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Les Trois Glorieuses

Publié le 27/02/2008

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«Le Moniteur a publié enfin ces mémorables Ordonnances qui sont la plus éclatante violation des lois. Le régime légal est donc interrompu; celui de la force est commencé. Dans la situation où nous sommes placés, l'obéissance cesse d'être un devoir.» Ainsi commence la protestation rédigée par Thiers qui paraît dans les journaux d'opposition du 27 juillet 1830, au lendemain de la publication des Ordonnances préparées par Charles X et le ministère Polignac, Ce véritable appel à l'insurrection ré pond au coup de force royal qui couronne des années de politique aveuglément réactionnaire. Les Ordonnances suspendent la liberté de la presse, dissolvent la Chambre des députés nouvellement élue, avant même qu'elle ait siégé, et modifient la composition du corps électoral pour assurer une majorité royaliste.

« LA RÉVOLUTION INABOUTIE On désigne par Trois Glorieuses les journées des 27, 28 et 29 juillet 1830 au cours desquelles la population parisienne se souleva contre le régime autoritaire du roi Charles X.

qui se rêvait en monarque d'ancien régime .

Ces journées révolut ionna ires sont inscrites dans la mémoire nationale grace au célèbre tableau d 'Eugène Delacroi x.

La Liberté guidant le peuple .

En dressant des barricades, en se levant contre la tyrannie comme il l'avait tant fait durant la Révolution française , le peuple fut en effet un acteur essentiel de la chute du dernier Bourbon .

Sa victoire lui fut toutefois largement confisquée par les milieu x de la bourgeoisie libérale qui, rejetant les aspirations républicaines tout autant que les visées absolutistes de Charles X.

manœuvrèrent avec brio pour installer Louis -Philippe d 'Orléans sur le trône d'une monarchie constitutionnelle , baptisée « monarchie de Juillet » en référence ~ son origine révolutionnaire.

réactionnaire, le roi entend faire table rase des acquis de la Révolution et de l'Emp ire pour revenir aux formes et usages de l'ancien régime .

Il prend d 'ailleurs la décision , hautement symbolique , de se faire Sllcnr iiRrl.s le 29 mai 1825 .

Le geste est jugé anachronique et grotesque aux yeux de la majorité des Français .

Le début du règne voit la promulgation d'une série de mesures qui accroissent l'Impopularit é du monarque : il congédie nombre de générau x napoléoniens , dissout la garde nationale , remet en vigueur l'alliance ancestrale • du Trône et de l'Autel » en favo risant ostensiblement l 'Église catholique .

L'opinion est particuli èrement indignée par le vote de la loi dite du « milliard des émigrés », qui indemnise généreusemen ~ sur le budget 1------------i de I'Éta~ les nobles spol iés AUX ORIGINES : LE TRIOMPHE DE LA RÉACTION CHAaliS X.

OU LE dYl Df L' AIICIEN HGIME À la chute de Napoléon , le 4 avril 1814 ,la Restauration a placé sur le trône L011ls XVIII , frère de Louis XVI.

Il établit une monarchie constitutionnelle, garantie par l'octroi aux Français de la Charte de 1814 .

S'il ne peut empécher les excés des royal istes les plus extrémistes, symbolisés par la Terreur blanche (vague de répression sanglante menée par les • ultraroyalistes • contre les bonapartistes aprés l'épisode des Cent -Jours en 1815 ), Louis XVIII tentera tout au long de son régne de mener une politique de modération , dans le dessein de réconcilier son peuple .

À sa mo~ le 16 septembre 1824 , lui succède son frère Charles X.

Ce dernier est le chef de file des ultras, nostalgiques de la monarchie absolue.

Bigo~ intransigean~ de leurs bien s a prés avoir fui le pays pendant la Révolution.

W UIRAS AU POUYOII Aprés l'Intermède du ministère Martigna c.

un royal iste mod éré imposé par l'opposition p arlementaire lib érale (janvi er 1828 - aoCrt 1829 ), CHrlrs X place ~ la tête du gouvernement le duc dr Po/JglHK , chef du parti ultra.

Cette nom ination appara ît comme une véritable provocation aux yeux de l'opinion .

Ancien émigr é , Jules de Polignac est le symbole m ême de la réaction , l'Incarnation de la contre-r évolut ion.

li s'entoure de ministres impopula ires, tel Bourmon~ qui a rejoint les Prussiens ~ la veille de Waterloo , ou La Bourdonnays, l'un des acteurs principaux de la Terreur blanche .

UNE OPPOSmON VIIULENTt Sous la Restauration , l'opposition parlementaire est menée par le parti libéral.

Les libéraux sont favorables ~ une monarchie constitutionnelle , incluant les principaux acquis de la Révolution en matière de liberté individuelle et politique .

Leur modèle est le régime politique britannique .

Ce parti est l'émanat ion de la grande et moyenne bourgeoisie et des professions libérales .

Aux yeux des ultras, ces catégories sociales furent les principales bénéficiaires, et ~ bien des égards les grandes actrices, du processus révolutionnaire .

En dehors du Parlemen~ l'opposition libérale s 'exprime ~ travers plusieurs journau x influents qui, en dépit d 'une censure tatillonne , ne ménagent pas leurs critiques a l'égard du ministère Polignac : «Voila encore la cour avec ses vieilles rancunes , l'émigration avec ses préjugés , le sacerdoce avec sa haine de la liberté », peut-on ainsi lire dans Le Journal des débats.

Même son de cloche par le gouvernement En parallèle se développe également une opposition républicain e, emmenée par le journal iste et avocat Marrast.

DE LA CRISE POLITIQUE À LA RÉVOLUTION L' ADIESSE DES lll Le coup d 'envoi de la crise politique qui va conduir e au soulévement des Trois Glorieuses est donn é par Charles X en personne.

En mars 1830 , lors de l'ouverture de la session parlementaire , il prononce un discours virulent et menaçant En réaction , 221 députés de l'opposition 29 juillet 1830 2 août 1830 7 août 1830 ~ la Chambre signent une adresse solennelle au roi, dite • adresse des 221 », pour dénoncer sa politique et exiger le respect de la Charte constitutionnelle de 1814 .

« Le concours du gouvernement avec les vœux du peuple constitue la condition indispensable de la marche des affaires et ce concours n'existe pas », peut-on notamment y lire.

lA DISSOLUTION DE LA CHAMIIE La riposte de CHrks X est brutale .

Plutôt que d'affronter la fronde parlementaire , il promulgue , comme le lui autorise la Charte de 1814 , une ordonnance de dissolution de la Chambre, prononcée le 16 mai.

Le roi et son ministre Polignac espérent que les élection s anticipées leur donneront une nette majorit é parlementa ire, réduisant de fait l'opposition libérale .

Or cette stratégie échoue.

C'~ en elfe~ exactement l'Inverse qui se produ it.

Les électeurs envoient dans la nouvelle Chambre 270 députés d'opposit ion, contre 221 lors de la précédente législature ...

LA UMtnl GUIIMNT U lflfUIU • J'ai entr epris un sujet moderne , une barricade et si je n'ai pas vaincu pour la patrie.

au moins peindrais-je pour elle •.

écrit Eugène Delaaoix (1798-1863) , au lendemain de l'Insurrection parisienne dont il fut le témoin .

Un an plus tard, u ~ ,.,.., le,..,., célébration des Trois Glorieuses.

est présentée à Louis-Philippe au palais du Luxembourg.

Le chef de file de l'école romantique y met en scène .

avec un souffle épique, le peuple en armes luttant pour la Liberté .

L'allégorie de celle-ci est représentée sous les lrails d'une femme aux seins nus.

enlralnant les hommes à sa suite sur une lEs OIOONNAIICES DE SAINT-CLOUD Le roi ne consent pas~ reconnaître le verdict des urnes.

Il est décidé ~l'épreuve de force et estime le moment favorable .

Le 5 juille~ l'armée française lancée dans l 'aventure coloniale s'rst œ,.m ti'Algrr .

Dans l'esprit des ultras , ce succès militaire est de nature ~ détourner l'attention du peuple des questions intérieures .

De fait, le roi en profite pour promulguer dans la foulée les quatre ordonnances dites de Saint-Cloud .

Ces textes signent un véritable durcissement du régime : la liberté de la presse est suspendue ; la Chambre fraîchement élue est dissoute , avant même d'avoir été réunie ; la loi électorale est modifiée, de manière a écarter du vote (censitaire , c'est-a-dire basé sur l'Impôt) des milliers d'électeurs de la bourgeoisie commerçante et industrielle au profit des grands propriétaires terriens de la noblesse.

Pour justifier ces décisions prises barricade où s'amoncellent les cadavrrs, témoins de la férocité des combats.

Chamelle et fougueuse.

révoltée et victorieuse, elle est coillée d'un bomet phrygien et tient un drapeau tricolore , deux symboles de la Révolution de 1789.

Le jeune garçon à sa droite qui brandit un pistolet incarne la jeunesse du petit peuple de Paris ; il devait inspirer , trente ans plus tard.

le personnage de Gavroche mis en scène par Vidor Hugo dans l.l!s Miskables .

A l'arrière1Jian se devinent les tours de Noire-Dame .

Au départ illustration de I'IIISimdion de 1830 , œ lilbleau est devenu le~ uniwrsel du romantisme révoldionnaire, la représerlalion picbnle de la luite des peuples poli' leur iJerté_ De fait, la monan:hie de Juilet.

den la Iole salue pourtant l'avènernelt, prendra soin de la cad1er au pdJiic.

Le tableau n'ermra qu'en 1863 au musée du l.uxern1lolq.

puis en 1874 au t..ouwe.

où il figlft depuis lors.

27.

28 , 29 juillet 1830.

1800 Le nombre d'insu7eés tués dans es rues de Paris .

Ultras Nam donn é aux nostalgiques de la monarchie d'anden régime.

Orléanistes Adolphe Thiers (journaliste ), Casimir Peoer et Jacques Laffitte (députés et9rond s bonqwers ) seront les odeurs prindpou x de l'arrivée ou pouvoir de Louis -Philippe.

Charles X. »

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