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Les mémoires de la seconde guerre mondiale

Publié le 10/06/2013

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Introduction [Accroche] « La marée, en se retirant, découvre [?] le corps bouleversé de la France? « De Gaulle esquisse ainsi, dans ses Mémoires de guerre, le portrait d'une France désorientée, disloquée, prisonnière de son passé en 1945. [Définition du sujet] La mémoire et l'histoire sont proches et lointaines à la fois. Les deux jettent un pont entre passé et présent, mais, si la mémoire renvoie à l'ensemble des formes que prend le passé dans la société, l'histoire tente, elle, de comprendre le passé pour éclairer le présent. [Problématique] Comment se déroule la guerre des mémoires nées de la Seconde Guerre mondiale ? Comment est-on passé de l'amnésie, avec le mythe d'une France unie et résistante, à la repentance d'aujourd'hui ? [Annonce du plan] Après avoir étudié la construction de ces mémoires et leur effacement devant l'idée du résistancialisme, il faudra montrer comment les mémoires refoulées ont ressurgi après 1970. Pour terminer, nous suivrons le cheminement récent de l'État français vers un processus de repentance. I. Dès 1945, des mémoires rivales émergent dans une France traumatisée. Cette guerre des mémoires se clôt avec la victoire du résistancialisme 1. La mémoire de la guerre devient très tôt un enjeu stratégique dans la conquête du pouvoir entre gaullistes et communistes Au sortir du conflit, une atmosphère de guerre civile règne en France : les maquis luttent pour récupérer le pouvoir local et l'épuration des « collaborateurs « devient incontrôlable : le spectacle des exécutions sommaires, des femmes tondues pour « collaboration horizontale «, devient quotidien. Cette épuration sauvage fait 9 000 morts, auxquels s'ajoutent plus de 700 exécutions « légales «. Le vide du pouvoir attise la convoitise des anciens résistants communistes et gaullistes, qui se livrent une guerre des mémoires pour s'imposer. Le PCF, premier parti de France, est crédité de 25 % des voix. Auréolé du prestige de l'Armée rouge, de sa participation à la libération du territoire, il prétend au pouvoir. Il ressuscite ses héros morts pour la France, (P. Vaillant-Couturier, G. Péri, G. Môquet) et se présente comme le « parti des 75 000 fusillés «. En réalité, les communistes n'ont résisté qu'après juin 1941 et le nombre des victimes n'excéda pas 30 000. Les gaullistes, quant à eux, construisent leur mémoire autour de la personne du général, de sa gestuelle (V de la victoire, uniforme militaire), de ses actes forts (appel du 18 juin 1940, défilé sur les Champs-Élysées après la libération de Paris). 2. De Gaulle, une fois au pouvoir, impose le souvenir de la France résistante et de la ...

« La stratégie unitaire est conservée sous la IVe République : les lois d’amnistie de 1951 et 1953 protègent les fonctionnaires vichystes.

Le renvoi des ministres communistes le 5 mai 1947, après l’adhésion du PCF au Kominform, marginalise encore la mémoire communiste, alors que la décolonisation de l’Indochine et la guerre froide naissante imposent l’unité nationale.

Le péril communiste consacre la victoire de la mémoire gaulliste. La présidence de de Gaulle apparaît comme l’apogée du résistancialisme .

Revenu en 1958, il maintient sa lecture du conflit : le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (1964) sacralise davantage la résistance héroïque.

Révoqué par Vichy, rallié à de Gaulle, artisan de la jonction des résistances, mort sous la torture sans parler, il devient le martyr de la mémoire gaulliste. Aucune opinion contraire ne peut être formulée : en 1958, la censure s’abat sur Nuit et brouillard d’Alain Resnais qui doit retirer de son film la présence d’un gendarme aux ordres de Vichy… 3.

Cette querelle ne saurait faire oublier l’existence d’une autre mémoire, revendicative, celle des pétainistes Elle s’organise dès 1945, incarnée dans la personne même de Pétain au moment de son procès.

Son avocat, maître Isorni, défend la thèse du « bouclier » et du « double jeu » : Pétain se justifie en expliquant qu’il voulait servir de « paratonnerre » au pays.

La collaboration aurait été un moyen de préserver la France jusqu’à ce que de Gaulle organise la résistance à l’extérieur.

Condamné à mort, sa peine est commuée en prison à vie : une association de défense se crée, l’ADMP , servie par une maison d’édition (Nouvelles éditions latines) et une presse engagée (Rivarol).

Elle organise des pèlerinages sur l’île d’Yeu où le maréchal est détenu.

En 1951, les candidats affiliés à cette mémoire rassemblent encore 10 % des voix. II.

S’opère alors un retour des mémoires refoulées, de plus en plus nombreuses et émiettées, grâce au cinéma et au travail des historiens (1969-années 1980) 1.

Tout d’abord, la télévision et le cinéma sensibilisent un plus large public à ces mémoires ; ils contribuent à leur prolifération En 1971, Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls passe dans toutes les salles d’art et d’essai et démythifie l’unité de la France résistante ; la télévision refuse de le diffuser jusqu’en 1981, où il attire, sur FR3, 15 millions de téléspectateurs.

Beaucoup découvrent alors le choix fait par certains Français de revêtir l’uniforme nazi. Le choix entre résistance et collaboration n’allait donc pas de soi : d’autres films rappellent cette ambiguïté.

Lacombe Lucien (L.

Malle, 1974) raconte le destin tragique d’un jeune homme que le hasard fait milicien.

Au revoir les enfants (L.

Malle, 1987) relate le destin de jeunes enfants juifs chassés de l’école de la République.

Uranus (C.

Berri, 1990) critique les communistes à la Libération.

Enfin, le Pétain de Marbœuf (1993) passe au crible tout le système de Vichy.

Lanzmann, quant à lui, choisit le documentaire pour aborder ce thème, avec Shoah en 1967.

D’autres préfèrent la dérision, pour pointer les failles de la Résistance, comme J.

M.

Poiré dans Papy fait de la résistance (1983). 2.

Par ailleurs, les historiens portent un regard critique sur ces mémoires concurrentes et dénoncent leurs incohérences En 1973, R.

Paxton publie La France de Vichy et met l’accent sur le rôle primordial de Vichy dans la politique antisémite .

Il révèle que l’État français est à l’origine de la collaboration avec l’Allemagne.

À sa suite, de nombreuses vocations d’historiens vont naître (un tiers des thèses enregistrées en 1978). En 1990, H.

Rousso revient sur Le Syndrome de Vichy : il explique comment la France a été victime d’une sorte de refoulement de la mémoire, avant que celle-ci ne ressurgisse et ne vole en éclats vers 1970.

Depuis, nous serions plongés dans une obsession de ce passé et de la repentance .. »

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