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Le règne de Louis XIV

Publié le 22/02/2012

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louis xiv
"Non seulement il s'est fait des grandes choses sous son règne, mais c'est lui qui les faisait." Ainsi Voltaire a célébré le siècle de Louis XIV dans les années 1750. Ainsi il est convenu d'appeler aussi Grand Siècle la période de ce long règne de cinquante-quatre années (1661-1715) sous la domination d'un monarque qui tout à la fois incarne et dirige la nation. Quelle est cette nation française qui a suscité une si grande admiration auprès des générations suivantes et marqué de sa suprématie l'Europe de son temps ? La France compte environ 20 millions d'habitants qui, dans les premiers temps du règne (1661-1685), ont offert le spectacle d'un rassemblement de toutes les forces du pays autour de son roi. Après les troubles sanglants de la Fronde, la population entière aspire à l'ordre et à la stabilité. Louis XIV va répondre aux voeux de ses sujets : en monarque absolu, il concentre tous les pouvoirs gouvernementaux autour de sa personne. L'État, c'est lui. Le pouvoir, il l'exerce désormais sans partage sur des sujets, grands ou petits, qui lui doivent obéissance "sans discernement". D'ailleurs, un texte déjà ancien ne précise-t-il pas que la puissance souveraine du roi "est un rayon et l'éclat de la toute puissance de Dieu ?"
louis xiv

« collèges.

Or qui sont ces déistes ? Des disciples de Descartes, des rationalistes portés par la pensée critique, l'espritde doute et de libre examen.

Pour eux, Dieu existe, mais est indifférent au sort des hommes ; par conséquent il n'ya aucune raison de lui rendre un culte.

A Versailles ou au sein de l'autorité ecclésiastique, on ne peut admettre cesthéories considérées comme "anti-religieuses" : la philosophie cartésienne est officiellement interdite dansl'enseignement.

Néanmoins, hors des écoles, on prend des "leçons de cartésianisme" en petites assemblées discrèteset Descartes est l'objet d'un véritable engouement, poursuivant ses conquêtes dans les milieux lettrés etscientifiques.

L'Église ne se borne pas à faire respecter le dogme ou à en interdire les déviations.

A son rôled'enseigner, d'assurer le culte et de diriger la vie spirituelle des fidèles, s'ajoute celui d'assumer la lourde tâche del'assistance publique.

Ainsi les communautés religieuses administrent les hôpitaux dont le réseau est développé parl'édit de 1662, qui prescrit l'ouverture d'un établissement hospitalier dans toutes les grandes villes.Comme s'accroît également le nombre des séminaires, s'élèvent la valeur des prêtres et la spiritualité dans lescouvents et les monastères.

En droit, n'importe qui peut parcourir toute la carrière dans l'ordre du clergé, sansconsidération de naissance ou de fortune.

Mais rarissime reste l'exemple d'un humble roturier qui accède à ladirection des grandes abbayes et des archevêchés ou puisse prétendre au cardinalat.

Aussi, deuxième ordrejuridique, la noblesse est en fait le premier ordre social.

Elle se définit comme un corps dont la fonction est la guerreet le commandement.

Par les armes, elle assure la sécurité contre l'étranger, l'ordre intérieur et exerce les officespubliques correspondants.

Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France, en est le glorieuxreprésentant.

Le corps de la noblesse se recrute par la naissance et une mésalliance est l'équivalent du péchéoriginel.

La noblesse a ses marques extérieures : seul le noble a droit à la qualité de gentilhomme, seul il peut porterl'épée, jusque dans la chambre du roi.

Puisqu'il paye l'impôt du sang, le gentilhomme est aussi exempt de l'impôtdirect, en argent.

Il vit de ses rentes, le plus souvent du revenu de ses terres.

S'il peut pratiquer une activité, il nepeut en tirer profit : le gain est vil et méprisable mais le hobby n'est pas défendu.

On a même vu des rois s'essayeraux travaux manuels, tel Louis XIII à l'imprimerie, ou Louis XVI à la serrurerie.

Louis XIV leur préfère les jeux del'esprit et les plaisirs de la musique : il sera meilleur guitariste que compositeur et versificateur.

Tous les nobles n'ontpas les talents du roi mais se doivent de dépenser sans compter, d'éblouir leurs amis par la splendeur de leur trainde vie.

Attirer tous les regards sur soi en étalant un luxe inouï risque néanmoins d'être dangereux.

Ainsi lesurintendant Nicolas Fouquet en fit l'amère expérience.

La fête donnée dans son château de Vaux-le-Vicomte enl'honneur de Louis XIV atteignit une telle magnificence qu'elle en parut ternir l'éclat du Roi Soleil.

Peu après, uncertain mousquetaire nommé d'Artagnan sera chargé d'arrêter l'impudent qui mourra en prison.

La leçon est comprise: gare à celui qui oserait faire de l'ombre au souverain.

D'ailleurs, quelle fortune peut rivaliser dès 1682 avec lesfastes et les fêtes de Versailles ? En dépit de son inachèvement, la nouvelle résidence royale fait l'admiration detoutes les cours d'Europe qui voudront l'imiter.

Le roi a le goût sincère des beaux-arts.

Mais il pense surtout "qu'audéfaut des actions éclatantes de la guerre, rien ne marque davantage la grandeur et l'esprit des princes que lesbâtiments".Pour agrandir le modeste pavillon de chasse qui avait appartenu à son père et qu'il veut conserver, Louis XIV faitappel aux maîtres d'œuvre dont le surintendant Fouquet s'était lui-même entouré.

L'architecte Le Vau, le peintre LeBrun, le jardinier Le Nôtre, l'ingénieur des eaux Franchine.

L'architecte Hardouin-Mansart intervient plus tard auchâteau mais aménage à Paris la place Vendôme et la place des Victoires, destinées à servir de cadre aux statueséquestres du roi.

Il réalise aussi le dôme de l'hôtel des Invalides, doré à l'or fin, qui va couronner les bâtimentsédifiés par l'architecte Libéral Bruant, créateur également de l'église de la Salpêtrière.

D'autres hommes de talentvont travailler à l'ameublement des grandioses appartements princiers de Versailles, dont l'ébéniste Boulle qui s'estrendu célèbre par un mobilier ornementé de bronze doré sur fond d'écaille incrusté d'arabesques de cuivre.

Lesmeilleurs artistes du temps vont s'employer à réaliser "la plus grande réussite artistique des Temps Modernes" quiimposera pour un siècle à l'Europe "la supériorité de l'art et du style français".

Ainsi, pendant des décennies, lechâteau est remanié et embelli d'une décoration somptueuse pour laquelle le mécénat royal ne va pas lésiner.

Entant que surintendant des Bâtiments, Colbert est chaque jour pressé par le roi qui surveille personnellementl'avancement des travaux.

Pas moins de 30 000 hommes s'y consacrent, sans parler de la centaine de morts ou deblessés au cours des travaux.

Également contrôleur général des Finances, Colbert se ruine la santé pour dégager lessommes fabuleuses (3 à 5 millions par an jusqu'en 1683, sur un budget d'environ 120 millions) que la construction deVersailles exige ou pour payer les commandes qui pleuvent sur les artistes des académies de peinture et desculpture.

Le souverain a ses goûts esthétiques, et les impose.

Un temps, le style baroque venu d'Italie avec LeBernin a séduit.

Puis cet art du mouvement a été rejeté en faveur d'un style plus mesuré et équilibré.

A Versailles,c'est l'idéal classique qui triomphe.

Pour et par Versailles, l'académisme, ce culte exclusif de l'antique, est né.Premier peintre du roi, Le Brun (puis à sa suite, Mignard), veille à ce que les artistes qui travaillent sous ses ordresrespectent cette inspiration de l'antiquité.

L'Académie de France à Rome est créée pour que de jeunes plasticiensétudient les chefs-d'œuvre des Anciens et s'en imprègnent.

Parmi la foule des talents qui se révèlent, Le Bruncomme Colbert doivent discerner ceux qui ajouteront par leurs œuvres un lustre nouveau au prestige royal.

MaisVersailles n'est pas seulement un décor magnifique, avec sa galerie des glaces de soixante-dix mètres de long, sesplafonds peints, les admirables perspectives et ordonnancement de ses jardins, ses théâtres de verdure, ses bassinset ses fêtes nautiques.

Versailles, c'est avant tout le cadre monumental où se déroule quotidiennement une sortede culte monarchique.

La pompe du cérémonial et de l'étiquette est un spectacle permanent organisé autour du roiet dont les acteurs et les figurants sont les quelques quatre ou cinq mille nobles qui s'empressent d'en devenir aussiles plus zélés serviteurs.

La noblesse tapageuse et turbulente, autrefois même dangereuse pour l'autorité royale, estainsi domestiquée, attentive au moindre geste ou désir du souverain.

Avec Versailles, la profession de courtisan estnée.

Décrit par La Bruyère, le courtisan est un professionnel qui "sourit à ses ennemis, contraint son humeur,déguise ses passions, dément son cœur" ; ou comme l'écrit Mme de Sévigné, c'est un caméléon qui "rampe, parcoutume, aux pieds des ministres et des favoris".

Être le favori du monarque est la principale préoccupation ducourtisan ; se tenir au plus près du Soleil qui, contre un mauvais logement au palais, réchauffe les carrières,dispense les pensions, fait ou défait les fortunes.

Hormis les rivalités de coteries, l'argent est la seconde. »

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