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Le jugement d'Hoover sur le New Deal

Publié le 26/02/2011

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À l'occasion des élections présidentielles opposant Roosevelt à Landon, Hoover prononce, le 30 octobre 1936, ce discours publié le lendemain par le «New York Times«. « ... Le New Deal s'attaque aux institutions démocratiques en Amérique. Tous les hommes qui recherchent aujourd'hui le pouvoir dans le monde racontent la même histoire. Ils promettent tous les joies du paradis sans effort. Mais leur philosophie est basée sur la contrainte et l'organisation obligatoire de l'homme. Un gouvernement véritablement libéral est basé sur l'émancipation des hommes... J'ai mis les gens en garde contre cette philosophie du gouvernement, il y a quatre ans, le cœur lourd d'anxiété au sujet de l'avenir de notre pays... Et cette mise en garde était basée sur le terrain solide de ma connaissance des idées auxquelles M. Roosevelt et ses chers collègues avaient secrètement adhéré, en dépit de la plateforme démocrate. Ces idées n'étaient pas nouvelles... Pendant mes quatre années de présidence, des groupes puissants faisaient retentir des idées semblables... tous nous accusaient d'être des «réactionnaires«. J'ai repoussé la notion du monopole des grandes affaires et la fixation des prix. Cela n'aurait servi qu'à étouffer les petites et moyennes entreprises en les enrégimentant sous l'aile de leurs aînées. L'idée était née dans un certain milieu des grandes affaires et elle grandit jusqu'à devenir le NRA (1). J'ai rejeté les projets de planning économique pour enrégimenter et contraindre l'agriculteur. Cette idée, venue d'un despote romain, avait grandi jusqu'à devenir l'AAA. J'ai refusé la planification nationale destinée à mettre le gouvernement en compétition avec ses propres concitoyens dans le domaine économique. Ceci nous est venu de Karl Marx. (1) Administration chargée de l'application du NIRA.  

J'ai opposé mon veto à l'idée d'un relèvement économique par de vastes dépenses pour amorcer la pompe. L'idée venait d'un professeur anglais. J'ai envoyé promener l'idée de centraliser l'assistance aux chômeurs à Washington, à cause de mes expériences politiques et sociales. J'ai rejeté d'autres projets qui tendaient à supprimer les droits des États et à centraliser tous les pouvoirs à Washington. Ces idées venaient des radicaux américains (1). J'ai arrêté les tentatives d'inflation monétaire. Ç'eût été un vol envers ceux qui avaient des dépôts de caisse d'épargne et envers les travailleurs. C'était une idée du premier Brain Trust. J'ai rejeté tout cela parce que non seulement cela aurait retardé le redressement économique, mais parce que je savais que finalement cela enchaînerait les hommes libres. « Herbert HOOVER, Address, 30 octobre 1936 Le candidat pourra soit répondre directement aux questions posées, soit rédiger un devoir composé en y intégrant les réponses aux questions.

Le candidat pourra soit répondre directement aux questions posées, soit rédiger un devoir composé en y intégrant les réponses aux questions.    Questions    1. Evoquez brièvement le contexte politique dans lequel se situe ce discours.    Présentez rapidement son auteur et F. D. Roosevelt.    2. Expliquez les mots ou expressions soulignés.    3. Relevez, en les regroupant par thèmes, les accusations portées par Hoover contre le New Deal.    4. Que pensez-vous des arguments d'Hoover, en vous appuyant sur votre connaissance du New Deal et de ses résultats?   

« (1) Courant minoritaire à gauche des partis traditionnels. • Hoover, dans son discours, fait sans cesse référence à ce qu'il a lui-même «refusé», «rejeté», etc., au cours deson mandat.

Mais le candidat n'a évidemment pas à exposer l'action de Hoover. développement Introduction • Au début du mois de novembre 1936, doit se dérouler la nouvelle élection présidentielle américaine.

Cette électionrevêt une importance primordiale : elle est cette fois plus qu'une simple et habituelle confrontation entre deuxcandidats (Roosevelt et Landon) ou deux partis.

Quatre ans après la première élection de Roosevelt, c'est en effetle New Deal lui-même qui est en cause et, au-delà encore, le peuple américain est appelé à trancher entre deuxorientations économiques : le libéralisme ou capitalisme sauvage et le capitalisme corrigé par l'intervention de l'Étattel que l'a pratiqué Roosevelt. • L'importance du débat explique que, sans être lui-même candidat, l'ancien président Herbert Hoover viennesoutenir Landon qui a bénéficié de l'investiture de la convention républicaine.

En prenant position, c'est sa propreconception économique libérale, celle qu'il a mise en pratique lorsqu'il était président, qu'il défend. • Le discours de Hoover, dont la violence polémique s'explique en partie par l'âpreté de la campagne électorale,insiste sur deux thèmes.

D'abord, il condamne le New Deal comme non-conforme aux normes américaines.

Puis, pointpar point, il critique les grandes mesures de la politique rooseveltienne. I.

Le New Deal accusé de ne pas être « américain » 1.

Des atteintes aux libertés constitutionnelles américaines L'ex-président Hoover s'attache d'abord à démontrer que le New Deal n'est pas véritablement conforme à l'esprit quia présidé à l'élaboration de la constitution américaine.

Cette référence ne manque pas d'habileté quand l'on songe àrattachement porté par la grande majorité des Américains à leur constitution qui, mis à part une vingtained'amendements, est restée pratiquement inchangée depuis sa proclamation.

L'Amérique s'est voulue, depuis safondation, pays de liberté : liberté des individus mais aussi liberté des États par rapport à l'État fédéral.

Or, selonHoover, le New Deal porte atteinte à ces deux libertés fondamentales. • La liberté économique des individus est entamée : en effet, la planification, la fixation des prix, violent lesprincipes de libre entreprise et de libre concurrence. • La liberté des États est également remise en cause par l'intervention croissante de l'Etat fédéral.

En effet, l'Etat fédéral entreprend des actions à l'échelon national(assurances sociales, jgrands travaux) avec l'argent des contribuables de tous les Etats.

Cette pratique, selon laconception libérale de Hoover, a pour résultat de venir en aide aux États les moins dynamiques avec l'argent desÉtats qui, grâce à leurs efforts et à leur initiative, ont su, mieux que les autres, résoudre la crise. Ces deux arguments ne sont pas nouveaux.

Ce sont eux qui ont permis à la Cour Suprême, en général hostile auNew Deal, de condamner l'AAA et le NIRA, jugés anti-constitutionnels. 2.

Des perfidies polémiques Cette prise de position « constitutionnaliste » de Hoover inspirée par une conception, a priori acceptable, de lacivilisation américaine, est accompagnée de «coups bas» polémiques qui s'apparentent, pour le moins, à de la bassedémagogie et à de la malhonnêteté intellectuelle. • L'appel au chauvinisme.

Hoover assortit ses remarques de brèves notations xénophobes, scandées à la fin de laplupart des alinéas.

Il fait allusion à Mussolini, «despote romain», à Karl Marx, à Keynes, «professeur anglais».

Ilsemble que Hoover essaye ici de s'appuyer sur la mentalité isolationniste qui a tant marqué l'Amérique des annéesvingt et qui a culminé lors de l'affaire Sacco-Vanzetti.

Le New Deal est donc présenté comme une « inventionétrangère » destinée à corrompre la véritable Amérique.

Sous d'autres formes, c'est le slogan «Keep the "Reds" outof América» qui est repris ici. • La duplicité de Roosevelt est également suggérée.

Hoover veut, en effet, opposer la «plateforme», c'est-à-dire leprogramme présidentiel démocrate telle qu'elle était présentée à la veille des élections et les véritables optionsplanificatrices (qui n'existaient, à l'époque, qu'en URSS) «auxquelles Roosevelt et ses chers collègues avaientsecrètement adhéré».

La perfidie apparaît quand on se rappelle l'anti-soviétisme violent qui avait cours alors auxÉtats-Unis où l'opinion était convaincue de l'existence d'un vaste complot international fomenté par le Komintern.

Àpeu de choses près, Hoover suggère que Roosevelt est un agent de Moscou !. »

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