L'Amérique du sud
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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La “ Conquista ” s'était en somme déroulée grâce à des entreprises particulières en dehors du gouvernement royal.A partir du milieu du XVIe siècle, une nouvelle phase commence, celle de l'organisation.
On peut essayer de superposer en imagination à la carte actuelle de l'Amérique latine celle des régions connues et organisées vers 1550 E038M1 . Le Brésil est à part : par suite du traité de Tordesillas (1494) qui partageait le monde entre l'Espagne et le Portugal, il se trouve sous la dominationportugaise et y restera en fait malgré la fusion passagère des deux couronnes.
Le reste du continent est divisé en deux vice-royautés : celle deNouvelle-Espagne, l'actuel Mexique, se prolongeant par la “ Terre Ferme ”, c'est-à-dire les États de notre Amérique centrale, la Colombie du Nordet le Venezuela et auquel sont rattachées les Grandes Antilles.
Le vice-royaume du Pérou pour sa part englobait, outre le Pérou contemporain, laColombie dans sa plus grande partie, l'équateur, la Bolivie et la moitié Nord du Chili.
Plus tard, au XVIIIe siècle, apparaît la vice-royauté de LaPlata, futurs Uruguay et Argentine.
Les deux vice-rois, dont l'un résidait à Mexico et l'autre à Lima, personnages dont la littérature a toujours aimés'emparer, étaient nommés par le roi d'Espagne pour un temps en principe limité.
Ils avaient un pouvoir exécutif etlégislatif, nommaient les gouverneurs des différentes provinces à côté de qui sont installés très tôt de puissantstribunaux : les Audiences (la première apparaît en 1527).
Au-dessous, une foule “ d'officiers ” : administrateurs,juges, collecteurs d'impôts qu'on serait tenté de traiter de fonctionnaires mais qui achetaient leurs charges et ne sefaisaient pas faute de se livrer à toutes sortes de trafics.
Bref, une lourde machine administrative était mise en place, tout entière aux mains des Espagnols parmi lesquels sedessinaient des rivalités : entre noblesse d'épée et “ lettrés ” des audiences, entre créoles nés aux Indes etEspagnols fraîchement débarqués.
Que devenait la masse des Indiens ? Elle forme en elle-même un élément de richesse pour les nouveaux arrivants et,comme telle, allait subir une exploitation forcenée.
De leurs expéditions contre les communautés indiennes qui refusaient de se soumettre, les “ Indiens de guerre ”, lesEspagnols ramenaient un certain nombre d'esclaves.
Dans les encomiendas , comme autrefois dans les seigneuries féodales, les populations qui s'y trouvaient englobées se virent soumises au “ tribut ”, c'est-à-dire diversesprestations en nature, poudre d'or, produits agricoles, cotonnades, et à l'obligation d'un travail gratuit qui permettraaux Espagnols de disposer d'un stock considérable de main-d'œuvre.
Ils l'emploieront surtout dans les mines d'argentet aussi dans les premières exploitations agricoles et les premiers ateliers de tissage.
Il fallait organiser au mieux le travail forcé des vaincus.
Mais la domination espagnole sur un monde nouveau avaitun autre aspect : la monarchie madrilène était chargée de contrôler l'évangélisation des Indiens en vertu du“ patronage des Indes ” que lui avait confié le pape en 1508.
Les ordres religieux, franciscains, dominicains,augustins et ensuite jésuites, sont préposés à cette œuvre de “ conquête spirituelle ”.
Il faut “ extirper l'idolâtrie ”et pour y parvenir on s'attaque aux croyances les plus anciennes des Indiens.
Des ordonnances furent prises par les vice-rois pour faciliter l'évangélisation en regroupant les populationsdispersées dans des “ réductions ” ou “ missions ”.
Cette répartition des Indiens se confond avec les droits desencomenderos à réquisitionner leur main-d'œuvre.
Durement décimés par la Conquête, sans résistance aux abus de la colonisation, s'adaptant difficilement à denouveaux genres de vie, les Indiens eurent encore à souffrir de terribles épidémies, de variole en particulier.
Ils nepossédaient aucune immunité contre les microbes apportés d'outre-Atlantique, fussent ceux du rhume de cerveau,pour eux mortel.
Ces causes multiples expliquent une chute spectaculaire de la population indigène qui tombe,d'après certaines estimations, de vingt-cinq millions en 1520 à moins d'un million et demi, soixante quinze ans plustard, soit une diminution de 95 %.
Cependant, des voix s'élèvent pour dénoncer la condition faite aux Indiens.
Le dominicain Bartolomé de Las Casas P1958 (1474-1566) se fait leur défenseur acharné.
S'appuyant sur la nouvelle philosophie thomiste, il poursuit en Espagne une polémique passionnée qui aboutit à la rédactionde la Nouvelle Loi des Indes en 1542 La liberté des Indiens est reconnue en principe, les communautés indiennes et espagnoles doivent entre radicalement séparées et l' encomienda est condamnée.
Cette belle construction juridique, toute à l'honneur de la conscience chrétienne, freinera le pillage systématique.
L' encomienda finira par disparaître.
Les rois d'Espagne, et théoriquement leurs administrateurs, se poseront en protecteurs des Indiens vis-à-vis des colons, successeurs des encomenderos .
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la structure économique des terres conquises s'organise et se stabilise.L'Amérique espagnole devient un domaine d'exploitation.
Après l'avalanche d'or rencontrée par les conquistadores, ce sont les mines d'argent dont la découverte etl'exploitation constituent la principale et fabuleuse richesse des nouvelles colonies.
Au Pérou, Potosi, “ la montagne d'argent ”, à quatre mille mètres d'altitude dans les Andes, est exploité par unefoule d'entrepreneurs de mines qui disposent de la main-d'œuvre indienne réquisitionnée par le système de la mita . L'État fournit le mercure dont il a le monopole et qui est nécessaire au procédé nouvellement découvert del'amalgame.
Il perçoit le quint , cinquième partie de la production, laquelle s'élève, au moment de l'apogée à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, à deux cents tonnes d'argent par an.
Au Mexique, de nouvelles mines ne cessent d'entre découvertes, d'abord dans le Sud, comme à Taxco, puis plus au.
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