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Léonard, coiffeur de la reine Marie-Antoinette

Publié le 30/08/2013

Extrait du document

 

 

Ce soir, il y a bal à l'Opéra. Les badauds parisiens attendent de pied ferme l'arrivée du beau monde. Chacun s'apprête à détailler les riches toilettes, quand soudain un cri s'élève : «La reine !«. Marie-Antoinette s'avance, souveraine. Sa coiffure, une incroyable pyramide monumentale «en hérisson«, éclipse sa robe pourtant splendide. Ce pur chef-d'oeuvre est signé Léonard...

t soudain, c'est la gloire. .GMonsieur Antier, Léonard pour ces dames, devient «le« coiffeur en vogue. Celui que toutes se disputent. Mais d'abord, bien sûr, il y a Marie-Antoinette. La reine de France doit faire face à un cruel di¬lemme au lendemain du bal historique. Elle ne pourra plus se passer désormais de cet ar¬tiste qui possède si bien la science de l'effet. Elle l'a bien vu la veille. Jamais, jusqu'à présent, aucune de ses appa¬ritions, pourtant spectacu¬laires, n'a déclenché autant d'admiration. Ce petit Léo¬nard a du génie, il le lui faut absolument. Oui mais le fidèle Lanseneur qui la coiffe d'habi¬tude ? Elle hésite longue¬ment. Comment ménager à la fois l'amour propre de ce der¬nier, et satisfaire son propre caprice ? 

« peu cela lui monterait à lacer­ velle -un comble pour un fai­ seur de têtes ! Mais l'homme de l'art sait garder les idées claires .

Bien sûr, il en profite pour augmenter ses prix, qui passent illico à vingt -quatre louis par séance.

Mais pour le reste, une seule chose l'inté­ resse par-dessus tout : créer , innover , impressionner.

Grâce à la chevelure, cette matière souple et mouvante qui l'ins­ pire, il veut entrer dans !'His­ toire .

Et il entrera .

Pour l'ins­ tant , la frénésie créative l'ha­ bite .

Il prend un pari : adapter ses idées aux événements se­ lon l'air du temps et l'humeur.

Ses coiffures sont tantôt «poli­ tiques », tan­ tôt «anecdo­ tiques ».

Après le fameux « Hérisson », suivent le «Oues-à-co » , le «Pouf-au-sentiment» , la «Cor­ ne d'abondance » .

À partir du 4 juillet 177 6, la Déclaration d 'indépendance de la toute jeune Amérique provoque une pluie de «Philadelphie » et de «Boston ».

Une su renchère permanente Mais la mode a son tribut «toujours plus ».

Ces dames, la reine la première, veulent tou­ jours être les plus remar­ quables, les plus remarquées.

Les pyramides deviennent de plus en plus complexes, de plus en plus hautes , de plus en plus vertigi­ neuses.

Elles s'ornent de fruits , de fleurs , de plumes.

Léonard et ses assistants doivent ' ;; maintenir les cheveux ..

; sur des tiges de métal pour éviter leur chute .

Ces excès repré­ sentent une gêne certaine dans la vie quoti­ dienne.

Les élégantes sont parfois obligées de voyager à genoux dans leur voiture pour y contenir leur coiffure .

Au théâtre , des têtes hautes d'un mètre deviennent le cauche­ mar des spectateurs.

Parfois des incendies éclatent dans les soirées dansantes : une coiffure a touché le lustre ...

Les caricaturistes en font leurs choux gras, mais qu 'im­ porte ...

l'essentiel est dans l'outrance , une tendance te­ nace.

Et puis les noms de ses véritables œuvres d'art sont si mignons : «Papillon », «Fré­ gate » , « Grandes Prétentions », «Noble Simplicité », « Amitié », « Fiancée », « Capricieuse ».

À partir de 1 778, quand com­ mencent les années Trianon de Marie-Antoinette , Léonard lui invente les coiffures qui évoquent sa soif de vie cham­ pêtre comme «Bergère » ou «Jardinière ».

Plus tard , lorsque la reine perd ses che­ veux -qui, heureusement re­ poussent - Léonard lance la tête à «l'Enfant », cheveux courts et bouclés .

UN FIDÈLE ROYALISTE Léonard Antier n'a pas été seulement un grand coiffeur .

Ami · des arts, il ouvre, en 1788, avec le violoniste Viotti, le théâtre de Monsieur.

Louis XVI apprécie ses qualités de serviteur et d 'ami fidèle .

En 1790, au moment du fatal exode de la famille royale à Varennes , le souverain le dépêche comme courrier au marquis de Bouillé, commandant de Metz, pour l'avertir de sa fuite .

Après la mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Léonard devient l'un de ces émigrés royalistes qui sillonnent l'Europe .

Il ne reviendra à Paris, la ville de sa gloire, qu'en 1814, cinq ans avant sa mort .

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