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Les débuts de la IIe République

Publié le 27/02/2008

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«Pire, pire que Charles X! Cent fois pire que Charles X!» murmurait Louis-Philippe dans le cabriolet qui l'emportait vers l'exil. C'était le 24 février 1848. Il venait d'abdiquer sous la pression de l'émeute. Le soir, à l'Hôtel de Ville envahi par la foule, sept hommes formèrent un gouvernement provisoire, proclamèrent la République et décidèrent l'élection au suffrage universel d'une Assemblée constituante. Lamartine, 58 ans, droit et mince, éloquent et dynamique, auréolé par sa célébrité et son génie, était l'âme de ce groupe qui comprenait l'illustre savant Arago, Dupont de l'Eure — vieille relique de la Ire République —, les avocats Marie et Crémieux, le riche et populaire tribun radical Ledru-Rollin et Garnier-Pagès.

« LES ILLUSIONS PERDUES Enclavée entre la monarchie de Juillet et le Second Empire , la 11• République est née dans l'euphorie de la révolution de février 1848 .

Porteuse de grandes espérances , elle se distingua dans ses premiers temps par son soud humaniste de promouvoir les libertés publiques et la justice sociale .

Mais elle eut bientôt à subir la réaction des élites bourgeoises et conservatrices qui, la vidant de sa substance, devait conduire à l'instauration du pouvoir autoritaire de Napoléon Ill.

Fille d'une révolution inachevée, cette expérience chaotique et tumultueuse, malgré sa brièveté, demeure une étape fondamentale de l'histoire politique française.

Elle marqua l'entrée du prolétariat et de la province sur la scène nationale , et servit d'Inspiration aux républicains lors de la chute du Second Empire .

L'« ILLUSION LYRIQUE n L'INSYAUIAnON DE lA IUPuiUQUE le 24 février 1848, aprés deux jours d'émeutes populaires à Paris, le roi Louis-Philippe abdique, à la surprise de tous .

l'annonce déconcerte les insurgés : cette victoire rapide et inattendue ouvre un vide politique.

le jour même, les manifestants envahissent l'Assemblée nationale au moment où les députés débattent de l'éventualité de la régence .

L'insurrection se meut en révolution : dans la confusion, des députés républicains annoncent l'établissement d 'un gouvernement provisoire .

Dans la nuit du 24 au 25 février , sous la pression populaire, celu i-d procl•-la République , sous réserve de ratification par le peuple .

LE GOUYIINEMENT PIOYISOIIIE, ENliE MODtltS ET IADICAUI Hétéroclite, l'équipe portée au pouvoir par les circonstances inclut les différentes tendances du parti républicain ; d'un côté , l'aile modérée et bourgeoise dont la figure emblématique n 'est autre que le poète et député lamartine ; de l'autre, la tendance radicale , avec le député ledru-Rollin , et socialiste , représentée par le théoricien Louis Blanc .

Quant à l'ouvrier Albe~ sa présence est imposée par les insurgés.

Tous sont animés par des idéaux humanistes et démocratiques, inspirés de la révolution de 1789 , mais aussi , à des degrés divers , par une exigence de justice sociale.

De fait en quelques semaines, tout en contenant certaines revendications du peuple de Paris (Lomortine s'oppose ainsi à ce que le drapeau rouge remplace le drapeau tricolore), le gouvernement provisoire adopte de profondes mesures politiques et sociales, en rupture avec le régime précédent le suffrage universel masculin est instauré pour toutes les élections , faisant passer le nombre d'électeurs de 240 000 à prés de 9 millions .

l'égalité politique et dvique est reconnue, tout comme la liberté de la presse et la liberté de réunion .

la Garde nationale est ouverte à tous les citoyens .

la peine de mort pour raisons politiques est abolie.

l'esclavage dans les colonies est supprimé , à l'Initiative de Victor Schœlcher .

Tout comme en 1789 el1792 ,1'élection d'une Assemblée constituante est annoncée , qui sera chargée de rédiger une Constitution .

Présidée par louis Blanc.

la commission du luxembourg.

ouverte aux corps de métier mais créée afin d'éviter la constitution d 'un véritable ministère du Travail , obtient du gouvernement une limitation horaire de la journée de labeur {10 heures par jour à Paris , 11 heures en Province) .

En réponse au chômage qui touche prés d'un ouvrier parisien sur deux au printemps 1848, les Ateliers nationaux sont institués , expression de ce • droit au travail • revendiqué par les déshérités.

LEs • IUUIUCAINS DU LfNDEMAIN » Dans le reste du pays, l'annonce de la révolution est accueillie avec enthousiasme .

Aucun soulèvement n'est signalé contre le gouvernement Passé le premier moment de surprise, la population, toutes classes sociales confondues, se rallie au nouveau régime.

Dans les campagnes, on voit même des prêtres bénir des •arbres de la liberté ».

les nouveaux convertis sont appelés les • républicains du lendemain» , par opposition aux • républicains de la veille», cette minorité qui a fait chuter la royauté .

Cette unanimité est le signe du profond discrédit de la monarchie de Juillet De fait en ces premières heures de la République, la France connaît une sorte d 'euphorie, d'• illusion lyrique •.

comme l'ont appelée les historiens .

L'ÉCHEC DE LA RÉVOLUTION Cette unanimité nationale est brève .

Rapidement les premières difficultés apparaissent.

LES TENSIONS s'UACUIENT la préparation des élections à la Constituante donne lieu à une vive agitation.

En mars, une manifestation ouvrière oblige le gouvernement à reporter la date du scrutin , signe que les masses populaires demeurent maîtresses de la rue.

Il s'agit pour les socialistes , partisans d'une transformation complète de la société, de gagner du temps afin de préparer politiquement le peuple, notamment les paysans , et de renforcer leur organisation .

Une situation qui inquiète la province , traditionnellement plus conservatrice .

De nombreuses révoltes ouvrières, comme celle des canuts à lyon, effraient les possédants et la bourgeoisie.

Partisans de la République et des libertés publiques , ceux-d sont en revanche opposés à la transformation radicale de la société prônée par les dirigeants socialistes , tels Raspail ou Blanqui , influents auprès des masses populaires.

En outre, les difficultés financières et économiques , alimentées notamment par la fuite des capitaux, obligent le gouvernement à augmenter les impôts, accroissant le mécontentement LE TIIOMPHE DES MODtW AUX tucnONS les élections se tiennent finalement le 23 avril.

le taux de participation est de 84 %.

Dans les campagnes, où les notables et le clergé demeurent influents, les paysans votent massivement.

le scrutin marque le triomphe des modérés , représentés par lamartine .

la plupart des nouveaux élus sont des notables, des bourgeois libéraux.

mais aussi des royalistes ralliés.

On compte peu d 'ouvriers élus .

les grands perdants sont les républicains radicaux et socialistes .

lA GAUCHE ltvOLunONNAIIE DtcuntE le 4 mai, le gouvernement provisoire est remplacé par une commission exécutive de cinq membres .

les socialistes, dont louis Blanc.

sont écartés .

Déçus par la tournure des événements, les révolutionnaires parisiens, menés par Blanqui, Raspail et Barbès, tentent un coup de force.

le 15 mai, à la faveur d'une grande manffestation ouvrière, ils envahissent en armes le Palais-Bourbon et proclament la dissolution de l'Assemblée.

l'intervention de la Garde nationale les met en échec.

les meneurs sont arrêtés et emprisonnés.

Cette tentative de coup d'État accentue l'évolution conservatrice de l 'Assemblée lors des élections complémentaires du 4 juin.

Figure influente sous la monarchie de Juille~ Adolphe Thiers, battu en avril.

est élu.

Bien qu'alors réfugié en Angleterre pour avoir, en 1836, fomenté un coup d'État contre le roi louis-Philippe, louis Napoléon Bonaparte, neveu de l'empereur Napoléon 1 ", obtient également un siège de député.

L'INSUIIEcnON POPULAIIE DE JUIN : lA FIN DES IUUSIONS Devant les dffficultés financières persistantes, le gouvernement dédde la fermeture des Ateliers nationaux.

jugés trop onéreux.

privant des milliers d'ouvriers de ressources.

la mesure provoque aussitôt le soulèvement du petit peuple .

le 22 juin, les faubourgs populaires de l'est de Paris se couvrent de barricades.

confiant les pleins pouvoirs au ministre de la Guerre, le général Cavaignac, un «républicain de la veille» .l'état de siège est proclamé .

Une sanglante bataille de rue s'engage entre les insurgés et l'armée, soutenue par des bataillons de la Garde nationale venus de province.

l'archevêque de Paris , Mgr Affre, est tué par une balle perdue alors qu'il tentait de s'interposer.

le 26 juin, Cavaignac est maitre de la rue.

le bilan est terrible : au moins 4 000 morts chez les • Chapeau bas devant/a CaSf/Uette , à genoux devant /'owrier •.

paroles d 'une chanson populaire de 1848 Erreur de jugement : • C'est un crétin que l'on mènera parle bout du nez•, de Thiers d propos de Louis Napoléon Bonaparte •le vais vous montrer comment on meurt pour 25 froncspor jour », Alphonse Baudin , député républicain tué sur les barricades le J décembre 18S1 Avri/1848: 9millionsde Fronçais découvrent le suffrage universel 1500 : le nombre d'insurgés fusillés au lendemain des émeutes de juin 1848 Chimiste de formation , ce républicain de Jo première heure fut emprisonné ou lendemain du 15moi 1848 , avant de connoitre un exil de dix ons.. »

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