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L'abolition du servage en Russie

Publié le 17/01/2022

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      Introduction   Qu'est-ce que le servage ? Ce mot vient du latin servus, esclave. Les jurisconsultes latins ont rattaché servus à servare, comme étant l'homme pris à la guerre, conservé et non tué ; des étymologistes modernes se sont aussi rangés à cet avis ; mais servus pourrait tout simplement venir du verbe servire. Le serf est donc celui qui ne jouit pas de la liberté personnelle, et ne dispose ni de sa personne, ni de son bien.   Le despotisme éclairé et l'expansion révolutionnaire française ont aboli le servage avant 1815 dans la majeure partie de l'Europe, mais il subsiste en Russie jusqu'en 1861 sous des formes rigoureuses, souvent plus proches de l'esclavage personnel que de l'asservissement à la terre. Ce système propre à la Russie s'est constitué au cours du XVIII°siècle, sous les règnes des tsars réformateurs de la dynastie des Romanov, Pierre Ier le Grand et Catherine II, à contre-courant donc du reste de l'Europe.

« service militaire sont 487 000, soit au total 1 090 000 avec leurs familles.

2.

La condition de serf La condition des serfs des domaines privés se confond souvent avec celle des esclaves : malgré l'interdiction deles aliéner sans la terre (1833), nombre de seigneurs en difficulté vendent ou hypothèquent leurs paysanscomme ils le feraient d'objets inanimés.

D'autre part, les serfs ne sont pas uniquement employés au travail de laterre.

Ce sont des domestiques, des artisans ou commerçants qui conservent leur statut servile et versent àleurs maîtres une partie de leurs salaires et profits.

Ils constituent une main-d'œuvre des mines et usines.

Cesont des ouvriers agricoles employés par les propriétaires des riches terres ukrainiennes pour des travauxsaisonniersAinsi, être serf relève d'une condition complexe des paysans, relevant à la fois du servage, de l'esclavage, et dusalariat 3.

L'organisation sociale Où qu'ils aillent et quelle que soit leur affectation, les serfs restent liés à la communauté villageoise, dont le mir estl'organe administratif, responsable, dans tous les cas, de l'acquittement par la communauté rurale de ses obligationsmilitaires et fiscales, et dans certains cas, de la répartition des parcelles et de l'organisation du système de culture.En échange de la jouissance de l' usadba (maison et dépendances), les paysans fournissent au propriétaire noble des corvées ( barchtchina ) ou des redevances ( obrok ), en nature et surtout en argent. 4.

Un système archaïque et inefficace Le servage fournit certes une main-d'œuvre gratuite et fixe, mais c'est avant tout un obstacle à l'essor de la grandeculture dans le Sud, auquel fait défaut l'immense réservoir de main-d'œuvre rivé aux terres ingrates du Centre et duNord.

L'absence de propriété ou de jouissance perpétuelle des terres pour les paysans, le sentiment des grandspropriétaires que le revenu que leur procure le travail paysan est sans contrepartie constituent autant de freins àtout progrès agricole, qu'il s'agisse d'améliorer les terres ou les méthodes de travail (habitudes de routine, de basseproductivité…).

De plus, le servage ralentit l'expansion industrielle et commerciale (la reconversion est difficile), et conduit à lapaupérisation des masses paysannes : tandis que la pression démographique s'accroît, les terres attribuées auxfamilles tendent à diminuer de surface, surtout dans les riches steppes du Sud, et les débouchés urbains sontrestreints.

B) Une réforme de plus en plus pressante...

1.

Une prise de conscience particulièrement lente « Si nous ne nous résolvons pas à atténuer la cruauté de leur sort et à rendre leur situation moins intolérable, lesserfs ne manqueront pas, tôt ou tard, de se révolter contre notre volonté», écrit Catherine vers 1767.

Et de fait, larévolte de Pougatchev (1773-1774) lui donne raison.

La tsarine ne décide pas pour autant d'amorcer une réforme dustatut du serf : une méthodique et terrible répression est la seule réponse à cet incident.

Nicolas Ier est le premier à prendre des mesures en faveur des serfs et des paysans : protection des paysans del'Etat contre l'arbitraire des fonctionnaires, interdiction aux nobles non propriétaires d'acquérir des serfs, permissionaux propriétaires fonciers de céder aux serfs, par contrat, des parcelles en jouissance à vie… Mais il ne faut pas s'ytromper : ces améliorations sont dictées moins par un souci humanitaire que par des exigences économiques, leservage apparaissant de plus en plus comme une institution anachronique entravant le développement russe (pourles raisons que l'on a vues précédemment).

Le retard économique et l'archaïsme social du pays expliquent la politique d'autocratie et d'orthodoxie menée par letsar Nicolas Ier : les dirigeant ne prennent pas réellement conscience de cette situation durant toute la premièremoitié du XIX° siècle, ou s'ils s'en aperçoivent, ils s'en accommodent en estimant que la Russie est ainsi protégée duvirus révolutionnaire.

Toutefois, après la mort de son père en 1855, Alexandre II ne peut échapper aux réformes :une modernisation est indispensable.

2.

Montée du mécontentement Les troubles se multiplient : entre 1826 et 1854, on en dénombre plus de 700, dont la moitié semble être dirigée, enpartie, contre l'institution même du servage.

Pendant la guerre de Crimée (1854-1856), le mouvement prend de plusen plus d'ampleur : de Pétersbourg à Kherson, des centaines de milliers de paysans se soulèvent, ravivant lesouvenir de la révolte de Pougatchev (sous Catherine II, 1773-74).

La crainte d'une insurrection générale pousse lanoblesse et le nouveau tsar Alexandre II à hâter une réforme devenue indispensable.

3.

Deux exemples de combat contre le servage. »

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