L'exécution du président Brisson
Publié le 25/08/2013
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Le 15 novembre 1591, Bar-nabé Brisson, seigneur de La Boissière, premier président du parlement de Paris, troisième magistrat du royaume de France après le roi et le chancelier, s'en va ouvrir l'audience au Palais. Comme d'habitude, il traverse l'île de la Cité, très animée à cette heure matinale, puis entre dans le Marché-Neuf : c'est alors qu'il est interpellé par un groupe de ligueurs et entraîné vers le Petit-Châtelet.
«
UN JURISTE APPRÉCIÉ D'HENRI III
Né à Fontenay-le-Comte en 1531 et issu d'une famille de magistrats, Barnabé Brisson est d'abord avocat au
parlement de Paris, puis conseiller d'État.
Sa carrière
prend un tour brillant sous Henri III, qui vante partout son savoir juridique, unique en Europe.
Le souverain
lui confie le soin de rassembler les ordonnances
françaises « réduites en sommaire à la forme et
modèle du droit romain ».
Ce recueil est édité en
1587 sous le nom de Code Henri Ill.
Tout en servant
le Valois lors de plusieurs négociations
importantes, Brisson est, par ses fonctions,
intimement mêlé aux affaires publiques.
En janvier 1589, la faculté de théologie délie les
sujets de leur serment de fidélité envers le roi, et
la capitale bascule dans la révolte.
Le procureur
Bussy-Leclerc fait embastiller une cinquantaine de magistrats, dont Achille de Harlay, premier
président du Parlement .
Le lendemain, Brisson,
nommé à sa place, émet une protestation devant
notaire, jugée souvent comme preuve d'un double jeu,
qui lui vaudra d'être arrêté et condamné à mort.
Pendant que l'on va quérir le
bourreau, deux autres magis
trats, Claude Larcher, conseil
ler à la Grande-Chambre, et
Jean Tardiff, conseiller au Châ
telet, sont également condam
nés à mort .
Alors que la pré
sence d'un prêtre leur est refu
sée, dans un sursaut d'orgueil,
Brisson réclame de porter la
croix
autour du cou.
Le
premier président est hissé
sur un
tabouret, puis pendu, et
les deux autres condamnés
subissent immédiatement le
même sort .
A midi, pour dé
jeuner, les ligueurs ne quittent
même pas la pièce où s'est
déroulée l'exécution.
Le plus
enragé, François Morin , sieur
de Cromé et conseiller au
Grand Conseil,
qui rêve d' une
« Saint-Barthélemy des Politi
ques (les modérés) », propose
d 'exposer les corps en place
de Grève .
Afin que le peuple
puisse se déchaîner, des pan
cartes sont placées sur les ca
davres : « Barnabé Brisson, l'un
des chefs des traîtres
et héré
tiques », «Claude Larcher , l'un
des fauteurs des traîtres
et Po
litiques », «Jean Tardiff, l'un
des ennemis de Dieu et des
princes catholiques ».
Mayenne réagit
sévèrement
Le lendemain, à l'aube, sur
ordre des Seize, les corps des
trois magistrats sont
transpor
tés du Châtelet à la place de
Grève sous la garde de deux
cents hommes armés de halle
bardes et d'épées .
Les cada
vres, nus sous une chemise de
drap blanc, sont pendus à une
potence, avec autour du cou
les
infamants écriteaux.
Au
pied du gibet, le procureur
Jean Bussy-Leclerc, très exalté,
harangue la
foule .
En pure
perte : se détournant du pilori,
les Parisiens se dispersent .
Pire : quelques-uns osent expri
mer leur indignation face à une
telle horreur et des bagarres
éclatent.
Quant aux Seize ,
stu
péfaits par la réaction inatten
due de la population de la ca
pitale, ils prennent conscience
de l'inutilité de cette mise en
scène
et comprennent surtout
que la mort de Brisson, de Lar
cher et de Tardiff n'a aucune
ment servi la cause de la Ligue .
Sitôt informé de ce tragique
événement, le duc Charles de
Mayenne revient en hâte à
~E DITI ONS llO!m ATLAS
Paris, le 28 novembre.
Il évite
d'agir avec empressement,
examine la situation et com
mence par nommer un nou
veau premier président du
Parlement en la personne de
Mathieu Charlier, doyen de la
Cour
et ligueur modéré .
Pen
dant ce temps, sentant le vent
tourner , Bussy-Leclerc fait éva
cuer la prison de la Bastille,
dont il est le gouverneur .
Enfin
le 4 décembre, Mayenne
passe
à l 'action .
En représail
les, il fait saisir quatre des
Seize (Nicolas Ameline , Bar
thélemy Anroux, Jean Emmo
not et Jean Louchart).
qui sont
pendus au Louvre sans autre
forme
de procès.
Menacés de
subir le même sort, les autres
protagonistes
de ce dramati
que épisode prennent la fuite .
Espérant
que la leçon portera ,
Mayenne se refuse à décapiter
la Ligue parisienne et procla
me une amnistie générale..
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