La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 (Histoire de France)
Publié le 18/11/2018
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LE SYMBOLE DU DEBUT DE LA REVOLUTION FRANÇAISE
La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, fait partie des événements qui ont fait la France. Montrée par l'imagerie populaire comme la lutte du peuple parisien contre le pouvoir absolu de la monarchie à travers des portraits d’hommes et de femmes ordinaires armés de fourches et de fusils et tirant des canons, elle symbolise de nos jours la fin de l'Ancien Régime, le début de la Révolution et la naissance de la liberté du peuple français victorieux de l'absolutisme. Cependant, le jour même, Louis XVI inscrivait sur son agenda : «Mardi quatorze : rien.» Mais il ne s'agissait là que du résultat de sa chasse quotidienne. Personne ne pouvait alors présager des suites de l'événement. Seul peut-être, le philosophe allemand Emmanuel Kant, apprenant celui-ci, en prit la pleine mesure en empruntant à rebours le chemin habituel de sa promenade quotidienne.
LES PRÉLUDES
LA CRISE FINANCIÈRE
• Au début de 1789, la France est plongée dans une crise financière depuis plusieurs années, qui est aggravée par l'aide pécuniaire accordée aux Américains et, surtout, le train de vie mené par la Cour.
• Pour en sortir, plusieurs ministres ont tenté de remédier au déficit. Parmi eux, Anne Robert Turgot, contrôleur général des Finances de Louis XVI entre 1774 et 1776, a proposé de réformer la fiscalité en imposant les nobles, mais son projet a rencontré une vive opposition.
• Charles Alexandre de Calonne, nommé ministre des Finances en 1783, a autorisé à nouveau des dépenses somptuaires. Puis, la dette s'aggravant, il réunit une Assemblée de notables nommée par le roi, le 22 février 1787, pour aborder la question financière.
• Avant sa dissolution trois mois plus tard, celle-ci a engagé une série de mesures draconiennes (établissement des assemblées provinciales, réglementation du commerce du blé, abolition des corvées et nouvel impôt sur le timbre) qui sont mal perçues par les parlements provinciaux.
• Louis XVI n'a plus d'autre choix que de convoquer les états généraux représentant les trois ordres de la société française : la noblesse, le clergé et le tiers état.
• La crise financière ouvre alors sur une crise politique.
La réunion des états généraux
• En décidant de réunir les états généraux en mai 1789, Louis XVI pense s'assurer le soutien de l'opinion publique pour mener des réformes.
• Très vite, l'organisation de cette réunion fait naître des dissensions dans l'entourage royal, partagé sur la question de la représentation du tiers et le mode de scrutin : le chef du Conseil royal des finances, Loménie de Brienne, qui en règle les principes, défend une surreprésentation des deux ordres privilégiés (clergé et noblesse) ; soutenu par le roi, Jacques Necker, redevenu contrôleur des Finances en 1788, prône le doublement du tiers sans se prononcer pourtant sur la question essentielle du vote par tête plutôt que par ordre.
• Cette question restant en suspens, l'abbé Sieyès publie en janvier un pamphlet intitulé Qu'est-ce que le tiers état? dans lequel il affirme que le tiers est le tout qui incarne seul la nation, une idée qui connaît un grand retentissement auprès des électeurs du tiers.
• Les élections s'opèrent dans une ambiance catastrophique : terrible hiver 1789, hausse du pain, disette et émeutes en province. La situation est tendue à Paris qui abrite 10 % d’indigents.
L'Assemaiée nationale
• Le 5 mai, les états généraux se réunissent pour la première fois dans la salle des Menus-Plaisirs à Versailles, rebaptisée à l'occasion la salle des trois ordres : la nouvelle Assemblée se compose de 1139 députés dont 291 représentants du clergé et 270 de la noblesse.
• La journée s'ouvre dans une certaine confusion : le discours inaugural de Louis XVI, la déclaration du garde des Sceaux Barentin et l'exposé de Necker sur les finances du pays déçoivent profondément le tiers, déjà victime du mépris de la Cour.
De l'approfondissement de la crise financière et politique aux journées insurrectionnelles
5 mai 1789 20 juin 1789 11 juillet 1789 12 juillet 1789 13 juillet 1789 14 juillet matin 14 juillet 11 h 30
14 juillet 16 h 30 14 juillet soir
Réunion Serment Limogeage de Necker Camille Desmoulins Formation Saisie de Les émeutiers Capitulation Début de
des états du Jeu par Louis XVI appelle les citoyens d'une milice l'arsenal massés devant de la Bastille la démolition
généraux de paume aux armes bourgeoise des Invalides la Bastille de la Bastille
HISTOIRE DE LA FORTERESSE DE LA BASTILLE
• En 1370, Hugues Aubriot, le prévôt de la ville, reconstruit la vieille porte fortifiée de Saint-Antoine en lui ajoutant deux tours massives hautes de 25 mètres.
• Par la suite, il complète encore le dispositif défensif de la forteresse par quatre nouvelles tours qui veillent sur l'est de la capitale et ses faubourgs - perdant au fil du temps sa fonction militaire, celle-ci est convertie peu à peu en prison.
• Avec l'usage croissant des lettres de cachet - décrets d'arrestation à la discrétion du roi - au xviie siècle, la Bastille devient le symbole de la tyrannie et de l'arbitraire royal : le duc de Nemours, le maréchal de Biron, Fouquet, le cardinal de Rohan, le duc de Richelieu, le marquis de Sade, Voltaire font partie des personnages illustres qui séjournent entre ses murs.
• Néanmoins, tous les prisonniers n'y sont pas logés à la même enseigne : les petites gens ne jouissent pas des mêmes avantages que les hommes de renom incarcérés dans de grandes cellules.
• Pour exemple, Simon Nicholas Henri Linguet, avocat, témoigne ainsi de son embastillement vers 1780 dans ses Mémoires sur la Bastille (1789) : « En hiver, ces caves funestes sont des glacières. En été ce sont des poêles humides, où l'on étouffe, parce que les murs sont trop épais pour que la chaleur puisse les sécher. »
«
HISTOIRE
DE LA FOmRESSE DE LA BASTIW
• En 1370, Hugues Aubriot le prévôt
de la ville, reconstruit la vieille porte
fortifiée de Saint-Antoine en lui
ajoutant deux tours massives hautes
de 25 mètres.
• Par la suite, il complète encore
le dispositif défensif de la forteresse
par quatre nouvelles '-s qui
veillent sur l'est de la capitale et ses
faubourgs -perdant au fil du temps
sa fonction militaire, celle-ci est
convertie peu à peu en prison.
• Avec l'usage croissant des lettres
de cachet -décrets d'arrestation
à la discrétion du roi -au JMr siècle,
la Bastille devient le symbole de
la tyrannie et de l'arbitraire royal :
le duc de Nemours, le maréchal
de Biron, Fouquet le cardinal
de Rohan, le duc de Richelieu,
le marquis de Sade, Voltaire font
partie des personnages illustres
qui séjournent entre ses murs.
• Néanmoins, tous les prisonniers
n'y sont pas logés à la même
enseigne : les petites gens ne
jouissent pas des mêmes avantages
que les hommes de renom incarcérés
dans de grandes cellules.
• Pour exemple, Simon Nicholas
Henri Linguet avocat témoigne ainsi
de son embastillement vers 1780
dans ses Mémoires sur la Bastille
(1789) : • En hiver, ces caves funestes
sont des glacières.
En été ce sont
des poêles humides, où l'on étouffe,
parce que les murs sont trop épais
pour que la chaleur puisse
les sécher.
• •
A la veille de la Révolution,
la Bastille comprend W lolus
défendues
par 15
canons et
est entourée
d'un fossé
de 8m :
en venant
du faubourg
ftlllit:�fl�b Saint-
Antoine,
on accède à la cour du Passage,
puis à celle de l'Avancée qui ouvre
sur un premier pont-levis précèdant
la cour du Gouvernement ; une série
de ponts-levis conduisent à la porte
principale de la forteresse, fermée
par deux grands battants cuirassés
de plaques de fer.
Aprés la destruction
de la forteresse commencée
le soir même du 14 juillet 1789,
l'emplacement est l'objet de plusieurs
projets d'aménagement : en 1792,
on projette l'ouverture d'une place
décorée d'une colonne qui n'aboutit
pas; l'année suivante, une fontaine
vient se loger au milieu de cet espace
laissé libre; en 1808, Napoléon
prévoit d'y dresser une statue
monumentale représentant
un éléphant d'une hauteur de 24 rn
fondue avec le bronze des canons
arrachés aux Espagnols; seule
une maquette en platre grandeur
nature est élevée dont Victor Hugo
témoigne de la présence dans
les Misérables; en 1833, Louis
Philippe reprend le projet initial
et fait construire la colonne de Juillet
prévue depuis 1792 en l'honneur
des révolutionnaires de 1830.
·Aujourd'hui, quelques vestiges
de la forteresse sont encore visibles
sur le quai de la ligne 5 du métro
parisien, à la station Bastille,
et dans le square Henri-Galli
au début du boulevard Henri-IV.
dans
l'enceinte par le toit du corps
de garde et se jette sur les chaînes
du pont-levis.
• A 13 h 30, de Launay donne l'ordre
de tirer : on compte une centaine
de morts.
• A 14 h, une deuxième députation,
conduite par l'ancien prédicateur
du roi, l'abbé Claude Fauchet
est envoyée pour négocier.
• A 15 h, les échanges de s11/ves
continuent de plus belle malgré
une nouvelle délégation dirigée
cette fois-ci par Louis-Domique
Ethis de Corny, procureur du roi
à la Cour de Paris.
LA PRISE DE LA BASTILLE
• La journée tourne à l'avantage
des émeutiers à l'arrivée de deux
détachements de soldats des gardes
françaises, commandés par Pierre Hulin
et Élie, qui se rallient à eux vers 15h30.
• Aussitôt cinq canons sont dirigés
vers les portes et pont-levis de
la Bastille et tirent sur l'entrée
de la forteresse qui s'embrase.
• M.
de Monsigny, commandant
des canonniers de la Bastille,
compte parmi les premières victimes,
ce qui entame durement le moral
des défenseurs.
• Vers 16 h, de Launay ordonne
d'ouvrir à nouveau le feu sur la foule.
• Dans un geste de désespoir, il tente
ensuite de faire sauter les magasins
de poudre, mais deux invalides,
Ferrand et Béquart baïonnette
à la main, l'en empêchent.
• Le gouverneur se résigne alors
à capituler.
f-------------,------------_, •
Le lieutenant de Rüe exige de
LA JOURNÉE DU 14 JUILLET
l'ASSAUT DES INVAUDES
• N'ayant pas réussi à obtenir les fusils
entreposés dans l'hôtel des Invalides
pour armer la milice, quelque
50 000 personnes marchent le matin
du 14 juillet vers le bâtiment pour
s'en emparer de force.
• !:hôtel des Invalides est alors peu
défendu même si, à quelques centaines
de mètres de là, plusieurs régiments
de cavalerie, d�nfanterie et d'artillerie,
placés sous le commandement de
Pierre-Victor de Besenval, campent
sur l'esplanade du Champ-de-Mars.
• Devant le refus des soldats
d�ntervenir, le marquis de Sombreuil,
gouverneur des Invalides, cède
aux émeutiers et ouvre les portes
de 1'11rsen111 dont il a la garde-
la prise est bonne pour les Parisiens :
28 000 fusils et 20 canons.
(( A
LA BASTILLE ! »
• Encouragés par ce premier succès,
les émeutiers hurlent "À la Bastille ! •
car la rumeur veut qu'elle renferme
de la poudre et des cartouches
qui manquent encore.
• A l'intérieur de la vieille forteresse,
la garnison se compose de 82 vétérans,
dits invalides, renforcés depuis le
7 juillet d'un détachement de 32 gardes
suisses du régiment de Salis-Samade
commandés par le lieutenant de Flüe.
• A 10 h 30, sous la pression de la foule,
les électeurs de Paris réunis à l'Hôtel
de Ville envoient une délégation au
gouverneur de la Bastille, Bernard René
Jordan de Launay, pour lui demander
de distribuer de la poudre et des balles
aux Parisiens.
• Pour gagner du temps, le marquis
de Launay se déclare prêt à négocier :
il livre trois officiers en otage, invite
les négociateurs, conduits par l'électeur
Jacques Alexis Thuriot, avocat rémois,
à déjeuner et accepte de détourner
les canons sous réserve que les
émeutiers ne tentent pas d'entrer
dans la forteresse.
• A 11 h 30, la foule armée s'amasse
aux pieds de la forteresse quand
une explosion éclate; les émeutiers
crient à la trahison ; un groupe
d'hommes parvient à pénétrer son
côté les honneurs de la guerre
pour se rendre, ce qui lui est refusé.
• Franchissant le fossé sur une planche,
le clerc d'huissier Maillard va chercher
le billet où de Launay offre sa reddition.
• Élie et Hulin donnent leur parole
qu'ils épargneront tout le monde.
• A 17 h, le pont-levis est abaissé
et les émeutiers s'emparent
de la Bastille.
• Dédaignant les accords passés,
ces derniers massacrent la plupart
des soldats et le marquis de Launay
- sa tête plantée sur une pique
est promenée à travers les rues.
• Plus tard, la foule porte en triomphe
Élie devant l'Hôtel de Ville de Paris.
• Le sire de Flesselles, prévôt des
marchands, tente de calmer les esprits,
mais il se met les insurgés à dos :
il est pendu à une lanterne et sa tête
finit elle, aussi au bout d'une pique
d'émeutier.
•
A la Bastille, c'est la surprise :les
émeutiers libèrent seulement sept détenus, tous des droits communs,
logeant dans des chambres spacieuses,
:-•··==:::�� presque
confortables,
aux antipodes
des cellules
• Le soir même du 14 juillet Palloy,
entrepreneur parisien, réunit
800 ouvriers et entreprend la
démolition de la vieille forteresse.
• Une partie des pierres est vendue
en guise de souvenirs, mais le plus
gros servira à achever la construction
de l'actuel pont de la Concorde.
• !:année suivante, des pierres de
la Bastille agrémentées d'une médaille
seront officiellement remises aux
acteurs de la journée.
• Plus tard, chacun des nouveaux
départements recevra une maquette
de la Bastille sculptée dans une pierre
de la forteresse.
LES JOURS SUIVANTS
lA IOURNtE DU 15 JUILLET
• Le lendemain, le duc François
de La Rochefoucauld-Liancourt réveille
le roi pour l'informer des événements
de la veille, lequel rétorque : "Mais
c'est une révolte ! • "Non, Sire, une
révolution», lui répond-on.
• Étonné par la violence des événements,
Louis XVI renonce à dissoudre
l'Assemblée comme il en avait l�ntention.
• Ce jour-là,
les députés
rassemblés sous l'égide
de l'11bbé
Crigoire,
prennent
la résolution
de siéger en
permanence.
• A Paris, Bailly est élu premier maire
de la ville tandis que les électeurs
parisiens forment la garde nationale
de Paris dont le commandement
est confié au marquis de La Fayette.
• En province, chaque ville crée
à son tour une municipalité et une
garde nationale sur le modèle parisien.
lES IOURNtfS DU 16 AU 18 JUILLET
·Le 16 juillet,
Louis XVI
rappelle
Necker à la tête
du ministère
des Finances.
• Le lendemain,
il se rend à
l'Hôtel de Ville .-.o;;;;;;;;..;;;o ...., _ de Paris où le
général de La Fayette lui remet une
cocarde bleu blanc et rouge en signe
d'alliance entre le roi et la ville.
• Devant une foule énorme criant
"Vive la nation ! », plutôt que "Vive
le roi ! >>, il se résout à approuver
la création de la municipalité
et de sa garde.
• Prenant la mesure des événements,
les premiers aristocrates commencent
à émigrer dès le 18 juillet : parmi
ceux-ci, le propre frère du roi,
le comte d'Artois, le futur Charles X,
le prince de Condé et la duchesse
de Polignac s'enfuient à l'étranger.
• La Révolution française vient
de commencer.
LA COMMtMOIAnON
DU 14 JUILLET
fois la prise de la Bastille.
A cette
occasion, Charles Maurice de
Talleyrand, évêque d'Autun, prononce
une messe devant l'autel de la Patrie,
dressé sur le Champ-de-Mars.
Par la suite, cette commémoration
est abandonnée, puis reprise
durant la Ill' République à l�nstigation
de Gambetta qui veut glorifier les
fondements du régime républicain.
• Sur proposition du député Benjamin
Raspail, la loi du 6 juillet 1880 est
adoptée et instaure définitivement
le 14 Juillet comme la fête nationale
de la République française.
• Dés la première manifestation,
l'accent est mis sur le caractère
patriotique et militaire pour montrer
le redressement du pays après
la terrible défaite de Sedan contre
les Prussiens en 1870.
• Dans chaque ville et village du pays,
la fête suit le même cérémonial
qui perdure en partie de nos jours :
retraite aux flambeaux le 13 au soir ;
volée de cloches le lendemain matin
suivie d'une salve de fusils annonçant
le défilé ; déjeuner populaire ; bals
et feux d'artifice en soirée.
• Aujourd'hui, le 14 Juillet est l'occasion
de nombreuses festivités : bals
populaires, concerts, feux d'artifice,
garden-party au palais de l'Élysée,
allocution présidentielle.
• A Paris, le traditionnel défilé militaire
sur les Champs-Élysées est retransmis
chaque année à la télévision -le
président Valéry Giscard d'Estaing en
a modifié un temps le tracé en faisant
défiler les troupes de la place de la
Bastille à celle de la République pour
renouer avec la tradition révolutionnaire.
• A la demande de François Mitterrand,
le défilé du bicentenaire, en 1989,
est somptueusement mis en scène
par le publicitaire Jean-Paul Gaude,
avec la soprano noire américaine
Jessye Norman chantant la Marseillaise.
• En 1994, les soldats allemands
de I'Eurocorps défilent aux cOtés
des soldats français comme signe
de la réconciliation franco-allemande ..
»
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