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L'Égypte

Publié le 27/02/2008

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L'unité naturelle de l'Égypte, déterminée par le flux et le cours du Nil, fut la cause qui lui permit de réaliser, plus tôt qu'aucun autre peuple, son unité nationale. Les contacts établis par le Nil entre les diverses races qui peuplèrent sa vallée, firent que celles-ci s'amalgamèrent jusqu'à ne parler qu'une seule langue, à ne pratiquer qu'une même religion, à vivre selon une même morale. Ainsi, c'est le fleuve qui donne à l'Égypte son unité. L'Égypte, c'est-à-dire la partie de territoire fertile que forme le Delta du Nil et qui s'étend sur huit cents kilomètres le long du fleuve, a eu le privilège de ne pas être une voie de migration des peuples. Et si, au cours de son histoire, qui couvre plus de trois millénaires, elle ne connut guère qu'une invasion, celle des Hyksos, au XVIIIe siècle av. JC, avant la formation des grands empires Assyrien et Perse, c'est que ses accès sont particulièrement faciles à défendre : au Sud un goulet la sépare de la Nubie ; vers l'Est, elle ne peut être atteinte que par un étroit passage au milieu du désert du Sinaï, vers l'Ouest, un désert la protège. L'Est fut le seul point dangereux de sa frontière. Sa défense vers l'immense Asie, mais aussi son souci d'être en étroit contact avec elle, furent les impératifs de sa politique extérieure. Si ses accès vers les terres voisines de l'Égypte sont étroits, en revanche, elle s'ouvre largement sur la mer par les sept branches du Nil. Mais les marais qui frangent le Delta sont pour l'Égypte une défense naturelle contre des envahisseurs éventuels.

« dirigée.

Plus le pouvoir central est bien organisé, plus large est la zone fertilisée par l'irrigation.

La Haute Égypteconnut donc, au cours des périodes de centralisation, une richesse agricole qui, par la sécurité de la navigation surle Nil, se doubla d'échanges économiques avec la Basse Égypte, et l'Égypte tout entière vécut dans un systèmed'économie commerciale favorable au développement du droit individualiste. Mais lorsqu'il n'y a pas de pouvoir central, ou que le pouvoir central se désagrège, la quantité de terre cultivée serestreint, l'insécurité fait disparaître les échanges, et au système d'économie commerciale se substitue un systèmed'économie fermée dans lequel la population se groupe en domaines repliés sur eux-mêmes.

Le morcellementpolitique coïncide avec un morcellement économique et social, dans lequel les travailleurs de la terre forment desgroupes solidaires vivant sous un régime seigneurial hiérarchisé, dans lequel ceux qui possèdent le sol constituentune noblesse à laquelle ceux qui travaillent s'asservissent. Entre le Delta et la Haute Égypte, la Moyenne Égypte forme une zone médiane qui ne perd jamais tout à faitcontact avec le Nord et où subsistent, même dans les périodes de morcellement féodal, des villes secondaires quisont des marchés locaux. Les rapports entre le Delta et la Haute Égypte, et les transformations économiques et sociales qui accompagnentles changements politiques, constituent les éléments qui ont conditionné l'histoire de l'Égypte, que l'on peut résumeren trois cycles principaux.

En étudiant cette histoire, on ne peut pas ne pas être frappé par le fait qu'à certainsmoments l'Égypte forme un vaste empire centralisé, d'une large vie économique, tandis qu'à d'autres époques elletombe dans l'anarchie qui n'est autre que l'évolution au cours de laquelle l'empire centralisé se disloque en uneféodalité seigneuriale. Ces hauts et ces bas se retrouvent différentes fois.

Et à étudier de près ces évolutions, tantôt montantes, tantôtdescendantes, il apparaît que l'histoire de l'Égypte a parcouru trois cycles semblables.

Cette constatation me paraîtd'autant plus intéressante que l'Égypte n'ayant jamais été détruite brutalement par des migrations de peuples, nimême par de grandes invasions, il faut admettre que l'évolution qu'elle a subie ne lui a pas été imposée par deséléments extérieurs, mais est le résultat des circonstances politiques, économiques et sociales internes. Les textes des Pyramides font connaître que l'Égypte, à la fin du quatrième millénaire, était constituée par deuxroyaumes : l'un féodal et seigneurial dans le Sud, dont la capitale était Nekhen, l'autre, étendu sur le Delta, quiformait une monarchie unifiée et comportait toute une série de villes maritimes, établies sur les bras du Nil, dont lacapitale était Bouto.

Ces villes qui avaient connu une vie autonome avant d'être intégrées dans la monarchie deBouto, supportaient difficilement l'autorité monarchique.

Elles avaient conquis, en se soulevant contre le roi, leurindépendance sous le gouvernement de dix magistrats, vraisemblablement élus.

Le royaume de Bouto s'était ainsidémembré. Le roi de Nekhen, Narmer qui semble être le même personnage que Ménès en profita pour conquérir la Basse Égypte; il démantela les villes, fit exécuter leurs magistrats et, ayant lui-même coiffé la couronne du roi du Nord, réunit enune seule monarchie toute la vallée du Nil (vers 3000 av.

JC), dont il fixa la capitale à Thinis (Abydos). Il fallut plus de deux siècles aux rois des deux premières dynasties pour détruire le pouvoir des princes féodaux dansle Sud et imposer leur autorité aux villes du Nord.

Ils transportèrent dans toute l'Égypte les institutions de l'ancienroyaume de Bouto.

Si bien qu'en inaugurant la IIIe dynastie, le roi Djéser se trouva le maître d'un État centralisé,doté d'une administration savante et d'une économie commerciale, laquelle avait répandu dans tout le pays un droitindividualiste, ce qui acheva de faire disparaître les classes privilégiées, rendant ainsi tous les Égyptiens égaux endroits.

De sa capitale, établie à Memphis, il régna sur le plus ancien empire que connut l'histoire.

L'Égypte, de la IIIeà la Ve dynastie (2778-2423 av.

JC), vécut, semble-t-il, le moment de son apogée. La cosmologie héliopolitaine fit du culte solaire un panthéisme d'une haute portée métaphysique.

La morale se fondasur les œuvres de miséricorde, la solidarité humaine, la charité et la non-violence.

L'art se développa dans desproportions qui furent rarement atteintes, notamment sous l'impulsion d'Imhotep, ministre et conseiller du roi Djéser.La pyramide à degrés de Saqqarah constitue un témoignage architectural d'une extraordinaire élégance. Sous la IVe dynastie (2723-2563 av.

JC), Chéops, Chéphren et Mycérinus bâtirent cet étonnant chef-d'œuvre quesont les grandes pyramides et inaugurèrent pour les temples, le style monumental qui devait donner sous le NouvelEmpire, les œuvres les plus grandioses que nous ait laissées l'Égypte ; la sculpture se révéla, sous la IVe dynastie,comme une des plus belles et des plus nobles de tous les temps : qu'il nous suffise de citer les admirables statuesreprésentant Chéphren et Mycérinus.

Jamais peut-être l'Égypte ne dépassa le niveau de civilisation qu'elle atteignitau moment où fut construit devant les pyramides de Guizéh, le grand Sphinx, symbole du dieu solaire Rê, le créateuret la conscience du monde. Mais tout pouvoir a tendance à s'accroître ; sous la Ve dynastie (2563-2423 av.

JC), le roi tendit à l'absolutismeintégral en se proclamant le fils de Rê.

Il fit célébrer son culte par un clergé qui se transforma en une oligarchie,laquelle accapara les hautes fonctions et se transforma en une noblesse d'abord héréditaire en fait, pour devenirhéréditaire de droit sous la VIe dynastie (2423-2263 av.

JC).

Le pouvoir dès lors se démembra entre les gouverneursde province, devenus des princes de plus en plus indépendants du roi, qui formèrent bientôt une féodalité figée dansune économie fermée.

Les villes, étouffées par le droit seigneurial, se soulevèrent et se transformèrent en citésautonomes qui formèrent des îlots de droit individualiste.. »

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