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Le Monde Musulman

Publié le 27/02/2008

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Au moment où les premiers croisés arrivent en Orient, dans les dernières années du XIe siècle, ils trouvent en face d'eux un monde musulman en plein bouleversement politique. Déjà un siècle auparavant, les Fatimides, dynastie qui s'est d'abord imposée en Afrique du Nord avant de s'emparer de l'Égypte et d'y fonder la ville du Caire (973), ont ébranlé l'empire des Abbassides de Bagdad : non seulement ils ont privé celuici de l'Égypte, de la Palestine et d'une partie de la Syrie, mais en outre, adversaires des califes de Bagdad sur le plan religieux (ils adhèrent au schisme musulman du chi'isme alors que les Abbassides pratiquent l'Islam orthodoxe ou sunnisme), ils mettent en cause l'autorité des califes et l'unité du monde musulman. Par ailleurs, aux confins orientaux de l'empire, en Transoxiane, en Afghanistan, en Iran oriental, le pouvoir califal se désagrège, au profit de dynasties locales qui, pour assurer leur domination, font appel à des mercenaires turcs venus du Turkestan et rapidement convertis à l'Islam. A leur tour ces mercenaires supplantent leurs maîtres et fondent à la fin du Xe siècle le premier grand État turcmusulman, celui des Ghaznévides qui rayonne sur le Khorassan, l'Afghanistan et l'Inde occidentale. D'autres tribus turques pénètrent par la suite dans le monde musulman et l'une d'elles, celle des Seldjoukides, l'emporte sur les Ghaznévides qui sont rejetés vers l'Inde. Les Seldjoukides étendent leur action vers l'ouest et deviennent les maîtres du Khwarezm et de l'Iran (1042 1051). A la suite d'une tentative des Fatimides de s'emparer de l'Irak et d'éliminer le calife abbasside, celuici fait appel aux Seldjoukides, alors seule force capable de s'opposer au souverain du Caire : c'est courir un nouveau risque, celui de voir les Turcs dominer militairement et politiquement l'État abbasside ; et de fait, Toughril beg, leur chef, pénètre dans Bagdad le 15 décembre 1055, devient le protecteur du calife et reçoit le titre de sultan, ce qui lui donne la possibilité et le droit de diriger les affaires politiques de l'État au nom du calife.

« Au moment où les premiers croisés arrivent en Orient, dans les dernières années du XIe siècle, ils trouvent en face d'eux un monde musulman enplein bouleversement politique.

Déjà un siècle auparavant, les Fatimides, dynastie qui s'est d'abord imposée en Afrique du Nord avant des'emparer de l'Égypte et d'y fonder la ville du Caire (973), ont ébranlé l'empire des Abbassides de Bagdad : non seulement ils ont privé celuici del'Égypte, de la Palestine et d'une partie de la Syrie, mais en outre, adversaires des califes de Bagdad sur le plan religieux (ils adhèrent au schismemusulman du chi'isme alors que les Abbassides pratiquent l'Islam orthodoxe ou sunnisme), ils mettent en cause l'autorité des califes et l'unité dumonde musulman.

Par ailleurs, aux confins orientaux de l'empire, en Transoxiane, en Afghanistan, en Iran oriental, le pouvoir califal se désagrège,au profit de dynasties locales qui, pour assurer leur domination, font appel à des mercenaires turcs venus du Turkestan et rapidement convertis àl'Islam.

A leur tour ces mercenaires supplantent leurs maîtres et fondent à la fin du Xe siècle le premier grand État turcmusulman, celui desGhaznévides qui rayonne sur le Khorassan, l'Afghanistan et l'Inde occidentale.

D'autres tribus turques pénètrent par la suite dans le mondemusulman et l'une d'elles, celle des Seldjoukides, l'emporte sur les Ghaznévides qui sont rejetés vers l'Inde.

Les Seldjoukides étendent leur actionvers l'ouest et deviennent les maîtres du Khwarezm et de l'Iran (1042 1051).

A la suite d'une tentative des Fatimides de s'emparer de l'Irak etd'éliminer le calife abbasside, celuici fait appel aux Seldjoukides, alors seule force capable de s'opposer au souverain du Caire : c'est courir unnouveau risque, celui de voir les Turcs dominer militairement et politiquement l'État abbasside ; et de fait, Toughril beg, leur chef, pénètre dansBagdad le 15 décembre 1055, devient le protecteur du calife et reçoit le titre de sultan, ce qui lui donne la possibilité et le droit de diriger les affairespolitiques de l'État au nom du calife.

Désormais, et pour de nombreux siècles, l'histoire des Musulmans d'Orient est le fait des Turcs et non pluscelui des Arabes.A Toughril beg, mort en 1063, succède son neveu Alp Arslan qui lance les premières expéditions contre l'Arménie, la Syrie duNord et l'Asie Mineure.

En 1070, il s'empare d'Alep et en août 1071 triomphe à Mantzikert, en Arménie, du souverain byzantin Romain Diogène :cette défaite des Grecs ouvre aux Turcs les portes de l'Asie Mineure.

L'offensive menée par Alp Arslan, puis par son fils Malik Chah (10721092)permet aux Seldjoukides de dominer depuis le Kirman et la Transoxiane à l'est, jusqu'à la Syrie et la Palestine à l'ouest.

Toutefois, ce jeune empireseldjoukide connaît rapidement des difficultés dans ses provinces orientales, et des luttes fratricides pour la conquête du pouvoir affaiblissent sapuissance ; la dynastie s'est cependant maintenue pendant un siècle en Irak et en Iran, jusqu'à la mort de Toughril III en 1194.Si un tel empire a puainsi se constituer, c'est que d'une part il a rencontré des circonstances favorables : amoindrissement des Abbassides et anarchie au sein ducalifal fatimide durant la seconde moitié du XIe siècle ; d'autre part, il a su utiliser au mieux l'enthousiasme guerrier et religieux des Turcs et mettreen place une administration admirablement organisée par le grandvizir Nizam alMoulk qui a exposé ses méthodes de gouvernement dans leSiyasetnamé (le Livre du Gouvernement).

L'armée seldjoukide est formée de la garde personnelle du sultan et des troupes des émirs ; en échange de leur titre et de l'octroi de la perception de l'impôt sur un territoire déterminé pour une durée fixée (iqta'), ceuxci doivent entretenir une troupearmée qui peut être requise à tout moment par le souverain seldjoukide.

En revanche, les fonctionnaires civils sont, dans leur grande majorité,Arabes ou Iraniens.

Les Seldjoukides ont maintenu en place la plupart des fonctionnaires, car ils ne disposaient pas par euxmêmes d'un personnelqualifié.

Ces fonctionnaires sont, à partir du vizirat de Nizam alMoulk, formés et instruits dans des écoles spécialisées, les médressés ; leur chef est le grandvizir, qui a sous sa responsabilité les finances, l'administration, la justice et les affaires religieuses.

Outre les fonctionnaires indigènes, ildispose aussi d'un certain nombre de mamelouks (esclaves) qui peuvent accéder à tous les échelons de la hiérarchie ; ils sont généralement d'une fidélité à toute épreuve et constituent un contrepoids à la présence d'Arabes et d'Iraniens dans l'administration.A la suite de la bataille deMantzikert, profitant de la situation trouble qui s'est établie en Asie Mineure, des tribus turques font irruption en Arménie et sur le plateau centralanatolien, repoussant vers le nord et l'ouest les populations grecques.

Parmi ces tribus se trouvent celle des Danichmendides, qui s'installe dansla région de Sivas (Sébaste) et Kayseri (Césarée de Cappadoce), et surtout celle conduite par un cousin du sultan Alp Arslan, le SeldjoukideSuleyman ibn Koutloumouch qui, contre l'aide fournie à différents candidats au trône de Byzance, obtient la cession de villes et de provinces enAnatolie centrale, la ville de Konya (Iconium) par exemple, et même, en 1081, reçoit d'Alexis Comnène la ville de Nicée.

Il parvient ainsi à seconstituer un État qu'il rend vite indépendant du sultan ; il trouve la mort peu après (1086).

Son fils KilidjArslan doit supporter le choc de lapremière croisade : en 1097 il est contraint d'abandonner Nicée, puis est battu à Dorylée et perd Konya.

Le souverain byzantin en profite pourreprendre aux Turcs une partie des territoires qui leur avaient été cédés vingt ans plus tôt.Si l'arrivée des croisés en Orient crée une situationnouvelle par le fait que, pour la première fois depuis les Romains, des Occidentaux prennent pied en Méditerranée orientale, pour les Musulmans ilne s'agit là que d'un épisode : seul l'adversaire a changé ; les Francs représentent maintenant l'ennemi.

Durant près d'un siècle, c'est contre eux queSeldjoukides, Zenghides, puis Ayyoubides dirigent leurs coups, d'abord dans un esprit de défensive ; plus tard, Zenghi reprend Édesse, et NouredDin réussit à faire l'union des Musulmans de Syrie et d'Irak ; quant à Salah alDin (le Saladin P291 des chroniqueurs occidentaux), il est l'artisan de l'éviction des croisés (1187) et rassemble sous son autorité l'Irak, la Syrie, la Palestine et l'Égypte, fondant la dynastie des Ayyoubides qui, bienque rapidement divisée en plusieurs branches, a connu néanmoins quelques brillants souverains comme alMalik al'Adil et surtout alMalik alKâmil (12181238) qui fut en relations avec l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen .

C'est aux Ayyoubides d'Égypte que se heurta Louis IX P201 lors de son expédition en Orient et c'est par eux qu'il fut fait prisonnier devant Damiette en 1248.

Sous cette dynastie, la Syrie et l'Égypte ont connu unegrande prospérité, en particulier grâce à un développement constant du commerce, favorisé par les souverains qui tinrent à entretenir de bonnesrelations avec les cités marchandes européennes, Venise et Gênes notamment.

Mais pour assurer la sécurité intérieure aussi bien que pourdéfendre les frontières, les Ayyoubides sont obligés d'avoir recours à des esclaves mercenaires qu'ils achètent en pays turc et caucasien.

Cesmercenaires, les mamelouks, prennent une place de plus en plus importante non seulement dans l'armée, mais aussi dans la direction des affairesde l'État et en 1250 l'un d'eux, Aybeg, devient pratiquement le maître de l'Égypte ; lorsqu'en 1257 il est assassiné, c'est son fils 'Ali qui lui succède :ainsi s'instaure la dynastie des Mamelouks qui a dirigé l'Égypte et la Syrie jusqu'à la conquête ottomane en 15161517.En Asie Mineure, après lepassage de la première croisade, les Turcs Seldjoukides, rejetés sur le plateau central, font d'abord alliance avec les Danichmendides et interdisentainsi toute nouvelle traversée de l'Anatolie par les croisés ; puis ils se tournent contre les Danichmendides et, après une lutte de plus d'undemisiècle, l'unité de l'Anatolie musulmane est réalisée par KilidjArslan II en 1176.

L'État des Seldjoukides d'Asie Mineure (ou de " Roum ") aconnu son apogée dans le premier tiers du XIIIe siècle, en particulier durant le règne de Kaïqobad Ier : le territoire des Turcs s'étend de la merNoire à la Méditerranée et du rebord occidental du plateau anatolien aux montagnes d'Arménie ; mise à part l'Anatolie occidentale, avec laBithynie et la zone égéenne, aux mains des Byzantins, le sultanat seldjoukide de Roum présente une préfiguration de la République turqueactuelle.L'œuvre essentielle des Seldjoukides a été de faire de l'Asie Mineure grecque la terre des Turcs.

Ils ont pour cela bénéficié d'une solideorganisation dynastique et administrative, soutenue par une armée qui a trouvé dans la conquête le moyen d'acquérir des terres et de s'y établir.L'État Seldjoukide est le bien de la famille : le plus influent ou le plus fort est choisi comme sultan et siège dans la capitale, Konya.

Les provincessont placées sous le commandement des proches parents du sultan, assistés de gouverneurs ; audessous d'eux les chefs militaires (les beys)administrent les terres conquises ; moyennant la perception des impôts dont une part importante est reversée au gouvernement central ilsentretiennent une troupe d'hommes armés dont le nombre est proportionnel à l'étendue des terres possessionnées : ce système devait donnernaissance par la suite à des dynasties locales.La population de l'Anatolie est très mélangée : on trouve des paysans grecs qui refluent vers l'ouest,. »

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