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Les samouraïs : Une caste de guerriers soumis à un code d'honneur

Publié le 25/11/2018

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FIGURES MYTHIQUES DU JAPON

Le terme de samouraï est un dérivé du verbe sabarau, «servir». Il désigne de manière littérale «celui qui sert». Les samouraïs sont une caste de guerriers japonais au service d'un seigneur. Ils apparaissent au IXe siècle dans les provinces de l'Est et prennent une importance politique majeure sous l'ère Kamakura (11921338). Ils vont alors dominer l'archipel jusqu'à l'ère Meiji, au milieu du XIXe siècle. La classe des samouraïs est en perpétuelle évolution. Loin de se résumer à une idéologie guerrière, la philosophie des samouraïs influence encore le Japon d'aujourd'hui.

APPARITION D'UN NOUVEAU CORPS DE COMBATTANTS

Des origines floues

Le bushi, «homme d'armes», apparaît lors de l'instauration, en 721, d’un statut de guerrier professionnel. L'idée était de mettre en place une armée plus efficace que les conscrits afin de conquérir les territoires du Nord. L'époque de Heian (794-1192) voit le développement de ce corps et la conquête des «terres barbares» par le général Tamuramaro le shogun, ou «général en chef contre les Barbares». Le terme «samouraï» apparaît pour la première fois à cette époque.

Il existe plusieurs théories sur les origines de ces guerriers. L’une affirme que le gouvernement central a engagé des hommes de la région du Kanto, réputés habiles à monter à cheval et à tirer à l'arc. Une autre explication consiste à rapprocher les samouraïs d'immigrés coréens pratiquant l'élevage des chevaux, installés dans le Kanto vers le VIe siècle. Enfin, il est aussi avancé que la réforme de l'armée japonaise a conduit les dirigeants à former une aristocratie militaire composée de jeunes gens issus des familles les plus riches.

L'affaiblissement du pouvoir

CENTRAL ET LES CUERRES CIVILES

• L'époque de Heian, à partir du Xe siècle, voit la montée en puissance de la famille des Fujiwara Ils contribuent à faire évoluer le système politique japonais en prenant le pouvoir dans les provinces.

Celles-ci ont alors tendance à s'autonomiser du pouvoir central et à favoriser une fragmentation politique du pays.

• La formation de grands clans guerriers est à l'origine du développement des samouraïs, car les propriétaires terriens vont commencer à recruter des armées privées.

À partir du xiie siècle, le pouvoir des Fujiwara s'effrite. La famine et les épidémies précipitent les rivalités, et chacun s'appuie sur des samouraïs, ce qui aboutit aux guerres civiles entre les Taira et les Minamoto.

Ces derniers sont menés par Yoritomo et gagnent la guerre.

« LES SEPT SAMOURAIS (1154), ci'Aidra Kurosawa Sllldlllhl n Sll•urtl( film magnifique et attachanL retrace l'histoire de sept guerriers qui viennent en aide à de pauvres villageois harcelés, pillés, violés, massacrés par des bandits.

Il se situe à la fin du XVI' siècle, époque où les samouraïs étaient sur le déclin, et met en scène de manière épique la renaissance de ces sept personnages par la mission que leur confient les paysans.

Guerriers errants, perdus, ils manifestent dans ce combat une noblesse d'ame indéniable.

le film a remporté un succès critique et commercial qui a largement dépassé les frontières du Japon (oscar du meilleur film étranger en 1955).

Il s'inscrit dans le genre du film de sabres , cependant renouvelé par Kurosawa , puisqu'il y introduit une certaine modernité et de l'humour.

Il a connu un remake fameux , transposé dans l'univers du western : Les Sept Mercenaires (1960) de John Sturges .

• le tochi est un sabre à lame longue de l'époque Heian .

• le katona apparaît à l'époque de Muromachi.

Il est plus court que le tochi , se porte à la ceinture et se révèle beaucoup plus adapté à la stratégie du combat groupé avec des fantassins.

• Tochi et katona sont accompagnés traditionnellement du wokizoshi, sorte de grand poignard qui se porte glissé dans l'obi (la ceinture).

• les samouraïs pouvaient aussi se servir d'une épée (ken) ou d'une lance .

LES ARMURES Tout comme les sabres , les armures sont très travaillées.

Elles sont d'une cuirasse et de grandes épaulières.

• Au Xlii ' siècle , l'utilisation des 6yoroi va s'estomper , à mesure qu'est abandonnée la stratégie des combats singulier s et adoptée celle des attaques groupées .

Il faut alors disposer d'armures légères .

• Au XIV' siècle apparaît une standardisation de l'armure, appropriée aux combats de masse .

Chaque chef militaire doit cependant se faire reconnaître par des signes distinctifs.

On appelle ces armures t6sei gusoku .

• Avec l'apparition des armes à feu, apportées par les Portugais en 1542, les armure s, dans un soucis de renforcement de la protection , sont conçues pour être plus solides , plus couvrantes.

les artisans mettent au point des acces soires qui visent à protéger les joues , le menton , les mains , les jambes.

les casques prennent des formes de têtes animales .

LE TEMPS DE LA PAIX r1NFLUENCE DE LA PAIX SUR LES GUERRIERS • En 1600 a lieu la bataille de Sekigara .

Tokugawa remporte la victoire .

Devenu shogun , il se lance dans des réformes administrative s.

De nombreux guerriers se retrouvent sans maître ni source de revenu : on les appelle ccrônins n.

• En 1615 , Toku gawa sort vainqueur d 'un nouvel affrontement.

• À cette date commence pour le Japon une ère de deux siècles et demi de paix, l'époque d'Edo (1616-1867 ).

les samouraïs vont se retrouver en inact ivité forcée.

Ils sont alors intégré s dans l'administration shogunale .

Une bureaucratie se développe .

la hiérarchie s'appuie sur un texte juridique : les lois sur les maisons militaires , rédigée s en 1629 .

Elles transforment une solidarité clanique et un dévouement aveugle en un véritable règlement social et moral.

• À cette époque, les samouraïs représentent plus de 5•/o de la population , mais ils vivent repliés sur eux-mêmes .

S 'instaure une concurrence entre deux systèmes culturels : d'une parL la bour geoisie urbaine qui révolutionne les arts; d'autre parL la «noblesse » samouraï très conservatrice , attachée à un esprit épique et chevaleresque influencé par le confucianisme .

les samouraïs restent néanmoins l'élite intellectuelle du pays .

Certains se consacrent à l ' enseignement.

Ils prennent comme symbole la fleur ,.._.....,'-'""_""""""' de cerisier , sokuro , qui évoque la fragilité de l'existence du guerrier .

Par ailleurs , la plupart sont hostiles aux tentatives occidentales d 'établir des relations du Soleil-levant.

Des affrontements armés ont lieu sur les côtes.

Un esprit patriotique se développe.

UNE CLASSE DIVIStE • le climat est de plus en plus tendu entre, d'une part , les samouraïs partisans d 'un retour politique de l'empereur et, d'autre part , les tenants de l'admin istration militaire et les ultranationaliste s.

• Certain s guerriers, les «hommes déterminés », sont entraînés à Edo pour combattre une éventuelle invasion occidentale.

Ils reçoivent une formation intellectuelle par des professeurs issus de l'école de Mite , qui reprend des principes du confucianisme , apprennent l'histoire du Japon et se perfectionnent dans les arts martiaux .

Ils haïs sent surtout les étrangers et les Japonais qui traitent avec eux.

LES CODES D 'HONNEUR LE BUSHIDO le bushido est le code éthique des guerriers .

Même si des règles non écrites existaient auparavant , il est institué au XVII' siècle avec l 'époque Edo.

Bushido signifie littéralement «Voie du guerrier », c 'est-à-dire la manière de mourir au service de son seigneur.

• Toute s ces lois découlent du principe et de l'obligation de fidélité du guerrier à son maître et viennent donc renforcer le pouvoir du bokufu.

Il institutionnalise des valeurs telles que le courage , l ' abnégation , le désintéressement , la frugalité , la piété filiale, la générosité , la courtoisie .

la mort y est glorifiée.

• le bushido est un dérivé de la pensée zen et du confucianisme .

Il vient des théories de Yamaga Sôkô, puis de la diffusion du Hogokure Kikigoki, ou "Notes entendues à l'ombre des feuille s», un ouvrage didact ique dest iné aux samouraïs et écrit par un bushi, Yamamoto Tsunetomo (1659-1719 ).

• Ce code a signifié pour les autres classes socia les l'émergence d 'une tyrannie des samouraïs .

Sa permanence et sa longévit é dans l'histoire japonaise ont représent é une source de conservatisme en favorisant le maintien d 'un système politique féodal.

LE SEI'I'UKU Deux termes sont utilisés pour désigner la pratique du suicide par éventration : horo-kiri , terme japonais (haro signifiant ventre, et kiri, couper ) très connu en Occident , et seppuku , un terme issu du chinois et plus approprié .

• Seppuku est commis en diverse s occasions: lors d'un échec militaire , afin de ne pas tomber vivant entre les mains de l'ennemi et pour prouver son courage malgr é sa défaite; pour accompagner ses critiques au pouvoir , afin de les rendre crédibles et attirer l'attention; pour échapper à la prison ou à l'exil- sanctions humiliantes- politiques ou commerciales avec le pays en cas de faute.

Enfin , les samouraïs s'ouvrent le ventre pour suivre leur maître dans la mort -ce qui donnait lieu à des bains de sang pouvant rassembler 500 personnes et a été interdit en 1663 .

• les codes de seppuku , apparus au XIV' siècle , devaient être respecté s au détai l près afin de garantir au geste son aspect solennel et raisonné .

le seppuku se commet devant une petite assemblée .

En temps de paix , le samouraï est vêtu de blanc , et il s'installe sur un tatam i dans un temple , avec un assistant.

Il doit écrire un poème , nouer ses cheveux , puis, avec un poignard d 'une trentaine de centimètres , il pratique une première incision horizontale du flanc gauche au flanc droit , puis une à la verticale .

Son assistant lui tranche alors la tête d'un coup de sabre .

rÈRE MEIJI ET LA DISPARITION DES SAMOURAÏS LE RtTABLISSEMENT DE L' AUTORirt DE L'EMPEREUR Dans les années 1860 , l'opposition entre le shogun et l'empereur se mue pour la première fois en affrontement.

En 1867 , l'empereur supprime la charge de shogun et reprend les rênes du pouvoir polit ique, administratif et judiciaire .

En 1868, à l'issue d 'une guerre qu'il va perdre rapidement , le shogun abandonne définitivement tout pouvoir politique .

LES CHANGEMENTS POLITIQUES ET INSTITUTIONNELS SOUS L'ÈRE MEIII •l'empereur lance une réforme en profondeur de la société et de l'État.

Il supprime les distinctions sociales sous forme de classes et, du même coup, ce qui distinguait les samouraïs du reste des Japonais , notamment en termes de privilège s.

• le service militaire univer sel est institué , et cela retire aux samouraïs le monopole de l'activité guerrière.

Ils se divisent avec , d 'une part , les guerriers qui vont s'intégrer au nouveau système et, d'autre part , un groupe qui rejette cette évolution forcée.

Un esprit de vendetta s'instaure entre les deux clans , ponctué d'assassinats politiques .

les samouraïs trouvaient leur légitimité dans le système aboli du bakufu .

Ils se retrouvent sans maitre ni moyen s de subsistance .

• En 1876 , les autorités interdisent le port du sabre, qui était leur signe distinctif et la marque de leur statut privilégié et de leur «supériorité >> dans la société japonaise .

• Ils ne peuvent plus arborer le chon­ moge , leur coiffure distinctive .

·Ce s interdictions provoquent quelques mouvements de rébellion vite réprimés.

• la plupart des samouraïs deviennent cependant des fonctionnaires civils .

Ils sont intégrés aux grands corps de l'État (police , armée , administration) et forment une bureaucratie disciplinée et dévouée à l'empereur , qui va impulser la révolution industrielle japonaise .

• leurs valeurs et leurs réseaux de fidélité n'existent plus politiquement , mais cont inuent à jouer un rôle dans la sphère privée ou professionnelle.

Ils gardent jusqu'au milieu du XX' siècle une certaine distinction : on les nomme les shizoku , ou" peuple d'origine guerrière ».

riNFLUENCE DES SAMOURAÏS APRÈS LEUR DISPARITION DE LA FIN DE L'ÈRE MEIJI À 1945 • le bush ido a eu sur la société japonais e une influence qui est allée au-delà de la disparition des samouraïs.

Il s'est d écliné notamment en littérature et dans le s arts de la scène .

• le bushido-sôsho , par exemple, est un recu e il de poèmes , de règles et de récits en lien avec le bushido.

• Malgré l'abolition des samouraïs en tant que classe sociale et politique avec l 'instaur ation de l'ère Meiji , les militaire s et le gouvernement des années 1930 ont eu recours au bushido , qui légitimait l 'existence d 'un intérêt supérieu r justifiant le sacrifice .

• Ce sont surtout les avilltturs kamika z es de la Seconde Guerre mondial e qui rappellent la culture des samoura ïs.

l'enthousiasme affiché pour le comb at et le sacrifice ultime , sur fond de const antes références au bushido , étaient a lors de mise.

DE LA SECONDE CiUERRE MONDIALE À NOSIOURS ·Après 1945, le bushido n'est plus observé que par les adeptes des arts martiau x.

• les samouraïs ont cependant une forte présence sous la forme de héros télévisés ou cinémato graphiques , ou dans les mangas , les bandes dessinée s japonais es.

• On parle aussi de samouraïs dans le monde de l 'entreprise.

• Autre a vatar de la culture des samoura ïs : les yakuzas, membres des organisa tions mafieuses organisés en dans patriarcau x, qui se répartissent le territoir e et s'affrontent entre eux.

Bien qu'ils tir e nt leurs ressource s d'activités comme le trafic de drogue , la prostitut io n ou le trafic d 'armes , ils ont établi des liens avec certaines autorité s politiqu es.

C'est l'importance des codes de l'hon neur, des valeurs de loyauté au clan et a u chef, le courage physique et toute la symbolique que charrient les yakuzas -les tlltouages , l'amputation du petit d oigt- qui rappellent encore aujourd'hui la figure mythique du samoura ï dans l'imaginaire collectif japonais .. »

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