de l'Europe de l'Est..
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