Le combat Ides Trente
Publié le 03/10/2018
Extrait du document
En mars 1351, le capitaine Robert de Beaumont s'apprête à assiéger la cité bretonne de Ploërmel. Mais la place est imprenable. Il propose alors à son adversaire de régler l'affaire entre chevaliers. Ce sont donc soixante hommes qui vont s'affronter lors du plus sanglant mais aussi du plus retentissant tournoi du Moyen Âge. Depuis le printemps 1341, le duché de Bretagne a sombré dans une guerre de succession qui oppose le clan des Montfort à celui des Penthièvre. La lutte s'est peu à peu muée en une véritable guérilla, faite d'escarmouches et de coups de mains, compliquée par l'intervention des Anglais et de mercenaires à la solde du plus offrant. Aux malheurs de la guerre s'ajoute bientôt le fléau de la peste qui, à partir de 1348, vient décimer des populations aux abois. Chaque camp ne cherche plus qu'à défendre ses places fortes et abandonne l'idée de lancer de vastes offensives. Tout au plus organise-t-on, sans grande conviction, quelques expéditions contre les bastilles adverses. Un tournoi plutôt qu'un siège C'est ainsi qu'à la mi-mars 1351, le capitaine Robert de Beaumont, qui commande le château de Josselin pour le compte des Penthièvre, se présente devant la cité de Ploërmel, tenue par une garnison anglo-bretonne, avec la ferme intention de
«
vent dans un champ clos, au
lieu-dit « le Chêne de Mi-Voie ».
Un défi strictement
réglementé
Les règles du défi sont strictes .
Seuls
les chevaliers engagés
sont autorisés à combattre .
Dans chaque camp, cinq
à che
val et les autres à pied .
Nulle
aide ne peut venir de l'assistan
ce, sous peine de la corde .
Par
contre l' armement est libre :
dague, épée, hache, voire -
et
c'est le choix de messire Huche
ton de Clamaban -faux munie
de redoutables crochets.
Au signal, les soixante guerriers
se ruent à l'assaut dans un chaos
d 'armes
entremêlées et d'ar
mures entrechoquées .
Le
public retient son souffle et
admire sans partage de «telles
prouesses d'
armes aussi
bien
que tous fussent Roland ou Oli
vier
».
Les hommes de Bran
denbourg prennent l'avantage ,
laissant sur
le carreau trois
adversaires.
Mais la fortune
change de camp.
I..:Allemand,
désarçonné par un violent coup
de lance, mord la poussière.
Il ne se relèvera plus.
C'est alors
qu'on sonne la «pause ».
Les
guerriers, exténués, certains
blessés, comptent leurs morts
en
se désaltérant de vin frais :
deux chez
les Angle-Bretons, un
chez
les Français .
Exploit chevaleresque
ou meurtrier
divertissement
?
Mais bientôt le combat à mort
reprend.
Beaumont, qui lutte à
présent à pied, reçoit un
méchant coup d'
épée .
li vacille ,
puis se relève, plus déterminé
que jamais.
I..:issue de la mêlée
est incertaine et les Angle-Bre
tons décident de se former en
carré .
Serrés
les uns contre les
autres, ils présentent
à l'adver
saire une masse redoutable
contre laquelle viennent se bri
ser les assauts désordonnés des
Français.
Mais le sire
de Mon
tauban, seul encore
en
selle , ne
l '
entend pas ainsi .
Il charge le
carré ennemi
qui se disloque
sous le choc.
Ses compagnons
s 'engouffrent aussitôt dans
la
brèche, taillant et fauchant leurs
adversaires désemparés,
qui ne tardent pas à se rendre.
·Les sur
vivants, fourbus et blessés, ras
semblent leurs dernières forces
pour ramasser leurs morts : neuf
chez
les Angle-Bretons, six chez
les Français .
Le combat des Trente ,
relaté
par maints chroniqueurs, de
Jean le Bel à Froissart, qui le
magnifièrent
tel un modèle de
l 'engagement chevaleresque,
eut un incroyable retentisse
ment.
Les survivants devinrent
de véritables héros populaires
dont les cicatrices forç aient l'ad
miration et rappelaient à tous
les prouesses .
Mais certains ,
notamment parmi les clercs, ne
louaient guère ce vaniteux et
meurtrier divertissement d'une
chevalerie oisive et avide
d 'honneurs, et priaient Dieu
« pour qu 'elle ne soit pas dam
née au jour du Jugement » ...
1fjB EDI TIO NS i:i! ATLAS
L'ÉTHIQUE
DU CHEVALIER
C'est à partir du XW siècle qu'est progressivement codifiée l'éthique chevaleresque, en même temps que naît un engouement certain pour les romans qui narrent les exploits du roi Arthur ou ceux de Lancelot.
Ce code repose sur quelques vertus cardinales.
Tout d'abord le courage que le prétendant est invité à montrer lors de la cérémonie de l'adoubement.
La loyauté et l'altruisme ensuite, qui imposent au chevalier de servir fidèlement sa cause ou celle de son suzerain.
Progressivement , le chevalier devient aussi « courtois », protecteur et serviteur du beau sexe.
On comprend l'importance que revêt alors pour lui le tournoi, lieu d'excellence, d'exploits
et de séduction..
»
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