L'effondrement du bloc socialiste
Publié le 10/11/2011
                             
                        
Extrait du document
9 novembre 1989 - Une maille qui lâche, et c'est tout le tissu qui file : au printemps 1989, la Hongrie, engagée depuis des années sur la voie d'une libéralisation en douceur, commence à démanteler un morceau du trop fameux " rideau de fer ". Quelques Allemands de l'Est comprennent que rien ne leur interdit d'aller en vacances dans la patrie de Petöfi et de Bartok. De là, ils passeront tranquillement en Autriche, puis en RFA, sans plus s'encombrer du mur de Berlin. Ils seront des milliers, bientôt, à en faire autant, ou à demander asile aux ambassades de Bonn à Varsovie et à Prague. Les autorités de la RDA n'avaient pas mesuré l'impact, sur une société condamnée à la grisaille, des images d'abondance dont l'abreuvaient chaque jour les télévisions fédérales. Encouragés par le vent de Moscou qui agace au plus haut point un vieux stalinien comme Erich Honecker, des cortèges se forment pour réclamer la démocratie et une vie plus facile. Le 6 octobre, Gorbatchev arrive à Berlin-Est pour le 40e anniversaire du régime. On le voit, à sa descente d'avion, embrasser Honecker à la russe, sur la bouche. Mais c'est pour mieux l'étouffer. Très vite, le chef du parti et de l'Etat communistes allemands doit comprendre qu'il ne lui faut en aucun cas compter, pour venir à bout des mouvements de foule, sur les unités soviétiques stationnées chez lui. Refus soviétique d'intervenir De toutes les décisions prises par " Gorbi " depuis son arrivée au pouvoir, celle-ci est sans doute la plus lourde de conséquences, puisqu'elle conduira en un rien de temps à l'absorption pure et simple de la RDA par sa grande soeur fédérale, en même temps que par la Communauté européenne et l'OTAN. Il est probable que le président de l'URSS a cru, là comme ailleurs, pouvoir faire la part du feu : en tout cas, il a souvent réaffirmé, avant de finalement s'incliner, son opposition à la réunification. Mais le fait est qu'il ne pouvait recourir en RDA aux méthodes qui avaient permis à Khrouchtchev et à Brejnev de conserver la Hongrie et la Tchécoslovaquie : il aurait perdu séance tenante la sympathie, pour lui indispensable, de l'Occident et consolidé l'un de ses adversaires les plus déterminés au sein du monde communiste. En tout cas, le refus soviétique d'intervenir a permis de constater que le régime est-allemand, tenu par nombre d'observateurs pour l'un des plus efficaces, notamment sur le plan économique, du pacte de Varsovie, était en réalité complètement délabré et ne subsistait que grâce à la peur du gendarme soviétique et aux libéralités de Bonn. La peur disparue, son écroulement était inévitable, et il fallait beaucoup de naïveté pour croire, comme tant l'ont fait-peut-être parce qu'ils prenaient leurs désirs pour des réalités,-qu'il pourrait survivre durablement à celui, consommé dans la nuit du 9 au 10 novembre, au milieu de l'allégresse de tout un peuple, du mur de Berlin. L'importance de ces événements avait d'autant moins de chances d'échapper aux Tchèques et aux Slovaques qu'eux aussi avaient le triste privilège de conserver un gouvernement ultraconservateur, qu'eux aussi suivaient avec attention les émissions des TV occidentales, et qu'enfin ils pouvaient voir chez eux des milliers d'Allemands de l'Est voter, comme on dit familièrement, avec leurs pieds. Les opposants, c'est-à-dire en fait, comme on s'en doutait un peu, presque toute la population, comprirent vite que Gorbatchev ne ferait pas pour Gustav Husak ce qu'il avait refusé à Honecker. Ils se précipitèrent eux aussi dans les rues pour réclamer la chute d'un pouvoir dont on savait bien, depuis le printemps de Prague, qu'il procédait de la seule volonté de l'occupant. Comme une traînée de poudre Le résultat, là aussi, a été fulgurant. En février de cette même année 1989, l'auteur dramatique Vaclav Havel, symbole avec sa Charte 77 de la résistance au régime, avait été condamné à neuf mois de prison ferme pour avoir osé aller fleurir, vingt ans après, la tombe de Jan Palach, qui s'était suicidé par le feu pour protester contre l'invasion soviétique. En décembre, il était élu président de la République, à l'unanimité, par un Parlement qui, six mois plus tôt, n'aurait pas osé lui donner une voix. Quant à Dubcek, l'homme du " printemps de Prague ", il troquait son poste de secrétaire d'exploitation forestière contre celui de président de ce même Parlement. Les Allemands de l'Est, les Tchèques et les Slovaques, ainsi que les Hongrois ont élu le plus démocratiquement du monde, au printemps 1990, leurs représentants. Les communistes, souvent reconvertis, ce qui en dit long sur leur popularité, en " socialistes ", sont représentés dans les Parlements, mais en aucun cas dans les gouvernements. Et ils sont progressivement éliminés des postes de responsabilité. Il n'en va pas de même, jusqu'à présent, dans les trois autres pays d'Europe membres du pacte de Varsovie. En Pologne, où la résistance au communisme et à l'URSS n'a jamais cessé de se manifester depuis 1956, et où, après une longue épreuve de force, Solidarité a gagné haut la main la partie, le sens de l'évolution ne fait pas de doute. En septembre 1989, au moment de la constitution du gouvernement présidé par Tadeusz Mazowiecki, un intellectuel de Solidarité longtemps détenu pour ses opinions, la présence des communistes à des postes comme la défense, l'intérieur, les transports, avait été jugée indispensable, sans doute pour rassurer le Kremlin, par le général Jaruzelski, qui n'avait pourtant dû qu'à Lech Walesa d'être élu-à une voix de majorité-président de la République. Là aussi les temps ont changé : les ministres communistes ont quitté le gouvernement. Lutte fratricide Quant à Jaruzelski, il se déclare disposé à céder la place. Mais à qui ? Walesa et Mazowiecki, désormais en lutte ouverte, se la disputent sur la toile de fond des difficultés sociales énormes entraînées par une libéralisation économique à marche forcée. " La question du communisme appartient désormais au passé, déclare Adam Michnik, l'un des dirigeants de Solidarité : Si nous devions échouer, c'est un type du genre Le Pen qui aurait le plus de chances de nous succéder. " Ni la Bulgarie ni la Roumanie n'en sont là. La première a connu une révolution tranquille, selon toute vraisemblance fortement encouragée par Moscou, qui a conduit au départ du vieux Todor Jivkov et à la transformation du PC en Parti socialiste. Mais la Bulgarie n'est pas la Pologne : elle n'oublie pas que les Russes l'ont aidée à se libérer du joug de Constantinople, et que Moscou a longtemps misé sur elle dans les Balkans. En tout cas, le PC reconverti a remporté haut la main des élections parfaitement libres, la minorité turque a vu enfin reconnaître ses droits, et l'opposition a réussi à s'assurer le poste de président de la République, devenu vacant à la suite de la démission, pour cause de déclarations imprudentes, de Petar Mladenov, ancien ministre des affaires étrangères, qui espérait faire figure de Gorbatchev sofiote. Le plus extraordinaire dans ces bouleversements qui ont transformé du tout au tout l'Europe de l'Est, c'est qu'ils n'aient pratiquement pas fait de victimes. Ceux qui étaient le plus portés à croire que, tous les empires finissant par s'écrouler, l'Allemagne et l'Europe seraient un jour réunifiées, ne pouvaient se l'imaginer que dans un fracas d'apocalypse. Or l'on n'a pas tiré, pratiquement, un coup de fusil. On en conclurait à l'inévitable avancée de la démocratie si la page roumaine de cette libération n'y introduisait pas une note tragique. Parfum malsain Moins tragique qu'on avait pu le croire au début lorsque les médias lançaient l'invraisemblable chiffre de soixante mille morts alors que leur nombre ne dépasse sans doute pas les six cents. Mais tout était démesuré et pur, ou impur, mensonge dans le royaume de Ceausescu. Il flottera longtemps autour de la révolution roumaine un parfum malsain, quand ce ne serait qu'en raison des conditions du procès du dictateur et de son épouse, dont l'avocat était le premier à demander la condamnation à mort. Malaise aussi du fait des luttes pour le pouvoir qui ont suivi, de la répression brutale, des manifestations de l'opposition, et également malaise dans l'organisation des élections dont le Front de salut public, qui n'est pour ses adversaires qu'un avatar du PC, est sorti vainqueur. Le fait est qu'existe toujours un vif mécontentement dans de nombreux milieux et que des incidents sont toujours à redouter. Moyennant quoi, c'est aussi en Roumanie, par la faute des folies du régime défunt, que l'économie est la plus malade. Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne le soit pas dans les autres pays ex-socialistes. A part les Allemands de l'Est, qui ont la chance de devenir du jour au lendemain " de l'Ouest ", les populations mettront de longues années à sortir de ce qu'il faut bien appeler le sous-développement. L'Europe de l'Est s'est émancipée de son protecteur abhorré. Il lui reste à s'émanciper d'une pauvreté qui, dans bien des cas, confine à la misère. Qu'elle compte, pour l'y aider, sur l'autre Europe, la nôtre, quoi de plus naturel ? ANDRE FONTAINE Novembre 1990
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                                                                                                                            zone d'infl uence  so viétiq ue 
à  la 	Libé ra ti on 
ancien  ennemi  de 	
l' U .R .S .S .
                                                            
                                                                                
                                                                    	
,----, 	Pologne 	: n oyau  du glac is 	t___j 	de  sécu rit é 	sovi étiq ue 	
j) 	EN 	SAV	OIR PLUS 	
LE 	BLOC 	SOVIÉTIQ	UE 	
Après 	la Seconde 	Guerre 	mondiale, 	l'Un	ion 	
soviétique 	réussit 	grâce 	à l'habileté 	diploma	
tique 	de Staline 	à se tailler 	une 	zone 	d'influen	
ce en Europe 	de l'Est	, en usant 	de moyens 	plus 	
ou moins 	légaux	: forcées 	d'adhérer 	à l'alliance 	
militaire 	du 	Pacte 	de 	Varsovie 	et au 	Conseil 	
d'assistance 	économique 	mutuelle, 	les 	
« démocraties 	populaires 	», 	membres 	du 	
Kominform 	(organisme 	de 	contrôle 	idéolo		
gique)	, sont 	dominées 	par 	les 	partis 	commu	
nistes 	locaux 	et doivent 	obéir 	aux 	ordres 	de 	
Moscou	.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette 	partie 	de 	l'Europe 	disparaît 	
derrière 	un 	« rideau 	de 	fer 	».
                                                            
                                                                                
                                                                    	Seule 	la 	
Yougoslavie, 	plus 	indépendante, 	prend 	ses 	
distances 	à partir 	de 	1948 	et ose 	reprendre 	le 	
dialogue 	avec 	l'Occident.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
UNION 	DES 	R~PUBLIQUES 	
SOCIALISTES 	SOVIHIQUES 	
CJ 
-* 	
500km 	
T ch écos lo v	aqui e : d ém ocratie 
p luraliste  jusqu'en  févr ier  1948 
Y o ugos lavie  : exclue  de la  c	
ommunau	té 
soc ia liste 	en 	ju in  1948 
Al banie : ruptur e avec 	
l' U .R .S .S .
                                                            
                                                                                
                                                                    	en 	1961 
crise  majeure 	
Le 	bloc 	soviétique 	
Le ch	oc 	de 	la 	déstalinisation 	
En 	févrie r 	1956	, Khrouchtchev  dé	cide 	
de 	présenter 	le « rapport 	secret » 	sur 	les 	
crimes 	de 	Staline 	au 	XX	• Congr	ès 	du 	parti.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Il fait l' effet  d'	une 	bombe  :pour 	la première 	
fois, 	le culte 	de 	la personnalité , 	la terreur 
policière , 	
les 	déportations  politiques sont 
dénoncés  et 
condamnés	.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais 	seul 	Staline 	
en 	est r	endu 	responsable	, ce 	qui 	permet 	
de 	laisser 	en 	place 	l'essentiel 	de 	l'app	areil 	
stalinien 	:le 	sommet 	du 	parti  communiste 
continue 	
de 	monopoliser 	le pouvo	ir: 	
Les 	l imites 	du 	renouveau 	
Dans 	les 	pays 	de 	l'Est	, qui a spirent  à 	plus 	
d'indépendance 	vis-	à-vis 	de 	Moscou , 	
le souffle 	nouveau 	se fait senti	r: En 	Pologne	, 
Gomulka , 	
chassé 	du 	pouvoir 	en 	1949 	
car trop  ouvert,  est 	rappelé 	à la t ê te 	du 	parti  N	
ikit
a K h	rou	chtch	ev pre nant 	un 	bain d e 	foul	e ( 1950 ).
                                                            
                                                                        
                                                                    	
de 	son 	pays	.
                                                            
                                                                                
                                                                    En 	Hongrie , à partir 	de 	1953	, 
Imre 	
Nagy  ouvre 	le gouvernement  à 	
des 	non-communistes .
                                                            
                                                                                
                                                                    	Mais	, fin 	1956	,1orsqu	'il 	
réclame 	le r etrait 	des 	troupes  soviétiques 
et 	
proclame 	la neutralité 	du 	pays	, sous 	
la pression  d'	un 	mouvement populaire , 	
les 	chars 	russes 	écrasent 	la révolution.
                                                            
                                                                                
                                                                    
De 	
façon 	dramatique , l'ouverture  a r	évélé 	
ses 	limites .
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Les échec s de  Khrouchtchev 
Da	ns 	le domaine  économique, 	le renouveau 	
a permis  d'importantes  réformes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Une  certaine 
a utonomie 	
des 	entreprises  est encouragée , 
l '	
agr icultu re  fait  l'objet  d'	un 	plan 	
de 	développement 	qui 	doit  assurer 
l	
'autosuffis a	nce 	alimentaire 	du 	pays	.
                                                            
                                                                                
                                                                    En 	Sibérie	, 	
qui 	regorge 	de 	richesses 	nature	lles, 	
de 	gigantesques 	programmes 	de 	mise 	en 	valeur 	
sont 	lancé	s.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pourtant,  malgré 	quelques 	succès	, 
c omme 	
le lancement 	du 	premier 	satellite 	
Spoutn	ik en 	1957	,1a politique 	de 	K hrouchtchev 
a pparaît 	
de 	plus 	en 	plus 	hasardeuse	.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ses 	
in itiatives  diplomatiques , d 'abord 	marquées 	
p ar 	un 	certa in  espr it  d 'ouverture , évoluent 
v	
ers 	un 	durcissement,  comme 	en 	témoigne 	
la construction 	du 	mur 	de 	B erlin , 	en 	1961	.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
L'ascensi on de  Brejnev 
Mais	, plus 	que 	l'échec 	relatif 	de 	sa po litique 	
étrangère	, ce 	sont 	les 	difficultés 	économiques 	
qui 	finissent 	par 	retirer  à Khrouchtchev 	
le soutien 	de 	l'appareil 	politique  : 	une 	gestion 	
brouillonne , 	des 	désastres 	agricoles 	répétés	, 	
une 	dépendance 	alimentaire 
a	
ccrue 	à  l'égard 	
de 	l' étranger  précipitent 	sa 	
destitution 	en 	octobre 	1964	.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Il est 	remplacé 	par 	une 	
direction 	collégiale	, dominée 	
par 	Leonid 	Brejnev	, 	
le nouveau 	secrétaire 	général 	
du 	Parti	..
                                                                                                                    »
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