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Le Moyen-Orient

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

En 1799, Bonaparte avait audacieusement conduit ses meilleures troupes d'Égypte en Palestine pour éprouver devant Acre ce qu'était encore la résistance de l'Orient. En avril 1806, Napoléon Ier, par l'occupation de la Dalmatie, devenait voisin de l'Empire ottoman ; après son entrée à Berlin en octobre 1806, il s'adressa à son " très cher et parfait ami " le sultan Sélim III, mais avec le ton du vainqueur à l'égard d'un parent déchu quoique utile et majestueux, pour lui enjoindre de s'opposer avec son appui à la Russie. Les Ottomans pouvaient-ils se soutenir seuls ? En tolérant la présence de quelques artilleurs français à Constantinople pour en organiser la défense, Sélim III ne fit que renforcer la coalition conservatrice des oulémas et des janissaires qui déjà se dressaient contre son ambition de réformer l'armée et de fonder un " nouvel ordre ". Une rébellion militaire, légalisée par le grand mufti de la capitale, provoqua sa chute en mai 1807 ; il fut massacré l'année suivante. Mais qu'étaient la force et l'avenir de ceux qui, pour garder leurs privilèges, achevaient de ruiner le pouvoir au nom d'une fidélité à la grandeur passée et aux principes de l'Islam quand des troupes russes stationnaient en Moldavie et en Valachie, que les détroits trouvaient en d'autres leurs protecteurs, que de puissantes armées traversaient l'Europe où la Révolution se prolongeait dans l'éveil des peuples se regroupant en nations, espérant des constitutions et des libertés, créant des marchés ?       

« En 1799, Bonaparte avait audacieusement conduit ses meilleures troupes d'Égypte en Palestine pour éprouver devant Acre ce qu'était encore la résistance de l'Orient.

En avril 1806, Napoléon Ier , par l'occupation de la Dalmatie, devenait voisin de l'Empire ottoman ; après son entrée à Berlin en octobre 1806, il s'adressa à son " très cher et parfait ami " le sultan Sélim III , mais avec le ton du vainqueur à l'égard d'un parent déchu quoique utile et majestueux, pour lui enjoindre de s'opposer avec son appui à la Russie.

Les Ottomans pouvaient-ils se soutenir seuls ? En tolérant laprésence de quelques artilleurs français à Constantinople pour en organiser la défense, Sélim III ne fit que renforcer la coalition conservatrice des oulémas et des janissaires qui déjà se dressaient contre son ambition de réformer l'armée et de fonder un " nouvel ordre ".

Une rébellion militaire,légalisée par le grand mufti de la capitale, provoqua sa chute en mai 1807 ; il fut massacré l'année suivante.

Mais qu'étaient la force et l'avenir deceux qui, pour garder leurs privilèges, achevaient de ruiner le pouvoir au nom d'une fidélité à la grandeur passée et aux principes de l'Islam quanddes troupes russes stationnaient en Moldavie et en Valachie, que les détroits trouvaient en d'autres leurs protecteurs, que de puissantes arméestraversaient l'Europe où la Révolution se prolongeait dans l'éveil des peuples se regroupant en nations, espérant des constitutions et des libertés,créant des marchés ? L'Empire ottoman, masse toujours imposante, offrait aux convoitises des plus puissants et des plus entreprenants ses axes : le Bosphore et lesDardanelles, la Mésopotamie, la côte syro-méditerranéenne, l'isthme de Suez, où l'Europe, l'Asie et l'Afrique convergent et s'ouvrent mutuellementde nouveaux horizons ; ses terres, ses populations, ses ressources, ses points d'appui stratégiques et commerciaux, ses lieux saints ne pouvaienttomber dans n'importe quelle main, sous n'importe quelle influence.

Selon l'esprit qui avait dominé le congrès de Vienne (1815), les grands États européens en firent une zone où ils cherchèrent à équilibrer leur puissance, mais sans y arrêter leurs interventions, suscitant en retour troubles etsursauts, provoquant une civilisation.

Une telle situation, que les chancelleries européennes appelèrent " la question d'Orient ", se présenta auxOrientaux comme une " question d'Occident ".

Des pachas ambitieux aux populations chrétiennes impatientes de secouer la domination turque, les provincesbalkaniques se fissuraient ; les orthodoxes y regardaient vers la Russie que surveillaient l'Autriche, continentale, etl'Angleterre, maritime et industrielle.

Ce fut avec un concours britannique, russe et français que les Grecs, quis'étaient insurgés en 1821, finirent par obtenir leur indépendance en 1829.

A défaut de ses bastions européens, oùles Ottomans avaient si longtemps puisé hommes et approvisionnements, le sultan pouvait-il au moins s'appuyer surce môle que constituaient ses provinces de l'Asie occidentale et que prolongeait l'Égypte ? Là se trouvaient les grands foyers de l'Islam.

L'action juridique du sultan, qui se justifiait par la Loi révélée, y restait le symbole et la garantie del'unité de la civilisation que la communauté musulmane y avait étendue.

Si les nomades, les montagnards, les factions urbaines défiaient desgouverneurs qui eux-mêmes intriguaient pour leur propre compte, l'impôt y était toujours perçu au nom du sultan grâce à la remarquableadaptation du système administratif ottoman aux institutions et aux structures sociales des populations.

La Porte KW150 et ses représentants savaient également jouer de l'opposition des intérêts locaux pour maintenir le signe de l'autorité suprême.

Bien que s'inscrivant dans la tradition dela pratique gouvernementale, cette politique n'en représentait pas moins un archaïsme, qui n'avait plus pour lui la justification de la force et de lajustice ; elle n'était plus que le résultat d'une accumulation de faiblesses internes que soulignait, par exemple, la vitalité des particularismes dansles provinces arabes du Croissant fertile.

Or, du cœur de l'Arabie qui n'était pas soumis au sultan, avait surgi une menace pour son autorité moraleet sa souveraineté.

Dès le milieu du XVIIIe siècle, Mohammad Ibn'Abd al-Wahhâb avait prêché dans les oasis du Najd un retour à la rigoureuse pureté de l'Islamsunnite contre les déviations dogmatiques et les superstitions populaires (si répandues dans les territoires ottomans) ; puis il avait conclu avecl'émir bédouin Mohammad Ibn Sa'ûd un pacte qui aboutit à la constitution d'un mouvement politique légitimé par le serment de faire régner laparole de Dieu.

Les Wahhabites étaient animés d'une foi religieuse ardente qui leur permit de surmonter les divisions inhérentes à l'organisationsociale des Arabes ; sous la direction des princes saoudiens, ils s'emparèrent en 1801 de Karbalâ, où ils pillèrent le sanctuaire chi'ite, et en 1803 deLa Mecque, bafouant par là le sultan qui portait le titre si prestigieux de serviteur de cette ville sainte.

Ils n'étaient pas seulement entraînés par leflux des tribus nomades vers le nord qui submergeait, depuis un siècle déjà, les zones agricoles des pourtours syriens et irakiens ; ils rêvaientmaintenant de restaurer un puissant empire musulman en regroupant l'ensemble des pays arabes.

Présents du golfe Persique à la mer Rouge,détroussant les caravanes, contrôlant la route de la Syrie à Suez, ils menacèrent Damas et Bagdad.

Ce furent les troupes du pacha d'Égypte,Méhémet Ali P230 , qui, de 1811 à 1818, reprirent le Hedjaz et La Mecque au profit du sultan, et rejetèrent les Saoudiens à Riyad, d'où ils ne ressortirent qu'au XXe siècle avec le succès que l'on sait.

Malgré cet échec de la conquête wahhabite, l'influence doctrinale de la prédication avaitgagné les provinces arabes de l'Empire ottoman ; elle provoqua une vague d'intolérance musulmane à l'égard des minoritaires chrétiens et juifs, etsurtout un courant intégriste insistant sur les valeurs du pur Islam primitif à un moment où la pression occidentale devenait de plus en plussensible.

A la faveur de cette affaire, une nouvelle ambition s'était révélée, celle de Méhémet Ali P230 dont l'armée, bientôt instruite par des officiers français et équipée à l'européenne, devint la plus efficace de l'Orient ottoman.

Le pacha d'Égypte, sollicité par la Porte KW150 de l'engager contre les Grecs, négocia sa participation à la campagne de Morée où, sous le commandement de son fils Ibrâhîm pacha P1806 , elle montra sa supériorité.

C'était une menace qui était aussi un exemple.

Le seul rescapé de la dynastie ottomane, le sultan Mahmut II P212 , qui depuis son avènement en 1808 avait gardé une attitude de prudente expectative, décida alors de se donner les moyens de rétablir son pouvoir.

Le 28 mai 1826, la création d'unenouvelle armée fut annoncée.

Le 15 juin, les janissaires P299M2 de Constantinople se mutinèrent contre cette décision ; une canonnade les décima ; le 17 juin, ce corps d'élite, dont la gloire n'était plus qu'un lointain souvenir, fut supprimé.

Entreprendre les réformes dans le sang desjanissaires n'était pas sans être conforme à la vieille manière de procéder par la force.

L'ère des tanzîmât (des réformes) commencée sous l'effet de pressions extérieures qui aggravaient les tensions intérieures se signala cependant par des innovations empruntées.

Le gouvernement prit l'initiative de régénérer l'État dans un sens que n'imaginait pas le peuple.

Pouvait-il agirautrement ? L'existence envahissante de l'Occident incitait à promouvoir, contre sa menace, des méthodes que son efficacité inspirait, ou au moinsà s'en prévaloir à défaut de pouvoir les appliquer.

Certains signes changèrent ; délaissant les volumineux turbans, les longues robes et les divans,le haut personnel gouvernemental et administratif se donna des allures modernistes en coiffant le tarbouch de feutre rouge, en enfilant laredingote et en s'asseyant derrière un bureau.

Les services centraux furent réorganisés de façon à former les embryons de nouveaux ministères.

Le. »

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