LA CIVILISATION EUROPÉENNE DE L'ENTRE-DEUX-GUERRE

• Les affrontements idéologiques et l'engagement politique

Dans les années 1930, la confrontation des trois grandes idéologies dominantes de l'époque, démocratie libérale, communisme, fascisme, bouleverse les données de la vie intellectuelle : il devient de plus en plus difficile, comme l'avait fait en 1914-1918 Romain Rolland, de défendre l'esprit fraternel d'une civilisation commune â tous les Européens en se plaçant «au-dessus de la mêlée«. La montée du national-socialisme en Allemagne, les affrontements politiques en France, la guerre civile espagnole. puis, après 1936, la perspective d'une prochaine guerre européenne, placent les intellectuels devant le problème de l'engagement politique. Il ne leur est plus possible de s'en tenir aux seuls domaines des choses de l'esprit: les intellectuels doivent s'engager au service de la cause qui leur parait la plus juste. Ainsi, en France, en 1934 des écrivains et savants de gauche fondent le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, et, en 1935, des écrivains et journalistes de droite signent un manifeste «pour la défense de la civilisation chrétienne« qui se solidarise avec l'agression italienne contre l'Éthiopie.

Dans l'entre-deux-guerres, et surtout dans les années 30, les façons de vivre tendent à s'uniformiser; même si des tensions sociales subsistent, les différences entre la petite bourgeoisie et la frange la plus aisée de la classe ouvrière s'estompent. A côté des groupes sociaux, apparaissent des comportements de « masses «, aux réactions presque uniformes. A l'exemple des Américains, les industriels cherchent à standardiser leur production. La fabrication en série est l'idéal de tout entrepreneur.