Le traité de Folembray : le duc de Mayenne fait la paix avec Henri IV
Publié le 22/08/2013
Extrait du document
Si Charles de Mayenne doit renoncer au gouvernement de Bourgogne, il reçoit en échange celui d'île-de-France — hormis Paris —, province qui n'est pas frontalière et présente un moindre danger de sédition ou d'alliance avec l'étranger. Par ailleurs, trois places de sûreté lui sont concédées pour six ans : Châlons-sur-Saône, Seurre et Soissons. Enfin, au plan financier, il obtient trois millions cinq cent quatre-vingt mille livres. Quant au conseiller Villeroi,
«
Pensant sans doute que son
combat pour la Ligue ne doit
pas rester vain, qu 'il a un rang
politique et social à tenir , et
qu 'il doit assurer le prestige
de sa lignée, Mayenne pose
des conditions rien moins
qu'exorbitantes .
Tout d' abord
en tant que gouverneur de
Bourgogne , il demande cette
province à titre héréditaire
ainsi que le droit à la nomina
tion des offices .
En outre, il
réclame
le paiement de ses
dettes , un don supplémentai
re de six cent mille écus , plus
une rente annuelle de deux
cent mille écus ! De telles pré
tentions laissent le ministre
des Finances Maximilien de
Béthune , baron de Rosny et
futur duc de Sully , interloqué .
Henri IV, lui, ne s'en émeut
pas .
En se rendant maître de la
Bourgogne, il a
obligé Mayen
ne à se réfugier à Soissons , et
ille sait contraint de revoir ses
exigences
à la baisse .
Au cours de l'automne, les né
gociations s'engagent, d'autant
plus serrées que le duc rebel
le demande aussi des com
pensations pour ses fidèles
partisans , tel son conseiller Ni
colas de Villeroi .
Finalement ,
en
novembre, les tractations
aboutissent à un accord qui
sera concrétisé en janvier 1 596
par le traité de Folembray .
Des compensations
généreuses
Si Charles de Mayenne doit
renoncer au gouvernement de
Bourgogne, il reçoit en échan
ge celui d' Île-de-France- hor
mis Paris -, province qui n 'est
pas frontalière et présente un
moindre danger de sédition
ou d'alliance avec l' étranger .
Par ailleurs, trois places de
sûreté lui sont concédées pour
six ans : Châlons-sur-Saône,
Seurre
et Soissons .
Enfin , au
plan financier, il obtient trois
millions cinq cent quatre-vingt
MAYENNEDEMANDEGRÂCEI
Une fois le traité de Folembray signé, il reste encore une formalité à accomplir : le duc Charles de Mayenne doit venir
faire sa soumission devant Henri IV.
Une démarche délicate que
le duc de Sully relatera dans ses Économies royales.
Le 31 janvier
1596, le duc rebelle, assez mal à l'aise, se présente au château
de Monceaux.
JI est accueilli par Gabrielle d'Estrées, marquise
de Monceaux et maîtresse du roi, puis conduit devant
Sa Majesté.
Par trois fols, il fait la révérence, puis met genou en
terre .
Mais en raison de son obésité, il se relève avec beaucoup
de difficulté .
Cela n'échappe pas à Henri IV, qui lui lance
ironiquement : « Mon cousin, est-ce vous ou est-ce un songe que je vois ? )) A quoi le duc répond qu 'il se soumet, et sur le papier
et de cœur.
Le roi le convie ensuite à visiter les jardins,
promenade au cours de laquelle il marche d'un pas très alerte.
Essoufflé et souffrant d'une sciatique, le gros
Mayenne demande grâce.
« Touchez là,
mon cousin ! s'exclame le Béarnais.
Vous ne recevrez
jamais d'autre
déplaisir de ma part ! » Une
promesse qui sera tenue.
mille livres .
Quant au
conseiller Villeroi, il se
voit attribuer un poste de
secrétaire d'État et divers
avantages en argent et en
offices
pour ses proches .
Ces compensations , loin
d'être négligeables bien
que très inférieures à ses
exigences,
permettent à
Mayenne de ne pas perdre
la face .
En outre, le traité de
Folembray déclare le duc et
les princes de la Maison de
Lorraine innocents de toute
participation à l'assassinat
d 'Henri
Ill, les mettant ainsi à
l 'abri d' éventuelles poursuites
en justice pour régicide .
Cette
dernière clause n'est pas du
goût de tous.
En particulier de
la reine Louise , veuve du der
nier des Valois, qui tient
Mayenne pour principal res
ponsable de la mort de son
époux.
Sur
sa requête, le par
lement de Paris s'oppose à
l'édit de Folembray mais, face
aux injonctions répétées
d'Hen
ri IV, ne peut finalement refu
ser de l'enregistrer .
Poussé par la raison d'État, le
roi se montre très généreux .
Trois ans
plus tard , en 1599 , en
récompense
des services ren
dus par l 'ancien rebelle , il éri -
~E DITI ONS .:. ATLAS
gera en duché d'Aiguillon des
terres situées en
Guyenne au
profit du fils aîné de Mayenne .
Pour tardive qu'elle soit, la
soumission du duc Charles
n'en n'est pas moins sincère :
jusqu 'à sa mort, en octobre
16 11, il sera l'un des plus
loyaux lieutenants d 'Henri IV.
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