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La lèpre Au Moyen-Âge

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

5.1.3. Cas n°3 : M.K., sœur de A.K., Guttet  Née en 1896, cette jeune demoiselle commença, en 1906, à souffrir de fièvre et d’enflures aux jambes. Cependant, son état ne s’aggrava pas jusqu’à ses quinze ans. Alors fort jolie, la maladie se chargea, tout au long des années qui suivirent, de la défigurer horriblement, ainsi que le montrèrent plusieurs photographies. Son visage et ses bras furent rapidement envahis de nombreux nodules et taches, puis plus tard, de furoncles et de boursouflures. La pauvre finit même par perdre, en plus de ses doigts, ses deux yeux, alors trop atteints. Elle succomba en 1926 à l’hôpital de Brig, dans le Haut Valais, où elle était soignée depuis quatre ans.  5.1.4. Cas n°4 : E.Ku., un fils de Ku. père, Guttet  Venu au monde en 1889, il semblerait que ce jeune homme ait déjà présenté, selon les dire de sa mère, et ce, alors qu’il n’était encore qu’un nouveau né, diverses taches et des ampoules bleuâtres sur les pieds et les mains. Dès 1898, il se plaignit de douleurs aux avant bras et, en 1922, ses sourcils étaient tombés et son nez s’était complètement affaissé. Au mois d’avril de la même année, il fallu le conduire dans une clinique spécialisée de Berne afin de lui retirer ses yeux déjà morts. Hospitalisé à l’hôpital cantonal de Brig, il y mourut en 1926.  5.1.5. Cas n°5 : A.H., Guttet  Quoiqu’ayant déménagé de Guttet à ses dix-sept ans, cet homme ne put malheureusement échapper au mal qui sévissait dans son village natal. Il se trouve que lui et A.K. (cas n°2) se rendaient à la même école et partageaient le même banc. Ce fut justement durant ses dix-sept ans qu’il remarqua pour la première fois des taches brun-rouges sur son postérieur et ses coudes, ainsi que d’autres, blanches cette fois, et étrangement dépourvues de sensibilité. Exempt de service militaire du fait de sa maladie, celle-ci ne l’empêcha cependant pas, en 1918, de se marier, qui plus est à une très belle femme, laquelle, malgré le fait qu’elle ait elle-même pris soin de son mari aussi longtemps que possible, ne contracta jamais la lèpre. Le couple demeura toutefois sans enfants. Trois ans plus tard, les pieds et les mains de A.H étaient insensibilisés et pratiquement paralysés. L’année suivante, on lui retira son œil droit. Il mourut le 16 mai 1927 à l’hôpital de Brig, en temps que dernier lépreux victime de l’épidémie du Valais, le corps couvert de furoncles et de nodules. Sa femme, désormais veuve, se remaria et donna naissance à sept enfants parfaitement sains.

« 1.2.

Les différents types de lèpreA partir du moment où le sujet ne présente aucune résistance naturelle face à la lèpre et qu'il contracte la maladie, celle-ci peut évoluer de différentes manières, selonles cas.

Trois types de lèpres sont aujourd'hui recensés: la lèpre tuberculoïde, la lèpre lépromateuse et la lèpre dite « indéterminée ».

Cependant, la simplicité desdescriptions ci-dessous en font des explications très générales.

Les symptômes varient toujours en fonction des différents cas. 1.2.1.

La lèpre tuberculoïdeLa lèpre tuberculoïde est la forme de lèpre qui évolue le plus lentement et, par conséquent, qui est la plus facile à guérir avec les traitements actuels, principalementpar le dapsone (médicament antibiotique qui empêche les bactéries de se multiplier, sans pour autant les tuer tout de suite), un produit peu cher.

Cependant, si ellen'est pas soignée, elle peut provoquer des paralysies et des mutilations, dont le degré d'importance varie en fonction de la progression de la maladie.

Ce type de lèpreest caractérisé par différents symptômes, dont des macules dépigmentées (régions où l'épiderme est décoloré) très souvent insensibles et sur certaines desquelles latranspiration est absente, et des lésions ou même des destructions de glandes sudoripares et de filets nerveux provoquées par l'infiltrat dermique, ce qui peut entraînerune certaines insensibilité sur certaines plaques de peau.

A long terme et dans les pires des cas, la maladie peut provoquer des lésions inflammatoires de nerfs, deslésions osseuses ou même entamer un processus d'ostéolyse (destruction des tissus osseux), ce qui, physiquement, se traduit par des extrémités (doigts, orteils)mutilées, ainsi que par des paralysies des mains, voire des bras, des membres inférieurs et des globes oculaires.

Ce type de lèpre laisse des victimes affaiblies,amaigries et pouvant également souffrir d'atteinte au foie, de ganglions, etc.1.2.2.

La lèpre lépromateuseIncontestablement le plus grave des trois différents types, la lèpre lépromateuse évolue beaucoup plus vite que la lèpre tuberculoïde.

Elle peut entraîner une issuefatale au bout de quelques années, voire même de quelques mois seulement.

Le processus est extrêmement difficile à arrêter et encore plus à guérir, surtout si lamaladie est traitée tard.

Même si, au premier abord, la lèpre lépromateuse paraît intérieurement moins destructrice, elle n'en provoque pas moins des lésionsimpressionnantes.

Outre les lépromes (nodules épais) et les macules, rouges cette fois, qu'elle provoque, la maladie s'attaque aux muqueuses de la bouche, dupharynx, au cartilage du nez et aux cordes vocales, atteinte qui se traduit par une voix rauque et bitonale chez le malade.

En général, la maladie provoque égalementl'effondrement de la cloison nasale ce qui, additionné à une certaine déformation du visage, donne naissance au fameux « faciès léonin », typique aux lépreux etcaractéristique de la lèpre lépromateuse.

Mais ce n'est pas tout.

La lèpre lépromateuse cause aussi des paralysies et autres lésions des yeux, diverses mutilations, del'ostéolyse, etc.

L'état du malade peut se détériorer sur plusieurs mois ou plusieurs années, ou alors pendant une brusque poussée évolutive souvent accompagnée defièvre.1.2.3.

La lèpre indéterminéeLa lèpre indéterminée est une forme initiale de lèpre qui, à long terme, va évoluer et se diriger vers l'un des deux autres types de lèpres.1.3.

Contraction et contagion de la lèpreDe tous les différents malades, les lépromateux sont sans conteste les plus contagieux, puisqu'ils sont les plus bacillifères.

Leur salive et leur mucus nasal contiennenténormément de bactéries.

De plus, les bacilles peuvent rester vivants plusieurs jours une fois expulsés à l'air libre, et ainsi être inhalés par un autre individu.

Lesplaies ouvertes représentent également un important moyen de contagion, de même que le lait, l'urine ou même le sperme, bien qu'on n'ait jamais pu prouver uneréelle transmission de la lèpre par voies sexuelles.Un contact prolongé avec un malade ne représente pas forcément un facteur de contagion, mais peut certes en accroître les risques.

Inversement, la vie en communavec des conditions d'hygiène médiocres (vaisselle et couche sales partagées) s'avère être l'un des premiers facteurs.

Bien entendu, la contagion se révèle plus risquéelorsque les sujets sont des personnes souffrant de carences ou de malnutrition, ou encore des enfants.

Ces derniers sont extrêmement sensibles à la maladie.

De plus, ilsemblerait que les hommes, une fois la puberté passée, y soient plus sensibles que les femmes, peut-être à cause du nombre plus élevé de leurs relations sociales dansles pays où cette maladie sévit actuellement.2.

La médecine du Moyen-âge vis-à-vis de la lèpreAvant toute chose, il est nécessaire de mettre au clair le fait que les suppositions médicales quant à la lèpre (et à n'importe quelle autre maladie d'ailleurs) n'ont,somme toute, qu'un rapport des plus lointain avec les connaissances actuelles, la faute à des moyens d'investigations quelque peu réduits.

En effet, on n'avait, à cetteépoque, absolument aucune connaissance des microbes.

Les médecins de l'époque, plutôt que la vérité, tendaient à privilégier l'utile.

Leurs propos, vagues, évasifs etimprécis, laissent entendre qu'ils supposaient, distinguaient et devinaient plus qu'ils ne savaient.

Leur mode de fonctionnement voulait qu'avant de décrire la maladie,d'en faire un pronostic et d'y prescrire le traitement adéquat, ils cherchent en priorité la cause de celle-ci, et ce, en s'appuyant sur des théories bien différentes de cellesd'aujourd'hui.2.1.

La théorie des humeursLa théorie des humeurs était, dans les croyances populaires et médicales de l'époque, supposée être à l'origine d'un grand nombre de maladies, si ce n'est de toutes.Cette théorie était omniprésente, quelle que soit la maladie que l'on cherchait à comprendre.

Édifiée par le Grecs, elle apparut chez Hippocrate1, fut ensuitesystématisée par Galien2, puis enrichie par la médecine arabe qui se révélait alors, pour les connaissances médicales grecques, une source des plus importantes.

Ellese basait sur la théorie physique des quatre éléments : la terre, l'air, l'eau, le feu et des quatre qualités qui leur correspondent : sec, froid, humide et chaud.

A chacunede ces qualités correspond l'une des quatre humeurs : le flegme, le sang, l'atrabile ou la bile.

Par exemple, le flegme est composé des qualités « humide » et « froid »;cette humeur équivaut donc à l'eau.

L'atrabile, de « froid » et de « sec » ; elle s'accorde donc à la terre.

De même pour la bile qui, composée de « chaud » et de« sec », coïncide avec le feu.

A noter que le sang et la bile existent, que le flegme pourrait éventuellement représenter la lymphe (liquide organique qui joue un rôleimportant dans le système immunitaire) mais que l'atrabile (latin atra bilis, bile noire) est une humeur tout à fait imaginaire.La santé d'un individu est assurée par l'équilibre de ces quatre humeurs.

Son tempérament est défini par l'importance d'une (ou éventuellement de deux) d'entre elle(s)par rapport aux autres, et pourra par la suite se voir altéré par l'âge, le climat, etc.

La première tâche effectuée par un médecin est de déterminer la nature etl'importance du déséquilibre chez son patient, afin de pouvoir, via le traitement adéquat, éliminer l'humeur omniprésente et source de l'instabilité.Selon certains médecins de l'Antiquité, la lèpre serait causée par un excès d'atrabile, donc générée par un climat chaud et sec, ainsi que par l'usage excessif de certainsaliments dits « mélancoliques », tels que les escargots, les lentilles et la viande d'âne.

Ceci représenterait les principales causes.

D'après une autre de ces théories, lescauses humorales seraient liées non seulement à l'atrabile, mais également aux effets néfastes provoqués par la bile aduste (combustion de la bile, qui devient del'atrabile).Cependant, les théories du XIIIe siècle offrent une éthologie plus évoluée, supposée d'Albucasis3 et selon laquelle quatre sortes différentes de lèpre, respectivementdues à la mélancolie ou à l'adustion4 des trois autres humeurs, sont distinguables :1.) La lèpre éléphantine (« elephantia »), qui correspond à l'atrabile.2.) La lèpre serpentine (« tiria »), qui correspond au flegme.3.) La lèpre léonine (« leonina »), qui correspond à la bile.4.) La lèpre vulpine (« vulpina » ou « allopicia »), qui correspond au sang.Plusieurs théories très recherchées et débordantes d'intérêt sur l'adustion des humeurs furent émises.

Lorsque que l'une d'entre elles (ici atrabile) se répand dans lecorps, ou du moins dans une partie du corps, et si elle s'aduste, elle peut engendrer des maladies de gravité variable.

Dans le cas où elle se diffuse dans toutl'organisme, deux issues sont envisageables.

Soit l'atrabile pénètre seulement dans la peau, causant ainsi de simples et bénignes morphées (taches cutanées), soit elles'introduit dans la chair et, à ce moment-là, la conséquence est infiniment plus grave puisque le sujet se voit atteint de lèpre.2.2.

Les causes secondaires de la lèpreAprès la théorie des humeurs, laquelle pouvait indéniablement être considérée comme l'un des facteurs premiers du surgissement de la lèpre, apparaissent plusieurscauses différentes dites « secondaires », énumérées par divers médecins de l'époque, et ainsi classifiées en raison de leur importance, considérées comme étantmoindres une fois rapportées à d'autres paramètres ayant une influence prépondérante sur l'émergence de la maladie.

Ainsi, des relations sexuelles entre un lépreux et. »

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