L'armée de Charlemagne
Publié le 01/09/2013
Extrait du document
En 772, Charlemagne lance contre les Saxons la première d'une longue série d'expéditions. Le roi des Francs a hérité d'un royaume restauré et consacre tous ses soins à l'étendre. Pour ce faire, il a mis sur pied une armée puissante et bien organisée.
C
haque printemps voit dé-buter une nouvelle cam-pagne. L'armée carolingienne n'est pas permanente : à l'au-tomne, les opérations termi-nées, chaque guerrier rentre chez lui avec sa part de butin. Elle n'est pas non plus très nombreuse ; pour chacune de ses expéditions, Charlemagne ne convoque pas la totalité des hommes libres, les (ranci homines. Pour combattre les Maures en Espagne, il fait appel aux Aquitains et aux Gascons ; contre les Saxons, il enrôle les Francs de l'est et du nord du royaume ; contre les garnisons byzantines d'Italie, il envoie les Lombards.
«
Un service militaire
obligatoire
Le roi dispose du soutien
des guerriers de son entou
rage proche, auxquels le
LA PANOPLIE
DU GUERRIER CAROLINGIEN
Un casque, un écu (en bois, garni de cuir et renforcé de
bandes de fer), une lance à traverse (qu'on retire
aisément du corps de
l'adversaire), une grande
épée à double tranchant
et à pointe arrondie (on
frappe de taille, non d'estoc), une épée courte (sorte de
coutelas) : tel est l'armement ordinaire du guerrier
carolingien.
Les fantassins
les
plus pauvres ont bien du
mal à rassembler cet
équipement, qui coûte très cher.
A ceux qui se
présentent parfois munis
d'une simple hache ,
Charlemagne demande de
se procurer au moins un arc .
Les cavaliers défilent sur
deux rangs, la lance sur
l'épaule droite, l'épée et le
coutelas à la ceinture, le bouclier sur le dos, vêtus d'un long manteau retenu par une
agrafe et retombant sur la selle.
Leurs escadrons précèdent les pelotons de
fantassins aux jambes emprisonnées dans des bandes molletières et aux
chaussures retenues par de fortes lanières croisillonnées.
Cette cavalerie , qui
supplantera peu à peu
l'infanterie, semble
invulnérable, équipée comme
elle l'est de la longue épée
en fer et surtout de la
fameuse brogne, un
justaucorps en cuir recouvert
d'écailles métalliques.
En 779, soucieux de garder à
ces hommes cette supériorité
technique, Charlemagne
interdira l'exportation des
brognes hors du royaume
franc.
lient des relations de com
pagnonnage et dont le rôle a
été décisif quand ses ancê
tres étaient maires du palais .
Mais , en temps de guerre, la
garde rapprochée de ces fi
dèles vassaux ne suffit pas .
Aussi le gros de l'armée est
il constitué par les hommes
qui , dès l'âge de douze ans,
sont astreints à un se rvice
militaire .
Tous les grands
propriétaires doivent équi- o
per à leurs frais des troupes ~
composées de leurs paysans .
L'armée de Charlemagne est
fort impressionnante, ainsi
qu 'en témoigne le chroni
queur Notker de Saint-Gall :
«Alors ils virent Charles qui
semblait un homme de fer :
un casque de fer couvrait sa
tête , des manches de fer
couvraient ses bras, une cui
rasse de fer protégeait sa
poitrine de fer et ses larges
épaules, une lance de fer
était dans sa main gauche,
car sa main droite ne quittait
pas son invincible épée ...
Devant lui, autour de lui ,
derrière lui, tous avaient un
aspect identique et por
taient la même armure .
Les
rayons du soleil étaient
reflétés par le fer.
»
Cette armée de fer - qui
peut être soutenue par des
navires croisant en Méditer
ranée - se révèle sur terre
un instrument de conquête
efficace.
Mais elle constitue
aussi une excellente force
de dissuasion .
li arrive sou
vent que l'ennemi, vivement
impressionné par les colon
nes bardées de métal des
guerrier s francs, renonce à
engager le combat !
Un roi et un guerrier
En terre ennemie, les troupes
de Charlemagne dressent des
camps à la romaine et des for
teresses pour les garnisons
permanentes.
La discipline
est sévère .
Les razzias ne relè-
vent pas d' initiatives person
nelles, mais d'une stratégie
destinée à démoraliser l'ad
versaire .
Le commandement
est confié aux ducs, choisis
parmi les comtes .
Cette char
ge ducale ne dure que le
temps d'une guerre et, la paix
revenue, le comte reprend ses
activités de fonctionnaire
royal au sein de son comté.
Les fils du roi - Charles en
Saxe, Pépin en Italie et, plus
tard , Louis en Espagne - sont
eux aussi amenés à prendre
un commandement, de même
que le comte Thierry, parent
de Charlemagne .
Le souverain en personne
conduit son armée à l'assaut
des Pyrénées en 778, de la
Bavière en 785, de la Saxe en
784, en 794 et en 796.
li parta
ge souvent la vie des camps,
profitant de ces occasions où
de nombreux grands se trou
vent réunis auprès de lui pour
tenir des assemblées .
Tant que durent les grandes
guerres menées par le roi des
Francs , ces « plaids » (p/acitum
genera/e) constituent les princi
paux moyens de gouverne
ment, lorsque les opérations
contraignent les troupes à
d'incessants déplacements,
de l'Èbre à l'Elbe, de la Frise
au
Bénévent ..
»
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