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Le 10 septembre 1926, A. Briand célébrait l'entrée de l'Allemagne à la S.D.N.

Publié le 19/10/2010

Extrait du document

briand

« Que penseraient les détracteurs de la Société des Nations s'ils assistaient à cette séance et croit-on que des événements comme celui-ci eussent été possibles, si la Société des Nations n'avait pas existé ? Quelques années seulement après une effroyable tourmente, alors que les

champs de bataille de l'Europe sont encore humides de sang, les mêmes peuples qui se heurtaient se rencontrent aujourd'hui et échangent leurs désirs réciproques de collaboration. Quelle espérance pour les peuples et pour les mères et comme j'en connais qui regarderont ce soir leurs enfants sans sentir leur coeur angoissé !

Pour l'Allemagne et pour la France en particulier, cette journée voudra dire : finie la série des rencontres sanglantes ; c'est fini la guerre entre nous, c'est fini les voiles de deuil et des souffrances qui ne s'apaiseront pas. (l'Assemblée éclate en vifs applaudissements.)

Plus de solutions sanglantes, c'est le juge, désormais, qui dira le droit et, comme les individus, nous irons devant le magistrat demander le règlement de nos différends. Arrière les fusils, les mitrailleuses et les canons, place à la conciliation, à l'arbitrage et à la paix. Un pays ne se grandit pas seulement par le succès militaire ; il se grandit davantage si, traversant d'énormes difficultés, il préfère patienter et demander au droit la consécration de la justice. «

 

D'après la presse du 11 septembre 1926.

Vous commenterez ce document en pensant aux points suivants :

1° L'événement dont se réjouit Briand est-il dans la ligne de la politique française vis-à-vis de l'Allemagne depuis les traités de paix ?

2° Objectifs et organisation de la S.D.N.

3° L'histoire de 1930 à 1939 a-t-elle justifié les espoirs que ce discours de Briand mettait dans la S.D.N. ?

 

briand

« un maître-mot.

La toute nouvelle Société des Nations offre le cadre nécessaire aux négociations entre les États quidoivent accepter ses « arbitrages ».

Cela suppose qu'il existe au-dessus de toute souveraineté nationale unejuridiction, « un juge qui dira le droit ».

C'est un esprit nouveau qui fait « place à la conciliation » qu'il s'agit decréer.• Le désarmement, gage de la paix.

— Mais la paix ne peut vraiment être garantie que si les grandes puissancesrenoncent aux armements dont elles disposent.

C'est le deuxième objectif que doit s'efforcer d'atteindre la S.D.N.

«Arrière les fusils, les mitrailleuses et les canons ! » proclame Aristide Briand, car, pense-t-il, c'est une fois que leshommes n'auront plus la tentation de recourir aux armes qu'ils accepteront plus facilement le recours à l'arbitrage.L'article 16 du « Covenant » prévoyait même des sanctions économiques et militaires dans le cas où un pays serendrait coupable d'agression. 3.

Des institutions internationales « pour demander au droit la consécration de la justice ».C'est à Genève que l'on a décidé de fixer le siège du nouvel organisme international, dans un pays, la Suisse, dont laneutralité et l'indépendance s'étaient affirmées et fortifiées au cours des siècles.

Chaque année, les États membress'y réunissent en une Assemblée générale.

Entre temps, un Conseil Permanent tient trois séances pour régler lesproblèmes en suspens, préparer l'assemblée générale.

Les cinq grandes puissances de l'époque, France, Royaume-Uni, États-Unis, Italie, Japon sont membres de droit (les U.S.A.

n'ont finalement pas fait partie de la S.D.N.).D'autres États membres (quatre puis huit) y siègent à tour de rôle.

Un Secrétariat, nommé par le Conseil Permanent,assure l'administration générale de la S.D.N.Mais le nouvel organisme international ne veut pas limiter son action aux simples relations diplomatiques, il entendaussi s'attaquer aux grands problèmes du monde.

C'est pour essayer d'améliorer les conditions de travail dans lemonde industrialisé que l'on a créé le Bureau International du Travail.

Pour faciliter les échanges culturels, on aorganisé à Paris un Centre international de coopération culturelle, ancêtre de l'UNESCO.

Deux autres organismesinternationaux sont rattachés à la Société des Nations : la Cour permanente de justice internationale de La Haye etla Banque des règlements internationaux de Bâle.Les vainqueurs comme les petites nations avaient mis tous leurs espoirs dans la S.D.N.

et ses objectifs généreux : «plus de solutions sanglantes ! », on « préfère patienter et demander au droit la consécration de la justice ». II - EN QUOI CETTE JOURNÉE DE 1926 EST-ELLE « UNE ESPÉRANCE POUR LES PEUPLES » ? Jusqu'en 1926, la S.D.N.

avait été le « club des vainqueurs ». La S.D.N.

a ses « détracteurs » et ses sceptiques.

Ces derniers, diplomates professionnels, doutaient déjà, aumoment de sa création, de sa capacité à régler un conflit grave.

Mais le reproche majeur que ses «détracteurs » pouvaient lui faire, c'était l'absence d'un certain nombre de pays importants comme les U.S.A.

etl'U.R.S.S.

et surtout celle de l'Allemagne.

Le Conseil Permanent est dominé par la France et le Royaume-Uni,bien que ces deux États ne s'entendent pas toujours sur la politique à suivre à l'égard de l'Allemagne, enparticulier à propos des réparations.

Surtout on remarque que l'existence de la S.D.N.

a été liée à la signaturedes traités de paix.

Elle a été chargée du contrôle de villes libres comme Dantzig, de la Sarre, de l'organisationde plébiscites dans les régions contestées et de la répartition des mandats internationaux sur les anciennescolonies allemandes. 1. L'admission de l'Allemagne : « un événement ».2. — « Ceux qui se heurtaient se rencontrent aujourd'hui ».

— Aristide Briand rappelle ici le demi-siècle de conflits qui opposèrent l'Allemagne à la France. « Finie la série de rencontres sanglantes » : deux guerres ont en effet ensanglanté les rapports franco-allemands.Pour la France, la défaite de 1870 avec la perte de l'Alsace-Lorraine avait laissé se développer durant plus dequarante ans le désir d'une revanche.

Cet antagonisme fut, en partie, à l'origine des deux blocs ; de leuraffrontement devait sortir la guerre de 1914-1918 qui vit s'opposer, pendant quatre ans sur le sol français, lesarmées des deux pays. Mais la paix n'a pas permis l'apaisement.

« Le règlement de nos différends » n'est pas toujours passé par unepolitique de conciliation.

La mauvaise volonté que manifesta la nouvelle République de Weimar pour régler lesréparations de la guerre provoqua une réaction brutale de la France et même l'occupation militaire de la régionindustrielle de la Ruhr en 1923. — Mais « c'est fini de la guerre entre nous ».

— En 1924, le plan Dawes avait réglé, pour un temps, l'épineux problème des réparations.

Les conditions d'une détente étaient remplies avec le retour d'Aristide Briand au poste deministre des Affaires étrangères.

Pacifiste convaincu, il était désireux d'améliorer nos relations avec le Royaume-Unien amorçant un rapprochement avec l'Allemagne.

C'était rompre avec la politique suivie par la France depuis la finde la guerre.

La France n'avait pas voulu se fier à la parole allemande pour la reconnaissance de ses frontières ; elleavait préféré la garantie internationale des grandes nations et l'abaissement de la puissance militaire allemande.

Maispouvait-il en être autrement dans un traité imposé au vaincu ?. »

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