Le Sri Lanka entre guerre et paix

Sortie exsangue de cette décennie traumatisante, la société sri-lankaise se reprit à espérer en 1994, lorsque des élections libres (sauf dans les zones contrôlées par les LTTE) portèrent au pouvoir Mme Chandrika Kumaratunga B anda-ranaïke. La nouvelle présidente dénonça les atteintes aux droits et libertés, ainsi que les atrocités commises par l'UNP, et fonda son programme sur la restauration d’un Etat de droit et l’octroi de larges concessions aux minorités sur la base d’un système fédéral. Avec 62 % des suffrages, elle obtint une majorité confortable dans toutes les communautés de l’île, qui lui donna la légitimité nécessaire pour engager des négociations avec les LTTE. Par ailleurs, elle forma un gouvernement comportant, à des postes clés, des représentants des minorités. Le sursaut démocratique qui avait dénoué la crise dans le Sud n’eut pas d’équivalent dans le Nord, et la situation engendrée par les élections commença à s’enliser.

Le conflit qui oppose depuis plus de dix ans, dans le nord et l’est du Sri Lanka, le gouvernement de Colombo à la guérilla séparatiste menée par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) a repris en avril 1995, après une courte trêve. Les facteurs fondamentaux qui sous-tendent ce conflit restent en place, mais les changements politiques intervenus à Colombo depuis les élections d’août et de novembre 1994 ont modifié les données du problème.