Devoir de Philosophie

Laurent de Médicis

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Devant le portrait de Laurent de Médicis, peint vers 1485 par D. GhirlandaioA1200, le visiteur de l'église florentine de Santa Trinita s'étonne d'abord que le terme de " Magnifique " ait pu être considéré comme particulièrement propre à définir le personnage qu'il a sous les yeux. Il voit une espèce d'aventurier robuste, fort laid, aux traits pesants, au front étroit, dont le nez épaté tombe sur une bouche trop grande. Puis, il est frappé par l'acuité du regard qui filtre sous les lourdes paupières, par l'expression sardonique des lèvres serrées, par la vitalité secrète de ce visage tourmenté Il commence à deviner alors qu'il se trouve en présence d'un être complexe et que le mot de MachiavelL127 n'est pas une simple boutade : " On voyait en lui, comme par une impossible union, s'unir deux hommes différents. "             L'oeuvre politique de Laurent avait été préparée par CosmeP228 de MédicisP228 (1389-1464), son grand père. Dès 1434, celui-ci avait substitué au régime oligarchique un pouvoir personnel qui respectait les apparences de la liberté chère aux Florentins, tandis qu'en signant la paix de Lodi (1454), il avait assuré le triomphe de cette politique d'équilibre entre les cinq grandes puissances italiennes qui durera jusqu'en 1494. Mais c'est sous le bref gouvernement de Pierre le GoutteuxP2345 (1416-1469) que Laurent fit son apprentissage des affaires politiques. Il s'initia à la diplomatie au cours de ses ambassades à Milan (1465), à Rome et à Naples (1466), et de nouveau à Milan (1469). Il mesura les dangers de la tyrannie en luttant aux côtés de son père contre les conjurés réunis autour de Luca Pitti (1466). Sans montrer en ces occasions une lucidité, une habileté et un courage exceptionnels, il sut acquérir une indiscutable autorité auprès de ses concitoyens, en même temps que son mariage avec Clarice Orsini, issue d'une vieille et puissante famille romaine, consacrait la grandeur des Médicis aux yeux de l'étranger. Aussi, quand Pierre mourut (décembre 1469), prit-il sans difficulté sa place à la tête de la République.

« Devant le portrait de Laurent de Médicis, peint vers 1485 par D.

Ghirlandaio A1200 , le visiteur de l'église florentine de Santa Trinita s'étonne d'abord que le terme de “ Magnifique ” ait pu être considéré comme particulièrement propre à définir le personnage qu'il a sous les yeux.

Il voit uneespèce d'aventurier robuste, fort laid, aux traits pesants, au front étroit, dont le nez épaté tombe sur une bouche trop grande.

Puis, il est frappé parl'acuité du regard qui filtre sous les lourdes paupières, par l'expression sardonique des lèvres serrées, par la vitalité secrète de ce visage tourmentéIl commence à deviner alors qu'il se trouve en présence d'un être complexe et que le mot de Machiavel L127 n'est pas une simple boutade : “ On voyait en lui, comme par une impossible union, s'unir deux hommes différents.

” L'œuvre politique de Laurent avait été préparée par Cosme P228 de Médicis P228 (1389-1464), son grand père.

Dès 1434, celui-ci avait substitué au régime oligarchique un pouvoir personnel qui respectait les apparences de la liberté chère aux Florentins, tandis qu'en signant la paix de Lodi(1454), il avait assuré le triomphe de cette politique d'équilibre entre les cinq grandes puissances italiennes qui durera jusqu'en 1494.

Mais c'estsous le bref gouvernement de Pierre le Goutteux P2345 (1416-1469) que Laurent fit son apprentissage des affaires politiques.

Il s'initia à la diplomatie au cours de ses ambassades à Milan (1465), à Rome et à Naples (1466), et de nouveau à Milan (1469).

Il mesura les dangers de latyrannie en luttant aux côtés de son père contre les conjurés réunis autour de Luca Pitti (1466).

Sans montrer en ces occasions une lucidité, unehabileté et un courage exceptionnels, il sut acquérir une indiscutable autorité auprès de ses concitoyens, en même temps que son mariage avecClarice Orsini, issue d'une vieille et puissante famille romaine, consacrait la grandeur des Médicis aux yeux de l'étranger.

Aussi, quand Pierremourut (décembre 1469), prit-il sans difficulté sa place à la tête de la République.

Pendant les neuf premières années de son gouvernement, il chercha à devenir, selon l'expression de Guichardin L1416 , “ l'arbitre de Florence ”.

Il avait volontiers recours à cette brutalité calculée dont les régimes de force se servent pour épouvanter leurs adversaires.

Il traita avec uneimpitoyable rigueur les habitants de Volterra qui s'étaient révoltés contre Florence (1472).

Il travaillait aussi à donner aux institutions une formemieux adaptée à l'exercice du pouvoir personnel.

La principale magistrature de la ville, qui ne restait en fonctions que deux mois, était la Seigneurie,composée du Gonfalonier de Justice et des huit Prieurs des Arts.

Ses décisions devaient être approuvées par le Conseil de la Commune, le Conseildu Peuple et le Conseil des Cent, créé en 1458 par Cosme P228 .

Dès 1472, Laurent imposa une vaste réforme.

Le Conseil des Cent, dont la composition avait été soigneusement revue, et un nouveau conseil de deux cents membres, le Conseil Majeur, formèrent deux espèces decommissions dictatoriales qui lui étaient entièrement soumises.

En même temps, il écartait du pouvoir les familles dont il n'était pas sûr et limitaitjalousement l'autorité des citoyens influents, pour favoriser la carrière d'hommes de basse extraction dont il pouvait exiger un entier dévouement.En politique étrangère, Laurent veilla d'abord à ne pas se départir d'une prudente neutralité, car il avait besoin, pour asseoir son crédit, d'entretenirdes rapports cordiaux avec tous les chefs d'État, ce qui n'était pas facile en raison de l'hostilité qui opposait le duc de Milan, Galéas-Marie Sforza,au roi de Naples, Ferrante d'Aragon.

Mais, à partir de 1474, Florence et le Saint-Siège se heurtèrent dans les Marches et en Romagne, où le papeSixte IV P2561 s'efforçait de créer une Seigneurie au profit de son “ neveu ” Girolamo Riario.

Les conflits qui éclatèrent ainsi placèrent Laurent dans une situation d'autant plus dangereuse qu'en décembre 1476 l'assassinat de Galéas-Marie Sforza lui avait enlevé un allié puissant.

Les haines qu'ils'était imprudemment attirées faillirent bientôt lui coûter la vie.

Les Pazzi, qu'il traitait en adversaires pour des motifs économiques et politiques, organisèrent contre lui une conspiration à laquelle s'associèrentles Salviati, autres rivaux des Médicis, Girolamo Riario et probablement aussi Sixte IV P2561 .

Le dimanche 26 avril 1478, dans la cathédrale, pendant la grand-messe, leurs hommes de main poignardèrent Julien, le frère de Laurent ; mais celui-ci parvint à échapper aux coups des assassins, lesconjurés ne réussirent pas à rallier le peuple à leur cause et plusieurs d'entre eux furent sauvagement exécutés par les partisans des Médicis.Prenant prétexte de la mort de Francesco Salviati, archevêque de Pise, qui avait été pendu aux fenêtres du Palazzo Vecchio, et de l'arrestation ducardinal Raffaello Riario, le pape excommunia Laurent, frappa Florence d'interdit et proclama la “ guerre sainte ” contre la République.Médiocrement défendue par les condottieri qu'elle avait engagés, mollement soutenue par Milan et par Venise, Florence ne pouvait pas résisterbien longtemps aux attaques conjuguées des troupes pontificales et des troupes napolitaines.

A la fin de 1479, la situation militaire était sidésespérée et si inquiétant le mécontentement qui se développait dans la ville que Laurent dut se rendre à Naples pour tenter de détacher Ferrantede Sixte IV P2561 .

Cette ambassade auprès d'un souverain perfide et cruel présentait moins de risques que ne le fit croire une habile mise en scène destinée à frapper l'imagination des Florentins, car elle avait été soigneusement préparée par les amis napolitains des Médicis, par Ludovic le More P2039 , le nouveau maître de Milan, et surtout par Louis XI P202 , fidèle allié de son magnifique “ cousin ”.

Elle prouve pourtant l'esprit de décision et les talents diplomatiques de Laurent qui, en mars 1480, rentrait à Florence plus grand qu'il n'en était parti.

En deux mois denégociations, il avait obtenu du roi un traité de paix honorable, qu'un peu plus tard le pape dut se résoudre à ratifier.

La perte de son frère et la conscience du péril avaient mûri Laurent, sans atténuer les contradictions dans lesquelles il se débattait.

Si sa longueliaison avec Bartolomea de Nasi, succédant à d'autres aventures, attestait qu'il continuait à être “ soumis tout entier au pouvoir de Vénus ”(Guichardin L1416 ), il eut aussi pour son épouse les égards que méritaient son affection maladroite et ses vertus revêches et manifesta une vive affection aux sept enfants qu'elle lui donna.

Malgré une robuste constitution qui lui permit de se livrer presque jusqu'à sa mort aux divertissementsphysiques qu'il aimait, en particulier à l'équitation et à la chasse, sa santé fut si précocement ébranlée par la goutte que, pendant de longuespériodes de la fin de sa vie, il ne pouvait se déplacer qu'en litière ; mais les atteintes de la maladie aiguisaient en lui le désir de jouir au plus vite detous les plaisirs de l'existence dont pourtant il ressentait l'amère vanité.

Bien qu'il aimât passionnément gouverner et qu'il prît un goût très vif à ladiplomatie, il traversait parfois des crises de lassitude si profondes qu'il rêvait de se retirer à la campagne dans un isolement méditatif.

Pour grandsque fussent son cynisme, sa susceptibilité et sa méfiance, il avait besoin de tendresse, appréciait l'amitié et était saisi de brusques envies de seconfier.

Quand l'âge eut usé sa hardiesse arrogante, il souffrit d'être privé par la mort ou l'éloignement des êtres qui lui étaient chers.

Il se mêlaitvolontiers aux gens du peuple, il savait les comprendre et leur parler, il gagna leur respect et peut-être leur affection ; pourtant il se souciait moinsde leur bonheur que de la grandeur de l'État, qu'il confondait avec la grandeur de sa maison et avec sa propre grandeur.

En 1480, l'essentiel dupouvoir fut confié à un Conseil des Soixante-dix, dans le sein duquel étaient choisies les commissions qui avaient la haute main sur les affairesétrangères (“ Huit de Pratique ”), la justice (“ Huit de Garde ”) et l'administration (“ Douze Procurateurs ”).

Membre de ce Conseil et de cescommissions, Laurent se trouva placé à tous les postes de commande.

On lui prêtait même le dessein de devenir le Seigneur de Florence, en sefaisant élire gonfalonier à vie dès qu'il aurait atteint l'âge de briguer cette dignité.

Son désir de commander “ à la baguette ” ( Guichardin L1416 ) fut servi par le prestige dont il jouissait dans toute la Péninsule.

La conquête de quelques places fortes aux frontières de la Ligurie ou de la Romagne représente l'aspect le moins nouveau de sa politique étrangère, dont l'horizon. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles