L'expulsion des Juifs du royaume
Publié le 04/09/2013
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qui les distingue des « bons « chrétiens et les voue parfois à la vindicte populaire. Dans les sénéchaussées de Saintonge et du Poitou, plus que taxées elles ont tout simplement été rançonnées.
Mais à la fin du XIIIC siècle et au début du suivant, en particulier dans le Languedoc, l'économie des communautés juives subit une grave crise. Les Juifs ont beau pratiquer des prêts à des taux d'intérêt allant jusqu'à quarante ou cinquante pour cent, ils ont le plus grand mal à s'acquitter des charges de plus en plus lourdes exigées par le fisc. Certes, comme tous les contribuables, ils tendent à faire preuve de mauvaise vo¬lonté et à exagérer les difficul¬tés de leur situation. Mais leurs problèmes sont bien réels. Les receveurs de l'impôt en sont même tout à fait conscients : ils le font savoir au roi et souli¬gnent qu'il serait vain de recou¬rir à la force pour obliger les Juifs à verser un argent qu'ils n'ont pas. Faute de pouvoir taxer leurs revenus, Philippe le Bel saisira donc leur capital ! Cette décision répond à une autre « nécessité «.
«
qui les distingue des « bon s >
chrétiens et les voue parfo is à
la vindicte populaire .
Dans les
sénéchaussées de Saintonge et
du Poitou , plus que taxées
elles ont tout simplement été
rançonnées .
Mais à la fin
du XIII • siècle et au
début du suivant , en particulier
dans le Languedoc, l' économie
des communautés juives subit
une grave crise.
Les Juifs ont
beau pratiquer des prêts à des
taux d'intérêt allant jusqu 'à
quarante ou cinquante pour
cent, ils on t le plus grand mal à
s 'acquitter des charges de plus
en plus lourdes exigées par le
fisc.
Certes , comme tous les
contribuables, ils tendent à
faire preuve de mauvaise vo
lonté et à exagérer les difficul
tés de leur situation .
Mais leurs
problèmes sont bien réels .
Les
receveurs de l'impôt en sont
même tout à fait conscients : ils
le font savoir au roi et souli
gnent qu 'il serait vain de recou
rir à la force pour obliger les
Juifs à verser un argent qu 'ils
n'ont pas.
Faute de pouvoir
taxer leurs revenus, Philippe le
Bel saisira donc leur capital !
Cette décision répond à une
autre «nécessité >.
Expulsés
du royaume avant la mise en
circulation d' une monnaie plus
forte, un « royal debout > en or
fin, les usuriers juifs ne pour-
ront profiter de cette réforme
pour exploi te r leurs débiteurs ,
par exemple en e xi gea nt le
remboursement en monna i e
forte
de créances conclues en
monnaie faible.
Ce la permettra
également d 'évite r qu 'ils ne
s'accaparent la c: bonne mon
naie > en la fondant et en l a fai
sant passer à l'étrange r.
La me
sure d'expulsion , qu i n ' est peut
être qu 'un prétexte , se révèle
éminemment populaire ...
Près de ce nt
mill e exilés
Le 21 juillet 13 06 , des hommes
d 'armes font
irruption chez tou
tes les familles
juives, mettent
leurs biens et créances sous sé
questre , font lecture de l'ordon
nance signifiant leur expuls i on
du royaume capétien.
La plu
part des Juifs trouvent refuge
dans
des provinces frontalières
relevant
de l 'Empire : le Hai
naut , la Lorraine , la Franche
Co~té, le .Dauphiné , mais sur
tout l'Al sf.e et la Provence .
Cer
tains
élJligrent plus loin , jus
qu 'en E.Spagne ou en Hongrie .
Plusieurs princes étrangers leur
font bon accueil, tels le comte
de Viennois et le roi Charles U
de Naples , qui les encourage
même à s' établir dans ses États .
lis sont près cent mille à s'expa
trier,
et rares sont ceux qui , pour
être autorisés à rester , accep
tent de se convertir au christia
nisme .
Beaucoup reviendront
quand , en juillet 1315 , Louis X
LE PRÉCÉDENT ANGLAIS
En 1290, Edouard I"' a expulsé les Juifs du royaume
d'Angleterre .
Traversant la Manche, quelque dix miUe d'entre eux sont venus
grossir les communautés françaises.
Ce brusque afflux a été assez difficilement accepté par la population chrétienne : les plaintes se sont accumulées,
les haines envenimées.
La même année, une émeute a éclaté à Paris, la première du genre , déclenchée après qu'un Juif eut été accusé d'avoir profané une hostie consacrée .
Philippe le Bel et ses conseillers n'ont pas oublié la mesure expéditive prise par le roi d'Angleterre et, en juillet 1306, ont décidé d'y recourir à leur tour.
rapportera l'ordonnance d'ex
puls ion pour douze ans , moye n
nant néanmoins le paiement
d 'un sauf-conduit ! Car à une
époque où les espèces moné
taires en circulation menacent
sans cesse
de se raréfie r.
le cré
dit proposé par les Juifs , quo i que réprouvé pa r l'Église , est
indispensable au bon fonction
nement de l'économie .
Les biens saisis comprennent
d 'une
part le numéraire , d 'autre
part les maisons et les meubles ,
dont la vente rapporte des
sommes importantes.
Rien que
dans la sénéchaussée de Tou
louse , le Trésor royal s'enrichit
de soixante-quinze mille livres.
Restent les créances .
li faudra
vingt ans pour ne les recouvrer
que partiellement A leur retour
en France, quelques Juifs les ra
chèteront en offrant au roi de
l'aider à poursuivre leurs anciens
débiteurs .
Mais , Philippe le Bel
est déçu : il espérait retirer
beaucoup plus de ces saisies .
L.:expédient a été insuffisant :
aussi ,
en novembre 1307 , les
biens de l'ordre du Temple
sont-ils à leur tour confisqués ..
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