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Les guerres de Bosnie et du Kossovo

Publié le 10/11/2018

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LA DISLOCATION DE LA YOUGOSLAVIE

 

Quand elle voit le jour en 1945 sur les bases du Royaume de Yougoslavie, la République populaire de Yougoslavie est une fédération constituée de six républiques (Serbie, Monténégro, Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine). Son fondateur, le maréchal Tito, parvient à maintenir durant son long règne les aspirations nationales des différentes populations la constituant. Sa mort, en 1980, inaugure une crise politique. La période est marquée par le réveil du nationalisme serbe, qui s'incarne en Slobodan Milosevic, dirigeant de la Ligue des communistes de Serbie (1986-1988), puis président de la Serbie (en 1990). Les Serbes entendent asseoir leur supériorité au sein de la fédération et, à terme, réunir au sein d'une Grande Serbie toutes leurs minorités vivant dans les autres républiques. Le Kosovo, province autonome au sein de la Serbie, est le premier à en faire l'amère expérience, dès 1987.

 

C'est toutefois la chute du mur de Berlin, en 1989, qui va servir de détonateur. La Slovénie et la Croatie proclament leur indépendance en 1991, imitées un an plus tard par la Bosnie-Herzégovine, véritable mosaïque de peuples. La Serbie refuse ces sécessions : c'est l'embrasement. Pour la première fois depuis 1945, la guerre se transporte en Europe. D’une rare cruauté, avec son cortège d'horreurs qu'on croyait ne jamais revoir, elle consacre l'éclatement de la fédération.

 

La paix revenue en Bosnie, le conflit en ex-Yougoslavie se reporte ensuite au Kosovo (1998-1999), provoquant un gigantesque exode de la population d'origine albanaise.

Abolition de l'autonomie du Kosovo La Bosnie-Herzégovine proclame son indépendance Début du siège de Sarajevo Les Serbes de Bosnie font sécession Création du Tribunal pénal international Accords de Washington entre Croates et Bosniaques Massacres de Srebrenica Signature des accords de Dayton Début des heurts au Kosovo L'OTAN bombarde la RFY Arrestation de Slobodan Milosevic

Depuis des décennies, ces différentes nationalités cohabitent en relative bonne entente. Les mariages mixtes sont nombreux, notamment à Sarajevo, la capitale, où quelques quartiers sont à majorité serbe. À bien des égards, la Bosnie multiethnique apparaît encore, à la fin des années 1980, comme un modèle de tolérance.

Tensions nationalistes

Mais la Bosnie n'est pas épargnée par l'exacerbation des passions nationalistes qui agitent en profondeur la Yougoslavie.

À la fin de 1990, les premières élections législatives libres depuis 1945 marquent la déroute du parti communiste et consacrent la division du corps électoral entre les partis nationalistes représentant les différentes communautés : le SDA musulman devance le SDS serbe, dirigé par un ancien psychiatre, Radovan Karadzic, et le HDZ croate.

Le musulman Alija Izetbegovic, leader du SDA, est élu à la présidence de la République par le Parlement bosniaque et forme un gouvernement de coalition.

La Bosnie dans la crise voucoslave Durant le premier semestre de 1991, la situation de crise dégénère en Yougoslavie. Des affrontements sanglants agitent la Croatie, où la minorité serbe de la Krajina a proclamé son rattachement à la Serbie. Au départ, partisan du maintien de l'unité de la fédération yougoslave, le président bosniaque propose sa médiation, mais son offre est rejetée. En juin, la Slovénie et la Croatie proclament leur indépendance, précipitant la dislocation du pays. Refusant la sécession croate, l'armée fédérale et les milices paramilitaires serbes passent à l'offensive.

La guerre serbo-croate éclate aux portes de la Bosnie-Herzégovine, qui, consciente de sa vulnérabilité, tente de s'en préserver.

L'INEXORABLE MARCHE VERS LA GUERRE

Proclamation de l'indépendance

Par effet de domino, les répercussions du conflit ébranlent bientôt le fragile équilibre politique bosniaque. Durant l'automne, les députés bosniaques et croates votent la souveraineté de la République. Favorables au maintien dans la Fédération et soutenus par Belgrade, les députés serbes font savoir que la proclamation de l'indépendance les conduirait à faire sécession.

De fait, les cantons à majorité serbe proclament bientôt leur autonomie au sein de la République de Bosnie, ce que refuse de reconnaître le parlement de Sarajevo.

La situation paraît totalement bloquée, les tensions s'enveniment entre les communautés.

Pour tenter de sortir de l'impasse, l'Union européenne, qui vient de reconnaître l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie, demande l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination en Bosnie. Les Serbes y voient un casus belli et refusent de participer au scrutin.

Le 1er mars, 60% de l'électorat, dont 99% des Bosniaques musulmans, se prononcent en faveur de l'indépendance. Celle-ci est officiellement proclamée deux jours plus tard, et reconnue un mois plus tard par la communauté internationale.

« LE TRIBUNAL PÉNAL INTERNAnONAL POUR L'EX-YOUGOSLAVIE (l'PlY) En 1993, la révélation des atrocités commises en ex-Yougoslavie conduit l'ONU à mettre en place un tribunal international pour juger les auteurs de crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide.

Siégeant à la Haye (Pays-Bas), le TPIY a inculpé, à ce jour, plus d'une centaine de personnes, serbes, croates , bosniaques ou kosovares, et prononcé 11 condamnations.

le procès de Slobodan Milosevic, arrêté et livré par les autorités de Belgrade en 2001.

est actuellement en cours.

l'ancien dirigeant des Serbes de Bosnie , Radovan Karadzic, et son chef militaire, Radko Mladic, sont toujours en fuite.

réconciliation et prévoient la création d'une Fédération rassemblant les deux communautés.

En échange de sa signature , la Croatie obtient une aide militaire officieuse des États-Unis .

En avril , un «groupe de contact », rassemblant les États-Unis , la Russie, la Grande -Bretagne et la France , est constitué, afin d'élaborer un plan de paix .

Sur le terrain , les premières frappes aériennes de l'OTAN contre des positions serbes , autorisées par l'ONU dès mars 1993 mais auxquelles il n 'avait pas été recouru jusque-là , ont lieu en février; d'autres s'ensuivront.

En représailles , plusieurs centaines de Casques bleus sont pris en otage par les milices serbes.

LE MARTYRE DE 5REBRENICA 1-------------1 Début juillet 1995 , les forces serbes du général Mladic s'emparent accorde la majorité du territoire aux Serbes , entérinant de fait l'épuration ethnique .

À cela s'ajoutent les dissensions entre les Européens (la France, par exemp le, est traditionnellement pro-serbe) , qui empêchent de parler d'une seule voix , et la lenteur de l'administration onusienne.

Certes , des sanctions économiques et un embargo total sur les livraisons d 'armements sont décrétés contre la République fédérative de Yougoslavie (RFY, constituée en 1992 de la Serbie et du Monténégro), tenue pour responsable du conflit.

En février 1993 est instauré un tribunal pénal international chargé de juger les crimes de guerre en ex-Yougoslavie .

le recours à la force de l'OTAN est autorisé par une résolution de l'ONU pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie , et six enclaves musulmanes sont promues «zones de sécurité » sous protection de la Forpronu.

Mais ces mesures n'ont que peu d'incidence sur le terrain : les Casqurs blrus ont un simple mandat de «maintien de la paix », qui leur interdit , dans les faits , de s'interposer militairement Symbole de cette impuissance, l'assassinat , dans un blindé de la Forpronu, du vice­ premier ministre bosniaque par un milicien serbe en janvier 1993 .

LE DIFFICILE RÈGLEMENT DU CONFLIT ENTRtE EN SCÈNE DES ÉTATS·UNIS Constatant l'échec des Européens et de l'ONU, les États-Unis s'impliquent véritablement dans le conflit au début de 1994 .le l " mars, la Croatie , les Croates et les musulmans de Bosnie signent conjointement les 11ccords de Washington , qui scellent leur •.

fl.

li'! ( __ , de l'enclave de Srebrenic11 , théoriquement protégée par les Casques bleus .

l'ONU ne réag it pas, aucune riposte militaire n 'étant décidée .

En quelques jours , près de 8000 musulmans sont massacrés, 25 000 autres chassés.

LE RETOURNEMENT DE L'nt 1995 En août, l'armée bosniaque , épaulée par la Croatie , reprend l'offensive militaire en Bosnie ; les Serbes reculent.

le 28, 48 personnes sont à nouveau tuées par un obus sur un marché de Sarajevo.

l'émotion internationale est intense : deux jours plus tard, l'aviation de l'OTAN et la FFR (Forces de réaction rapide, créée pour épauler la Forpronu) lancent une opération massive contre les positions serbes .

le gouvernement des Serbes de Bosnie de Karadzic est sur la défensive , d'autant que Belgrade s 'est désolidarisée de lui.

la diplomatie reprend ses droits : représentant le «groupe de contact », le médiateur américain Richard Holbrooke obtient un cessez -le-feu généralisé , qui entre en vigueur le 10 octobre .

LES ACCORDS DE DAYTON Du 1" au 21 novembre , Slobodan Milosevic , Franjo Tudjman et Alija lzetbegovic sont convoqués sur la base militaire de Dayton (États-Unis) pour négocier la paix.

Signés officiellement à Paris le 14 décembre , les accords redessinent la carte de la République 1 .

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_ de Bosnie-Herzégovine .

Celle -ci devient une confédération constituée de deux entités distinctes : d'un côté, la Fédération croato-musulmane (51 % du territoire ), de l'autre , la République serbe de Bosnie (49% ).

Sarajevo est réunifié, les Serbes abandonnant , non sans violence, les quartiers occupés .

l'IFOR (Impl ementation Force , 60000 hommes, dont 20 000 Américains) remplace la Forpronu afin de veiller à l'application de l'accord de paix sur place .

les sanctions contre la Serbie sont levées.

BILAN Au total, la guerre de Bosnie a fait plus de 200 000 victimes en trois ans.

Plus de la moitié des quatre millions d 'habitants que comptait la République a été déplacée ou exilée.

En 2003, on estime qu'un million de réfugiés ont retrouvé leur domicile .

le siege de Sarajevo a duré plus de 1 200 jours : c'est le plus long de tout le XX' siècle.

LA GUEIIE DU llOSOVO En 1998, le conflit en ex-Yougoslavie rebondit au Kosovo , province de la Serbie majoritairement peuplée de populations d'origine albanaise et de confession musulmane .

En 1981 , cette petite province bénéficiant d'un statut d'autonomie au sein de la Serbie revendique un statut de République dans le cadre de la fédération yougoslave .

Mais Belgrade s'y refuse .

et réprime dans le sang les manifestations , entraînant une dégradation des rapports entre la minorité serbe et la majorité albanaise.

À partir de 1987, Slobodan Milosevic , le nouvel homme fort en Serbie, utilise la corde nationaliste pour accroître son influence , posant les premiers jalons de sa politique grand-serbe : l'autonomie du Kosovo est progressivement supprimée , les dirigeants nationaux destitués .

l'armée fédérale occupe la province .

la rhétorique nationaliste de Milosevic trouve d'autant plus d 'écho auprès des Serbes que ces derniers considèrent le Kosovo comme le berceau historique de leur nation .

DE LA RtSISTANCE PASSIVE À LA RtSISTANCE ARMtE Face à l'état d'urgence décrété par Belgrade, les députés albanais de l'assemb lée du Kosovo votent la sécession de la province , en juillet 1990 .

En réaction , les institutions sont aussitôt dissoutes par les Serbes .

En septembre 1991 , un référendum clandestin est organisé: l'immense majorité des Albanais du Kosovo se prononcent en faveur de l 'indépendance .

le leader de l'opposition, _ _, _ _ ,...., Ibrahim Rugova , chef de la Ligue démocratique du Kosovo , en devient le président officieux (mai 1992) .

Ainsi, alors que les tensions s'aiguisent entre les différentes nationalités en Yougoslavie, précipitant le pays dans l'abîme, les Kosovars choisissent la voie de la résistance passive , boycottant les élections officielles, mettant en place des institutions parallèles .

Pacifiste convaincu , Rugova espère de cette façon s 'attirer le soutien politique de l'Occident et éviter les représailles contre son peuple .

Cette voie non-violente se solde cependant par un échec: en 1995 , les accords de Dayton , qui mettent fin à la guerre en Bosnie et en Croatie, ignorent totalement le cas du Kosovo , considéré par les puissances comme un problème interne à la Serbie .

Cet échec patent a pour conséquence l'émergence d'un mouvement de résistance armé .

En 1996 , apparaît une embryonnaire Armée de libération du Kosovo (UCK) , qui revendique plusieurs attentats contre la communauté serbe.

AfFRONTEMENT ET EXODE les premiers affrontements sérieux ont lieu en février 1998.

Face à une guérilla aux moyens limités, la police et les milices paramilitaires serbes mènent une répression disproportionnée, s'attaquant à la population civile .

En quelques semaines, plus de 2 000 personnes sont tuées, de nombreux villages incendiés .

Près de 250 000 -~~~- - ,_;;- ..

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' .r .J.d Kosovars sont contraints de quitter leurs foyers pour fuir les massacres .

ÉCHEC DES NtGOCIATIONS Contrairement à ce qu'il était advenu avec la Bosnie , la communauté internationale réagit plus vigoureusement.

Tandis que l'ONU vote une résolution (sept.

1998) exigeant l'arrêt de la répression au Kosovo et le retour à un processus politique, l'OTAN menace la Serbie de raids aériens.

Slobodan Milosevic tempère .

Mais le cessez -le-feu n'est que de courte durée.

les combats contre I 'UCK reprennent dès janvier 1999 .

En février , leaders serbes et kosovars sont convoqués en France , à Rambouille~ pour trouver une issue négociée au conflit.

le plan proposé par les grandes puissances , prévoyant une autonomie accrue du Kosovo garantie sur place par une force militaire internationale, est accepté par Ibrahim Rugova et I'UCK .

Slobodan Milosevic refuse .

INTERVENTION MILITAIRE DE L'OTAN Aussi, le 24 mars commence le bombardrmrnt d 'objectifs militaires et de communication au Kosovo puis en Serbi e même .

Cette décision , prise sans l'ava l du Conseil de sécurité de l'ONU (la Chine et la Russie ayant prévenu qu'elles y opposeraient leur veto) , enfreint de fait la charte onusienne, qui interdit toute attaque militaire sans vote préalable .

Sur le terrain, les raids aériens amplifien~ par contrecoup , l'exode des Kosovars : plus d 'un million d'entre eux (sur une population de deux millions) fuient leur pays en direction principal ement de l'Albanie et de la Macédo ine, souvent dans des cond itions dramatiques ; ils sont accueillis dans des camps de réfugiés aménag és à la hâte par l'aide humanitaire internationa le.

les bom bardements de l'OTAN , qui n 'ont pas épargné les infrastructures civiles, durent 78 jours .

Finalement , le 9 juin, grâce à la médiation de la Russie, B elgrade accepte de retirer ses troupes .

Une force militaire internationale mandatée par l'ONU, la KFOR , p énètre au Kosovo.

Dans son sillage commence le retour des réfugiés kosovars .

la haine change de camp : quittent la province .

c'est au tour de la minorité serbe de prendre le chemin del'rxil, par crainte des repr ésaille s.

Plus de 200 000 d 'entre eux Bien que maintenu au sein de la Serbie , le Kosovo devient une sorte de protector at placé sous tutelle internationale, administré par une mission d es Nations unies , la MINUK.

Mais les tensions entre les deux communautés demeurent palpables .

LES CONSÉQUENCES DU CONFUT la crise d u Kosovo aura des répercuss ions directes sur l'évolution politique e n Serbie .

Mis au ban des nations , économiquement exsangue , défait en Croatie et en Bosnie, le pays a tout perdu .

le nationalisme panserbe prôné par Slobodan Milosevic n'a provoqué que ruines .

Son pouvoir est désormais ouvertement contesté par une opinion lassée d 'une décennie de guerre .

l'opposition démocratique se ressaisit.

De grandes manifestations exigent son départ .

En 2000, après une longue crise institutionnelle , le leader de l'oppo sition, Vojislav Kostunica , est élu présid ent de la République fédérale de Yougoslavie .

Avec lui commence la normalisation démocratique .. »

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