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L'ESPAGNE MUSULMANE: Sept siècles de présence musulmane en Europe

Publié le 10/11/2018

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AL-ANDALUZ, TERRE HISPANO-MUSULMANE

 

L'invasion de l'Hispania wisigothique par les Arabo-Berbères en 711 est un événement majeur dans l'histoire méditerranéenne : il annonce sept siècles de présence musulmane dans la péninsule Ibérique. D'abord rattachée au califat de Damas, puis émirat et califat indépendant de Cordoue, Al-Andaluz a donné naissance à une riche et originale civilisation hispano-musulmane. Cette terre est l’enjeu de nombreuses convoitises et le théâtre de luttes intenses qui opposent tout d'abord les musulmans entre eux, puis les musulmans aux royaumes chrétiens jusqu'à la chute de l'émirat et la Reconquête.

LA CONQUÊTE ARABE

Les antécédents de la conquête

À l'aube du viiie siècle, le royaume wisigoth s'étend à toute la péninsule Ibérique qui englobe l’Espagne et le Portugal actuels. État chrétien depuis 589, ce royaume est régi par le Liber judiaorum, un code qui s'applique à tous les sujets, Goths et Hispano-Romains fondus en un seul peuple hispano-gothique.

Toutefois, l’autorité wisigothique se heurte à la fois à la résistance de l’aristocratie et à l'absence de règles successorales. L’une et l'autre entraînent de féroces rivalités entre les nobles qui se disputent avec acharnement la couronne, notamment après la mort de Wamba, en 680.

En 681, les armées arabes venues du Proche-Orient déferlent sur l'Afrique du Nord. Après avoir soumis difficilement les tribus berbères qui leur opposent une farouche résistance, elles placent, en 698, le territoire conquis sous l'autorité du califat de Damas.

Le Maghreb à peine conquis, son gouverneur, Musa ibn Nusyar, décide de conquérir l'Espagne.

La richesse du royaume wisigoth alliée aux divisions qui le déchirent promettent un butin facile. Cette campagne militaire est aussi le moyen de détourner vers d'autres champs d'opérations les forces vives des Berbères, islamisés et enrôlés dans l'armée arabe, mais toujours susceptibles d'un retournement.

Invasion arabo-berbère Al-Andaluz rattaché au califat de Damas Création de l'émirat de Cordoue Création du califat de Cordoue Disparition du califat de Cordoue Prise de Tolède par Alphonse VI Prise du pouvoir par les Almoravides Prise du pouvoir par les Almohades Début de la Reconquête Chute du dernier royaume musulman d'Espagne

À partir de 732, date de la défaite des Arabes à Poitiers, une crise profonde secoue le régime de Damas. Les révoltes et les guerres qui s'ensuivent se répercutent dans tout l'empire musulman, n'épargnant pas Al-Andaluz.

Tout d'abord, à l'exemple de leurs frères d'Afrique du Nord, les Berbères d'Espagne se soulèvent en 741, menaçant Cordoue et Tolède.

Face à ce péril, les Arabes d'AI-Andaluz, déjà minoritaires, sont en outre divisés. Une opposition ancestrale se perpétue en effet entre les Kaysites, nomades arabes favorables à l'expansion territoriale, et les Kalbites, cultivateurs yéménites plus soucieux d'organiser l'empire dans ses limites d’alors.

L'arrivée en Espagne de nouveaux contingents arabes d’origine syrienne en 741 constitue un facteur supplémentaire de désordre. Envoyés mater les Berbères, ces troupes majoritairement pro-Kaysites favorisent le déclenchement d’une véritable guerre civile (741-743).

Plusieurs années de famine (750755) dans le gouvernorat de Cordoue détournent de ces luttes, mais la situation en Espagne reste fort confuse. D'autant que les gouverneurs, finalement peu puissants et souvent remplacés, dépendent de moins en moins du calife de Damas.

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« • À sa mort en 1002, son fils Abd al-Malik hérite de son pouvoir dont il continue à priver Hisham Il, calife faible et reclus .

• La mort par empoisonnement d'Abd al-Malik déclenche une période de troubles -« révolution " de Cordoue en 1009 , mise à sac de la ville par les Berbères en 1013 , assassinat d'Hisham Ill en 1031 -au cours desquels les différents candidats au califat s'opposent.

• À la mort d'Hisham Ill , les Cordouans , lassés d'être les enjeux de ces luttes stériles qui voient se succéder diverses dynasties éphémères , décident de ne plus reconnaître aucun calife -le dernier ne gouvernait de fait déjà plus rien .

LE Rt GNE DES TAIFAS (103 1-108 5) • Tandis que le califat de Cordoue se disloque, les reyes de taifas -les « rois des clans " -se partagent le territoire d'AI-Andaluz en une vingtaine de principautés indépendantes , aux frontières incertaines et à l'existence parfois éphémère .

• Parmi ces petits royaumes se détachent ceux de Saragosse , de Tolède et de Badajoz , aux mains des Arabes , ceux de Grenade et de Malaga où règnent les Berbères , ceux de Valence et d 'Aimeria où s'imposent les Slave s, et surtout celui de Séville qui contrôle la plus grande partie du territoire d 'AI-Andaluz , apparaissant comme l'héritier du califat de Cordoue , où règnent les Abbadides.

• Si le X l' siècle demeure une période de prospérité économique et d'éclat intellectuel et culturel , c'est aussi une époque de rapide déclin de la puissance militaire et politique d 'AI-Andaluz .

Tandis que certains princes emploient des contingents chrétiens , d'autres paient des tributs aux souverains chrétiens pour que ceux -ci ne les attaquent pas et leur fournissent éventuellement des renforts .

Cet accroissement de l'influence chrétienne se traduit par des reconquêtes de territoires.

LA SOCIETÉ HISPANO-MUSULMANE UNE MOSAÏQUE D E PEUPLEMENT • Originale dans sa composition , la population d'AI-Andaluz se caractérise par la place très minoritaire qu'y occupe le conquérant arabe .

On y compte que 30 000 à 40 ooo Arabes à la fin du x • siècle , et aucun flux migratoire ne viendra plus renforcer cette communauté .

• l'immense majorité de la population d 'AI-Andaluz est composée d'Hispano­ Gothiques qui se divisent en deux groupes : les muwallads , convertis à l'islam , qui s 'avèrent souvent des fauteurs de troubles et subissent la répress ion des Omeyyades ; les mozarabes , fidèles à la religion chrétienne, qui vivent en communautés , régies par leurs évêques ou leurs « défenseurs "· les comtes .

·Tolérant à l'égard des chrétiens , les Arabes le sont aussi avec les juifs qui forment d 'importantes communautés dans toutes les ville s.

• Les Berbères , qui ont fourni dans les premières années de la colonisation un notable contingent d 'immigrants, sont au nombre de 300 000 et vivent surtout à la campagne .

• Enfin de nombreux esclaves d'origine slave sont introduits en Espagne .

Issus de cette population, les mawalis , affranchis , peuvent s'élever à des postes importants .

UN E t cONOMIE PROSPtRE • Au centre d'importants courants commerciaux , le monde musulman constitue un ensemble économique dynamique où le dirham joue le rôle de monnaie d'échange .

Cet ensemble offre à AI-Andaluz des débouchés qui stimulent ses productions agricoles et artisanales , lui procurant dès la moitié du VIII' siècle une prospérité éclatante.

• Bénéficiant de la venue des paysans berbères, l'agriculture se développe du fait de l'extension de l'irrigation et de l 'introduction de cultures nouvelles- riz, canne à sucre , coton, oranger , mûrier .

• Si l'Espagne reste principalement le pays du blé et du vin, elle fournit aussi du bois destiné à la construction navale , matériau plutôt rare dans le reste du monde arabe.

• l'artisanat , nombreux et varié , s'épanouit dans toutes les villes, dont certaines deviennent des centres de fabrication réputés .

Cordoue doit ainsi sa réputation au travail du cuir, Almeria à ses tapis de laine, Séville à ses soieries et Tolède à ses lames .

- -~ - • Les ressources minières de la péninsule -argent, fer ou mercure­ sont exploitées tout aussi activement.

• Cette activité économique florissante se traduit par l'élévation du niveau de vie du monde rural , le plus souvent soumis à un régime de métayage , et par le fort développement des villes .

Cordoue compte 100 000 habitants au x • siècle et Tolède 35 000, populations qui dépassent en nombre de beaucoup celles des cités de l'Europe chrétienne.

UNE ADMINISTRATI O N O RGAN IStE • Le pouvoir du calife repose avant tout sur la force.

Toutefois, l'administration centralisée d 'AI-Andaluz atteint un développement que ne connaît aucun État du monde chrétien -où triomphe le morcellement féodal.

Se distinguent notamment le diwan -le « bureau " - des finances et celui de la chancellerie , qui disposent d'institutions perfectionnées.

administratifs repose sur un personnel qualifié et très nombreux .

Au sommet de la hiérarchie , figure le hadjib , le premier des vizirs - ou ministres -, auxquels sont attachés des kôtib -secrétaires .

Ce personnel est payé grâce aux finances du califat alimentées par les impôts et les taxes- dîmes des musulmans , impôts fonciers et capitation des « infidèles "· taxes commerciales et droits de douane.

• Ces mêmes finances permettent aux Omeyyades d'entretenir une importante force militaire et de payer notamment des mercenaires slaves et berbères.

•l'organisation administrative est tout aussi structurée dans les provinces .

Dans les zones pacifiées des anciens comté s wisigothiques , ce pouvoir est délégué au wali ; dans les zones de guerre limitrophes de l'Espagne chrétienne , comme à Saragosse ou à Medinaceli , elle échoit au caïd militaire.

UNE CIVILISATION ORIGINALE • Centre actif de la vie intellectuelle et artistique , Cordoue devient au x• siècle le foyer d 'une brillante civilisation , œuvre commune des différents groupes religieux et ethniques qui composent la population d'AI-Andaluz.

Aux cultures de l'islam se mêlent celles des mondes latin et wisigothique, auxquelles s'ajoute la richesse des traditions juives .

• Au Xl' siècle , avec l'évolution de la décentralisation et le règne des taifas , Al-An da luz voit s 'épanouir d 'autres centres intellectuels de renom comme Tolède , Saragosse , Almeria ou Grenade .

• Sur le plan des idées , AI-Andaluz se distingue tout d'abord par l'émergence d'une pensée philosophique originale .

Celle-ci s'exprime notamment dans l'œuvre du juif Avicébron (1020 -1058) -qui illustre son panthéisme dans son ouvrage la Source de vie-, de l'Arabe Ave"oès (1126-1198 ) ~-~~.~~ -.......

-qui interprète la métaphysique ~H -.O. »

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