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LA NOUVELLE Poudrière DES BALKANS de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

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histoire

Le 30 juillet 1999, le premier sommet en vue de parvenir à un « pacte de stabilité en Europe du Sud-Est » a lieu : décidé par le Conseil des ministres de l'Union européenne, il réunit une trentaine de chefs d'Etat, parmi lesquels les présidents américain et russe, ceux des pays de l'UE et de six pays d'Europe du Sud-Est (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Macédoine), ainsi que des représentants de la Banque mondiale et de diverses grandes institutions internationales. Il s’agit de définir un programme à long terme qui permettrait un développement économique et social, et une intégration au sein de l'Europe, des pays de la région. Elaboré avant la guerre du Kosovo (24 mars-3 juin 1999), ce « nouveau plan Marshall » pour l'Europe du Sud-Est exclut la République fédérative yougoslave de l'aide internationale, aussi longtemps que son president Slobodan Milosevic - inculpé de crimes de guerre et contre l'humanité par le Tribunal pénal international le 27 mai 1999 - restera au pouvoir.

 

L'année 1999 vient ainsi clore un siècle de guerres européennes et mondiales où les Balkans furent déchires et dépecés. La décision d'une intervention armée - et non plus seulement humanitaire - prise sans l'aval de l'ONU, qui avait révélé auparavant son impuissance au Rwanda comme en Bosnie, est inédite. Elle a visé un État, certes souverain, mais aussi responsable, dans les dix dernières années, des pires crimes commis en Europe depuis 1945. Cette décision a été prise non seulement pour stopper la purification ethnique visant les Albanais du Kosovo, mais aussi pour arrêter le cycle infernal des guerres menées par le pouvoir serbe depuis 1991. Lors du sommet d'Helsinki (décembre 1999), l'UE avait invité à la table des négociations douze nouveaux États, dont certains pays balkaniques : à l'Estonie, la Hongrie, la Slovénie et la République tchèque se sont jointes la Pologne, la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Roumanie mais aussi la Turquie et Malte. Pour leur part, l'Albanie, la Macédoine, la Croatie et la nouvelle Yougoslavie (Serbie et Monténégro) ne remplissent pas encore les conditions économiques et politiques minimales pour présenter leur candidature. Toutefois, la plupart des pays balkaniques expriment une volonté d'occidentalisation, première étape d'une évolution nécessaire vers leur « européanisation », c'est-à-dire vers une « pacification démocratique », pour reprendre l'expression de l'écrivain albanais Ismaïl Kadaré.

 

L’ESPACE « BALKANIQUE » HISTORIQUE

 

Le mot turc balkan signifie « montagne ». Cette région offre en effet un relief caractéristique : de la grande plaine danubienne, qui traverse la plupart des grands pays d'Europe de l'Est, jusqu’à la Grèce, l'opposition entre la ville et la campagne coïncide souvent avec le clivage vallées/montagncs. Les vallées urbanisées ont accès à l'information et à la modernité technologique tandis que les villages de montagne restent plus enclavés, avec un habitat souvent disperse et une économie d'autosuffisance plus ou moins marquée par la collectivisation. L'opposition entre la ville et la campagne ou la montagne a resurgi à l'occasion de la guerre en Bosnie (1992-1995), définie par l'opposant serbe et ancien maire de Belgrade, Bogdan Bogdanovic, comme une guerre « urbicide », c'est-à-dire dirigée contre les villes, leur mélange de communautés et leur culture plurielle, un trait caractéristique de Sarajevo ou de Mostar. Mais ce sont surtout les identités nationales, religieuses, culturelles et politiques qui se sont sans cesse disjointes au cours de longues périodes d'invasions ou d'occupation, qu'il s'agisse de l'Empire ottoman (pendant six siècles), ou austro-hongrois. La Yougoslavie était au cœur de ces changements de frontières et de ces migrations, ce dont témoigne par exemple toute l'œuvre de l’écrivain Ivo Andric, l'auteur de Un pont sur la Drina (1945). Cette séparation entre citoyenneté politique et identité nationale ou communautaire s'est accentuée avec la naissance, au xix‘ siècle, de l'idée moderne de nation. De meme, au xxc siècle, les régimes communistes étaient spécifiques dans les Balkans : plus isolés et despotiques en Roumanie et en Albanie, ils

LA NOUVELLE POUDRIÈRE DES BALKANS.

 

L’intervention éclair de la Croatie en août 1995 afin de libérer la Krajina, occupée par les forces sécessionnistes serbes, a constitué un tournant dans la guerre en ex-Yougoslavie. Elle a montré que L invincibilité serbe n’était qu’un mythe mais elle provoqué l’exode massif des Serbes de Croatie, qui, de 12,5 % de la population, n 'en constitue désormais plus que 5 %.

 

Ci dessus : un cortège de réfugiés en direction de Banja Luka.

 

© Pava-Zamuryou-Gamma

étaient plus ouverts et tolérants en Pologne ou en Hongrie, la Yougoslavie de Tito étant, quant à elle, considérée comme le plus évolué et le plus prospère des pays de l'Est dans les années soixante-dix ; elle devint même l'un des leaders des pays non alignés. La Constitution fédérale y maintenait un équilibre institutionnel entre les différentes républiques, jusqu'à accorder au Kosovo, en 1974, une large autonomie politique (mais pas le statut de « république », qui l'aurait clairement séparé de la Serbie au sein de la Éédération).

 

La transition postcommuniste

 

Si les appareils d'État ont longtemps résisté à une véritable démocratisation dans tous les pays balkaniques, les élections ont permis petit à petit aux partis d'opposition d'entrer dans le jeu politique dans la plupart des pays d'Europe du Sud-est. Seul le régime instauré par Slobodan Milosevic en Yougoslavie est resté à l'écart de cette tendance, le Parti « socialiste » maintenant son emprise sur toutes les institutions économiques, les médias, l'enseignement, la bureaucratie, l'armée et, surtout, la police spéciale, mieux armée que la troupe régulière. Si les entreprises et les capitaux étrangers ont tenté de s’implanter sur les marchés des pays de l'Est ouverts au libéralisme, et si l'on a pu constater l'apparition non seulement d'une classe de « nouveaux riches » mais aussi d'une importante couche aisée dans la population, la précarité et le chômage ont frappé quelque 148 millions de personnes à partir de 1996 et leur nombre s'est considérablement accru depuis. Une large fraction des anciennes nomenklaturas a reconstitué des clans familiaux et des réseaux d'influence dans la banque comme dans l'administration, et s'est reconvertie dans l'achat à bas prix des biens de l'État tout en se maintenant au pouvoir dans presque toutes les capitales des pays balkaniques jusqu'à ces dernières années. Les occasions d'enrichissement privé se sont en effet multipliées avec la déréglementation et la privatisation. Ainsi, en Croatie, il a fallu la mort de Franjo Tudjman en décembre 1999 pour permettre à l'opposition de contrer l'emprise de son clan familial sur l'économie et la politique du pays. De même, la famille de Slobodan Milosevic (ex-apparatchik et ex-banquier) a des actions dans de nombreuses entreprises ex-yougoslaves, dont les mines de Trepca au Kosovo. Elle exerce son emprise également sur les principaux partis ainsi que sur la presse et les grandes chaînes de télévision et de radio officielles, dans le cadre de ce que l'on peut appeler un « pluralisme totalitaire » institué dès 1990 par une décision du parti lui même. Ainsi, l'épouse de Milosevic, Mira

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« · ....- - LA NOUVELLE POUDRIÈRE DES BALKANS.

Conformémem ma accords de Dayron.

signés etr nQ\·embre·décembre 1995, rme force de maimien de la paix, /'/FOR, placée sous la direcrton de l'OTAN, esr déployée en Bosnie-Herzégovine pour t·ei/ler au respecr du cessez·le-feu er à la sépara rion des forces belligéranres.

Elle prend le relais des Casques bleus de l'ONU qui �e sont momr és inefficaces er vulnéral>les comme en rémoigne la prise d'orages en mai 1995.

Mais elle mom rera égalemelll ses limires : 1'1 FOR.

puis la SFOR.

ne pan•iendrom que rrès parriellemenr à poursuivre les criminels de guerre.

© Darko Bandic·Corbis·Sygma Markovic, est à la tête de la Yu!, parti « de gauche , marxiste, qui se flatte de positions non nationalistes, différentes de celles du président.

En Roumanie, le verrouillage des archives policières de la Securitate, la police de Ceausescu, empêche toujours un vrai travail juridique et historique, condition du rétablissement de la confiance dans les insti­ tutions.

Quant à l'Albanie.

elle se remet difficilement de la faillite frauduleuse de son système bancaire tandis que les clans mafieux, qui règnent dans le nord du pays, tentent de s'implamcr au Kosovo, comme en témoignent les rapts, la prostitution, le racket ct les trafics en tous genres.

La Serbie a des frontières avec presque tous les pays balkaniques.

et le blocus économique qui la frappe favorise depuis une décennie tous les trafics.

Même pour les pays qui n'étaient pas en guerre, tels que l'Albanie, la Bulgarie et la Macédoine, le conflit au Kosovo à leurs portes a été en 1999 un facteur de déstabilisation démographique.

économique et politique.

LA GUERRE EN EX-YOUGOSLAVIE Si les accords de Dayton (novembre 1995) qui ont mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine avaient oublié la question du Kosovo, la fin de� frappes aériennes sur la Serbie et le retour massif des Kosovars chez eux obligent à repenser la guerre en Bosnie.

Pour­ quoi avoir exigé en 1999 au Kosovo ce que l'on avait renoncé à obte­ nir à Srebrenica par exemple ? Et ce n'est que le 15 juillet 1999 que le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a reconnu le carac­ tère international de la guerre en Bosnie-Hcrzégovine.

Déjà, la guerre en ex- Yougoslavie a été marquée par une extrême violence perpétrée à l'encontre des populations civiles : entre trois et quatre millions de pe rsonnes réfugiées ou déplacées, entre deux cent mille et quatre cent mille morts selon les calculs, des villages entiers disparus, des monu­ ments historiques classés patrimoine de l'humanité rasés de la carte, tel est le triste bilan de ce conflit.

Les cinq petites nations nées de la décomposition de la Yougoslavie comprennent elles-mêmes des « entités », comme en Bosnie-Herzégovine, dans certains cas partiel­ lement fédérées, à l'image de la fédération croato-bosniaque.

Sur deux millions de personnes chassées par la guerre en Bosnie, deux mille sont retournées en République Srpska et quatorze mille cinq cents dans la fédération croato-bosniaque.

Au Kosovo, au plus fort de la crise, en mai-juin 1999, plus de 850 000 Kosovars albanais ont été chassés par les unités militaires et paramilitaires serbes vers l'Albanie {plus de 440 000 environ, la moitié ayant trouvé des familles d'ac- LA NOUVELLE POUDRIÈRE DES BALKANS.

La mainmise de la Serbie sur le Kosovo, une pro••ilrce majoritairemem peuplée d'Albanais tle souche, tiare de 1989, lorsque Slobodan Milosevic décide de jouer la carre nationalisre a jin d'asseoir s011 pouvoir.

Exclus de l'adminisrration et de l'enseignemem, les Kosovars créerom une soci�té p01·allèle er c/andesrine mais la résistance pacifique d'un fbrahim Rugowr er de sa Ligue démocrafique du Kosot'O laissera progressit·emenr place à f'aCIIon ••ioleme de l'Armée de libérarion du Kosot·o.

Les forces serbes remerom en vain d'y meure fin.

© Art Zamur-Gamma cueil), la Macédoine (plus de 220 000), le Monténégro et la Bosnie.

Au 23 juillet 1999, 721 000 personnes sont retournées dans leur pro­ vince.

La situation en Bosnie-Herzégovine n'est pas encore stabilisée en 1999 : le chômage y touche entre 30 et 50% de la population et les jeunes générations partent ou restent en exil.

Les criminels de guerre les plus importants restent impunis et certaines zones ont un statut encore indécis : le 5 mars 1999, la décision des autorités internatio­ nales (représentées par Robert Owen) de créer à Brcko un. »

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