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Le fascisme de Mussolini

Publié le 02/09/2012

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A partir de 1935, le régime se durcit. La guerre d'Éthiopie, l'intervention italienne dans la guerre d'Espagne, le rapprochement avec l'Allemagne hitlérienne engagent l'Italie sur la voie d'une politique extérieure ambitieuse dont elle n'a pas les moyens économiques ni militaires. Le pays s'installe dans une véritable économie de guerre, La population est conviée à participer à l'effort national: incitée à restreindre volontairement sa consommation lors de la guerre d'Éthiopie, elle est, dès 1939, soumise à un strict rationnement de la viande, de l'essence, de l'électricité. En même temps, le pouvoir personnel de Mussolini se raidit; en 1939, il supprime la Chambre des députés et la remplace par une chambre des Faisceaux et Corporations, renforçant ainsi les liens entre le politique et l'économique, Surtout, le régime change de sens sous l'impulsion d'Achille Starace, secrétaire général du Parti depuis 1931, le fascisme veut imposer au peuple italien le style de l' « homme nouveau «, viril, sportif, déterminé, A cet effet, Starace engage de véritables campagnes contre le mode de vie « dévirilisant« de la bourgeoisie décadente et renforce· l'autorité du Parti sur les organisations de jeunesse. En même temps, à l'exemple de l'Allemagne nazie, une « législation de défense de la race« est instaurée contre les juifs en 1938, mais l'application de la loi raciale, qui comporte d'ailleurs de nombreuses dérogations, reste limitée et l'Italie ne bascule pas dans le racisme. Cette évolution rompt peu à peu le consensus qui s'était établi en faveur du régime, A partir de 1931, des conflits doctrinaux surgissent au sujet de l'éducation de la jeunesse que le Pape reproche à l'État fasciste de « monopoliser«. Cependant, pour ne pas remettre en cause les accords du Latran, Pie XI ne condamne pas formellement le fascisme mais, inquiet du rapprochement avec le nazisme qu'il dénonce solennellement en 1937, il envisage une rupture possible; son successeur, Pie XII, élu en février 1939, se montre plus conciliant. Sans pour autant constituer une opposition, une large partie de l'opinion catholique se détache du régime. Il en est de même de nombreux fidèles de la monarchie, militaires, aristocrates, qui craignent une déposition du roi par Mussolini. Dans le parti fasciste, et jusque dans l'entourage de Mussolini, s'affrontent les luttes de clan et règne la corruption.

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« Parallèlement, des troubles agraires se déchaînent dans tout le pays: menés par leurs dirigeants syndicaux - socialistes mais aussi catholiques, parfois des prêtres - lespaysans occupent les terres incultes, comme les y autorise une loi de 1919.

Mais ils revendiquent aussi le partage des latifundia.

Les propriétaires- constituent desminces, et l'agitation tourne à la guerre civile en Sicile et dans la plaine du Pô.Aux élections de 1919, socialistes et catholiques populaires ont obtenu la majorité, mais, fondamentalement opposés dans leurs principes, ne cherchent pas às'entendre pour imposer les réformes.

L'Italie reste donc dirigée par les partis de gouvernement traditionnels, qui se refusent à tout changement, mais se révèlentégalement incapables de maintenir l'ordre.

Effrayées, les classes possédantes ne voient d'autre issue que d'appuyer un groupement politique d'abord insignifiant, maisbientôt résolu à s'opposer fermement à la poussée révolutionnaire, les fascistes menés par Mussolini..2.

L'installation du fascisme.• l'offensive fasciste,Mussolini et les « fasci ».Le mouvement fasciste apparaît comme une expression typique du désarroi de l'Italie d'après-guerre : de même, l'itinéraire politique de Mussolini témoigne de laconfusion entretenue dans les esprits par l’exaltation de la violence.

Né en Romagne en 1883, fils d'un forgeron anarchiste qui tenait aussi un cabaret « Au rendez-vous de toutes les têtes chaudes! », Benito Mussolini grandit dans un milieu pauvre.

Devenu instituteur à force de privations, il doit, pour échapper au servicemilitaire, s'exiler en.

Suisse où il fait plusieurs séjours en prison pour propagande subversive.

Rentré en Italie en 1908, il milite parmi les socialistes et devient, en1912, directeur de leur journal, l'Avanti, où il développe des idées pacifistes.

Mais, en 1914, il change brusquement d'opinion, et fonde, sans doute grâce auxsubsides de l'ambassade de France, le journal Popolo d'Italia, qui réclame l'intervention au côté des Alliés.

Mussolini fait la guerre, y est grièvement blessé.

En 1919,il reprend la direction de son journal dans lequel il exige une place de choix en Italie pour les' anciens combattants, adopte les thèses les plus nationalistes, maisréclame aussi des mesures sociales par surenchère envers le parti socialiste qui l'a exclu; il mène de vigoureuses campagnes contre la dégradation de l'État etpréconise un régime fort.Le 23 mars 1919, à Milan, il fonde les premiers Faisceaux italien de combat (fasci), groupant pêle-mêle des anarcho-syndicalistes, des nationalistes d'extrême droite,et surtout des anciens combattants.

Le terme de fasci est ambigu : à la fin du XIX· siècle, il avait désigné en Sicile des groupes de paysans révoltés et présente doncune connotation révolutionnaire, mais Mussolini fait aussi référence au faisceau de licteurs antiques, « symbole de l'unité, de la force, de la justice ».

Le programmeest vague et surtout démagogique: aux élections de 1919, les candidats fascistes et leur chef lui-même, le « Duce» Mussolini, connaissent la défaite.Mussolini ne désespère pas.

Cherchant les raisons de son échec, il constate le manque de discipline du mouvement.

Aussi transforme-t-il les Faisceaux en formationsparamilitaires : les fascistes constitueront des milices, les « squadre » leurs membres, les « squadristi », porteront la chemise noire, symbole du deuil de l'Italie ; ilsseront armés et encadrés par des officiers et devront obéir aveuglément au Duce.

Mussolini se consacre désormais entièrement à la conquête du pouvoir, faisantalterner opportunisme et intransigeance. La violence fasciste et la prise du pouvoir. Les fascistes tirent parti de la Situation anarchique de l'Italie pour s'imposer.

Leur but est à la foi d’abattre leurs adversaires socialistes et communiste de démontrer lafaiblesse des mouvements libéraux et de se poser en seuls défenseurs efficaces de l' ordre social.

Dès le milieu de 1920, les milices fascistes entreprennent des« expéditions punitives ».

Les locaux des organisations politiques et syndicales d'extrême gauche sont pillés et incendiés, leurs dirigeants abattus, ou, dans lameilleure hypothèse, humiliés publiquement, contraints d'ingurgiter de l'huile de ricin et bâtonnés; tous ceux qui ne saluent pas assez vite les fanions des squadristisubissent le même sort : le gourdin « manganello » devient un symbole de l'activisme et de la virilité fascistes.

Le plus souvent, les autorités locales, terrorisées oucomplices, laissent faire.

Déclenchée dans la région de Trieste et la plaine du Pô, l'agitation a, au début de 1921, gagné l'Italie entière.En même temps, les bases du mouvement fasciste s'élargissent.

Par son opposition systématique au régime, il devient le point de ralliement des mécontents : ainsi lesFaisceaux passent-ils de 20 000 adhérents en 1919 à 320 000 en 1921.

Toutefois, le mouvement est encore désordonné et anarchique, les squadristi sont souvent desbandes armées aveuglément dévouées à des chefs locaux: pour ne pas effrayer les classes possédantes et assurer la discipline des Faisceaux, Mussolini les réorganiseen novembre 1921 par la création du Parti national fasciste.

Longtemps inquiets de sa démagogie révolutionnaire, les industriels et les propriétairesfonciers lui apportent désormais une aide financière.

Le parti fasciste crée ses propres syndicats: recrutant ses membres parmi les innombrables chômeurs, il lesutilise comme briseurs de grèves au profit du patronat.L'Italie est donc prise entre la menace d'une révolution bolchevique et la réaction nationaliste et fasciste.

De nombreux modérés ne voient cependant dans le fascismequ'une flambée passagère: momentanément utile comme contrepoids au communisme, il sera ensuite aisé de l'absorber dans le système parlementaire.

Giolitti tente lamanœuvre par une dissolution de la Chambre et de nouvelles élections en 1921 : Mussolini est élu à Milan sur une liste groupant des candidats gouvernementaux etdes fascistes.

Peu après, Giolitti est renversé par une coalition des extrêmes.

Ses successeurs sont inconsistants, et l'absence de majorité parlementaire stable paralyseles institutions.Dès lors l'offensive fasciste redouble de violence.En juillet 1922, sa pression est suffisante pour faire avorter un mouvement de grève générale décidé par l'extrême gauche.

Mussolini prépare alors un coup de force,qui doit en cas de nécessité être appuyé par une marche sur Rome des milices fascistes.

Le 26 octobre il adresse au gouvernement un ultimatum exigeant le pouvoir.Le 30, le roi Victor-Emmanuel III, effrayé, charge le Duce de constituer un ministère.

Le lendemain, l'affaire s'achève en apothéose par le défilé à Rome des «chemises noires» qui n'ont rencontré aucune résistance: la marche sur Rome deviendra la première grande date de la légende fasciste. • La mise en place d’un régime autoritaire. Mussolini veut d'abord donner l'impression d'une détente.

Il conserve la monarchie et la façade parlementaire : la Chambre des députés, exception faite des socialisteset des communistes, lui accorde les pleins pouvoirs.

Son premier gouvernement ne comprend que 4 fascistes sur 13 ministres.

Mais Mussolini prépare avec soin lesélections de 1924 : la « coalition nationale », en réalité presque exclusivement fasciste, emporte les trois quarts des sièges; cependant, malgré les violences dessquadristi pendant la campagne électorale, les principaux chefs de l'opposition sont élus.Dè's l'ouverture de la session, le socialiste Matteotti prononce un réquisitoire contre les méthodes fascistes, les fraudes électorales et réclame l'invalidation des élus dela majorité.

Le 10 juin 1924, Matteotti est enlevé et assassiné.

Préparé dans l'entourage immédiat de Mussolini, que des députés accusent de complicité, l'assassinatde Matteotti provoque en Italie une intense émotion: toute la presse non fasciste exige la lumière sur l'attentat, des manifestations s'organisent en mémoire de lavictime.

A la Chambre, l'opposition décide de ne plus siéger en manière de protestation : c'est, selon une expression romaine, le « retrait sur l'Aventin » mais, tropattachés à la légalité, ces parlementaires ne savent donner à leur protestation une véritable résonance populaire.Le fascisme paraît cependant ébranlé.

Mussolini fait front.

Il place à la tête du parti fasciste un adepte déterminé de la violence, Roberto Farinacci, qui écarte lestièdes et les dissidents.

Dans toute l'Italie, reprennent les exactions fascistes, auxquelles l'opposition ne répond que par des pétitions et des manifestes.Mussolini porte alors l'estocade.

A partir de 1925, des « lois de défense de l'État», mises au point par le ministre de la Justice Alfredo Rocco, et connues sous le nomde « lois fascistissimes », organisent l’autorité de l’Etat.

Le Duce est désormais responsable devant le roi seul, et peut légiférer par ordonnances ; le Conseil desministres devient consultatif et le Parlement perd tout pouvoir réel.

Un service de police politique, l'O.

V.R.A.

(Organisation volontaire pour la répression del'antifascisme) est adjoint aux milices fascistes.

La presse, la radio, le cinéma sont soumis à une censure stricte.

Le délit d'opinion est établi et les peines prévues enmatière politique renforcées.

Les syndicats et organisations politiques non fascistes sont interdits.

En 1926, tous les députés de l'opposition sont déchus de leurmandat.

L'administration, l'armée, l'enseignement, sont épurés.L'opposition est muselée.

Arrestations, assignations à résidence et déportations la déciment.

Le dirigeant communiste Gramsci demeure en prison de 1926 à sa mort,en 1937.

D'autres opposants notoires s'exilent, le socialiste Pietro Nenni, les modérés Nitti et Sforza, le communiste Togliatti, le catholique don Sturzo.

Les écrivainsAlberto Moravia et Benedetto Croce se tiennent à l'écart du nouveau régime.Le fascisme s'est donc imposé par l'intimidation et la violence.

Il doit aussi son succès aux erreurs de ses adversaires : les grèves incessantes et le plus souventinfructueuses ont émoussé la combativité d'une classe ouvrière qui manque encore de maturité politique.

La carence, parfois la complaisance, des gouvernementsmodérés ont facilité l'extension des agressions fascistes.

De plus, le régime parlementaire n'avait pas de racines profondes dans l'Italie.

La lassitude générale et lespremières réalisations sociales du régime mussolinien amèneront très vite la soumission de l'Italie.• Le régime fasciste.Les origines doctrinales du fascisme.« Le fascisme est pragmatique.

Il n'a pas d'a priori ni de buts lointains [ ...

1 Nous autres, fascistes, nous n'avons pas de doctrine préconstituée: notre doctrine, c'est le. »

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