L'historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France

 L’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France        En 1945, la France sort victorieuse de la Seconde guerre mondiale mais la sortie de guerre est difficile : le pays est meurtri, détruit et les Français sont divisés. Pour une majorité de Français, la période 1940-19444 a constitué « les années noires « (H. Rousso).  Les forces de la résistance, gaulliste et communiste, accèdent au pouvoir. Ce sont elles qui, jusqu’à la fin des années 1960, dictent les mémoires de la seconde guerre mondiale.  Ces mémoires sont plurielles, en fonction de ce que les groupes sociaux ont vécu pendant le conflit : mémoire des résistants, mémoire des juifs, mémoire des collaborateurs.   La mémoire désigne un processus par lequel un individu ou un groupe d’individus se souvient du passé, et ce souvenir est forcément subjectif et sélectif, et entretient ce souvenir dans le présent. L’histoire envisage toutes les sources et les confronte tandis que la mémoire confronte des sentiments à des souvenirs. L’histoire recherche l’objectivité tandis que la mémoire recherche l’affect.  La notion de « devoir de mémoire « désigne le devoir moral que se font certains Etats, d’entretenir le souvenir des souffrances subies par certaines populations et d’en porter la responsabilité.    Pourquoi l’apparition du « devoir de mémoire « concernant toutes les mémoires de la seconde guerre mondiale est-elle aussi tardive en France ? I/ La France de 1945    Un pays durement touché par la guerre La guerre cause une perte démographique de 1,5 millions de personnes.  Les victimes civiles sont supérieures aux victimes militaires. A ce bilan s’ajoute un déficit de naissances. La France est aussi particulièrement éprouvée au plan économique et matériel (les tickets de rationnement alimentaire persistent jusqu’en 1949)    ...