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Les États latins d'Orient : De la prise d'Édesse à la disparition des dernières possessions chrétiennes en Orient

Publié le 20/08/2013

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LES CROISÉS EN VUE

DE CONSTANTINOPLE

Lorsqu'ils parviennent devant Constantinople en 1204, les croisés sont stupéfaits par la majesté de la ville. C'est leur étonnement dont le chroniqueur français Geoffroi Villehardouin (1148-1213) se fait l'écho :

« Or croyez bien qu'ils regardèrent beaucoup Constantinople, ceux qui jamais encore ne l'avaient vue ; car ils ne pouvaient penser qu'il pût y avoir ville si riche dans le monde entier, quand ils virent ces hauts murs et ces riches tours dont elle était close à la ronde tout alentour, et ces riches palais et ces hautes églises, dont il y avait tant que nul ne l'eût pu croire, s'il ne l'eût vu de ses yeux, et la longueur et la largeur de la ville qui entre toutes les autres était souveraine. Et sachez qu'il n'y eut homme, si hardi fût-il, à qui la chair ne frémit j...] jamais aussi grande entreprise n'avait été tentée par personne, depuis la création du monde. «

« • Profrtant des divisions politiques de l'islam, ils étendent leur domination ~ de nombreuses villes côtières de Syrie-Palestine : Tortose est prise le 17 février 1099 par des vassaux du comte de Toulouse, Césarée tombe ~ son tour aux mains des croisés le 17 mai 1101 , puis c'est au tour d'Acre , dont s'empare Baudouin le 26 mai 1104, de Tripoli {1109 ) , qui est conquise par Guillaume Jourdain, et de Sidon {1110).

• Dans un premier temps, le comté de Tripoli est partagé entre Guillaume Jourdain et Bertrand de Saint-Gilles .

Toutefois , l'assassinat de Guillaume permet à Bertrand dit «de Tripoli» de réunifir le comté .

• Parmi les États latins, c'est le comté de Tripoli qui est le plus troublé par les luttes intestines , ce pourquoi il constituera une cible facile pour les Mamelouks.

l'HMILf snAltGIE DE WGI • Les succés initiaux des croisés se révèlent toutefois fragiles.

Alors que de nombreuses dissensions affectent le camp des Francs, le gouverneur turc d 'Alep, Zangi , entreprend d'unifier sous son autorité les provinces de Mossoul et d'Alep.

L'homme choisit bien son moment.

Il sait que la réconciliat ion des Francs et des Byzantins (mars 1138) est précaire, même si elle leur permet de mettre le siège devant Chayzar, une cité de Syrie .

Inlassable activiste , Zangi envoie des messagers en Anatolie auprés des Danichmendites -une dynastie turkmène- pour qu'ils reprennent la lutte , et il dépêche des agitateurs à Bagdad pour forcer le sultan à envoyer des troupes vers Chayzar .

Zangi , dont l'armée est bien moins nombreuse que celle de l'adversaire, renonce à une attaque de front et se lance dans une tactique de harcèlement Zangi écrit au basileus -titre de l 'empereur de Byzance - et aux Francs , essayant de jouer sur leurs dissensions.

il va même jusqu 'à propa ger des rumeurs annonçant l'arrivée de gigantesques armées venant de Perse , d 'Irak et d 'Anatolie .

Dépité par la mauvaise volonté de ses alliés francs , le basileus lève le siège de Chayzar {21 mai 1138) .

• Le 22 décemb re 1144 , Zangi s'empare d'Édesse que le comte Jocelin Il a laissée sans défense.

Une victoire éclatante qui se double du massacre de quelque 6 000 personnes .

• La perte du comté d'Édesse fait l'effet d'un coup de tonnerre en Occident.

La chute du premier État franc décide le pape Eugène Il à lancer en 1147 une deuxième croisade .

LA PErn D'AimocHE • Répondant à l 'appel du pape, l'empereur Conrad Ill et le roi de France Louis Vil prennent le chemin de l'Orient Au terme d'un périple particulièrement éprouvant et meurtrier -tout au long de leur progression, ils subissent d'Incessants raids turcs -, les deux souverains décident en juin 1148 de mettre le siège devant Damas , une ville bien défendue, plutôt que de tenter de battre Zangi à Alep -où les conditions d 'une victoire semblaient pourtant plus réunies .

Dès juille~ se répand dans tout l'Orient musulman.

• Deux hommes exceptionnels , en capitalisant la déconfiture des croisés, vont incarner la reconquête : Nur al-Din , prince fatimide et fils de Zang i, et Saladin , sultan ayyoubide d'Égypte .

• Nur al-Din se lance à l 'assaut de la principauté d'Antioche .

Victorieux des troupes de Raymond de Poitiers lors de la bataille d'lnab (1149) , il prend le contrôle de la plus grande partie de la principauté qui est réduite à un mince cordon côtier entre la mer et Oronte.

• !:action de Saladin se révèle encore plus déterminante pour les possess ions latines en Orient Sous sa conduite , les armées arabes unifient la Syrie à l'Égypte et étendent leur domination jusqu'en haute Mésopotamie .

LA IATAIUf DE IIAmN • C'est à Hattin , prés du lac de Tibériade , que S.hHihl décide de porter un coup décisif contre les Francs .

Habile stratège , il choisit soigneusement le terrain de l'affrontement il déclenche un immense feu de broussailles qui pousse la garnison de la citadelle, littéralement asphyxiée, à tenter une sortie désespérée .

N ' étant pas parvenus à gagner le lac de Tibériade , les Francs sont contraints de se replie r sur une hauteur, les Cornes d'Hattin .

La bataille qui s'y déroule le 5 juillet 1187 est terrible .

La chevalerie franque est anéantie et les défenseurs de Hattin perdent la relique de la vraie Croix qu'ils détenaient • Hattin tombée, rien ne s 'oppose plus à la poussée de Saladin.

La citadelle de Tibériade tombe le 6 juille~ prélude à la chute de Saint-Jean-d 'Acre , de Jaffa, de Césarée et de Sidon .

C'est bientôt au tour de Beyrouth {6 août) , d 'Ascalon ( 4 septembr e) et de Gaza (5 septembre) de connaître la furie des armées de Saladin.

Mais c'est bien évidemment sur Jérusalem que le sultan d 'Égypte veux voir flotter le drapeau de l'islam.

SAlADIN, MAinE DE JtiUSALfM • Le 20 septembre 1187, les défenseurs de Jérusalem assistent au déploiement sous leurs murs d 'une douzaine d'engins de siège.

Bien que la ville se défende avec énergie sous la conduite d'un jeune chevalier Balian d 'lbelin , S.lllllhl recueille les fruits de son assaut le 2 octobre .

Le sultan "--".,.,1.1111..., a pourtant dû négocier avec Balian d'lbelin qui menaçait d'anéantir les lieux saints musulmans au cas où les habitants de la ville ne seraient pas épargnés.

• Fidèle à la parole donnée, Saladin autorise tous les chrétiens à quitter Jérusalem et ~ rentrer en terre chrétienne .

Le sort des autres habitants de la ville est fonction de leur fortune .

• Lorsqu 'ils parviennent devant Constantinople en 1204 , les aoisés sont slupéfails par la majesté de laville.

C'est leur étonnement 1 dont le chroniqueur (1148-1213) se fait l'édlo: • • Or croyez bien qu'ils regardèrent beaucoup Constantinople.

ceux qui jamais encore ne l'avaient vue ; car ils ne pouvaient penser qu'il pQt y avoir vile si riche clans le monde entier, quand ils virent ces hauts murs et ces ridles loUis dont ele était dose à la ronde tout alentour, et ces ridles palais et ces hautes églises.

dont il y avait tant que nul ne l 'eQI pu croire.

s'li ne l'eQt w de ses Yl!lllf, et la longueur et la largeur de la vile qui entre toull!s les autres était souveraine .

B sadlez qu'• n 'y eut homme, si hardi 101-i.

à qui la chair ne frémit[ .

..

) jamais aussi grande entreprise n 'avait ~ tentée par personne , depuis la création du monde .• des assiégeants.

Le 11 juillet 1191, la famine a raison des défenseurs de la ville qui se résignent à capituler .

Richard se montre moins magnanime que Salad in ne le fut à Jérusalem .

Sur l'ordre du roi d 'Angleterre , la garnison de la ville est massacrée , soit quelque 2 700 soldats, avec près de 300 femmes et enfants de leur famille .

• Acre devient alors la capitale du royaume latin d'Orient En l'absence de Philippe Auguste , reparti pour I'Occiden~ Richard ne se risque pas à l 'assaut de Jérusalem .

Il signe avec Saladin un accord qui assure aux Francs une trêve de trois ans et la liberté de pèler inage à Jérusalem en échange de celle , pour les musulmans , de se rendre à La Mecque .

L'EMPIU LAJIN DE CONSTANTINOPU • Alors que des tréves établissent un statu quo entre ce qui reste des États latins et les successeurs de Saladin, les croisés dirigent leurs efforts sur l'Égypte dont on pense qu'elle détient les dés de la Ville sainte : c ' est dans cette perspective que s'Inscrit la quatr ième croisade décidée par Innocent Ill f----------....; (1198) .

Déviée sur COIISt.lltillople, Les plus riches sont libérés au prix d 'une forte rançon .

Quelque 7 000 pauvres bénéficient de sa démence en échange d'une rançon collective dont s'acquittent les ordres des Templiers et des Hospitaliers .

Les quelque 15 000 habitants dont les ordres monastiques n 'ont pas voulu acheter la liberté sont réduits en esclavage .

Moins d'un siècle après la conquête de la Ville sainte par les croisés , la chute de celle-ci est durement ressentie en Occident.

l'ÉPHÉMÈRE SURSAUT DE l'OCCIDENT LA IEPIISE D' Acu • À la perte de Jéru salem, l'Occident répond par une troisième croisade que prêche le pape Grégoire Vlll.t:objectif fixé aux nouveaux croisés - l 'empereur germanique Frédéric 1", le roi de France Philippe Auguste et le roi d ' Angleterre Rkh11rd c-r de LIOII­ est de sauver les États latins d 'Orient • Parti le 4 juillet 1190 , Philippe Auguste arrive le 20 avril1191 devant Saint -Jean ­ d'Acre où le rejoint Richard Cœur de Lion le 8 juin.

Quant à l 'armée de Frédéric 1", elle s'est dispersée aprés que l'empereur s 'est noyé en Cilicie.

• Les renforts venus de France et d'Angleterre ne sont pas de trop car, depuis la prise d 'Acre par Saladin en juillet 1187 , les Francs tentent sans succés de reprendre la ville .

Ironie du so~ ce sont les défenses qu'ils ont eux-m êmes établies en 1104 qui les empêchent de progresser .

• Le sort d'Acre est bientôt scellé malgré les attaques de dégagement que mène Saladin sur les arrières elle aboutit au sac de la ville en avril 1204 et à la fondation , sur les dépouilles de Byzance , d'un Empire latin qui devait durer jusqu 'en 1268 .

fltlltiiC Il, 101 DE ltiUSALfM ·Après l'échec de la prise du Caire lors de la cinquième croisade (1213-1221 ), un sursaut se produit avec la croisade entrepr ise par l'empereur Frédéric Il, qui, bien qu'excommunié par Grégoire IX, obtient du sultan Malik ai-Kamilla restitution , pour quelques années , de Jérusalem .

Par le traité de Jaffa (1229 ), les croisés disposent également des villes de Bethléem et de Nazareth .

• Réduit aux côtes , le royaume parvient à réoccuper une grande partie de l'Intérieur grace à l'habileté diplomatique de Frédéric Il, ..,_ roi th Hnlsllle..

Mais ses initiatives provoquent confusion et déchirement en Terre sainte : en 1232 , les barons chassent les représentants de Frédéric d 'Acre , puis de Tyr {1243 ).

De plus , les rivalités entre les colonies italiennes et les ordres des Templiers et des Hospitaliers débouchent sur des conflits armés .

LA AN DES ÉTATS LAnNS D'OIIENT • En 1244, en réaction à l'Intervention des Francs dans une délicate question de succession opposant les héritiers de Malik ai-Kamil , les musulmans reprennent Jérusalem .

Ce nouveau coup de main contre la Ville sainte déclenche la septième croisade à l'Initiative du pape Innocent IV (1245) .

• De nouveau il s'agit de conquérir l'lgyptr pour en faire une monnaie d'échange en vue de récupérer la Syrie-Palestine.

!:éphémère prise de Damiette par le roi de France Louis IX- qui deviendra Saint Louis - n'empêche nullement les Mamelouks de s'Imposer dans toute l 'Égypte .

• Louis lX s 'emploie , quat re ans durant et à ses frais , à fortifier les places côtières franques d'Acre , de Sidon , de Jaffa et de Césarée .

Les Mamelouks ne s'en imposent pas moins .

Auréolés de leur victoire sur les Mongols , ils font la conquête systématique des États latins : Antioche est définitivement arrachée aux croisés en 1268 , tandis que le comté de 7Hpol/ m rectllllfllls sans difficu~é par le sultan d'Égypte en 1289.

• Un processus inexorable est en route qui, malgré quelques trêves qui en ralentissent parfo is le cours, met fin au rêve oriental de l'Occident chrétien .

Avec la prise d'Acre en 1291, c 'en est fini de la présence latine en Syrie­ Palestine.

Et comme l'Empire byzantin a repris Constantinople en 1261, la présence latine en Orient ne se maintient plus qu'à Chypre -conquise par Richard Cœur de Lion en 1189 - , dans le Péloponnése avec la Morée et dans quelques nes de la mer Égée.

UN IIIM NlciATIF • n aura fallu huit aoisades pour que l'Occident chrétien renonœ à son expansion en Orient Durant deux siècles.

deux grands IIIOIIOihéismes se sont opposés awec œ que cela suppose de contads.

La constitution des Bals latins a eu pour effet de dévaloriser aux yeux des musulmans -iqliii1IVi1l1t toiSanls­ la c:hrttienlé orientale.

Pis, les Mamelolis.

dont l'emprise s'est étendue en raison même de la constitution du royaume latin d'Orient.

ont adopté une intransigeance qui devait se marquer par la persécution des maronites et des Arméniens de Cilicie.

• Sur le plan profane.

(est peu de dire que le choc entre les aoisés et les musulmans n'a pas favorisé la compréhension muluelle des cUiures.

À cet égard.

les Bals francs ne peuvent guère rMI1diquer la compréheltsion de l'ISlam.

celle-ci passant bien davantage par l'Espagne et la Sicie.

• Dans le domaine économique.

le bilan est également bien rnaipe.

On sait aujourd'hui que l'llllluenœ des aoisades sur le commerce occidental est restée marginale.. »

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