1. LA FIN DU MANDAT DE WILSON ET LES PRÉSIDENCES RÉPUBLICAINES
(1919-1932)
Introduction : La victoire de l'Entente en 1918 est d'abord celle des États-Unis dont la guerre a hissé la puissance économique au premier rang mondial. Elle devait entraîner celle du parti républicain, le parti du libéralisme intégral vers lequel les Américains se tournent naturellement lorsque la prospérité les incite à rejeter l'intervention de l'État.
112
I. La défaite des démocrates.
Le démocrate Wilson n'avait été élu en 1912 que grâce à la division des républicains (Théod. Roosevelt contre Taft). Il avait été réélu en 1916, par 9,1 millions de suffrages populaires contre 8,5 millions au républicain Hugues, en se présentant comme le garant de la neutralité des États-Unis. Dès 1918, les républicains emportaient la majorité au Congrès; la politique extérieure et la politique intérieure de Wilson suscitaient de vives critiques auxquelles la maladie (hémiplégie en octobre 1919) l'empêcha de faire face.
A. En politique extérieure.
On lui reproche : 1. d'avoir précipité les Etats-Unis dans une guerre où leurs intérêts directs n'étaient pas en jeu; 2. de n'avoir pas associé le parti républicain aux négociations de Paris, de s'être taillé en Europe des triomphes personnels; 3. d'avoir sacrifié les principes d'équité aux exigences anglaises et françaises; 4. d'avoir accepté pour l'avenir des engagements (garantie des frontières françaises, participation à la S.D.N.) susceptibles d'entrainer les États-Unis dans une nouvelle guerre. Le traité de Versailles devait être ratifié par le Sénat à la majorité des deux tiers, soit 65 voix; Wilson refusant tous les amendements demandés, le vote du 20 mars 1920 ne donna que 49 voix pour le traité qui se trouva rejeté; les États-Unis signeront en 1921 le traité de Berlin constatant le rétablissement de la paix avec l'Allemagne. Premier échec de Wilson.
POINTS ESSENTIELS
1914 a sans doute marqué l'apogée de la démocratie libérale et parlementaire fondée sur la priorité des droits de l'individu.
La première guerre mondiale a permis ou imposé l'établissement de contraintes que le retour à la paix n'effacera pas complètement. La victoire était pourtant celle des démocraties sur des monarchies qualifiées par leurs adversaires de conservatrices et autoritaires : les nouveaux États (Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie) et même les Etats vaincus (Allemagne, Autriche, qui prenaient la forme de républiques) se donnaient des constitutions libérales et démocratiques.
Très vite la démocratie libérale, respectueuse de la diversité des idées, des sentiments et des intérêts s'est avérée inadaptée aux problèmes que soulèvent :
les conflits de nationalités dans les Etats à fortes minorités allogènes (Yougoslavie),
les ressentiments nés du règlement des traités chez les vainqueurs insatisfaits (Italie) ou chez les vaincus (Allemagne),
le danger communiste, en particulier dans les pays à bas niveau de vie,
ou encore les crises économiques de 1920-1921 et des années 1930, avec leurs séquelles sociales;
elle est incompatible aussi avec l'absence de conscience politique des populations à prédominance rurale de certains pays qui l'ont adoptée (Portugal, Baikans).
Dans tous ces cas, les régimes parlementaires et libéraux ont été renversés au profit de régimes autoritaires de styles divers. La "crise de la démocratie" s'est donc soldée par un recul de la démocratie qui, sur la carte de l'Europe de 1939 ne conserve que les pays scandinaves, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse, la France et le Royaume-Uni, la vieille Europe du Nord-Ouest depuis longtemps façonnée au libéralisme et riche encore malgré la crise économique. Elle est d'ailleurs contestée, même sur ce terrain
8. L'ÉVOLUTION DE L'EMPIRE COLONIAL BRITANNIQUE (1919-1939)
Introduction : La Grande-Bretagne a dû, comme la France, faire face dans son empire colonial à des revendications autonomistes entre les deux guerres, mais les problèmes se posent en termes différents selon qu'il s'agit de colonies à peuplement blanc ou de colonies de couleur.
I. Les Dominions (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Union Sud-Africaine).
La guerre a resserré la solidarité morale des Dominions avec la Grande-Bretagne, à qui ils ont fourni de gros contingents militaires, mais elle a distendu à la limite de la rupture leurs liens de subordination à son égard.
— La conférence impériale de 1926, capitale dans l'histoire de la décolonisation anglaise, reconnaît que "les Dominions sont des communautés autonomes à l'intérieur de l'empire britannique, égales en statuts, aucunement subordonnées l'une à l'autre, dans aucun aspect de leurs affaires intérieures ou extérieures, bien qu'unies par leur allégeance commune et librement associées comme membres du Commonwealth des nations britanniques". Avec un siège à la S.D.N., chacun d'eux jouit de la souveraineté diplomatique.
— Le statut de Westminster (1931) confirme cette quasi-indépendance des Dominions.
— La conférence impériale d'Ottawa (1932) organise le système de la préférence impériale et tend à faire du Commonwealth une unité économique, sans supprimer toutefois les oppositions d'intérêts entre les jeunes industries des Dominions et celles de la métropole.
II. Les rapports avec les colonies de couleur.
Les difficultés de la Grande-Bretagne avec ses colonies de couleur sont du même ordre que celles de la France (voir devoir suivant).
n La réunion de la conférence de la Paix à Paris provoque quelques manifestations pour l'indépendance dans le Kenya et le Sierra Leone, avec envoi de délégations à Paris. Londres en a facilement raison.
n En Égypte, il lui faut cependant céder aux revendications du Wafd et accorder l'indépendance (1922).
n Dans l'Inde, la Grande-Bretagne se heurte, depuis 1885, au parti du Congrès, parti des "educated natives" qui réclame l'autonomie,