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La Provence et le Comtat Venaissin: Entre des comtes attirés par l'Italie et l'empreinte papale, deux provinces aux mutiples capitales

Publié le 18/11/2018

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MARSEILLE ET LA PROVENCE

 

Active dès l'Antiquité, la Provence intègre le domaine royal au xvi' siècle, au terme de l'un de ses siècles d'or. Elle possède plusieurs capitales : au port de Marseille s'ajoutent Arles puis Aix. Sans oublier Avignon, la capitale des papes. Au xixe siècle, la Provence connaît une renaissance identitaire, qui s'illustre en littérature plus qu'en politique : Frédéric Mistral, champion de la langue provençale, obtient le prix Nobel de littérature en 1904. Au xxe siècle, la Provence est une région dynamique, tournée vers le tourisme et les nouvelles technologies.

AVANT L'HISTOIRE

Le premier peuplement

Les premières traces de peuplement humain se situent sur le littoral.

La grotte Cosquer, au cap Morgiou, découverte en 1991, présente des peintures rupestres qui datent de plus de 20 000 ans.

Les premiers peuples connus

Les historiens grecs rapportent que la côte qui s'étend de Savone jusqu'au Rhône est habitée par des populations ligures à partir du xe-ixe siècle av. J.-C. À l'intérieur des terres, des Celtes s'installent dans les vallées comme celle de la Durance à partir du vie siècle.

■ Il se constitue une population celto-ligure formant la confédération des Salyens.

LA PROVENCE ANTIQUE

L'apport grec

En 692, des Grecs originaires de Phocée fondent un comptoir baptisé Massalia, d'où Marseille. C’est la porte d'entrée du commerce grec en Méditerranée occidentale.

La cité phocéenne crée d’autres comptoirs le long de la côte, à Saint-Tropez et à Fréjus.

La Provence, région

DE LA NARBONNAISE

En 125-121, une révolte conduit Rome à occuper la région cisalpine et à détruire la capitale des Salyens, l'oppidum d’Entremont (près d'Aix).

Rome fonde alors la première Provincia romana - qui donnera son nom à la Provence. En 118, celle-ci devient la Narbonnaise (du nom de la capitale fondée par Rome).

Fondation de Marseille Rome fonde la Narbonnaise Raimond Béranger, comte de Provence Comtat Venaissin accordé au pape La Provence entre dans le royaume de France Massacre des vaudois du Luberon Épidémie de peste à Marseille Bonaparte reprend  Toulon aux Anglais Débarquement de Provence

La Provence et les Francs

 

Après le passage des Wisigoths, en 476, Euric, souverain de l'Auvergne, s'empare d'Arles et de Marseille et règne sur toute la basse Provence.

 

À sa mort, les Burgondes sont chassés par Clovis, qui, en 507, défait le Wisigoth Alaric à Vouillé.

 

Les Francs sont ensuite menacés par les Ostrogoths de Théodoric qui, entre 523 et 532, occupent la basse Provence puis le reste du pays.

 

En 532, la région repasse dans l’orbite franque.

 

Alors rattachée à l’Austrasie

 

- le royaume de l'Est - et gouvernée par un patrice siégeant à Arles, la province revient en 561 au roi de Bourgogne. Comme l’Austrasie exige un accès à la mer, un territoire est dissocié du reste de la région : ce couloir relie l'Auvergne à Marseille en passant par le pays d'Uzès, l'Avignonnais, le passage de Bompas et les pays d'Aix et de Vernègues.

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« LA PRÉSENCE CATALANG-ARAGONAISE • En 1113, Douce de Provence et Gévaudan fait donation de toutes ses terres à son mari Raimond Béranger Ill, comte de Barcelone.

• Le Xli' siècle est troublé pendant vingt ans (1142-1 162) par les guerres incessantes menées par Raimond, comte de Baux, puis par son fils Hughes, qui cherchent à concurrencer les Catalans.

• À partir de 1209, les seigneurs provençaux s'affranchissent de la discipline du roi Alfonse.

La tutelle catalano-aragonaise prend fin en 1219.

RAIMOND BhANGER V • Raimond Béranger V (1219-1245) rétablit l'autorité comtale.

Un temps allié à la cité de Marseille, il change de parti avec l'irruption de l'armée du roi Louis Vil dans le Midi et se concilie l'Église en 1239, par la convention d'Aix.

Allié du roi de France, il enlève toutes les possessions marseillaises de la côte.

En 1235, Raimond réorganise la Provence en six grands gouvernements : Forcalquier, Provence alpine, Aix, Provence littorale et basse, Autevès (Tarascon) et Arles.

À la tête de chacun il nomme un baile (bailli).

LA PROVENCE ET LES CAPÉTIENS CHAilLES D'ANJOU • Imposé en 1246 par Blanche de Castille, le second fils de celle-ci, Ch11rles d'AnjiiU, fait passer le Midi dans l'orbite capétienne.

Dès 1250, Charles s'empare d'Arles puis menace Marseille qui accepte de reconnaître sa suzeraineté.

Il affermit le pouvoir comtal dans la région, mais le mirage italien l'attire bientôt.

LE COMTAT VENAISSIN • Le comtat Venaissin -de Venasque - et Avignon constituent un ensemble disparate qui fait partie des États du pape depuis le Moyen Âge.

Délimité au sud par la Durance et à l'ouest par le Rhône, cet espace s'étend au nord jusqu'à Vaison et à l'est jusqu'aux contreforts des Alpes de Basse­ Provence.

Quatre enclaves, trois au nord -Bollène, Valréas-VISêln et les Pilles -et une au sud-i!SI -Bonnieux - complètent le domaine papal.

• En 1273, le comte de Provence Charles 1" obtient pour le pape de la part du roi de France Philippe Ill le Hardi la cession du Comtat Venaissin.

En 12BB, c'est au tour de la ville d'Avignon d'être cédée aux papes, qui s'y installent de 1309 à 1376.

• En 1345, la reine Jeanne vend définitivement Avignon au pape Clément VI pour 80 000 florins.

• A la fin du xv• siècle, des émeutes et des spoliations de populations juives en Provence aboutissent à la migration de celles-ci dans le Comtat • En 1791, Avignon demande son rattachement à la France révolutionnaire.

l'essentiel de l'ancien territoire papal devient le département du Vaucluse.

• En 1262, le pape lui propose le trône du royaume de Naples et de Sicile, qu'il conquiert de haute lutte à la tête de chevaliers provençaux et de la flotte marseillaise (1266-1272).

• Installé à Naples, Charles, à partir de 1277, soumet la Provence à son administration napolitaine.

Mais il se heurte à ses sujets italiens.

• En 1282, les " Vêpres siciliennes » marquent la fin des aventures italiennes des Angevins : les Arago nais défont l'escadre provençale devant Malte en 1283, ainsi que l'armée commandée par son fils Charles Il en 1284.

• Ce dernier, qui règne de 1285 à 1309, dote la Provence d'une administration originale.

Il crée la fonction de rational, chargé de veiller à la bonne perception des droits comtaux.

La Provence devient une seule sénéchaussée.

LES MALHEURS PROVENÇAUX • Les années 1350-1360 sont très sombres : aux démêlés politiques s'ajoutent la peste noire et, après 1356, les premiers effets de la guerre franco­ anglaise.

Au tournant des années 1360, des bandes de pillards profitent des luttes politiques pour se développer.

• Réunis chaque année, les états de Provence organisent la résistance aux exactions des seigneurs de Baux et votent des taxes de plus en plus lourdes.

Cette période de troubles s'achève vers 1376.

• La guerre franco-anglaise replonge la Provence dans une période de dix ans de désordres jusqu'en 1399.

• La Provence perd la moitié de sa population au cours de la première moitié du xv• siècle.

LE ROI RENt, UNE GLOIRE USURPÉE • René d'Anjou (1434-1480) échoue dans la reconquête de Naples - l'affaire de son règne ­ pour laquelle il a épuisé les ressources financières de la Provence.

• Il adopte toutefois des mesures qui favorisent le développement économique.

Il crée ainsi deux foires à Marseille et perce une route vers le Piémont.

• Ambitieux mais dispendieux.

il demeure avant tout un personnage de cour.

Il ne s'installe en Provence qu'à partir de 1471 et y séjourne jusqu'à sa mort.

À partir de 1472, il subit les pressions de Louis Xl qui, profitant du fait que René n'a plus de descendant direct, obtient qu'il lui remette la Provence à sa mort.

• Son successeur Charles du Maine -Charles Ill- se heurte à l'opposition du parti dit " lorrain » qui conteste la donation de la Provence à la France.

Il s'ensui� en 1480-1481, une courte guerre de succession qui s'achève par la mort de Charles Ill qui lègue la Provence à la couronne de France.

LA PROVENCE ROYALE • Le 19 décembre 1481, Louis Xl accepte la donation de Charles Ill.

• De 1492 à 1540, la Provence se trouve au centre de la politique italienne des Valois, Charles VIII, Louis Xli et François 1".

En 1524, la Provence est envahie par les troupes du connétable de Bourbon qui a pris parti pour Charles Quint contre le roi, et dont les troupes assiègent en vain Marseille.

• En 1536, une nouvelle guerre franco­ impériale cause de lourdes destructions.

Charles Quint échoue devant Arles.

• Sur le plan intérieur, le parlement d'Aix obtient la primauté judiciaire sur le sénéchal par l'édit de Lyon (1501).

l'édit de Joinville (1540) affaiblit plus encore le sénéchal au profit du roi.

• Marseille jouit d'un traitement particulier : le territoire phocéen demeure une sénéchaussée spécifique.

• En 1536, la Provence est le théatre du m11 SS11ue des vt1udols, une croyance dissidente répandue dans le Luberon.

La population de Mérindol est tuée sur ordre royal par une troupe commandée par le premier président du parlement d'Aix, Jean Maynier d'Oppède.

LES GUERIES DE RELIGION • Le premier heurt sanglant a lieu à Castellane en 1559, des catholiques se soulevant contre la présence d'un pasteur protestant chez un noble.

Le frère de ce dernier organise alors une bande qui ravage la haute Durance.

• Les massacres se succèdent : sac d'Orange en 1561 et prise de Sisteron par les catholiques en 1562.

• La guerre reprend en 1568 avec le massacre de Fréjus.

• La Provence ne connaît pas les massacres de la Saint-Barthélemy.

Toutefois, une nouvelle poussée de violence a lieu de 1572 à 1580.

LA PROVENCE AU XVII' SllCLE • Sous Henri IV, la Provence connaît une période de répit sous l'habile gouverneur Guillaume du Vair.

· Sous Louis Xlii, Richelieu reconstitue la marine royale au grand profit de Marseille et de Toulon, mais il alourdit la pression fiscale et ôte aux états le vote des nouveaux impôts, ce qui provoque la révolte des états de Provence (163o-1631).

·En 1641, la création d'une nouvelle chambre au parlement d'Aix provoque une nouvelle flambée de violence qui dure vingt ans.

• Le début du XVII' siècle est marqué par la renaissance du sentiment religieux catholique.

À Aix est fondé le premier établissement des oratoriens (1600).

• En 1649, Marseille est le théâtre de désordres opposant les nobles - les Sabreurs -aux parlementaires - les Canivets.

Ces troubles se soldent en 1653 par la défaite des premiers.

• En 1658, une nouvelle rébellion à Marseille débouche sur un bras de fer entre, d'une part.

la ville et ses consuls et de l'autre, le pouvoir royal.

En 1660, Louis XIV décide l'abolition du consulat.

Le consul est remplacé par un échevin moins prestigieux, les Marseillais sont désarmés et une garnison royale est implantée dans la ville.

LA PROVENCE AU XVIII' SllCLE • La Provence revit les affres de l'invasion en 1707 lorsque le duc de Savoie, allié à l'Angleterre, pénètre dans le Var pour s'emparer de Toulon.

Grace à l'esprit de décision du lieutenant-général de Grignan et aux renforts royaux, les Savoyards sont arrêtés puis pourchassés.

LA GRANDE PESTE DE 1720 • t:application trop légère des règlements sanitaires et la corruption de la douane par un échevin sont à l'origine de la gr11nde ptste de 1720 qui ravage Marseille.

t:épidémie s'étend à la plaine du Comtat.

Après une rémission, le fléau réapparaît en 1722.

Il cause la mort de 40 000 des 75 000 Marseillais.

• De 1730 à 1750, la Provence traverse une période de prospérité économique.

Marseille obtient le droit de commercer directement avec les Amériques.

• Une invasion austro-piémontaise en 1746-1747 qui s'avance jusqu'à Draguignan et Hyères est repoussée.

Sur mer, la situation se tend à partir de 1748 en raison de la menace de la flotte anglaise.

• À l'occasion de la guerre de Sept Ans (1756-1763),1a marine marseillaise se développe.

Si la construction navale profite du phénomène de la guerre de course, le commerce méditerranéen en pâtit sérieusement.

Devant la crise financière que connaît la Couronne, les créations d'impôts qui marquent les règnes de Louis XV et Louis XVI provoquent l'opposition du parlement d'Aix.

L'EFFERVESCENCE PRÉRrJOLUTIONNAIRE • Dans les années 1770-1780, l'attitude des ordres privilégiés est de plus en plus contestée par des hommes appartenant au tiers état ou parfois même à la noblesse.

Ceux-ci revendiquent le rétablissement des états de Provence dont la dernière convocation remonte à 1639.

• En janvier 1789, l'assemblée qui prélude à celle des états généraux comprend 66 députés du tiers, 20 du clergé et 104 possesseurs de fiefs.

À cette occasion, Mirabeau appelle à l'égalité au sein de la nation provençale.

Fin mars, l'agitation gagne la rue.

Des émeutes contre le prix du pain et les impôts ont lieu à Sisteron, Aups, Rians, puis Toulon et Marseille.

LA DÉPARTEMENTALISAnoN • En 1790, les débats sur la départementalisation aboutissent à la division en trois entités : l'Oues t le Nord et l'Est.

• Le principal débat oppose Aix, qui revendique la première place, et Marseille, qui exige une circonscription à part Aix l'emporte sur Marseille.

Les trois départements sont baptisés Bouches-du-Rhône, Var et Basses-Alpes.

UNE lÉGION PLUS IOYALim QUE RÉPUBLICAINE • En 1793, l'opposition à la Convention est très violente.

En juin, Marseille se révolte, suivie de Toulon.

Tandis que les insurgés marseillais s'emparent des grandes villes de Provence occidentale, les Toulonnais se livrent aux Anglais.

• La Convention rétablit l'ordre en juillet En décembre, Bonaparte reprend Toulon.

Après la Terreur, la contre-révolution s'organise : les Compagnies du Soleil multiplient les attaques.

Le sentiment royaliste perdurera jusqu'au XIX' siècle.

LA PROVENCE DEPUIS LE XIX' SIÈCLE • À partir de la conquête de l'Algérie en 1830, M11rsellle s'impose comme le plus grand port de Méditerranée occidentale.

La cité, qui accueille de fortes communautés italienne, corse ou arménienne, devient le creuset dans lequel se forge un esprit propre.

• Durant la Seconde Guerre mondiale, Marseille devient, à partir de novembre 1942, un haut lieu de la Résistance dont les Allemands détruisent le poumon populaire qu'est le quartier du Panier.

À Toulon, la flotte de guerre se saborde pour ne pas tomber dans les mains de la Kriegs­ marine.

C'est en Provence que se déroule ��>.lill- le second débtlr­ quement sur le territoire français, en août 1944.

• A partir des années 1960, la Provence, lieu de villégiature depuis le XIX ' siècle, devient une destination du tourisme de masse.

• Depuis la loi de la décentralisation et de la régionalisation, la Provence forme le cœur de la région PACA dont le siège est à Marseille.

Trois autres départements, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes et les Hautes-Alpes, lui ont été adjoints.

En 1970, les Basses-Alpes sont devenues les Alpes de Haute-Provence.

LEFtUBRIGE • Cette école littéraire fondée en 1854 s'est donné pour objectif la défense de la langue et des traditions provençales.

Deux jeunes poètes, Frédéric Mistral (183o-1914) et Joseph Roumanille (1818-1891), en sont les créateurs, en compagnie de cinq autres membres.

• Dès 1855, l'école du • félibrige » - • écriture •.

• poésie • en provençal - crée un almanach, I'Armana prouvençau.

À partir de 1870, Mistral inscrit son mouvement littéraire dans l'apologie de la latinité, tout en s'opposant à toute utilisation politique de son combat Son œUVTe la plus célèbre est Miréio (Mireille).

Il obtient le prix Nobel de littérature en 1904.. »

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