Les demoiselles de Saint-Cyr ne joueront pas « Athalie » en public
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
D'autres voix se joignent à la sienne, déplo¬rant ces événements mon¬dains, ces représentations à grand spectacle, l'agitation que tout ceci suscite autour des demoiselles de Saint-Cyr : « On leur ôte par ce moyen cette honte modeste qui les retient dans leur devoir «, affir¬me Hébert.
Les détracteurs d'Athalie souli¬gnent l'indécence d'exposer ces jeunes filles aux yeux de tous, à la promiscuité « pres¬que pas raisonnable « avec les jeunes gens de la Cour. « Quel¬quefois les choses les mieux instituées dégénèrent, insinue madame de Lafayette, et cet endroit [la maison d'éducation de Saint-Cyr] qui, maintenant que nous sommes dévots, est le séjour de la vertu et de la piété, pourra quelque jour être celui de la débauche et de l'impiété... «
Quelques incidents survien¬nent, qui semblent confirmer le bien-fondé de ces critiques : certaines des demoiselles re¬fusent, à la suite d'Esther, d'in¬terpréter les chants d'Église, rechignent à accomplir les tâ¬ches ménagères, bref, manifes¬tent de véritables caprices de vedettes.
«
Certes, l' œuvre comporte des
passages
de poésie religieuse
d'une grande pureté.
L'auteur
y
dépeint de façon édifiante
les excès qu'entraînent les ins
tincts humains et conclut au
triomphe de Dieu.
Cependant,
la
violence des passions, la
sensibilité extrême qui s'y
expriment choquent certains,
et bien vite quelques accrocs
se
produisent .
Le curé de Ver
sailles , François Hébert , trou
ve « ces sortes de divertisse-
LA FIN D'UNE
ÉDUCATION MODERNE
Après le renoncement
à Athalie, il n'y aura plus d'expériences théâtrales à Saint-Cyr.
On y déplore
même le « temps perdu en
amusements».
En mars 1692,
les
costumes de théâtre sont, sur ordre de la marquise de Maintenon, convertis en tapisserie pour le reposoir
du jeudi saint ; une partie
des pierreries est dévolue au
décor d'une niche destinée à exposer le Saint
Sacrement.
Cette sorte de sacrifice expiatoire s'inscrit
dans une mutation radicale de l'esprit de l'école.
« Nous avons trop voulu que les filles eussent de l'esprit ( ...
).
Une éducation simple et chrétienne aurait fait de bonnes filles ( ...
) ; nous avons fait de beaux esprits», confesse la marquise en septembre 1691, ajoutant
qu'il faut « prendre des mesures toutes contraires à
celles que nous avons
prises ».
Par la volonté de
madame de Maintenon,
qui s'est tournée vers une dévotion austère, et sous la
pression des dévots,
l'institution, :que sa
fondatrice avait voulu ouverte
sur le monde et dotée de principes modernes
d'éducation, va se transformer en couvent pensionnat rattaché à l'ordre
de Saint-Augustin.
ments ( ...
) absolument contrai
res à la piété et à l'esprit du
christianisme ».
D'autres voix
se
joignent à la sienne , déplo
rant ces événements mon
dains, ces représentations à
grand spectacle, l'agitation
que tout ceci suscite autour
des demoiselles de Saint-Cyr :
« On leur ôte par ce moyen
cette
honte modeste qui les
retient dans leur devoir » , affir- ~
me Hébert .
~
Les détracteurs d'Atha/ie souli- ;°5 z gnent l'indécence d'exposer ~
ces jeunes filles aux yeux de ~
tous, à la promiscuité « pres- -&.
que pas raisonnable » avec les
jeunes gens
de la Cour .
«Quel
quefois les choses les mieux
instituées dégénèrent, insinue
madame de Lafayette, et cet
endroit l la maison d'éducation
de Saint-Cyrl qui, maintenant
que nous sommes dévots, est
le séjour de la vertu et de la
piété, pourra
quelque jour être
celui
de la débauche et de
l'impiété ...
»
Quelques incidents survien
nent , qui semblent confirmer
le
bien-fondé de ces critiques :
certaines des
demoiselles re
fusent, à la suite d'Esther, d'in
terpréter les chants d'Église,
rechignent à accomplir les
tâ
ches ménagères, bref , manifes
tent de véritables caprices de
vedettes .
De marche arrière
en abandon
Madame de Maintenon pré
fère faire marche arrière.
En
novembre, elle prend le parti
de priver Athalie de tous les
accessoires spectaculaires, des
décors,
de la musique, des
costumes , qui ont contribué au
succès d'Esther mais qui sont
trop à même d'exciter les pas
sions.
En janvier et février
1691, des répétitions ont lieu
entre des demoiselles qui
jouent très simplement, avec
un clavecin
pour tout accom
pagnement .
Louis XIV assiste
Vu.
F
ATHALIE
TRAGEDIE
• A PARIS, Chez D • • T 1 T lf 1 1 a.a,., raë" funr Jxqucs:, à la ,-ilfc de Pms.
M.
OC.
XCI.
AYE.C PR.IYIL.EC.E.
DV ROT .
Édition originale d'Atfrnlie
dédicacée par Racine à
madame de Maintenon et
éditée chez Denys Thierry à Paris en 1691 .
cependant à des représenta
tions privées, notamment le 22
janvier, en compagnie de son
confesseur, le
père de La Chai
se, de l'abbé de Fénelon et de
quelques hauts dignitaires.
Mais on
est loin de la foule ga
lante qui accourait aux repré
sentations d'Esther.
On voit
même l'évêque de Chartres,
dont dépend Saint-Cyr, refuser
d'assister
au spectacle.
Bien
plus,
durant la représentation
du 22 janvier , il tient à l'inté
rieur même de l'école une con
férence dans laquelle il dénon
ce « les mascarades scandaleu
ses », les « débauches déplora
bles »
auxquelles se livrent cer
tains chrétiens !
Athalie n'est jouée par ailleurs
à ce moment-là ni à Cour, ni à
la
ville .
Les contemporains
doivent se contenter du texte ,
achevé
d'imprimer le 3 mars
1691 et réédité dès l'année
suivante .
Ce n'est qu'en 1702
que madame de Maintenon
accueillera chez elle une re
présentation de la pièce don
née par des princes.
Quant au
public, il ne découvrira Athalie,
interprétée par les acteurs de
la Comédie-Française, qu 'après
la mort du roi, en mars 1716 ..
»
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