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Le commerce au Moyen Âge

Publié le 09/11/2018

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LA LETTRE DE CHANCE

 

Cet ancêtre du chèque bancaire permet une opération à la fois de change et de crédit : le signataire autorise le bénéficiaire à être remboursé plus tard, en un autre lieu et en une autre monnaie que celle en laquelle a été faite la transaction. Exemple : «Vous paierez par cette lettre à messire X dans son office de Lyon la somme de 472 livres de Paris, qui valent 900 écus. Signé : messire Y. » La lettre de change permet au signataire (messire Y) de ne pas avancer immédiatement l'argent; elle évite au bénéficiaire (messire X) de transporter de grosses sommes d'argent liquide, puisqu'il se fait payer directement chez lui (dans notre exemple, à Lyon).

UNE ACTIVITÉ LONGTEMPS MORIBONDE

À partir du Ve siècle, les vagues d'invasion (Germains, Scandinaves, nomades des steppes eurasiatiques) qui se succèdent mettent à mal le commerce de la Rome impériale : le réseau de routes romaines n'est plus entretenu; la sécurité n'est plus assurée; la monnaie circule mal.

Durant le haut Moyen Âge, les villes d'Europe jouent un rôle mineur dans la société. Les cités épiscopales ont certes une influence politique, mais leur importance économique, en raison de la faiblesse du commerce et de l'artisanat, est quasi nulle. On croise quelques marchands itinérants de luxe, souvent orientaux. La Méditerranée est fermée sur elle-même, sous contrôle des sarrasins.

 

L'Europe des Francs et de Charlemagne a peu de produits exportables vers le monde islamique et vers l'Empire byzantin, plus riche et plus raffiné : du bois, des armes, des esclaves.

Une exception : le commerce viking Au IXe siècle, des comptoirs commerciaux tels Ribe et Hedeby

(Danemark, sud du Jutland - dès le viiie siècle, Ribe commerce avec la Frise et la région du Rhin), Birka (sur une île du lac Malar, à l'ouest de Stockholm) et Sciringesheal (sud-ouest d'Oslo) échangent entre eux, mais aussi avec les ports de la Baltique et le comptoir franc de Dorestad (près de l'embouchure du Rhin). La fourrure est le grand moteur des exportations.

LES CAUSES DU RENOUVEAU

À partir du IXe siècle et surtout du xi' : reprise du commerce maritime de l'Europe du Nord avec Byzance (Amalfi, Salerne, Venise) et le monde arabo-musulman. L’essor commercial est rendu possible par plusieurs facteurs :

La croissance démographique

En 1226, à l'avènement de Louis IX (futur Saint Louis), la France comptait environ 13 millions d'habitants. Autour de Paris, de Laon ou des villes flamandes, la densité dépassait 50 hab./km2.

La route de la soie

 

Déjà, les Romains importaient la soie de Chine par voie de terre à travers l'Empire parthe (l'Iran actuel). Après l'effondrement de l'Empire romain d'Occident, la fondation de Bagdad en 762 et le développement de l'Empire abbasside stimulent à nouveau la demande de soieries. Les commerçants arabes quittent le golfe Persique à bord de leurs navires et poussent jusqu'à Canton en profitant des moussons. On garnit les cales d'autres produits de luxe : épices, perles, porcelaines, camphre, carapaces de tortues, bois précieux, etc. Il faut compter une bonne année pour l'aller-retour. À partir du xie siècle, les croisades mais aussi la hausse des taxes prélevées par les commerçants arabes vont amener les marchands d'Occident, essentiellement des Génois et des Vénitiens (dont la famille Polo), à développer les routes des caravanes vers l'Inde et la Chine.

« LA LETTRE DE CHANGE LA MDIITERRANtE Cet ancêtre du chèque bancaire permet le commerce est tenu par les grandes une opération ~ la fois de change et de cités portuaires d'Italie du Nord : crédit: le signataire autorise le Venise, Gênes , Pise.

Venise conserve ses bénéficiaire ~ être remboursé plus tard, liens privilégié s avec Byzance.

les en un autre lieu et en une autre Vénitiens, pour avoir soutenu monnaie que celle en laquelle a été l'empereur byzantin dans sa lutte faite la transaction .

Exemple : «Vous contre les Normands (Robert Guiscard) paierez par cette lettre à messire x dans et les pirates arabe s de l'Adr iatique , son office de lyon la somme de obtiennent des privilèges considérables 4721ivres de Paris , qui valent 900 écus.

(bulle d'or d'Alexis l") : liberté de Signé : messire Y.» La lettre de change navigation, tarifs douanier s permet au signataire (messire Y) de ne préférentiels , droits d'ou vrir des pas avancer immédiatement l 'argent ; entrepôts , etc.

elle évite au bénéficiaire (messire X) de • les croisades stimulent le commerce transporter de grosses sommes de Venise, de Gênes et de Pise : les cités d 'argent liquide, puisqu'il se fait payer italienne s mettent leur flotte au service directement chez lui (dans notre des croisés , en échange de privilèges exemple, à lyon) .

commerciaux.

Elles ont leur s quartiers , f------------~ avec comptoirs, entrepôts (fon dach i) et les nouvelles techniques financières se diffusent plus ou moins vite en Europe .

À Toulouse , le simple usage des chiffres commerce marit ime, des contrats permettent aux associés de partager à l'avance risques et profits : le contrat de commenda permet à un commanditaire d'ava ncer l'argent nécessaire au marchand .

En cas de perte, le commanditaire perd tout.

En cas de gain, il est remboursé de son avance et reçoit sa part des bénéfices (en général 75%).le contrat desocietas (ou col/egantia) permet au commanditaire d'avancer les deux tiers des fonds nécessa ires, le marchand fournissant le tiers restant.

S'il y a perte, elle est répartie dans les même s proportion s; s'il y a bénéfice, chacun en perçoit la moitié.

En général, un contrat est valable pour un voyage aller-retour, guère au-delà.

LES PROGRÈS DE LA NAVIGATION A partir du Xlii' siècle, des inventions se diffusent, qui augmentent la vitesse des navires : gouvernail d 'étambot, voile latine, bous sole, amélioration des cartes.

Mais les techniques de construction navale limitent la capacité des bateaux : les lourdes cogges de la Hanse ou les galères vénitiennes ne dépas sent pas un millier de tonneau x; la plupart n'atteignent pas la moitié .

TROIS CArtGORIES DE VILLES PROFITENT PARTICUUÈREMENT DE CET ESSOR • les villes de commerce international : en Italie, Venise, Gênes et Florence ; en Flandres , Bruges; en Allemagne , Cologne et lübeck .

•les centres artisanaux: en Flandres , Gand et Ypres; en Italie, Milan.

• les capitales : Naples en Italie, Paris en France.

LES GRANDS RÉSEAUX COMMERCIAUX Trois grands réseaux commerciaux se mettent en place -la Méditerranée, l'Europe du Nord , les foires de Champagne - , sur lesquels se greffe la route de la soie .

églises, sur tout le pourtour méditerranéen .

• Itinéraire d'un groupe de marchands génois au XIV' siècle : ils quittent l'Italie avec, en cales, des étoffes, du bois, des armes et des métaux.

Destination Tuni s, puis Tripoli , en longeant la côte ou bien avec escales par les îles (Corse, Sardaigne, Sicile) .

Ensuite Alexan drie (Égypte ), où ils embarquent des produits de l'industrie locale et des importations orientales .

Puis la Syrie (Saint-Jean-d 'Acre , Tyr, Antioche ) pour prendre voyageurs, pèlerins e t marchandi ses venus d 'Orient par caravanes.

Enfin , Chypre et Famagouste : le grand centre de transit des épices.

D'autre s escales sont prévues : Phocée pour l'alun , Chio pour le vin et le mastic (base de liqueur , pate dentifrice ), Byzance , puis le comptoir de Cafta, au bord de la mer Noire, pour récupérer les marchandises venues de Russie et d'Asie: blé, fourrure s, poisson , soie, esclaves, etc.

Enfin, retour vers l'Italie avec vente d 'une partie des marchandises en chemin (Sino pe, Trébizonde ).

L'EUROPE DU NORD les incursions normandes ont déstabilisé l'Europe septentrionale et centrale.

Mais , à partir du X li' siècle, les villes allemande s ne tardent pas ~ restaurer leur réseau autour de la Baltique .

Ces villes -Cologne , Brême , lübeck , Hambourg , Dantzig , etc.- de la Han se teutonique achètent des fourrure s et des harengs , de la poix et et de l 'ambre du Nord, et vendent du drap et du sel.

L'essentiel du trafic est assuré par quatre grands centres : Novgorod (Russie), Bergen (Norvège) , londres et Bruges .

Au Xli' siècle se développent les foires d'Utrecht , de Cologne , de Trèves, d'Ypres et de lille.

À la fin du Moyen Âge, l'axe Rhin ­ Danube prend une importance croissante.

LA CHAMPAGNE À la fin du X li' siècle, les foires de Champagne sont devenue s l'intermédiaire entre Europe du Nord et Méditerranée , grace à l'initiative des comtes de Champagne comme Thibaud le Grand et Henri le Libéral (1152-1181).

On compte six foire s tournantes qui, se succédant, occupent toute l'année : lagny Ganv .-févr.) , Bar (ma rs-avr.), Prov ins (foire de Mai, mai-juin), Troyes (foire de la Saint-Jean, ou «foire chaude», juilL-août), puis de nouveau Provins (foire de Saint-Ayoul , sept ­ nov. ) etlroyes (Saint-Rém i, ou «foire froide», nov. -déc.).

les banquiers italiens venus de Florence , de lucque s et de Sienne financent les transactions en prélevant leur commission.

Sur les étals , on échange les draps flamand s contre les fourrures ou les épices .

À partir de la fin du X lii ' siècle, les Italien s préfèrent rallier directement l'Angleterre ou les Flandres par la mer , sans traverser le comté de Champagne .

Cette évolution cause le déclin des foires de Champagne.

le drap flamand est le grand moteu r de tous ces échanges.

À la fin du Moyen Âge, les Flandres sont devenues la plaque tournante du grand commerce, d'abord autour de Bruges, supplantée ensuite par Anvers .

En parallèle du grand commerce international , on trouve nombre de petits marchand s (épicier s, etc.) et colporteurs itinérants, dits «pieds poudreux », qui sillonnent localement les campagnes de Picardie, de Normandie ou de Castille , ainsi que des petits artisans-boutiquiers dans leur échoppe.

Ceux -là continuent de pratiquer le troc.

LA FOIRE DE PROVINS Provins est.

deux fois par an, la plus prestigieuse des villes de foire en Champagne.

Au Xli~ siècle, durant les six à sept semaines de la foire , l'activité est soigneusement réglementée .

Au tout début un crieur annonce la parité des monnaies, c'est-à-il ire leur valeur de change ; elle sera valable durant toute la foire .

les dix premiers jours sont consacrés ~ la vente des textiles (draps flamands, soieries, etc.) D'abord , on se contente d'exhiber les toiles (c'est la« montre») , puis vient le moment des marchandages .

les douze jours suivants sont consacrés au commerce des peaux et cuirs.

Enfin, tout le reste : épices, orfèvrerie, armes, huiles , chevaux, etc.

Pour payer, il faut souvent recourir aux changeurs : 120 gros de Venise (une monnaie d'argent) peuvent ainsi valoir 50 sous de Provins .

les temps, les marchands ont fini par faire construire à Provins des elllrepôts nec CliVe volth.

lA ROUTE DE LA SOIE Déjà , les Romains importaient la soie de Chine par voie de terre ~ travers l'Empire parthe ( l'Iran actuel ).

Après l'effondrement de l 'Empire romain d'Occident, la fondation de Bagdad en 762 et le développement de l'Empire abbasside stimulent à nouveau la demande de soieries.

les commerçants arabes quittent le golfe Persique à bord de leurs navires et pous sent jusqu'à Canton en profitant des moussons.

On garnit les cales d 'autre s produits de luxe : épices , perles , porcelaines , camphre, carapaces de tortues , bois précieux , etc.

Il faut compter une bonne année pour l'aller-retour.

À partir du Xl' siècle, les croisades mais aussi la hausse des taxes prélevées par les commerçants arabes vont amener les marchands d 'Occident , essentiellement des Géno is et des Vénitiens (dont la garantit qualité métrage .

Un drap passe entre les mains d'une trentaine d'artisan s différents.

À la fin du Moyen Âge, les innovations techn iques et les moulins textiles concurrencent les Flandres , dont le rôle économique décline.

LE SEL les Han séates descendent chercher le sel dans les marais salants de la baie de Bourgneuf (Vendée).

Pour se prémunir contre les pirates , ils voyagent en convois de plusieur s dizaines de navires.

guerre de Cent Ans qui oppose Françai s et Anglais , une zone neutre est déterminée pour les pêcheurs entre estuaire de la Seine et pas de Cala is.

la techn ique de l'encaquage (stockage dans des tonneaux de sel) permet de conserver les poissons durablement.

En Scandinavie , les poissons sont le plus souvent simplement séchés, une méthode de conservation peu onéreu se qui ne f onctionne efficacement que dans les pays froids .

la principale séche rie est installée dans les îles lofoten .

LE BOIS les troncs sont flottés sur les grands axes fluviaux: le Pô et ses affluents en Italie du Nord, le Rhône en France.

LES tPICES Ce terme désigne toute une gamme d 'herbe s pour la cuis ine, la parfumerie, la pharmacopée, la teinturerie, etc.

: blocs de camphre, b atons de cannelle , noix de muscade , poivre , encens ..

.

En raison des taxes exorbitantes prélevées par les Chinois Gusqu'à 30%), du coût et du risque des voyages, les épices valent une fortune .

les Danois , qui jouissent d'une excellente réputation en matière d 'élevage, exportent des chevaux.

Sur les foires de Champagne , on trouv e des montures venues de lombardie , d ' Allem agne ou de Frise .

En parallèle se vend ent mules et anes, très prisés comme animaux de bat.

L'ALUN le sulfate double d 'aluminium et de pota ssium est un mordan t textile , un produit chimique qui permet à la teinture de tenir sur les fibres .

le miner ai est extrait de gisements de schiste (alun naturel en Auvergne, en Bavière rhénane , aux alentours de Naples , etc.) ou se fabrique en grillant les schis tes dans un four (alun factice ).

LES FOURRURES l'un des plus importants produits d'exportation du Nord .

Si l'on trouve des animaux à fourrure dans toute l'Europe, les plus belles fourrures viennent des pays aux hivers les plus froids .

Martres, zibelines , écureuils , loutres , castors mais aussi ours sont chassés par les lapons , les Scandinave s et les Finnois .

LES ESCL AVES Ce sont en majeure partie des Slaves razziés par les Vikings et revendus (Rouen est un marché actif durant le haut Moyen Âge) .

la reine franque Bathilde , épouse du roi Clovi s Il, est une anci enne esclave anglo-saxonne offerte au souverain par le maire du palais Grimoald .. »

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