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L'empire ottoman

Publié le 08/11/2018

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LA SUBLIME PORTE

 

Venus d'Asie centrale, les Ottomans arrivent en Anatolie vers 1230. En moins de deux siècles, ils constituent l'un des empires les plus puissants et les plus durables du monde méditerranéen. La Sublime Porte prend dés le xve siècle le relais d'un Empire byzantin épuisé, contrôlant vite un territoire débordant largement l'Asie Mineure, des frontières du Maroc à celles de l'Autriche. Des Slaves aux Berbères, en passant par les Arabes, nombreux sont les peuples qui ont vécu sous le «joug» de cet Empire respectueux des coutumes et des religions.

NAISSANCE ET EXTENSION

Tout commence aux frontières d'un royaume oublié, le sultanat de Rum. Convertie à l'islam au Xe siècle, la dynastie turque des Seldjoukides a peu à peu conquis toute l'Asie Mineure et une partie du monde arabe, jusqu'à susciter l'inquiétude des chrétiens de Byzance et d'Occident. C'est contre les Seldjoukides que sont lancées la plupart des grandes croisades médiévales.

Au début du xiiiie siècle, le sultanat voit arriver des tribus turkmènes chassées d'Asie centrale par les envahisseurs mongols. À la façon des empereurs romains pactisant avec les Germains pour défendre leurs frontières contre les Huns, les Seldjoukides font alliance avec ces clans, qui se voient attribuer des territoires à l'est de l'Anatolie. Leur mission : protéger le sultanat contre une éventuelle agression mongole. En réalité, le déclin des Seldjoukides est amorcé, et le sultanat, défait par les Mongols en 1243, devient dès lors un simple protectorat. Les clans turkmènes en profitent pour constituer des émirats indépendants. Parmi ceux-ci, celui de Sôgüt s'impose vite comme l'un des plus puissants. Mais il ne prend pourtant son essor qu'à partir de 1281, quand Osman Cazi en prend la tête.

Chef de guerre redoutable et habile politicien, celui-ci aura le temps pour lui : il va régner pendant près de quarante-cinq ans.

Il arrive également au bon moment : c'est en 1277 que le sultanat seldjoukide disparaît définitivement. Une série d'alliances et conquêtes permet à Osman d'étendre son territoire, et, grâce au reflux des Mongols, de concentrer ses efforts sur l'Ouest.

Ayant conquis une bonne partie de l’Asie Mineure, il prend le titre de sultan en 1299, date qui peut être regardée comme la fondation officielle de l'Empire. Osman, dès cette époque, commence à regarder vers le monde orthodoxe et un Empire byzantin alors en perte de vitesse.

L'identité musulmane de son clan s'affirme : les «Ottomans» (en turc Osmanli) deviennent des ghazis, des guerriers de l'islam.

UN IMPÉRIALISME À VISAGE HUMAIN

Les institutions ottomanes sont peu centralisatrices. Certes, le turc est langue officielle; l'islam, religion officielle; les fonctionnaires se chargent de faire parvenir l'impôt à Constantinople et rendent la justice d'une façon relativement uniforme, mais les particularismes locaux sont respectés. En matière religieuse, en particulier, la présence de juifs et de chrétiens n’a pendant longtemps pas posé de problème, ceux-ci se voyant accorder le statut de dhimmis («protégés») et la possibilité de faire carrière dans l'administration impériale, tandis que leurs communautés (millets) ont le droit d'avoir leurs propres tribunaux. Plus libéral que l'Empire byzantin, l'Empire ottoman fut jusqu'au xvii' siècle bien accepté des chrétiens orthodoxes, qui, malgré une imposition supérieure à celle des citoyens musulmans, se félicitaient de ne plus subir l'oppression de l'aristocratie byzantine. Pour une raison simple : il n'y avait pas d'aristocratie chez les Ottomans.

« surtout le Hedjaz.

Cette partie de l'Arabie est quasi déserte et dénuée d'intérêt stratégique, mais elle ouvre la voie de l'océan Indien, déterminante pour le commerce, et surtout elle comprend les villes saintes de l'islam, La Mecque et Médine.

Selim prend le titre de calife, qui sera celui des sultans jusqu'à la fin de l'Empire.

L'ambition avouée des Ottomans, dès lors, est l'unification sous leur contrôle de l'ensemble du monde islamique.

Ils n'y parviendront pas, malgré la prise du reste de l'Irak en 1534 et le contrôle relatif des tribus berbères peuplant la Tunisie et l'Algérie :quelques peuples caucasiens et asiatiques, à l'est.

et le royaume du Maroc, à l'ouest, conserveront toujours leur indépendance.

Il n 'empêche que dès le w siècle, et pour près de trois cents ans, l'essentiel du monde arabe passe sous contrôle ottoman.

Constantinople devient alors une capitale culturelle et religieuse comparable à ce qu'avaient été Bagdad ou Cordoue de l'architecte Sinan .

Mais on pourrait également citer le développement de la poésie et de la musique, dans la capitale comme 1dans les grandes cités de Syrie (Damas et Alep), berceau de la civilisation arabe .

La Turquie donne le ton, et une série de conquêtes achève de l'imposer sur la scène européenne : prise de Belgrade en 1521 , protectorat de Hongrie en 1526, siège de Vienne en 1529 .

C'est à cette époque que les Ottomans nouent leurs premières alliances avec les puissances européennes, notamment avec les Français contre les Habsbourg.

ii BJiq.IR;i·IJIII Le siège de Vienne et la conquête de l'Irak apparaissent pourtant comme la limite historique de l'expansion impériale.

La bataille de Lépante , en 1571 , oppose aux Ottomans les flottes vénitienne et espagnole ; c'est une défaite pour les Turcs , et même si la liste de leurs conquêtes méditerranéennes n 'est pas encore close (il y aura encore Chypre et les iles grecques) , les Européens conservent le contrôle commercial des mers .

C'est assurément un facteur de développement, et si l'on y ajoute la découverte du Nouveau Monde et les progrès techniques et scientifiques de la Renaissance, on comprend que l'histoire du monde ottoman, pendant près de deux siècles, donne une désespérante impression de surplace .

Alors que les pays européens connaissent un développement rapide, l'Empire entre dans une phase de déclin inéluctable.

Sur le plan politique, cela se traduit par un affaiblissement des califes , face à la fois aux vizirs et à des armées privées de conquêtes .

En 1622 , le sultan Osman Il est assassiné par les janissaires, et l'autorité impériale passe peu à peu entre les mains des grands vizirs, avec notamment la dynastie des Koprolu (1656-1710).

A ces désordres s 'ajoute un déséquilibre commercial , l'Empire s 'avérant de moins en moins capable de vendre ses productions, important toujours plus de biens occidentaux .

Le monopole du commerce avec les Indes disparaît avec la découverte de la route du cap de Bonne-Espérance .

Affaiblie sur le plan économique, la Sublime Porte reste pourtant une puissance militaire de toute première importance, capable de mettre une 1-------------- 1 seconde fois le siège devant Vienne, UNE ALLIANCE SÉCULAIRE À l'initiative de François 1~.

au milieu du XVI' siècle, la France décide de laire alliance avec le Grand Turc, comme on dit alors.

li s'agit d'une stratégie v isant à prendre les Habsbourg autrichiens à revers; un de ses effets est notamment de faire bénéficier la France d'un régime commercial spécial, les capitulations.

Cette alliance se poursuit.

avec des hauts et des bas, jusqu'à la Révolution et l'expédition en Égypte de Bonaparte, qui voit les Français prendre pied au Moyen-Orient pendant trois ans.

Les aléas de la colonisation, puis la Première Guerre mondiale auront raison de ce partenariat privilégié.

en 1687 .

Mais les Autrichiens contre ­ attaquent.

prennent pied en Serbie et en Bosnie .

Vaincu en 1687, puis en 1697 , le 1 1 la Hongrie et la Transylvanie, et de surcroît abandonne la Podolie aux Polonais , la Morée et la Dalmatie à Venise .

Une contre-attaque permet aux Ottomans de récupérer une partie des Balkans , et, en 1791 , les guerres austro -turques s'achèvent sur un statu quo.

Parallèlement , l'Empire doit affronter à plusieurs reprises une puissance montante, la Russie .

Une première guerre , de 1736 à 1739 , se solde à l'avantage des Ottomans, grâce à l'intercession de l'allié français.

Un second conflit voit en revanche les Russes prendre l'avantage : ils obtiennent en 1774 la Crimée et, avec elle, la liberté de circuler en Méditerranée et en mer Noire .

LA QUESTION D'ORIENT La fin du XVIII' siècle voit donc un affaiblissement décisif de l'Empire : c'est le début de ce que l'on va nommer pendant plus d 'un siècle la «question d'Orient ».

Autour de 1800 , diverses provinces font sécession ou menacent de le faire : la Syrie, l'Égypte de Méhémet -Aii, tandis que des fondamentalistes musulmans , les wahhabites , se révoltent en Arabie .

Les Serbes des Balkans s'agitent eux aussi , et l'assassinat du sultan Selim Ill par les janissaires, en 1807, ne contribue pas à apaiser la situation.

L'un de ses successeurs , Mahmud Il, opte pour la manière forte , en faisant assassiner les janissaires en 1826 .

Son successeur , Abdülmecid, lance une œuvre de modernisation (Tanzimat 1839-1876}, à la fois dans l 'armée et dans l'instruction publique.

La formation d'une armée de conscrits, sur le modèle français, lui permet en particulier de compter sur la fidélité de troupes jeunes et dévouées .

Mais le déclin est en marche : en Europe , la Révolution françai s e a laissé dans son sillage un ensemble de mouvements nationalistes qui vont trouver dans la révolte grecque de 1821 un de leurs mythes fondateurs .

Les puissances européennes accordent leur appui à la Grèce , laquelle voit son indépendance reconnue en 1829 par le traité d 'Andrinople, qui accorde également aux Serbes leur autonomie .

L'Égypte de Méhémet-Aii fait alors sécession, et l'armée égyptienne conduite par Ibrahim Pacha prend la Palestine et la Syrie , allant presque aux portes de Constantinople sans rencontrer de résistance.

Ironie de l'histoire , il faudra l'aide des Russes pour que les Ottomans sauvent leur capitale.

L'appétit de Moscou est bien aiguisé , et l'allié russe commence à se faire envahissant quand l'intervention des puissances européennes met un frein à ses ambitions .

Ainsi la guerre de Crimée (1854-1855}, où une expédition franco anglaise brise les prétentions du tsar sur les possessions ottomanes en Europe .

Telle est la situation des Ottomans au milieu du X IX' siècle : incapables de régler seuls leurs affaires, LE CALIFAT Le calife est histo riquement le p rincipal dignitaire religieux du monde musulman, successeur du Prophète et chef de la communauté musulmane (oumma).

Longtemps porté par les rois de Bagdad, le titre passe au XVI' siècle aux sultans ottomans, quand Selim prend le contrôle des villes saintes de L a Mecque e t Médine.

L'institution du califat, dès lors, va se confondre avec l'Empire, et c'est fort logiquement que Mustafa Kemal l'abolit en 1924, un an après la fin de l'Empire.

Cette abolition, qui est une date marquante dans l'histoire de la Turquie moderne, a aussi son importance dans l'histoire de l'islam : la restauration du califat, et par conséquent de l'unité du monde musulman, est au centre des discours des islamistes d'hier et d'aujourd'hui .

faibles que se tourne alors une volonté de puissance privée de débouchés : des massscres d'Arméniens , entre 1894 et 1896, suscitent l'horreur de l'Europe tout entière , avant le génocide perpétré en 1915 .

Ces démonstrations de force n'empêchent pas une nouvelle délaite 1------------- -1 face aux Grecs, qui prennent la Crète en 1897 .

Dans ces années d'affaiblissement (l'empire est surnommé. »

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