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La Chine

Publié le 27/02/2008

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              Du Moyen Âge à la Renaissance des T'ang                La vague furieuse des invasions barbares qui traverse tout le continent eurasien avant d'aller déferler sur l'Occident latin au lendemain de la mort de Constantinavait pris naissance, près de deux siècles plus tôt, dans les steppes et déserts de l'Asie centrale. A l'autre extrémité du monde civilisé, l'empire chinois avait été le premier État à supporter leurs assauts. La longue éclipse du pouvoir central qui commence, à la fin du second siècle de notre ère, avec l'effondrement des Han et le morcellement de la Chine en royaumes rivaux rappelle, par bien des traits, notre Moyen Âge européen. Temps obscurs, marqués au sceau de la violence nue, siècles de désespérance pendant lesquels l'individu dans son désarroi cherche des consolations dans la métaphysique, l'art ou la religion. Du brassage des peuples et des cultures émerge lentement, cependant, une civilisation nouvelle dont l'éclat et le rayonnement universel anticipent, avec plusieurs siècles d'avance, sur les grandes époques de l'Islam et de la Chrétienté médiévale.                Pas plus que l'Empire romain, son contemporain, l'édifice politique et social construit par les souverains Han ne s'écroula sous la seule poussée des populations barbares qui se pressaient à ses frontières. Une longue période de crises internes qui ébranlent profondément les fondements moraux de la société précède et annonce la fin de l'empire. Cela commence par un vaste mouvement de désobéissance collective : 'travaillées par les apôtres d'une foi nouvelle, les masses paysannes, écrasées sous le poids des impôts et corvées de toutes sortes, se constituent en communautés indépendantes qui refusent tout contact avec les représentants de l'État. Ce n'est pas encore une rébellion ouverte mais l'attente pleine d'espoir d'une immense révolution cosmique : le ciel va changer de couleur et la maison impériale des Lieou fera place à une dynastie meilleure et plus juste. Des prophètes parcourent la campagne en annonçant le retour sur terre de Laotseu, le sage divinisé de l'antiquité. Bien vite cette vague de résistance passive se mue en révolte. Les armées impériales sont dépêchées dans les provinces menacées par les progrès de l'hérésie et y mènent une implacable croisade pour réduire les rebelles. Lorsque les Turbans jaunes sont finalement écrasés, le pouvoir politique a pratiquement changé de mains ; ce sont désormais les chefs de guerre, véritables condottieri  confiants dans la puissance de leurs armes et la subtilité de leurs stratagèmes, qui font et défont des empereurs réduits au rôle de figurants ballottés d'un protecteur à l'autre et de capitale en capitale. Après trente ans d'un règne misérable, le dernier empereur des Han est contraint d'abdiquer par le fils de Ts'ao Ts'ao, son toutpuissant ministre. La façade d'unité qui avait été conservée tant bien que mal à travers plusieurs décennies de crises et de guerres civiles craque irrémédiablement. Tandis que la riche province du Sseutch'ouan se donne pour empereur Licou Pei, un lointain parent du souverain déposé, la région de Nankin, à l'autre extrémité de la longue vallée du Fleuve Bleu, couronne un général, Souen Tsiuan, et s'érige en royaume indépendant. Ces nouveaux empereurs n'échappent pas longtemps au destin de leur malheureux prédécesseur. Tandis que les Lieou tombent sous la domination de leur protecteur, le général Tchou Keliang, quelques décennies suffisent pour transformer les descendants du redoutable Ts'ao Ts'ao en marionnettes dont un maire du palais, Sseuma Yen, tire les ficelles. En 265, ce dernier dépose son protégé et entreprend de refaire l'unité de l'empire à son profit. Quarante ans ne se sont pas écoulés que la nouvelle dynastie des Tsin s'effondre à son tour au milieu des intrigues de palais et des guerres civiles.   
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« maintenir la cohésion de l'édifice social trop rapidement mis sur pied.

L'un de ces États, pourtant, le royaume fondé en 386 dans l'extrême Nord du pays par les Tobas, un clan Hienpi,réussit à réunifier pour plus d'un siècle la plus grande partie des territoires abandonnés aux nomades lors dutransfert de la capitale à Nankin.

Plus habiles, ou plus clairvoyants, que leurs frères de race, les chefs Tobascomprennent quel profit ils peuvent tirer du maintien sur place de la population agricole.

Bien loin de convertirl'espace conquis en terrains de parcours et de réduire la paysannerie en esclavage, comme c'était alors la règle, lesTobas renforcent leur domination par une alliance avec les restes de l'aristocratie terrienne d'origine chinoise.

Lesnomades, qui s'établissent principalement dans une série de villes fortifiées, constituent une véritable caste militaire.Les taches administratives et la direction de l'économie, en revanche, sont abandonnées aux grands propriétairesfonciers.

Au sommet de l'édifice, l'empereur, qui se conforme à une tradition déjà bien établie dans la plupart desroyaumes barbares, se fait reconnaître comme une incarnation de Bouddha.

Il favorise ouvertement la religionbouddhique, multiplie les donations de terres aux monastères, encourage la traduction en chinois des Écritures et fait tailler dans le roc des falaises proches de la capitale d'immenses sanctuaires rupestres qu'ornent des armées desculpteurs.

Assez vite, cependant, les nouveaux maîtres de la Chine du Nord prennent à cœur de faire oublier leursorigines étrangères.

L'obstacle de la Grande Muraille, bientôt remise en état, est opposé aux raids des populationsdemeurées fidèles au genre de vie traditionnel qui continuent à nomadiser dans les steppes mongoles.Successivement, le port des vêtements ancestraux et l'usage de la langue Hienpi sont frappés d'interdit.

En 494,enfin, mettant un point final au lent processus de sinisation de l'État engagé un siècle plus tôt, l'empereur, qui sur leconseil de ses ministres chinois vient de promulguer une importante réforme agraire garantissant aux paysans lajouissance d'une étendue de terre suffisante pour subvenir à leurs besoins, décide de transporter la cour au Sud,dans l'antique capitale de Lo yang.

La terrible crise politique qui avait secoué l'empire Tsin dans ses fondements au début du IVe siècle n'avait pas entraîné la disparition de ladynastie légitime.

En 318, l'année même où les Hiongnou, vainqueurs du dernier représentant de la branche aînée et maîtres des deux capitalestraditionnelles, proclament l'avènement d'une dynastie nouvelle, les Tchao, un lointain parent de l'empereur déposé fonde à Nankin une dynastiedes Tsin orientaux.

Pendant plus de deux siècles et demi, à travers les vicissitudes d'une histoire politique extrêmement compliquée, cet empire deNankin va incarner la légitimité face aux puissants États barbares du Nord.

Certes, les provinces de la vallée du Fleuve Bleu vers lesquelles sedirige l'afflux des réfugiés chassés des territoires occupés constituent un monde b ien différent de celui qui avait vu l'éclosion et le développementde la culture chinoise traditionnelle.

Ici, les vastes espaces ouverts dont les sols légers et fertiles se prêtaient parfaitement à l'agriculture céréalièrefont place à ces paysages de “ montagnes et d'eau ” qui ont marqué si profondément la sensibilité artistique des générations postérieures.

Desmassifs montagneux, souvent très abrupts et portant encore une épaisse couverture de forêts, isolent des bassins intérieurs coupés par de trèsnombreux cours d'eau et par d'immenses étendues lacustres.

Plus on s'enfonce vers le sud, plus précaire est l'occupation du sol.

Descommunautés dispersées disputent le sol aux tribus montagnardes qui pratiquent la chasse et une agriculture itinérante.

Dans cette frangepionnière où l'autorité de l'État demeure lointaine, le pouvoir est d'abord représenté par le chef du clan, personnage toutpuissant qui régente d'unemanière toute patriarcale un petit monde de parents, de tenanciers et d'esclaves.

Bien vite, des conflits se développent entre la populationautochtone et les nouveaux venus qui font souvent figure d'intrus avides de dignités et de domaines.

Les intrigues des grands clans déchirent lacour.

Luttes d'influence et révolutions de palais contribuent à entretenir un climat d'instabilité et de troubles.

Once empereurs Tsin se succèdenten l'espace d'un siècle.

Au lendemain d'une campagne contre les &'K'iang qui avait failli tourner au complet désastre, l'un des généraux victorieux,Lieou Yu, dépose le souverain légitime et fonde, en 420, la dynastie des Song.

Loin de raffermir une autorité impériale depuis longtempschancelante, ce coup d'État instaure une ère de luttes intestines dégénérant aisément en anarchie.

Moins de soixante ans après l'accession autrône de son fondateur, la nouvelle dynastie est renversée et remplacée par les Ts'i qui, moins heureux encore, ne conserveront le pouvoir quependant vingtquatre ans avant d'être éliminés par les Leang.

Cette dernière dynastie qui se confond, en fait, avec le très long règne de sonfondateur, l'empereur Wou P2751 , représente un temps de répit au cœur de cette période troublée.

Fervent adepte du bouddhisme, le nouveau maître de la Chine du Sud entreprend de faire de sa capitale un centre intellectuel et religieux capable de rivaliser avec la Loyang des empereursTobas.

Mais, alors que ces derniers, qui attirent à leur cour des moines des royaumes indianisés de l'Asie centrale par milliers et qui sont en trainde réaliser la construction de l'énorme sanctuaire des grottes de Longmen, apparaissent avant tout comme des incarnations de la divinité sur terre,le souverain Leang, lui, se conduit plutôt en dévot, voire en pénitent.

C'est en effet d'abord dans l'espoir de racheter les crimes de sa jeunesse etde sauver son peuple de la malédiction qui y est attachée que l'empereur Wou P2751 préside à de grandioses cérémonies de purification et multiplie les donations aux monastères.

Au terme de sa vie, véritablement obsédé par le souci de son salut, le vieux souverain finit par se retirerdans une communauté religieuse, délaissant complètement les affaires de ce monde.

Le milieu du VIe siècle correspond à une recrudescence de troubles à travers le pays tout entier.

Au nord, le royaume des Tobas s'est littéralementdésintégré : Tch'angngan est en état de guerre permanente contre Loyang tandis que les provinces périphériques reprennent leur indépendance.Au sud, la classe aristocratique qui dominait l'État depuis plusieurs siècles s'effondre dans une succession de révoltes, de révolutions de palais etde guerres étrangères.

Quelques décennies, cependant, vont suffire à l'ambitieuse famille des Yang, des féodaux de la région de Tch'angngan,pour rétablir à son profit l'unité disparue depuis la chute des Han.

Peu d'années après avoir soumis, pour le compte de ses maîtres, les Tcheouseptentrionaux, le royaume rival des Ts'i de Loyang, Yang Kien P2757 usurpe la couronne impériale, puis se lance à la conquête du Sud.

En 589, la défaite des Tch'en, ses derniers adversaires, lui assure le contrôle de toute la Chine.

Inlassablement, le nouvel empereur, puis son fils l'empereurYang de sinistre mémoire, vont mettre tout en œuvre pour doter le pays d'institutions solides et d'un réseau de communications permettant demobiliser ses ressources économiques.

Les excès du centralisme autoritaire joints à l'accroissement inconsidéré des dépenses occasionnées par lapoursuite d'une politique de conquêtes et de grands travaux ne tardent pas à provoquer le mécontentement du peuple puis un soulèvementgénéral.

Beaucoup moins populaire que son père en raison de son goût du faste et de ses multiples extravagances, l'empereur Yang des Souci estassassiné en 618 puis remplacé par Li Yuan, un représentant typique de cette aristocratie nordiste qui conserve des liens étroits avec lespopulations nomades de l'Asie centrale.

La violente crise politique qui entraîne la chute soudaine de la dynastie des Souci ne remet pourtant pas en question l'œuvre unificatrice de Yang Kien P2757 .

Pendant près de trois siècles, l'empire restauré va connaître un rayonnement comparable à celui des Han.

Avec une population évaluée à soixantequinze millions d'habitants et un immense territoire s'étendant des oasis des confins iraniens aux rivages du Pacifique, l'empire des T'ang. »

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