La bipolarisation du tiers monde
Publié le 20/12/2022
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Thème 2 – La multiplication des acteurs internationaux dans un monde bipolaire
(de 1945 au début des années 1970)
Une nouvelle donne géopolitique :
bipolarisation et émergence du tiers-monde
Introduction :
Les deux blocs occidental et soviétique, constitués durant l’entre-deux-guerres, se renforcent
à partir des années 1950.
On parle désormais de monde bipolaire.
L’affrontement idéologique entre l’Est communiste et l’Ouest capitaliste dépasse l’Europe
pour concerner désormais l’ensemble des continents.
Exemple de l’Asie :
1949 : mise en place d’un régime communiste en Chine sous la direction de Mao Zedong (la
République populaire de Chine) tandis qu’un régime républicain pro-occidental apparaît sur
l’île de Taïwan.
= Deux Chine opposées selon la logique est-ouest.
En même temps, d’autres acteurs internationaux s’efforcent de dépasser cet affrontement
bipolaire : ce sont en particulier les pays du tiers-monde.
Problématique :
Dans quelle mesure la Guerre froide accentue-t-elle la bipolarisation du monde tout en
favorisant l’apparition de nouveaux acteurs sur la scène internationale ?
I/ La Guerre froide entre crises et coexistence pacifique (1950-1962)
A/ Les premières crises de la Guerre froide (1950-1953)
L’affrontement s’aggrave entre les superpuissances américaine et soviétique au début des
années 1950.
Il se fait par alliés interposés.
Cet affrontement a lieu en particulier en Asie.
La guerre de Corée (1950-1953)
Pays longtemps occupé par le Japon et divisé après la GM2.
Le Nord est sous influence
communiste (régime de Kim il-Sung), le Sud est une dictature militaire soutenue par les EtatsUnis.
1950 : les Nord-Coréens envahissent le Sud.
Soutenus par l’URSS de Staline.
Contre-offensive américaine qui permet de les repousser.
Les EU parviennent à franchir la
frontière entre les deux Corées.
La Chine communiste (Mao) apporte alors son soutien aux Nord-Coréens : envoi d’au moins
700 000 volontaires chinois qui permettent de faire reculer l’armée américaine au-delà de la
frontière (Macarthur envisage d’utiliser la bombe pour mettre fin au conflit).
Le front se stabilise finalement autour du 38e parallèle (frontière actuelle).
Statu quo
depuis.
1946-1954 : la guerre d’Indochine.
L’Indochine était une colonie française.
A partir de 1946 une guerre oppose la France au Vietminh, mouvement communiste et
indépendantiste (dirigé par Ho Chi Minh).
C’est donc à la fois une guerre de décolonisation et
un conflit lié à la Guerre froide.
En 1954 la France décide le retrait de ses troupes.
Séparation de l’Indochine en deux
territoires autour du 17e parallèle : le Nord reste sous influence communiste, le Sud est sous
influence occidentale (française puis, progressivement, américaine.
Cependant la mort de Staline le 5 mars 1953 change la donne.
Crise de succession à la tête de
l’URSS, le monde retient son souffle.
B/ Un antagonisme qui se renforce
Les deux blocs se renforcent avec ces conflits.
La guerre de Corée encourage les Etats-Unis à multiplier les alliances afin d’encercler
l’URSS (voir cours précédent) :
1951 : alliances avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande et Traité de Washington avec le Japon.
1954 : alliance avec les pays de l’Asie du Sud-Est.
1955 : pacte de Bagdad (alliance avec la Turquie, l’Iran, l’Irak, le Pakistan.
Pacte de Varsovie (1955) entre l’URSS et les pays du bloc soviétique.
Une véritable course à l’armement se met en place.
Elle permet de créer un « équilibre de la
terreur ».
La bombe nucléaire se diffuse :
= L’URSS, qui possède la bombe A (bombe atomique) depuis 1949, obtient la bombe H en 1952
(bombe à hydrogène, 1000 fois plus puissante).
= La bombe A est obtenue par les autres puissances du camp occidental : Grande-Bretagne en
1957, France en 1960, Chine en 1964.
En parallèle ces puissances se constituent des arsenaux gigantesques de sous-marins et de
missiles.
Rivalité stratégique illustrée par la conquête spatiale :
Une rapide avance soviétique :
1957 : satellite Spoutnik et premier être vivant dans l’espace (le chien Laïka).
1961 : Iouri Gagarine, premier être humain dans l’espace.
Réplique des Etats-Unis :
1958 : création de la Nasa.
1961 : programme Apollo destiné à envoyer un homme sur la Lune
21 juillet 1969 : premier homme sur la Lune (Neil Armstrong).
Retransmission en direct à la
télévision.
L’affrontement est également culturel et sportif :
JO de Melbourne 1956 : l’URSS est première en nombre de médailles.
Valorisation de l’« American way of life » (le mode de vie américain) : exemples du cinéma
hollywoodien, de la musique (développement du rock and roll autour de figures comme Elvis
Presley), des comics (les héros Marvel).
En même temps, ces conflits révèlent aussi les tensions au sein de chaque bloc.
Leur unité
n’est pas totale.
Bloc occidental : la guerre de Corée accentue la psychose anticommuniste aux Etats-Unis.
C’est la « chasse aux sorcières » (ou maccarthysme) menée entre 1950 et 1954 par le sénateur
républicain Joseph McCarthy qui s’attaque aux personnalités américaines proches de la
gauche et suspectées d’être des agents de l’URSS (parmi les cibles figure notamment Charlie
Chaplin qui doit quitter le territoire américain et se réfugie en Suisse).
Cette crainte des
espions soviétiques gagne la plupart des pays du bloc occidental.
Bloc soviétique :
1948 : opposition du dirigeant communiste Josip Broz Tito en Yougoslavie contre Staline.
Volonté d’indépendance face à Moscou (c’est la « crise titiste »).
Juin 1953 : révolte des ouvriers de Berlin-Est pour protester contre leurs mauvaises conditions
de travail.
Ces ouvriers veulent profiter de la mort de Staline pour obtenir plus d’autonomie
face à l’URSS (croyance dans l’affaiblissement du régime).
Violente répression (plus de 80
morts).
1960 : la Chine communiste de Mao, qui dénonce l’évolution de l’URSS depuis la mort de
Staline, rompt avec l’URSS (rupture sino-soviétique).
C/ La « coexistence pacifique » et ses limites (1956-1962)
1/ Entre dégel et points chauds
1956 : Nikita Khrouchtchev finit par s’imposer à la tête de l’URSS.
Plus souple que son
prédécesseur, il inaugure un progressif rapprochement avec l’Ouest.
Il lance une politique de « déstalinisation » : reconnaissance des crimes commis par Staline.
Cette déstalinisation est appréciée en Occident mais ne fait cependant pas l’unanimité dans
le bloc soviétique (elle est par exemple critiquée par Mao qui y voit un affaiblissement de
l’Union soviétique face au bloc occidental).
Khrouchtchev proclame le principe de la coexistence pacifique (ou « dégel »).
Il veut un répit
dans l’affrontement contre le camp occidental.
Il croit dans la capacité des deux puissances à
coexister sans conflit.
Les facteurs de ce dégel :
L’URSS possède désormais la bombe : prise de conscience des conséquences d’une guerre
nucléaire.
Volonté également de Khrouchtchev de profiter d’un répit pour rattraper le retard éco de
l’URSS sur les EU.
Ce rapprochement avec les puissances occidentales s’opère à l’occasion de multiples voyages
à l’étranger.
Volonté de rassurer sur ses intentions.
Avril-juillet 1954 : Khrouchtchev participe à la conférence de Genève.
Elle permet de résoudre
le conflit indochinois.
Janvier 1956 : visite de Khrouchtchev en Grande-Bretagne (les observateurs y ont vu une
« offensive du sourire »).
1959 : visite de Khrouchtchev aux Etats-Unis.
Une visite inédite pour un dirigeant soviétique.
1961 : rencontre Khrouchtchev/Kennedy à Vienne.
Néanmoins, malgré ce dégel les tensions persistent :
23 octobre-10 novembre 1956 : insurrection de Budapest.
Révolte populaire contre le
régime communiste hongrois.
Moscou envoie des chars pour réprimer le mouvement.
Crise de Berlin à l’été 1961 : aggravation de l’écart économique entre RDA et RFA et
augmentation du nombre de réfugiés vers Berlin-Ouest et la RFA.
Dans la nuit du 12-13 août
1961 la RDA réagit en édifiant le mur de Berlin (« mur de la honte » à l’Ouest, « mur de
protection antifasciste » à l’Est).
2/ La crise de Cuba (octobre 1962)
1959 : un groupe de révolutionnaires menés par le Cubain Fidel Castro et l’Argentin Ernesto
Che Guevara renversent le dictateur Batista, allié des Etats-Unis, et instaurent un
gouvernement révolutionnaire.
Méfiance des Américains face à ce nouveau régime communiste (de nombreuses
entreprises américaines sont présentes sur l’île).
C’est sur le conseil de Che Guevara que Fidel Castro décide de s’allier à l’URSS.
= Cuba bascule dans le camp communiste.
= Vive inquiétude des Etats-Unis : une île communiste se trouve désormais près de ses
frontières (proximité avec la Floride) et dans sa zone d’influence.
Avril 1961 : Débarquement américain dans la Baie des Cochons pour renverser le régime de
Castro.
Echec.
Cette tentative d’invasion pousse Fidel Castro à accepter l’aide militaire de
l’URSS.
L’URSS désire installer une base nucléaire sur le sol cubain.
Septembre 1962 : les premiers missiles nucléaires soviétiques arrivent discrètement à Cuba.
14 octobre 1962 : un avion américain parvient à photographier les installations nucléaires
soviétiques à Cuba.
Les EU découvrent les intentions soviétiques.
C’est le début de la crise de Cuba.
22 octobre 1962 : dans un discours télévisé le président Kennedy annonce la mise en place
d’un blocus maritime autour de Cuba : aucun navire soviétique ne peut accoster sur l’île.
Cette décision est soutenue par le camp occidental (France de De Gaulle et GrandeBretagne notamment).
Le choix de Kennedy contredit les projets de ses généraux qui préféraient une intervention
militaire directe contre Cuba.
23 octobre 1962 : Kennedy reçoit une lettre de Khrouchtchev qui dénonce sa décision, y
voyant une atteinte à la paix.
Des discussions secrètes s’engagent entre le gouvernement
américain et l’ambassade soviétique afin de trouver une issue à la crise.
Etats-Unis et URSS hésitent pendant plusieurs jours.
Aucune des deux puissances ne veut
reculer : le conflit semble imminent.
28 octobre 1962 : Khrouchtchev décide finalement d’ordonner le démantèlement des
installations nucléaires soviétiques à Cuba.
Les EU s’engagent de leur côté à ne pas envahir Cuba et à détruire leurs missiles stockés en
Turquie.
Bilan de la crise de Cuba :
Une victoire médiatique pour les Etats-Unis et personnelle pour Kennedy qui a su montrer
sa fermeté face à l’URSS.
Une humiliation pour l’URSS : la reculade de Khrouchtchev lui coûte son poste deux ans
plus tard en 1964.
Cependant le communisme a réussi à s’étendre dans la zone d’influence des EU.
Etude critique de document : le témoignage de Khrouchtchev sur la crise (1971).
II/ L’affirmation du « tiers-monde » sur la scène internationale
A/ Les décolonisations
1/ La première vague en Asie (1945-milieu des années 1950)
Le processus de décolonisation commence en Asie.
La décolonisation a été encouragée par le Japon durant la Seconde Guerre mondiale : il a
envahi les colonies européennes et, lorsque sa défaite devint inévitable, a encouragé les
populations à se révolter contre les puissances occidentales.
Après la GM2 la décolonisation est soutenue par les Etats-Unis et l'URSS (un moyen pour eux
d'affaiblir l'Europe et surtout d'installer leur influence sur les nouveaux Etats).
Les principaux pays décolonisés :
L’Indonésie en 1945 face aux Pays-Bas qui n’acceptent de reconnaître l’indépendance qu’en
1949.
L’Inde en 1947 face à la....
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