" Le roi a renvoyé Necker !

« capitule.

La foule envahit la forteresse.

Dans les cachots dont on ouvre les portes on ne trouve que quatre escrocs, deux fous, un débauché.

Qu’importe.

Ce ne sont pas des prisonniers que le peuple de Paris a voulu libérer, c’est le symbole de l’arbitraire du pouvoir royal qu’il a voulu abattre.

Dans les heures qui suivent, les têtes tranchées du marquis de Launay et de l’un de ses officiers, Jacques de Flesselles, sont brandies dans les rues de Paris, fichées sur des piques.

Au soir de ce 14 juillet 1789, le peuple de Paris ne doute pas que le roi sache que désormais, le pouvoir est l’affaire de la Nation.

Et le peuple armé, et qui ne va pas déposer les armes avant 1795, est la Nation.

Au soir de ce 14 juillet, le roi, de retour de la chasse qui l’a occupé tout le jour, note dans son journal ce mot : “ Rien ”. Au matin du 15, le duc de Liancourt annonce au roi la nouvelle.

Le peuple de Paris a pris la Bastille.

Le roi s’interroge : “ C’est une révolte ? ” Le duc n’hésite pas : “ Non, Sire, c’est une révolution.

” Le jour même, le roi promet de retirer les troupes qu’il a fait appeler.

Le lendemain, 16 juillet, le roi rappelle Necker.

Le 17, le roi est à Paris.

Et à l’Hôtel de Ville, il accepte de recevoir la cocarde tricolore.

Le bleu et le rouge des couleurs des armes de Paris cernent le blanc, couleur du roi.

La Bastille tombée, le roi n’est plus que ce que la Nation accepte qu’il soit. Pour signifier aussitôt que cet état de fait est irréversible, la démolition de la Bastille commence immédiatement.

La forteresse n’est plus qu’une carrière.

Certains taillent dans les pierres de petites bastilles...

Pour la mémoire.

Et, quelques années plus tard, pour que le peuple de Paris n’oublie pas que c’est avec les pierres de la Bastille qu’est construit le Pont de la Concorde, on donne aux piles de ce pont des formes pareilles à celles des tours de la forteresse.... »