La Révolution française vue d'Allemagne et d'Angleterre
Publié le 10/09/2018
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L'écrivain Wieland (1733 1813) y donna une chronique sur « cette intéressante tragédie ». Il nota presque quotidiennement les impressions produites par la Révolution française sur « le spectateur allemand »• Goethe rendit hommage à l'objectivité de son attitude.
Sa sympathie pour la Révolution est visible. Mais il redoute les commotions étendues qui vont en résulter. Dans un dialogue d'août 1789, un des interlocuteurs s'inquiète. Il répond ainsi :
Est-il vraisemblable, est-il imaginable que le roi se laissera enlever les droits et prérogatives qu’il a reçus en héritage et qui ont toujours été reconnus, s’il le peut empêcher ? Et, si son parti (car il n’est sûrement pas encore abandonné de toute la nation) n’est pas en ce moment assez fort pour résister à un peuple soulevé par ses représentants, restera-t-il longtemps aussi impuissant ? La noblesse n’est-elle pas le protecteur naturel du trône ? Les autres princes assisteront-ils, comme à une pièce de théâtre, à une révolution qui est pour eux comme un terrible miroir ? Peuvent-ils demeurer inactifs quand on leur démontre, non plus par de vaines spéculations imprimées sur du papier, mais par le fait même, qu’il dépend à tout moment de leurs peuples de leur refuser l’obéissance et d’opposer à leurs bras des millions de bras armés? qu’ils ne peuvent plus même compter sur leurs troupes soldées et que ni le droit héréditaire, ni le couronnement, ni l’onction sainte ne gardent quelque valeur quand il vient à l’esprit de la nation de se donner une Constitution nouvelle? Je le répète : les souverains les plus puissants de l’Europe vont-ils assister en simples curieux, comme Néron à l’incendie de Rome, à une révolution qui leur présage leur propre destin ou celui de leurs successeurs? Et si, comme il n’y en a que trop de raisons, on aboutit à
La transformation révolutionnaire de la France, de l’économique au spirituel, était si bien dans la logique du développement de l'Europe entière à cette époque que l’enfantement du monde nouveau fut salué par les intellectuels de tous les pays.
La Révolution vue d'Allemagne
Kant attendait chaque jour, avec enthousiasme, à Konigsberg, les nouvelles de France, et la prise de la Bastille fut une des plus fortes émotions de sa vie : elle lui fit changer, pour la première fois de sa vie, le parcours de sa promenade quotidienne.
Goethe, présent à Valmy, disait le soir même aux officiers prussiens : << De ce lieu et de ce jour date une ère nouvelle dans l’histoire du monde. » Les étudiants allemands de l’université de Tubingen, parmi lesquels Schelling et Goethe, plantèrent un « arbre de la liberté >>.
Seules la Terreur et, pour certains, l'invasion napoléonienne firent changer leurs opinions.
Wieland, chroniqueur de la Révolution
À Weimar le Mercure allemand, le plus important des journaux de son temps, informa régulièrement l’opinion allemande sur le développement de la Révolution française.
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L'écrivain
Wieland (1733 1813) y donna une chronique sur
" cette intéressante tragédie ».
Il nota presque quotidiennement
les impressions produites par la Révolution française sur « le
spectateur allemand "· Goethe rendit hommage à l'ob jectivité
de son attitude.
Sa sympathie pour la Révolution est visible.
Mais il redoute
les commotions étendues qui vont en résulter.
Dans un
dialogue d'août 1789, un des interlocuteurs s'inquiète.
Il répond ainsi : Est-il vraisemblable, est-il imaginable que le roi se laissera enlever les droits et prérogatives qu'il a reçus en héritage et qui ont toujours été reconnus, s'il le peut empêcher ? Et, si son parti (car il n'est sûrement pas encore abandonné de toute la nation) n'est pas en ce moment assez fort pour résister à un peuple soulevé par ses représentants, restera-t-il longtemps aussi impuissant ? La noblesse n'est-elle pas le protecteur naturel du trône ? Les autres princes assisteront-ils, comme à une pièce de théâtre, à une révolution qui est pour eux comme un terrible miroir ? Peuvent-ils demeu rer inactifs quand on leur démontre, non plus par de vaines spéculations imprimées sur du papier, mais par le fait même, qu'il dépend à tout moment de leurs peuples de leur refuser l'obéissance et d'opposer à leurs bras des millions de bras armés ? qu'ils ne peuvent plus même compter sur leurs troupes soldées et que ni le droit héréditaire, ni le couronnement, ni l'onction sainte ne gardent quelque valeur quand il vient à l'esprit de la nation de se donner une Constitution nouvelle? Je le répète : les souverains les plus puissants de l'Europe vont-ils assister en simples curieux, comme Néron à l'incendie de Rome, à une révolution qui leur présage leur propre destin ou celui de leurs successeurs ? Et si, comme il n'y en a que trop de raisons, on aboutit à. »
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