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L'Empire Ottoman par Dominique Chevallier Docteur ès lettres Constantinople avait été prise en 1453.

Publié le 05/04/2015

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L'Empire Ottoman par Dominique Chevallier Docteur ès lettres Constantinople avait été prise en 1453. Les sultans turcs de la dynastie ottomane agrandi leurs conquêtes, commencées dès la fin du XIIIe siècle à partir d'une petite principauté du Nord-Ouest de l'Anatolie, aux dimensions d'un empire. Au début du XVe siècle, Tamerlan les avait, un temps, rejetés vers leur glacis balkanique. Puis ils avaient victorieusement rétabli la situation vers l'est, avançant vers les confins persans et arabes, et consolidé leurs positions vers l'ouest, menaçant l'Europe centrale et méditerranéenne qui éprouva la progression de leur armée comme " la plus grande terreur dans l'univers ". A l'époque de Soliman le Magnifique, l'Empire ottoman s'étendit de Budapest à Aden, de Tabrîz à Oran. Il comprenait La Mecque et Jérusalem. Il était présent en Méditerranée occidentale par ses possessions maghrébines ; il bordait l'Adriatique face à l'Italie, enserrait toute la Méditerranée orientale, et débouchait sur la mer Noire, le golfe Persique, la mer Rouge et l'océan Indien. Pourtant, ce furent les marchands européens qui contrôlèrent son commerce méditerranéen, contournèrent par leurs grandes navigations orientales ses possessions asiatiques, et satisfirent ses besoins en métaux précieux en lui apportant ceux d'Amérique ; les monnaies européennes, que les femmes du Levant thésaurisèrent en ornements de front et de poitrine, furent un signe de cette dépendance. L'axe de l'immense Empire ottoman était cette partie de l'Asie prise entre la Méditerranée et les steppes, où l'Islam et sa civilisation étaient l'unité par-dessus la diversité des groupes humains. L'Europe chrétienne, certes divisée entre ses princes, mais devant qui s'ouvraient les horizons du monde entier, contint les Turcs dans leur avance sur le Danube et les arrêta sur mer. Ce fut, d'abord, la puissance de l'Empire ottoman qui s'imposa. Les moyens en furent l'organisation d'une armée et d'une administration destinées à réaliser les conquêtes, à approvisionner le Trésor impérial et à garantir la soumission des provinces. Les territoires réunis par les sultans constituèrent un vaste marché, riche en hommes, en ressources variées et en villes industrieuses, où la forme de domination des Ottomans fut si bien adaptée à la structure et à la mentalité de la société qu'elle assura à leur Empire une durée de six siècles. Jamais un État musulman n'avait connu auparavant une telle élaboration. Issu de la conquête et vivant du pillage, il ne cessa de ravager ses franges européennes ; grande puissance, il dut régler sa stabilité intérieure avant que l'arrêt de l'expansion territoriale ne devint lui-même, au cours du XVIIe siècle, une cause de faiblesse interne. Les méthodes d'assujettissement avaient créé des liens de fidélité à la personne du sultan du côté européen ; mais des liens de culture le soutinrent du côté asiatique et africain. Le gouvernement de l'Empire resta à l'image de ces contrastes sur lesquels il avait été fondé. Le sultan était d'abord un chef de guerre ; il dut devenir un législateur. Ses droits acquis par la force, maintenus par l'organisation de sa puissance, tirèrent leur justification de sa foi musulmane. En qualité de chef spirituel conduisant la Communauté des Croyants, il fut le défenseur de l'Islam et l'interprète de la loi coranique, sa fonction militaire et législative se fondait dans son rôle religieux ; il représentait l'unité de l'Islam comme l'unité de l'Empire, une atteinte à l'ordre théocratique mettant en cause son pouvoir et réciproquement. De longue date, la tradition musulmane avait enseigné la nécessaire soumission au chef de la communauté : " Soixante ans avec un imam injuste valent mieux qu'une nuit sans sultan ", dit un hadith. Dans " le domaine de l'Islam " où la Communauté des Croyants, umma, était garante de la Loi donnée par la révélation, l'unanimité confessionnelle était conçue par tous comme la forme la plus large de rassemblement. Cette attitude mentale et sociale n'était pas propre aux musulmans : elle guidait également les minoritaires chrétiens et juifs, même quand le rassemblement n'était compris qu'à partir d'un rite. Il y avait ainsi des communautés confessionnelles juxtaposées à la communauté dominante et protégées par elle, conformément à l'hospitalité-protection traditionnelle dont bénéficiaient les chrétiens et les juifs vivant sous la domination de l'Islam et l'acceptant. Les Turcs désignaient par le nom de millet ce...

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