La Savoie : Une des dernières provinces à devenir française

« la mouvance du Saint-Empire romain germanique.

Dans les faits , l'autorité impériale reste nominale , la véritable succession burgonde étant assurée par une féodalité peu à peu soumise au contrôle de deux importantes familles : les comtes de Genève au nord, les Humbertiens au sud.

• En 1003, Hu•Hrlllux Bl11nches M11lns, beau-frère de Brochard, '-- --=----' territoires désignés sous le nom de « Savoie propre » -qui regroupe la cluse de Chambéry et la combe de Savoie.

Par ailleurs, il possède aussi quelques domaines entre Rhône et Val d 'Aoste ainsi que des terres lui permettant de contrôler les cols du Petit et du Grand-Saint -Bernard.

• Vers 1030 , Brochard lui cède en fief la partie nord du Viennois -le sud formant le noyau du futur Dauphiné.

Au cours des années 1040 , Humbert récupère la Maurienne .

L'accroissement territorial réalisé sous l'autorité d'Humbert aux Blanches Mains lui vaut d'être considéré comme le fondateur de la maison de Savoie.

• Quelque vingt ans plus tard, Odon, fils cadet de Humbert aux Blanches Mains épouse Adélaïde, fille du marquis de Turin, Olderic.

Cette union lui permet de prendre possession du Piémont.

La maison de Savoie a donc désormais un pied en Italie.

Le débouché piémontais du col du Mont-Cenis offre aux comtes de Savoie un vaste champ d'expansion .

Gardienne des cols du Mont-Cenis et Saint-Bernard , la maison de Savoie jouit d'une position privilégiée entre la France , le Saint Empire et l'Italie .

Toutefois, pour conserver son indépendance, elle doit changer maintes fois d'alliance, ce qui permet aux comtes de Savoie d'étendre peu à peu leurs possessions .

·Humbert Ill (1148-1189) soutient le pape contre l'empereur germanique Frédéric 1" Barberousse.

En 1232, son successeur , Thomas 1" (1189-1233), achète au vicomte Berlion la ville de Chambéry qui devient la capitale des comte de Savoie .

À sa mort.

ses possessions sont partagées : Thomas Il obtient le Piémon~ qui ne sera définitivement réuni aux autres États de la maison de Savoie qu'en 1418 .

• Au XIV' siècle, les comtes de Savoie se tournent vers l'Italie .

Ainsi, Amédée VI (1343 -1383) , qui a signé en 1355 avec la France un traité fixant les limites de la Savoie et du Dauphiné , intervient à plusieurs reprises dans les querelles italiennes.

Il poursuit l'acquisition du pays de Vaud et du Val morey .

Son successeur, Amédée VIl (1383-1391 ) , acquiert le comté de Nice.

Alllhlée VIII (1391-1440) est fait duc de Savoie par l'empereur Sigismond en 1416 et incorpore définitivement le Piémont avant d'acheter le comté de Genevois, d'annexer Verceil (1427) et d'obtenir la suzeraineté sur le Montferrat.

Il travaille à l'unification juridique de ses États en promulguant les Statuts ou Réformes universelles de Savoie (1430).

• Après environ quatre siècles d 'expansion continue, la maison de Savoie connaît un profond déclin entre 1440 et 1580, alors qu'elle est menacée par les visées françaises en Italie et par la Réforme helvétique.

• Progressivement, Bernois, Valaisans et Fribourgeois acquièrent des territoires considérables aux dépens du duché de Savoie.

En 1536 , Français et Suisses, alliés, attaquent le duché.

Tandis que tout le bassin du Léman devient suisse , les Français occupent le reste du duché , à l'exception du Val d 'Aoste, de Verceil et de Nice que conserve Charles Ill.

Son successeur E•••nuel­l'lliliHrl, ne réussit pas à entrer en possession du reste de ses États, mais, à la tête de l'armée espagnole, il remporte en 1557 contre les Français la grande victoire de Saint -Quentin .

Fort de ce succès , il obtient la restitution de ses territoires cisalpins par le traité du Cateau -Cambrésis (1559} .11 force ensuite Bernois et Valaisans à lui rendre le pays de Gex, le Genevois -sans Genève -et le Chablais.

En 1562, il fixe sa capitale à Turin, encourageant ainsi un important mouvement de Contre-Réforme qui fait de la Savoie un bastion du catholicisme.

• Clt•rles·E•-•~~ell•, qui lui succède en 1580 , entend profiter des guerres de religion qui affaiblissent la France.

Il parvient tout d'abord à conquérir le marquisat de Saluces, vassal du Dauphiné et donc du roi de France, mais , face à la réaction française, il doit céder le pays de Gex, le Valmorey , la Bresse et le Bugey .

Après avoir reconnu , sous la pression de Henri IV, l 'indépendance de Genève , Charles-Emmanuell " n 'exerce plus son pouvoir que sur un duché correspondant à l'actuelle région de Savoie .

EN 'UEIIE CONTIE LA fiANCE • Lors de la guerre de Trente Ans (1618 - 1648), la Savoie est de nouveau occupée par la France.

En 1630 , Pignerol tombe, pui s Chambéry, Annecy et MoOtiers ouvrent leurs portes à Louis Xlii.

Afin de recouvrer son indépendance, Victor-Amédée Il (1675-1730) entre en 1690 dans la Grande Alliance (ligue d 'Augsbourg) de La Haye contre Louis XIV.

Après l'occupation de ses États par le maréchal Catinat en 1694 , il est contraint de revenir à l'alliance avec la France (1696 ).

Il rompt toutefois celle-ci à la faveur de la guerre de la succession d'Espagne .

Le Piémont est de nouveau envahi par les Français , avant d'être délivré par la victoire du prince Eugène à Turin, en 1706.

• Par le traité d'Utrecht {1713 ), la maison de Savoie obtient une partie du Milanais- qu'elle convoite depuis longtemps- ainsi que le royaume Annecy, Chambéry et leurs environs .

En 1815, lors de la seconde abdication de Napoléon , la totalité de la Savoie réintègre le royaume de Sardaigne.

L'INTUVENTION DE LA fiANCE • Dès lors, l'histoire de la maison de Savoie se confond avec celle de l 'Italie.

• Devenu roi en 1831, Cbllrles·AIHrl dt Sllvoie­CIIrignlln s 'oppose au libéralisme hérité de la Révolution française.

Au lendemain de la Révolution de 1848, la majorité conservatrice savoyarde tourne ses regards vers la France de Napoléon Ill qui fait figure de rempart de l'ordre et de la religion .

• En 1855 , Cavour, chef du gouvernement de Sardaigne , conclut une alliance avec Napoléon Ill en échange d 'un soutien de la France contre l'Autriche : cette alliance débouchera sur la formation de l'unité italienne .

LA SAVOIE FRANÇAISE au P iémont Leur position est relayée à Paris par le Journal des Débats et la Revue des Deux Mandes qui se refusent à voir « la liberté de la Savoie payer le prix de la liberté de l'Italie » .

• Pour sa part, la Savoie du nord opte pour une troisième voie : ni française ni italienne , mais suisse .

• De son côté, le parti annexionniste déploie une grande activité .

Le journaliste Bertier et le docteur Dénarié rédigent une adresse à l'attention de Victor­ Emmanuel li.

Ils y rappellent que la Savoie n 'est pas italienne et n'entend pas le devenir .

Le clergé se déclare aussi favorable à l'annexion.

Ces positions sont évidemment soutenues par Paris où paraissent nombre de brochures favorables à l'annexion , comme La Savoie veut-elle étre française ? ou encore celle de Petétin, le directeur de l'Imprimerie impériale, De l'annexion de la Savoie .

• En avril1860 , le vote se déroule partout dans le calme et l'enthousiasme .

Le résultat est sans appel : inscrits 135 449 ; votants , 130 839 ; « oui », 130 533 ; « non », 255.

En mai, la Chambre de Turin ratifie par 229 voix contre 33 et 25 abstentions le traité de cession.

Le 12 juin, le Sénat de Paris de Sicile .

Ce dernier est échangé en 1718 contre la Sardaigne , dont Victor ­ Amédée prend possession en 1720.

• En échange de l'annexion de l'Italie adopte le sénatus-consulte énonçant centrale par le Piémon~ Napoléon Ill que « la Savoie et l'arrondissement LA MAISON DE SAVOIE ET L'UNITÉ ITALIENNE obtien~ après de difficiles négociations, de Nice font partie intégrante de Nice et la Savoie .

En 1860 , le traité l 'Empire français .

La Constitution de Turin stipule que « cette réunion et les lois françaises y deviendront LA l'tiiODE ltvoLUTJONNAIIE sera effectuée sans nulle contrainte exécutoires à partir du 1 • janvier n NAPOiiONIENNE de la volonté des populations».

1861.

»La nouvelle province est • Portant désormais le titre de « roi Dès lors s'engage une véritable lutte divisée en deux départements : de Sardaigne », les princes de la maison entre partisans et adversaires de la Savoie et Haute-Savoie.

de Savoie combattent tout d'abord au « réunion » de la Savoie à la France.

• Sous le Second Empire , la Savoie côté de la France dans la guerre de la Trois tendances se distinguent.

connaît un essor à la fois agricole succession de Pologne (1733-1738), puis ·Soutenus par les organes de presse et industriel favorisé par un très net aux côtés de l'Autriche dans la guerre «libéraux» comme la Gazette de Savoie développement des infrastructures.

de la succession d'Autriche (1740 -1748) .

et le Statut et la Savoie , certains • Au lendemain de la chute de Sedan • Adversaire résolu de la Révolution 1 ____________ _, (1870) , les républicains sont conduits à française, assumer la direction des grandes villes .

VIctor- •L'ENTUE DANS Si la chute de Thiers , en 1873, suscite AIHdée Ill LA lillE PIOMISE • un temps les espoirs de restauration (1773 -1796) monarchique, l'épuration du personnel accueille de •lors du plébiscite devant décider catholique y met un terme définitif .

nombreux de la • réunion • de la Savoie à • La Savoie paye un lourd tribut immigrés .

la France, le Courrier des Alpes à la Grande Guerre : plus de 4% Cette position du 17 avril1860 exprime les positions, de sa population totale meurt dans lui vaut d'être favorables au rattad!ement.

du Comité les combats, soit le pourcentage le plus attaqué par central de Chambéry el de celui élevé de toutes les provinces françaises .

la France en 1792, qui conquiert Nice d'Annecy : Dans les années 1920, Mussolini , qui et la Savoie .

Les habitants de Chambéry • Habitants de la Savoie, demain convoite la Savoie et Nice, implante des réclament leur rattachement à la France nous serons citoyens français el nous garnisons sur la frontières des Alpes.

révolutionnaire .

La Savoie est érigée jouirons de tous les avantages attadlés • Lors de la Seconde Guerre mondiale, en département du Mont-Blanc.

à ce titre glorieux.

Plus de contingents ! la Savoie passe sous contrôle italien en • Après avoir résisté pendant quatre ans plus de gardes mobiles ! Nos enfants novembre 1942.

Dès lors, elle devient sur les Alpes , les troupes piémontaises enrôlés depuis sept ans seront un bastion de la Résistance comme sont battues par Bonaparte en 1796 .

immédiatement libérés.[ ...

] le rappelle la tragédie du .,quis En signant l'armistice de Cherasco, Nous aurons le sel à 3 sous le kilo ; des Glières (31 janvier -26 mars 1944) .

Victor-Amédée Ill cède formellement notre agriculture sera encouragée la Savoie à la France.

En 1798, la France el deviendra florissante .

Nous ne annexe Genève .

L'année suivante , est paierons plus au Piémont 12 millions créé un département du Léman, avec par an, dont la moitié se dépensait Genève comme chef -lieu, qui inclut en Italie, sans avantage et sans profit le nord de la Savoie- excepté Annecy- pour nous.[ ..

.

) et le pays de Gex, prélevé sur l'Ain.

Tout prendra chez nous une nouvelle • Victor-Emmanuell " (1802-1821) , vie: nos industries seront encouragées, qui s'est maintenu en Sardaigne durant nos mines exploitées , nos cours d 'eau toute l'épopée napoléonienne, rentre utilisés; nos eaux minérales verront en possession de ses États au lendemain accourir les élrangetS.

[ ...

] de la défaite française à Waterloo (1815).

Chers concitoyens.

c'est la France qui Ce processus s'opère en deux temps.

nous appelle el nous tend les bras! En 1814, lors de la première abdication Répondons-lui ëMC enthousiasme .

de Napoléon, Genève recouvre son Que le 22 avril devienne une date autonomie et rejoint la Confédération impérissable dans l'histoire de suisse.

La Savoie fait l'objet d'un partage notre patrie .

étonnant qui suscite la colère de ses VIVe l'Empereur ! Vive la France ! habitants : la France conserve en effet VIVe la Sawie française ! • • En 1947 , la Savoie connaît une dernière -et légère -modification de ses frontières avec l'Italie , en faveur de la France, aux abords des cols du Petit-Saint-Bernard et du Mont-Cenis.

• Il subsiste aujourd'hui en Savoie, comme en Corse , au Pays basque ou ou en Bretagne, un courant séparatiste animé par la Ligue savoisienne.. »